Sous le voile fragile de la nuit, une âme tourmentée ne sachant où se diriger, se laissa guider par une force invisible.
Les pas fluets du vieil homme résonnaient dans la ruelle déserte, reflétant son allure voûtée et démunie. Toute sa vie, il avait cherché un refuge, un regard bienveillant une main tendue. Mais dans l’immensité d’une humanité, il n’en avait jamais trouvé le moindre fragment. Sa peine était telle qu’il avait mainte fois pensé à rejoindre ce en quoi il ne croyait pas; l’au delà.
À cette pensée, les pleurs des cieux s’abattirent sur la petite ville, et les débris du coeur de l’homme se fissurèrent un peu plus. Ses souliers, grossièrement cirés étaient maintenant trempés et glissaient sur le bitume.
Le vent soufflait de plus en plus fort dans le dos du pauvre homme, le poussant vers une direction inconnue. Pris dans une sorte de transe, il baissa les yeux vers des feuilles tombées— elles aussi semblaient avoir chuté de désespoir. Il soupira. Plus rien ne l’attendait, plus rien ne le retenait. Alors, il suivit. Il suivit la bourrasque, dépourvu de sens et empli d’émotions.
Soudain, ses pieds butèrent contre une marche. Il fronça les sourcils et leva sa tête pourvu de cheveux hérissés et…vit.
Dans toute sa splendeur silencieuse, se dressait une église. Sombre et envoûtante. Ne sachant quoi faire, l’homme se tint là pendant plusieurs minutes. Mais plus le temps passait, plus la rafale martelait son mécontentement.
Son cœur suppliait de s’abriter, tandis que sa raison lui criait de rester dehors, de ne pas rentrer dans cette antre inconnue. Une danse inlassable s’engagea entre ces deux élans, mais un seul gagna cette valse alors que l’homme faisait son premier pas en avant.
Alors qu’il approchait l’immense porte principale, il posa doucement sa main rugueuse sur le bois brut, marqué par le temps. Il tourna la poignée et ouvrit doucement, un couinement se faisant émir en réponse à cette intrusion. Ses pas firent écho alors que, yeux écarquillés, il explorait sa trouvaille. Des peintures et statues se tenaient la, si belles qu’elles semblaient irréelles. Et alors qu’il les contemplait, un morceau de son cœur châtié semblait se recomposer doucement.
Puis, arrivé en face d’une personne bien particulière, il s’arrêta. Elle était majestueuse, vêtue de bleu et de blanc. Elle semblait si pure que l’homme ne se sentait pas digne de l’admirer. Alors, pris de remords, il s’arracha à la belle contemplation et se retourna, les larmes aux yeux.
Tout en lui voulait se retourner vers Marie, trouver en ses yeux un apaisement, mais il ne se l’autorisa pas. Le jugement envers lui même était si fort qu’il ternissa son âme entière.
Et alors qu’il s’apprêta à repartir, un infime fragment de son cœur pulsa. Celui ci était blanc. Intact. Et alors qu’il essaya d’avancer, cette lumière le retint. Il lutta, impuissant, puis, dans un élan de désespoir, se retourna vers Marie, prêt à crier, à se révolter…mais il rencontra son regard—et s’immobilisa.
De la lumière en émanait. C’était si infime, presque imperceptible, mais lui…l’aperçu.
Et dans ce silence suspendu, tout son être se métamorphosa. De tout son infime pouvoir, la petite lumière qui sommeillait en lui depuis toujours se mit à grandir, à se propager.
Tout fragment obscur de son âme vola en éclat. Et d’un même souffle, la lueur dans son regard changea à jamais.
