Un rêve

Je me retrouve dans la cuisine d'une amie, à chercher de quoi boire, histoire de commencer doucement la soirée, avec une boisson non alcoolisée. Seule dans le noir de la cuisine, je me dirige doucement vers le frigo, les rayons de la lune pour seul éclairage.

Alors que je me retrouve au milieu de la pièce, je sens un bras se glisser autour de ma taille. La première chose que je distingue c'est cette douce chaleur humaine... agréable. Puis la personne à qui appartient ce bras se met face à moi et me regarde sans rien dire. Bien qu'il fasse sombre, je la reconnais, c'est l'une des amies de Virginia, une certaine May, je crois et que j'ai dû déjà croiser auparavant. Je me fige, sans chercher à me libérer et la regarde se rapprocher doucement de moi, en gardant son bras autour de ma taille, au contraire, elle resserre doucement son étreinte. Mon cœur accélère, j'ai l'impression que ma température augmente et que je ne suis plus capable d'effectuer le moindre mouvement.

Étrangement, plus elle se rapproche et moins je distingue son visage. Au bout de quelques minutes seulement, on se retrouve collées l'une à l'autre. Je l'observe alors approcher ses lèvres des miennes et lentement elle m'embrasse sans un mot, avec légèreté. Je me laisse faire, puis ferme les yeux et réponds à son invitation, ne pensant à rien, me concentrant sur ce que je fais et sur ses gestes à elle. Elle gagne en assurance alors que je réponds à son baiser, raffermissant sa prise sur mes lèvres, ne se faisant que plus douce encore, quoi que peut-être un peu plus avide. Mon souffle est court et mon cœur semble s'emballer comme lors d'un marathon. Je n'ose pas la toucher, ne sachant comment m'y prendre, puis subitement tout s'arrête.

Elle s'écarte brusquement de moi et une sensation de vide et de froid m'enveloppe et je perds un instant la vue, alors que quelqu'un allume la lumière. Je regarde May qui sourit à une personne derrière moi. Me retournant comme si le temps c'était un instant accéléré, je vois Virginia, dans l'encadrement de la porte, apparemment ignorant tout de ce qu'il vient de se passer. Reprenant rapidement mes esprits, elle me devance malgré tout en prenant la parole en premier. Je l'en remercie silencieusement, car à ce moment-là je ne suis pas sûre que ma voix suive.

« Tu trouves ce qu'il te faut à boire ? Désolé, je crois que je n'ai pas grand-chose de non alcoolisé, à part de l'eau. »

Je lui souris gentiment, en sachant pertinemment que mes joues sont un peu rouge. Je ne lance aucun regard à May, je préfère me servir en silence dans le frigo, puis briser le silence qui me semble un peu trop long pour passer inaperçu.

« T'inquiète pas, ça ira parfaitement. J'adore l'eau. », je ris un peu bêtement puis sort de la pièce en compagnie de Virginia et de May, toujours silencieuse et souriante.

De retour avec les autres, je sirote tranquillement mon verre, en prenant la parole de temps en temps, pour montrer mon côté sociable, qui n'avait pas été très présent, au début de la soirée. Mais au bout d'un moment je trouve une excuse pour rentrer chez moi.

Toute chose, la tête remplie de sensations, je rentre chez moi à grands pas, désireuse de me retrouver seule pour me calmer et reprendre mes esprits.

Une fois la porte refermée derrière moi, je pose mes affaires dans ma chambre et me dirige vers la salle de bain. Je mets de la musique, histoire de m'aider à faire le vide et me relaxer enfin sous le jet d'eau tiède. Je prends alors le temps de calmer ma respiration et de détendre les muscles de mon dos.

Une fois séchée et en pyjama, je me pose sur mon lit et tâche de faire le point dans mes pensées.

*Est-ce que je regrette ? Non Est-ce que j'ai aimé ? Oui Est-ce que j'ai peur ? Oui Pourquoi ai-je peur ? Parce que j'ignore pourquoi elle a fait ça et si elle a l'intention de recommencer. Est-ce que j'ai envie de la revoir ? Oui, mais ça aussi ça me fait peur. ...*

Durant un temps qui me parut des plus longs, je me pose des questions auxquelles je réponds, pour remettre de l'ordre dans mes pensées, ce qui étrangement, m'apaise.

Après ça, les affirmations firent leur entrée.

*Elle est belle. Elle embrasse bien. J'ai envie de recommencer. J'ai peur. Elle sent bon. Elle était bien habillée...*

Puis au tour des ‘et si... ?' Les pires de tous. Ceux qui insinuent le doute en vous et vous rongent de l'intérieur jusqu'à ce que vos questions obtiennent réponses.

*Et si elle avait fait ça pour réussir un pari ? Et si elle s'était moquée de moi ? Et si elle a trouvé mon baiser affligeant et regrette maintenant ? Et si... ?*

Et enfin le moment du renoncement, de la minimisation de la situation.

*Ce n'était qu'un baiser. Pour elle c'était peut-être juste comme ça, parce qu'elle en avait envie et puis c'est tout...*

Alors, je tâche d'oublier la chose, pour ne pas me ridiculiser en y faisant allusion, alors que May, elle, est déjà passée à autre chose. Pourtant... j'aimerais bien recommencer.