Les murs en vielles pierres suintent d’humidité, la fenêtre brisée laisse entrer le froid. Cette bâtisse du dix-neuvième siècle n’a guère été restaurée au fil des ans. Pourquoi l’aurait-elle été d’ailleurs? Elle abrite le degrés zéro de la société.
Belle ordure que je suis, parfois je me dis que j’aurais dû l’aider autrement mais elle souffrait tellement…
Comme le disais Tolstoi si il y a un revolver au début du livre, il doit nécessairement servir avant la fin. J’avais un revolver hérité de mon père.
Ma femme vivait une dépression très grave. Je ne compte plus ses séjours en psychiatrie. On dit qu’il faut se faire aider quand on a un problème de santé mentale, que des solutions existes. Pour elle rien ne fonctionnait, aucun médicament, aucune hospitalisation, les médecins ont même essayé les électrochocs pudiquement appelés sismothérapie..
Elle revenait à la maison toujours plus cassée, toujours plus broyée. Elle était fantomatique, ne faisait que dormir et pleurer, elle ne se lavait plus, ne sortait jamais.
Nous étions un couple mais j’étais seul, je ne tolérais plus sa souffrance. J’ai pensé à partir mais ma loyauté m’en empêcha et je l’aimais toujours malgré tout.
Sa douleur rythmais nos vies. Elle a essayé mille fois de se suicider : les cocktails médoc-alcool étaient légions même si ça ne marchait jamais. Ça se finissais invariablement par un nouveau séjour à l’hôpital…
Cinq ans que ça durait, nous nous étions isolés et vivions dans ce vase clos d’une douleur indicible. Je buvais de plus en plus pour supporter cette vie atroce.
Puisque ses tentatives de suicide ne marchaient pas, elle me demanda de lui donner mon arme.
Cette idée l’obsédais, elle avait trouvé la solution à sa souffrance. Une balle dans la tête et son calvaire prendrais fin. Au début je cachais mon arme puis je fini par la lui donner afin qu’elle le fasse mais elle n’y arrivais pas. Elle avait peur de se louper, elle mettait l’arme sur la tempe des minutes entières mais elle ne pressais jamais sur la détente. Et elle essayait tous les jours.
Sans se le dire nous savions que c’était la seule solution.
Puis une idée fixe germa dans son esprit malade, elle me demanda de la tuer.
Nous avions touché le font.
Elle réitérait cette supplique chaque jours, se mettait à genoux devant moi, me mettait l’arme dans la main visant sa tête. Sa pauvre tête tordu de douleur, ses cheveux filasses et gras, sa maigreur, sa puanteur.
Je ne savais plus que faire, elle m’embarqua peu à peu dans son délire…
Ce manège dura des mois et me plongea dans un état de tension nerveuse insupportable. Je buvais dès le matin, je me finissais le soir jusqu’à être ivre mort.
Puis une nuit, sur une impulsion pour que ça s’arrête pour que tout s’arrête je lui mis un oreiller sur la tête pendant qu’elle dormais et tira.
Je ne sais pas combien de temps je suis resté assis sur le bord du lit en état de choc. Puis le choc se transforma en soulagement. C’était fini, enfin c’était fini …
J’ai appelé la police au petit matin :
-Venez, j’ai tué ma femme.
Qui me cru ? Personne, pas même mon avocat commis d’office. Pour eux c’était un féminicide classique opéré par un sac à merde de base.
Et me voilà en bout de ligne emprisonné pour le restant de mes jours. Je ne demanderai pas de remises de peine, je m’en fout.
Je ne sens pas sa présence, je ressens une immense douleur face à ce massacre. J’espère juste qu’elle est mieux là où elle est.
ps: pour le plaisir de la lecture, revoir quelques conjugaisons.
J'ai été touchée pour ma part.
Merci de ce partage.
PS : juste faire attention à une ou deux petites fautes d'orthographe mais c'est pas bien méchant !