Un instant de volupté

Elle avait attendu ce moment toute la journée. Sourire aux lèvres, elle regagna son appartement, retira ses chaussures dans l’entrée. Elle posa son trench, son sac, puis débuta les préparatifs sans attendre, fébrile.

Elle lança la playlist préparée pour ce moment : des chansons douces, apaisantes, aux accents sensuels et langoureux. Puis choisit sa tenue : ce soir, ce sera nuisette en satin. Noire. Elle la mettait en valeur, et la fluidité du tissu glissant sur sa peau à chaque mouvement laissait une impression de caresse très agréable.

Oh oui ; elle se réjouissait de cet instant.

Ce rendez-vous hebdomadaire était maintenant devenu indispensable, presque vital à son équilibre. Elle qui était d’un caractère plutôt indépendant, elle s’était retrouvée piégée. Elle ne l’avait pas vu venir. A aucun moment, les premières fois où elle avait succombé, elle ne s’était douté qu’elle pourrait devenir accro. Tout s’était fait petit à petit, presque malgré elle. Presque car elle était malgré tout une « victime consentante » : elle avait cherché progressivement à rendre ces instants plus intenses. Et avait donc affiné sa technique. La musique en faisait partie bien sûr, mais elle avait aussi ajouté les odeurs, la lumière, le vin...Tous ses sens devaient être en éveil...Tous ? Non, seule la parole manquait à l’appel. Mais il n’y avait nul besoin de parler.

Elle avait allumé dans la pièce de petites bougies parfumées. Leur odeur remplissait la pièce, tout comme les notes de musique. L’ambiance était feutrée, apaisante. Comme elle l’avait voulu..

Dans la pièce à côté, il attendait.

Elle saisit son verre de vin, se dirigea lentement vers lui. Elle savait pourquoi elle se bornait à maintenir un seul et unique rendez-vous hebdomadaire. Cela décuplait les sensations. Elle aurait pu céder à la tentation. Mais non. Elle ne le souhaitait pas. Il y avait quelque chose de délicieux à attendre toute une semaine, à imaginer ce moment, les sensations qui en découleraient. Elle avait voulu que cela se passe toujours le même soir. Le mardi. Elle ne prévoyait rien d’autre que cela ce jour-là.

Lorsqu’elle arriva dans la pièce, elle sourit. Tout était comme elle l’avait imaginé. Alors, elle coupa son téléphone. Rien ne devait venir les troubler.

Elle posa son verre de vin, releva ses cheveux en chignon. Ota ses vêtements lentement. Un à un. Puis se dirigea vers lui, l’effleura. Le rejoignit.

Il s’empara de son pied droit, remonta jusqu’à la cheville. Elle frémit. Puis vint le tour de son mollet ; sa cuisse. Progressivement, il remonta jusqu’à ses lombaires. Elle ne put retenir un soupir de contentement. Elle adorait cette sensation, les frissons que cela déclenchait en elle.

La chaleur qu’il dégageait lui procurait un bien fou. La semaine écoulée avait été très chargée. Elle avait relevé tous les challenges et bouclé tous ses dossiers. Elle pouvait donc se laisser aller, lâcher prise. Elle sentit son corps se décrisper, ses muscles se détendre peu à peu. Il remonta le long de son dos, libérant les tensions. Arriva à sa nuque. Cette caresse sur l’entièreté de son corps….provoquait….un abandon. Un abandon total.

Au milieu de cette ambiance, cette musique, ces odeurs, avec lui, grâce à lui, elle oubliait tout. Ne restaient que le bien-être, la sérénité, la volupté de ces instants.

Oh oui….une seule fois par semaine….Elle en savourait chaque minute, chaque sensation. Cette onde de bien-être se propageait bien au-delà de la soirée. Parfois jusqu’au surlendemain.

Elle s’abandonna complètement à lui, parcourue par un long frisson de plaisir .

A cet instant, elle ne put s’empêcher de murmurer : « Humm..c’qu’on est bien quand on est dans son bain! »