Un nouveau départ

Je suis né sur cette île merveilleuse, où la chaleur humaine reflète celle du soleil qui brille toute l’année. La plus grande question de ma vie est : pourquoi ?
Comment expliquer pourquoi je suis né dans ce magnifique endroit où les gens sont connectés les uns aux autres, par un lien indescriptible. 
Qu’est-ce qui les unit ? La difficulté de la vie, le mélange de toutes ces cultures ? 
Et pourquoi dans cette famille forte et pleine d’amour ? 
Moi... ! Parmi ces milliards de personnes qui peuplent 
notre terre... Je ne suis pas né dans ces pays où le froid règne, je n’ai pas connu la famine…
Il est vrai que ce questionnement intérieur peut paraître futile dans le monde actuel. Monopolisés par nos vies sociales et professionnelles, il paraît parfois évident que notre vie est un destin immuable. 
Notre esprit embrumé par les difficultés quotidiennes nous empêche même la simple possibilité d’imaginer : et si ça avait été différent ? 
Et si les lignes du temps n’étaient pas figées et que tout pouvait changer ?
Combien de fois ai-je été dans ces endroits où résonne ce calme… Mes yeux posés sur l’horizon, j’écoutais...


Pas un bruit.


On aurait presque l’impression que le silence veut nous dire quelque chose, que le vent murmure, sans jamais vraiment comprendre...
Ces moments sont précieux, la beauté de ces endroits nous impose le respect. Une impression indéfinissable, un sentiment de connexion à l’univers qui nous renvoie à
nous-même.


Ce silence extérieur qui apporte la paix à l’intérieur, fais s’envoler les problèmes, évacue la colère et la tristesse.
Dans cette période tumultueuse, j’avais grandement
besoin de cet espace. Si bien, que de plus en plus, ces
endroits me manquaient, ce besoin d’évasion devenait de
plus en plus présent.
Cette sensation, je l’ai connue par le sport également. Le sport que l’on pratique de façon régulière, mais plus encore lorsqu’on l’exerce avec passion.

Pendant ces brefs instants, où notre corps se dépense et se fatigue, notre esprit lui s’échappe.
Il n’est plus question de problème, ni de comment les résoudre. Durant un court moment, il n’est même plus
question de gagner ou perdre, non…L’esprit s’envole, le temps s’arrête et ça fait du bien.
Le pouvoir de l’eau qui vient rafraichir par la suite le corps fatigué, prolonge ces dernières minutes de paix
avant de retrouver la dure réalité.
Ce jour-là, je pensais à toutes ces épreuves, ces batailles remportées. Grandir dans un foyer chaleureux, une grande maison mais avec certaines difficultés.
Et puis tout se brise… Il faut partir, quitter cet endroit où j’ai grandi avec mes amis, tous ces moments...
Je me suis souvenu du départ de notre maison, notre arrivée dans ce nouveau quartier, avec ces gens que je ne
connaissais pas.
Nous sommes arrivés dans cet endroit avec appréhension.
Nous avons quitté notre ville natale où tout le monde se connait, nous y avions nos habitudes, nos amis, nous nous y sentions en sécurité.
Le quartier avait mauvaise réputation et nous étions de nouveaux arrivants. Le fait que maman y retrouve d’anciens amis nous a rassuré, mais c’est un évènement assez grave qui a finalement faciliter notre intégration.
Comme partout sur notre île, les gens sont connectés les uns aux autres. Tous les habitants de ce quartier ont connu des difficultés, et c’est précisément ce qui semble avoir créé un lien entre eux.
D’autres personnes pourraient, par fierté, penser qu’il vaut mieux rester seul. Ne rien montrer, rester fort. Tout va bien.
Même dans les moments les plus bas, tout va bien.
Aucune faiblesse.


C’est à cette période que j’ai compris : je ne faisais pas partit de ceux-là.
Un proverbe connu dit : « l’union fait la force ». Je me permettrai alors d’ajouter, que le malheur et les difficultés
peuvent unir les gens, amener à de nouvelles rencontres inattendues.
Voyant que nous connaissions également nos propres problèmes, la distance s’est effacée et nous avons parfaitement été intégrés. 
Ce quartier est en fait une grande famille où l’on y trouve des gens humains, aidants et chaleureux.


Mes frères, ma sœur, c’est pour vous que je me suis battu, c’est vous que je protège. Il faut continuer d’être fort et
avancer... Ensemble !
Maman, comment faisais-tu ? Tu gardais toujours le sourire...tu ne montrais pas de découragement et tu continuais toujours pour nous, tes enfants.
Ta chaleur et ton amour ont toujours réussis à combler le manque d’espace et le choc de la séparation.
On a surmonté cette épreuve comme les cinq doigts de la main, tu nous le disais souvent. Et toi, tu étais toujours là pour nous soutenir.
Et je me suis demandé ce que je faisais là ? J’ai travaillé dur pour obtenir ce diplôme...J’ai surmonté la douleur de
ma déception amoureuse pendant ces deux longues années…
J’ai été brisé, touché psychologiquement, je suis tombé au plus bas. Tous les malheurs sont arrivés en même temps et c’était déjà trop pour moi.
Il ne me restait que ma famille, maman, mes frères et ma sœur. Il ne me restait que ça à faire : me rendre utile pour eux, les soulager et apporter un peu de stabilité.
J’ai accepté un travail fatiguant et physique, qui est tombé au bon moment. Il m’a permis de soutenir ma famille, et la difficulté physique a eu pour moi le même effet que le
sport : l’évasion.
Souvenez-vous, j’en parlais plus haut. Le sport, la fatigue, l’esprit qui s’envole…
Un moment de répit, là où chaque souvenir remonte comme la houle incontrôlable, laissant sortir un ruisseau de larmes qui s’échappent involontairement.
Comme une vague venant s’écraser sur la roche, les images, les odeurs, les sons et souvenirs passés s’abattent sur moi, semblant déchirer mon cœur à chaque passage.
Je te voyais faire le même travail, maman, pour soigner tes enfants. Ici n’était pas ma place. Je n’avançais pas et ne pouvais plus continuer ainsi.
Ne rien faire de sa vie, sur mon ile je ne pouvais pas avoir de situation. Étant au plus bas, je ne pouvais que remonter.
J’ai alors mis de côté les problèmes des autres, pour me concentrer sur moi-même et il y avait tout à faire, plus rien à perdre, tout à découvrir.
Je regardais l’horizon pensif, me demandant ce qu’il y avait de l’autre côté. Vous est-il déjà arrivé, d’avoir les yeux posés au loin, là où le ciel et la mer se mêlent dans
un bleu infini ?
L’univers ne semble pas avoir de limites. Je regarde à nouveau, et une envie de liberté me fait sourire.
J’ai repris mes études et obtenu un diplôme. Le positif appel le positif et les évènements se sont enchainés d’une vitesse qui me laisse encore parfois songeur : permis,
voiture...J’ai préparé mon départ.
Il était temps pour moi de partir, dans l'espoir de construire un avenir solide. Maman me l’avait dit auparavant : « un jour, tu sauteras la mer ».
Comme on le dit chez nous, cette expression signifie quitter l’île pour aller en métropole. Le meilleur moyen d’aider, vous connaissez tous cette expression : “aides-toi
avant d’aider les autres”.
Quelques mois plus tard, j’ai pris l’avion confiant et curieux de savoir ce que l’avenir me réservait de l’autre côté. Quitter sa famille, son île est une épreuve difficile,
mais ce n’est qu’une barrière de plus à passer.
Combien d’entre vous ont traversé cette épreuve ?
Maman, mes frères, ma sœur, séchez vos larmes. Je serais toujours présent pour vous protéger, c’est mon rôle.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
coeurfracassé
Posté le 06/05/2023
Bonjour !
En voilà une histoire touchante !
Je l'ai particulièrement appréciée car elle démontre bien ce besoin de quitter l'île, sa famille, ses habitudes, tout quitter pour l'inconnu (d'ailleurs, l'île est une très belle métaphore de ce chez-soi). Tout quitter fait tellement peur, et pourtant, Dieu sait si on en a besoin. On a tous dû faire cette séparation un jour ou l'autre, ou alors on le devra, et... Cet texte résume très bien ce besoin. Bravo !
nathalie.verrot
Posté le 13/07/2024
Bonjour, merci beaucoup pour ce commentaire. Je n'ai posté que le premier chapitre afin de partager avec la communauté de plume d'argent. Le livre entier est publié depuis 2022, je vous invite à lire la suite si vous aimez voyager 😉
Belisade
Posté le 05/05/2023
Bonjour nathalie.verrot,
Touchante cette histoire qui mêle un univers large, l'île, la nature, la mer, et le rétrécissement progressif de l'horizon du narrateur. On sent qu'il a sans cesse envie de repousser les murs mais que c'est toujours la raison qui l'emporte chez lui. La raison guidée par l'amour et la solidarité, des thèmes vers lesquels il revient tout au long du texte. Il est partagé entre ces deux extrêmes qui le déchirent, mais il est suffisamment fort pour tout supporter, il est résilient. Bel exemple d'une belle personne. Merci pour ce moment.
nathalie.verrot
Posté le 13/07/2024
Bonjour, je vous remercie pour ce commentaire et l'analyse est pertinente bien joué 😉. Ne s'agissant que du premier chapitre, je vous invite à lire la globalité du livre publié en 2022, afin de rencontrer le 2e personnage en chapitre 2. J'attends avec curiosité votre analyse 🙂.
Letorpe
Posté le 04/05/2023
Bonjour Nathalie,

Très beau texte, très bien écrit, qui pose la question de devoir faire des choix et des renoncements dans la vie. Changer de lieu de vie et s'éloigner de sa famille pour mieux la soutenir est paradoxal. L'absence pouvant aussi rendre la vie de ceux qui restent plus difficiles et avec le temps, les divergences ne peuvent que s'accroite. Le texte gagnerait toutefois en clarté en étant quelques fois plus concret, quelles difficultés rencontrent la famille, quelles études effectue-t-il, ainsi qu'une description de son nouveau monde.
J'ai hâte de lire la suite :)

Cordialement,
Olivier
nathalie.verrot
Posté le 13/07/2024
Bonjour Olivier, je vous remercie beaucoup pour ce commentaire. Le manque de clarté que vous exprimé est un choix volontaire, les détails relatifs aux difficultés donneraient trop d'indications et le personnage principal des chapitres impaires ne souhaitait pas les faire apparaître. J'ai respecté ce choix. Mais en essayant de faire ressentir aux lecteurs le sentiment de ce personnage durant cette phase. Le livre est publié depuis 2022, je vous i.vote à le lire et j'ai hâte de voir votre prochain commentaire. Merci encore
Vous lisez