Vacances forcées

Par MarieZM
Notes de l’auteur : TW spoilers à la fin du texte
Passé simple garanti, supplément imparfait du subjonctif !!
/!\ lecture difficile (cf. drame)

Il faisait beau, dehors les oiseaux chantaient les louanges de la douceur du printemps à venir, les fleurs s'épanouissaient, odoraient, sublimaient les parterres et coloraient l'horizon. L'astre solaire éblouissait les villes et les campagnes, l'air était doux et fruité, le parfum du bonheur exaltait les narines. Tandis qu'on regardait le paysage défiler par la vitre du TGV, tout autour de nous annonçait une période radieuse sous une météo clémente, mais il y a des jours qu'on aurait préféré sans soleil. Les rayons chauds de lumière sirupeuse ne reflétaient que le crépuscule dans lequel nous avions été plongés. Il est aussi des trains qu'on aurait préféré ne pas prendre.

 

Mes compagnons et moi échangions des banalités pour ne pas parler de la vraie raison de notre voyage. Nous débattions sur des QCM de culture générale tandis que la soirée avançait. Le plus dur était de penser – et surtout de croire – que demain le soleil se lèverait, insolent, et qu'une nouvelle journée serait à vivre. Et pas n'importe quelle journée ! mais il était trop tôt pour l'imaginer, et il était trop tard pour l'éviter. Par la fenêtre du train, la nuit poussait le jour vers la sortie du ciel, et l'étoile diurne livrait sa dernière bataille contre l'astre lunaire, en vain. Les teintes rougeâtres se mêlaient aux mauves qui déchiraient l'immensité azur d'un feu d'artifice de splendeur. Pour le bouquet final, la lune apparût dans toute sa majesté. Ce fut le coucher de soleil le plus beau de notre existence, et nous le vécûmes dans un train, là où le destin avait eu l'ironie de nous accabler davantage.

 

Lorsque notre voiture arriva en gare, ce fut comme si la porte du wagon s'était ouverte sur un trou. Nous mîmes pied sur la terre ferme, mais chacun de nos pas paraissait flotter dans une mousse au chocolat bitumineuse, flasque et collante. Marcher jusqu'à la fin du quai fut comme de traverser un brouillard tenace, où deux de nos camarades nous attendaient. Ils paraissaient noirs dans la nuit noire, sans contraste. Ils étaient tièdes, dans une atmosphère moite. Nous étions des ombres qui parlent quand nous décidâmes de chercher un taxi pour nous rendre à notre hôtel à dix bornes. Au bout du cinquième qui ne pouvait pas nous prendre nos plans changèrent. Ainsi, notre équipée se mit en ordre de marche pour atteindre notre destination. Les kilomètres passaient sans avoir croisé âme qui vive. Il était près de deux heures du matin quand nous nous arrêtâmes à un distributeur automatique de pain, sur un parking dans une zone industrielle. Chaque bouchée nous parut improbable. C'était comme d'avoir trouvé une oasis dans un désert urbain post-apocalyptique. Puis je réussis à prendre une douche sur les coups de quatre heures dans le formule 1 minable en périphérie de la ville que j'avais réservé la veille.

 

Le réveil à six heures ne fut même pas difficile, et nous pûmes nous régaler d'un somptueux petit déjeuner qui s'avéra beaucoup plus opulent que ne le laissait présager l'espèce de préfabriqué qui lui servait d'écrin. Le soleil illuminait nos plateaux-repas débordant de mets entassés les uns sur les autres sans se soucier de la capacité à ingurgiter la quantité de nourriture entreposée dessus. En mordant dans nos tartines de beurre-confiture en portions individuelles, nous avions le goût des vacances bon marché dans la bouche, et étions requinqués de notre transhumance nocturne. Soudain, le pain reprit sa texture pâteuse et la confiture de fraise redevint sucrée et fade. Le reste du plateau finit à la poubelle.

 

La voiture qui venait nous chercher arriva à l'heure prévue à l'endroit indiqué. C'était la première chose logique depuis que nous avions quitté Paris, notre premier rendez-vous réussi. Il est des rendez-vous à ne pas manquer. Sans échanger un mot, nous partîmes dans les temps. Habituellement, il n'y a pas de moment mieux choisi pour faire connaissance qu'après avoir attaché sa ceinture dans la voiture d'un inconnu. Le cliquetis du verrouillage de nos ceintures résonna encore et encore dans le silence des conversations censées meubler notre trajet. C'était une merveilleuse journée qui s'annonçait, le ciel bleu s'étalait à perte de vue. Le soleil s'obstinait à briller jusque sur le parking de la chambre mortuaire où étaient agglutinées d'autres voitures emplies pour la plupart de badauds, mêlés à quelques vrais proches, reconnaissables parce qu'ils portaient, eux, tous le même masque. Celui du tableau de la peur de Munch, avec l'homme au visage déformé sur le pont. Ceux-là ne paraissaient pas savoir ce qu'ils faisaient-là, et répugnaient à descendre les quelques marches baignées de lumière printanière pour entrer au cœur des ténèbres. Ceux-là n'avaient qu'une seule question en tête : que faisait-il à 20 h 30 dans un tunnel SNCF un samedi soir ?

 

L'article de journal disait simplement qu'un incident voyageur avait bloqué l'accès à la gare de la ville pendant 40 minutes, et l'enquête de police attestait qu'un jeune-homme était mort par la collision avec un train express régional, à 20 h 30 ce fameux soir, qu'il avait été identifié avec ses vêtements et ses papiers d'identité. Le corps avait été traîné par la locomotive à 1,5 km du lieu de l'impact. Que faisait-il à 20 h 30 dans un tunnel SNCF un samedi soir ? On n'avait pas de réponse ; mais ceux qui soutenaient la thèse de l'accident réfutaient par principe l'idée qu'il puisse être volontairement descendu sur les rails pour jouer à la roulette russe avec sa propre vie. Les autres ne comprenaient pas comment quelqu'un de responsable et de raisonnable pouvait accidentellement être allé sur une voie ferrée pour emprunter un tunnel, même si cela pouvait être un raccourci pour rejoindre la gare. L'explication serait qu'il aurait écouté de la musique dans ses écouteurs, l’empêchant alors d’entendre le train arriver, tandis que le TER quasiment arrivé à destination, lui, n'aurait pas eu le temps de ralentir en le voyant marcher distraitement, à quelques mètres seulement de la gare.

 

En bas des marches se trouvait l'une des réponses mais mes compagnons et moi-même n'étions pas encore capables de la percevoir. Dans le cercueil, un cadavre en bon état gisait ensanglanté par un trou béant derrière la tête. Hormis quelques hématomes et la plaie à l'arrière du crâne, le cadavre ne paraissait pas avoir subi un choc avec des tonnes de tôles métalliques lancées à pleine vitesse, puis déchiqueté par le frottement des rails de chemin de fer sur plusieurs centaines de mètres. Pourtant cette incohérence ne nous sauta pas à la gorge, et je restai sidérée par la proximité des deux dates inscrites sur le couvercle du cercueil, au lieu de faire fonctionner ma logique.

 

Après avoir examiné le corps dans la chambre mortuaire souterraine, je me mis à réfléchir très profondément à la situation, mais je ne voyais pas l'évidence. Je cherchais une solution, et il n'y en avait pas. Je sortis respirer à l'air libre, où je suffoquais d'autant plus. Je me résolus à attendre qu'il ne fût plus mort, c'était la seule chose sensée à faire. Tout ce que je pouvais faire en attendant, c'était me révolter contre le soleil sur le parking, diriger ma colère vers cette lumière qui embellissait ce qui aurait dû être l'endroit le plus moche de l'univers. Je redescendis avec l'espoir absurde d'avoir attendu assez longtemps, mais il était toujours mort. Je crus voir dans ses yeux une lueur de vie et qu'il soutenait mon regard, alors je faillis lui adresser la parole avant de me sentir idiote, en face d'une poupée de cire du musée Grévin. Prise d'un soulagement, je compris que j'étais dans une sordide mise en scène ! Ce n'était qu'une vulgaire réplique. Ils avaient mis un mort en plastique, voilà l'explication, on m'avait bien eue ! Je vis que je perdais pied avec le réel et je remontai hâtivement. En haut, il faisait toujours beau et j'eus la nausée.

 

On scella le cercueil en présence des autorités compétentes, puis on reprit la route pour les cérémonies religieuses dans une ville voisine. Cérémonies à l'issue desquelles on fit un pique-nique dans la paroisse qui me donna le sentiment de participer à une fête de village, puis on alla sur la plage déposer en file indienne des fleurs à la mer qui s'empressa de les engloutir brin par brin. On marchait les uns en face des autres, ceux qui allaient avec les fleurs et ceux qui repartaient les mains vides se croisaient sur la jetée, tandis que la marée montante submergeait de plus en plus ce va-et-vient. Le pathétique devenait quasiment comique, car le manège continuait en dépit de la hauteur des vagues envahissant la jetée, jusqu'à l'épuisement des stocks de fleurs. Les pieds dans l'eau, le sable fin, l'odeur iodée évoquaient les vacances, l'allégresse, et les fleurs de saison offertes à l'océan n'étaient même pas des chrysanthèmes lourds de sens et chargés de commémorations funéraires, mais de vulgaires bouquets d'herbes sauvages cueillies sur la dune.

 

Le plus irritant était ce soleil qui, en apparence, rendait tout si agréable, si joyeux. Les rites sacrés et païens prenaient une tournure légère, rien de tout cela ne m'était supportable. J'en voulais aux planètes de ne pas s'arrêter de tourner, aux fleurs de continuer à fleurir, aux oiseaux de chanter. J'en voulais surtout aux trains de continuer à partir, et de recommencer à arriver. Pourtant, j'avais acquis la certitude que les trains n'y étaient pour rien dans cette tragédie. Il était mort de la main d'un homme, puis jeté sur la voie où on l'avait ensuite trouvé, forçant l'arrêt d'un train qui ne l'avait pas percuté.

 

 

 

TW : suicide, mort violente, description graphique de situations macabres, deuil et santé mentale dégradée

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Camice
Posté le 21/07/2025
Coucou Mariez !
Je redécouvre ta plume ! Moi qui ai l'habitude des scripts de BD composés principalement de dialogue me voilà surprise de n'en trouver aucun dans celui-ci ! Ce qui fait parfaitement sens au vu des thèmes abordés, que finalement aucun mots ne pourraient décrire (dans les dialogues, je veux dire).
Un mystère que notre protagoniste se refuse de laisser irrésolu, menant sa propre enquête, même si je n'ai pas compris le lien qui la liait au mort. Est elle enquêtrice ? Amie ? Partenaire ? Famille ? On ne sait pas, mais ce qu'on sait c'est que cette injustice l'enrage.
Le sujet du deuil c'est vraiment dur à aborder et tu le traite très bien, notamment cette phrase qui m'a prise au cœur "J'en voulais aux planètes de ne pas s'arrêter de tourner, aux fleurs de continuer à fleurir, aux oiseaux de chanter." Avec les mots devenant de plus en plus court, comme si elle était a bout de souffle.
Je n'avais pas lu le titre de la nouvelle avant de la lire (honte à moi) et je trouve qu'il est vraiment bien choisit. Dans ce presque dégoût du soleil, des vacances, parce que pour les autres c'est arrêter de travailler et pour la protagoniste c'est de faire un deuil, bien loin de l'envie de vacances. Et pourtant l'histoire commence comme telle : ce qui rend le plot twist efficace !

Au plaisir de te lire ! <3
MarieZM
Posté le 22/07/2025
Coucou Camice !

Merci pour tes retours.

Je comprends ton étonnement pour le changement de style, ah ah.

Merci de ta remarque pour le titre, je me demandais justement s'il paraissait pertinent ou pas, et tu me confirmes qu'il illustre bien l'aspect principal de ma nouvelle : le contraste entre son ressenti profond, sombre, et ces énergies ensoleillées de colonie de vacances qui l'empêchent de s'y connecter. <3

Je suis même super contente (si j'ose dire vu le contexte) que tu aies ressenti ça parce que c'est le coeur de ce que je voulais exprimer.

Je te remercie aussi pour ces questions : "Est elle enquêtrice ? Amie ? Partenaire ? Famille ? On ne sait pas, mais ce qu'on sait c'est que cette injustice l'enrage." -> ça met des mots sur mon ressenti exactement, parce j'ai écrit toute cette nouvelle sans savoir répondre à cette question << Qui est la narratrice à ce moment-là ?>> mais en sachant que l'incohérence la guiderait tout au long de son périple où elle ne trouverait que l'intime conviction d'une terrible injustice, et la noirceur de sa colère en constraste de la clarté du soleil.

Enfin, comme je ne savais pas moi-même ce que je voulais répondre à cette question, je n'ai pas donné de réponse précise au lecteur. Si tu aimes les réponses symboliques, je dirais que la protagoniste est une sorte d'ange gardien déchu qui vient d'échouer dans sa mission.

Ce qui renforce (pour moi) l'impact du titre de "vacances forcées" car d'une certaine manière – au figuré - elle n'a plus de travail, elle est en errance maintenant que son protégé n'a pas été protégé. Et de l'autre – au sens propre - comme tu l'as dit les vacances sont forcées car il faut accomplir ce voyage sous le soleil au lieu de commencer le deuil et de pouvoir se recueillir dans l'obscurité de sa propre douleur.

Après si tu préfères les réponses psychologiques, je dirais que ça dépend des moments du récit... il y a plusieurs narratrices différentes, et elles n'ont pas toutes la même façon de vivre les choses en dépit de la continuité du "je" qu'elles se partagent à tour de rôle.

Et du coup tu les as à peu près toutes identifiées : l'enquêtrice qui s'attache à recomposer les circonstances de la mort pour pouvoir "y croire", et accepter l'inacceptable ; l'amie (on reste ici sur du symbolique là encore), celle qui vit affectivement l'intégralité des symptômes physiques du corps suite à la perte ; la partenaire (si ça n'a pas de connotation romantique) c'est celle qui vit les choses dans le déni le plus total et qui continue à fonctionner automatiquement avec les autres compagnons sans réaliser de quoi il s'agit ; << la famille >> c'est la partie sous amnésie traumatique qui ne se souvient pas qui est le défunt pour elle car elle n'a pratiquement plus aucun souvenir avec lui.

C'est celle qui n'a qu'une espèce de coquille vide émotionnellement pour interagir avec le reste des "invités" dans ces "vacances forcées" auxquelles elle participe de loin comme un ange gardien qui suit le cercueil de celui sur qui il devait veiller.

Si à la place d'une courte nouvelle sur le thème de "pas de soleil", j'écrivais un roman, je partirais sur la problématique de l'identité de la narratrice. Avec comme objectif dramatique sa quête pour savoir qui elle est par rapport au défunt et ce qui la lie à lui, je commencerais à distiller des indices sur sa place lors des cérémonies funéraires : la façon dont les gens lui présentent leur condoléances, l'ordre de passage pour les rites de mise en terre, etc.

La réponse réelle c'est que tu n'as pas compris le lien de la protagoniste avec le mort parce que ce n'est pas DU TOUT clair pour elle non plus. Et j'aimais bien l'idée que le point de vue soit 100% subjectif avec aucune avance du lecteur sur la protagoniste, ce qui peut rendre la lecture obscure si je ne positionne pas bien le fil rouge de l'intrigue pour qu'on continue à (me) suivre malgré l'absence de connaissance des enjeux réels du récit.

Mais pour la réécriture je simplifierai en disant que c'est un ami à elle. Comme ça on ne se posera plus la question (et ça ne gênera plus la compréhension de ce qui m'intéressait de dire :O ).

Je ne sais pas si ma réponse éclaire ta lecture (sans mauvais jeu de mot), pour simplifier je dirais que le mini-mystère que j'ai introduit dans les circonstances de la mort (et qui concernent l'enquêtrice) va très probablement disparaître de la réécriture, pour être abordé à la place comme des conversations autour d'un fait divers sans lien direct avec la situation Jusqu'au "plot twist" comme tu dis ! ;)

Je pense que je vais plutôt adopter le point de vue de la "partenaire" qui continue à se comporter comme si de rien n'était et que rien n'avait changé, en dépit d'indices qui indiquent que la situation n'est pas normale et que ces vacances n'augurent rien de bon, jusqu'au plot twist : "Surprise, ce sont pas des vacances entre copains mais les funérailles d'un copain !" -> réaction émotionnelle coléreuse envers le monde qui continue à tourner (et fin).

En tous cas je me suis sentie profondément comprise par ta lecture, merci pour ton commentaire. <3
Em Sharm
Posté le 16/07/2025
Coucou Marie,

Je découvre ta nouvelle avec plaisir malgré le sujet qui est loin d'être joyeux ! 😅

Je trouve que tu as très bien joué sur la tension tout au long du récit et je me suis d'ailleurs complètement faite avoir en ne comprenant que très tard qu'il s'agissait d'un enterrement. J'aime beaucoup quand la narration me berne et être surprise donc c'est pour moi le point fort de cette nouvelle !

Le deuxième aspect qui m'a beaucoup plu est le traitement du deuil ou plutôt de la réaction face à la mort, ce manque d'émotion qui répond à un état de choc est extrêmement bien décrit ici. J'ai d'ailleurs trouvé la référence au musée Grévin, lorsque la narratrice pense que c'est une réplique en plastique dans le cercueil, particulièrement bien vue car une fois morts, les cadavres dans la chambre mortuaire ressemblent en tout point à des poupées de cire.

Le seul élément qui m'a fait tiquer est le trou décrit à l'arrière de la tête car, dans un cercueil, le mort est allongé sur le dos, il ne me semble donc pas possible de voir l'arrière de sa tête mais peut-être que je visualise mal la scène ?

Beau travail en tout cas et merci pour ce récit d'une grande qualité,
Em 🌸
MarieZM
Posté le 20/07/2025
Coucou Em !

Merci pour ton passage :)

Sans me jeter des fleurs, j'aime bien l'effet de surprise aussi, même si j'ai d'autres retours que ça génère une déception de ne pas avoir été au courant du thème plus tôt. Cela dit, je pense que ça renforce l'effet de sidération au même niveau que la narratrice, de ne pas comprendre tout de suite de quoi il s'agit. Je vais voir si en traitant le thème en second plan ça évite l'aspect décevant...

Pour la visualisation, comme j'expliquais à Rose, c'est bien possible de voir l'arrière du crâne dans un cercueil – tant que c'est pas trop bas vers la nuque - mais je vais le supprimer tous les éléments factuels qui créent un mystère inutile, surtout que vous êtes deux à ne pas trouver ça clair.

Merci pour ton retour encourageant <3
Syanelys
Posté le 15/07/2025
Hey Marie,

Voyage en train, sans l'air de la chanson de Grand Corps Malade, vers un "incident voyageur" non élucidé, jamais accepté par la narratrice. On ne peut que comprendre son bouleversement quand un monde lumineux persiste en contraste avec la douleur intérieure du deuil.

J'ai eu l'impression qu'en avançant avec ce train, la narratrice se détachait du défunt, extériorisant plutôt son ressenti et sa frustration que son lien avec lui. On assiste ainsi à une arrivée déshumanisée dans une ville anonyme. Hôtel cheap, cérémonie mortuaire grotesquement ordonnée, sidération face à la mort. Sans oublier la beauté du monde qui brillera malgré tout.

La narratrice se débat avec l'incompréhension jusqu'à percer un gros doute sur les circonstances du décès. Et si, dans son existence millémétrée, dans son parcours de vie fini abruptement, l'intuition glaçante ne pourrait pas virer ce fichu soleil ?

La lumière du monde extérieur, le soleil, face aux ténèbres intérieures, le deuil, un combat qui se perpétuera toujours sur un même ring. J'ai beaucoup aimé ta critique "institutionnelle" avec le traitement administratif/journalistique de la mort qui souligne un fossé sans nom entre un fait divers et la violence de la perte vécue.

De même, tu maitrises très bien les scènes absurdes (la douche, le pique-nique, les fleurs) qui renforcent un sentiment de déconnexion du monde face au chagrin. Aucun rituel n'atténuera la flamboyance du soleil qui se fiche des sentiments et des émotions.

J'aurais tout de même aimé un peu plus d'émotions de la part de celle qui met en avant tout ces contrastes. Qui était-il pour elle ? Ce sera ma seule interrogation pour la fin.

Très belle plume (première fois que je te lis il me semble), très beau style.

Au plaisir d'en découvrir plus !
MarieZM
Posté le 20/07/2025

Hey Syanelys,

Merci pour ce beau commentaire, surtout pour ton premier paragraphe qui résume totalement l'idée que j'avais en tête <3

Je partage aussi ton impression, ce n'est pas un texte qui parle du lien avec les défunts (du tout) mais vraiment du rite funéraire en soi.

Je disais à Raza que j'avais voulu mettre trop de choses dedans, mais in fine ce qui me semble important à dire, c'est que – passé le déni - de bout en bout, l'impression de la narratrice que le funéraire joue à la poupée avec le mort fait que ça lui est impossible d'investir un quelconque lien affectif avec la personne décédée. Pour cause, tout semble faux : grotesque comme tu dis si bien, et donc alimente son déni, je vais insister sur ça, je pense.

Hm, ça me fait un gros chantier de réécriture... :)

Voilà, pour le soleil je voulais le personnifier comme un être égoïste (aux yeux de la narratrice, mais tu le dis mieux que moi, ah ah !) et elle est effectivement "déconnectée du monde face au chagrin" c'est tout à fait ça !

Je comprends pour les émotions, je vais essayer de mieux faire en terminant la nouvelle un peu plus "tard", et en donnant peut-être un peu plus d'informations sur le lien à proprement parler avec le défunt.

Merci encore pour tes remarques, dont je vais m'inspirer pour revoir ma copie !
Raza
Posté le 14/07/2025
Hello !
Ravi de découvrir ta plume !
J'ai beaucoup aimé comment, grâce au style, on sent qu'ils vont vers du tragique. J'ai imaginé assez vite un enterrement, et j'étais donc très satisfait d'avoir raison (il faut bien être content de soi parfois) :)
Ensuite, j'ai aimé les images de joie teintées de tristesse, c'est vraiment réussi. La seule que j'ai trouvée étrange est celle de la mousse en chocolat, parce que j'avais du mal à imaginer des gens marcher dedans.
J'ai eu un léger flottement lorsque tu parles du train de 20h30, parce que j'ai cru que l'enterrement se déroulait là, dans le tunnel, mais j'ai vite compris mon erreur.
Enfin, il me semble que tu aurais pu rester sur cette idée d'enterrement, sans rajouter le mystère de du pourquoi. Ça aurait suffit, sans nous laisser un questionnement en suspend.
Merci beaucoup, j'ai vraiment bien aimé, à bientôt ! <3
MarieZM
Posté le 20/07/2025

Hello Raza !

Merci pour ton commentaire élogieux... effectivement, je suis d'accord avec toi sur la critique, je pense que j'ai mis trop de choses dans un texte aussi court, et qu'en fait la sidération de la narratrice par rapport à l'absence de lumière sur les causes du décès n'a pas vraiment de place, ça rajoute une question dramatique qui n'est pas refermée comme tu dis.

Pareil pour le tunnel ça n'ajoute rien, c'est un détail factuel qui me paraît essentiel à cristalliser les émotions de rage et de désespoir de la narratrice, mais bon en vrai si je suis lucide je me rends bien compte que ça n'a juste aucun intérêt pour le lecteur. Un tunnel ou pas ça change pas grand-chose... sauf à "jouer" du fait qu'il n'y avait pas de soleil dans le tunnel noir où cela s'est produit comme me le suggérait RedFuryFox... et de créer le contraste.

Bon après comme la nouvelle est construite comme un voyage avec une itinérance forcée, le fait que la mort soit associée à un train c'est pas complètement à côté de la plaque non plus, mais faut que je retravaille à mettre plus de synergie entre les différents éléments factuels sans présenter ça comme un mystère mais comme des incohérences qui accablent la narratrice. Il y a quelque chose de désarticulé dans ce que j'ai fait !

Euh, pour la mousse au chocolat, je peux comprendre que tu n'adhères pas, haha. C'est un sol un peu visqueux qui s'enfonce quand on marche et qui colle aux pieds, alors qu'en vrai le sol est normal. Parce qu'en réalité c'est pas le sol qui a un problème c'est la fébrilité des gens qui marchent dessus et qui n'ont pas de sensation d'équilibre et leur lourdeur émotionnelle les fait s'enfoncer dedans, les pas sont difficiles. Mais oui, bon, pourquoi de la mousse au chocolat ? La couleur du bitume sûrement.

C'est marrant, j'ai plus des images de ce type qui me viennent pour qualifier des situations, ou même des gens, que des descriptions d'expériences sensorielles ou émotionnelles. Mais c'est pas forcément limpide donc c'est bien de me le signaler quand c'est pas instinctif. On me l'a souvent dit, par exemple, quand je parlais souvent des "bras ressorts", pour l'énergie de certaines personnes qui sont tactiles avec les autres d'une façon retenue, ce qui donne le sentiment qu'ils vont leur sauter dessus. Tout ça résumé par "il avait les bras ressorts" ( comme si c'était très évident ).

Bref, merci, je tiendrai compte de tes remarques !
RoseDL
Posté le 12/07/2025
Ouf, lecture difficile mais fluide. Le personnage est comme détaché de ce qui arrive, on se sent un peu détachés avec lui, ce qui rend le sujet moins difficile.

"Dans le cercueil, un cadavre en bon état gisait ensanglanté par un trou béant derrière la tête."
Je ne comprends pas trop comment c'est possible. Logiquement le corps est nettoyé donc non ensanglanté. Et aussi, comment on peut voir l'arrière de sa tête ? Il n'est pas allongé dessus ?
MarieZM
Posté le 20/07/2025
Merci pour ton commentaire Rose.

Désolée d'avoir mis aussi longtemps pour la réponse, d'autant qu'il n'y a pas tellement de réponse.

TW : description de détails funéraires

Malheureusement c'est possible. Tant qu'on ne fait pas de préparation pour empêcher le sang de couler, quand il y a une plaie, le sang coule par la gravité. Même en admettant que le corps ait forcément été nettoyé, ce qui n'est pas une nécessité réelle, si on n'injecte pas de fluide spécifique pour solidifier le sang ça continue à couler, il ne coagule plus comme chez un vivant.

Et sinon, a priori oui on voit une partie de l'arrière du crâne lors de la présentation du corps, d'autant plus quand la tête est surélevée par l'oreiller mortuaire, une plaie à l'arrière du crâne c'est flagrant. C'est la base de la nuque et un peu au-dessus qu'on ne voit pas.

Après je suppose que ça peut dépendre des présentation et aussi des préparations choisies par les familles des défunts, ça dépend beaucoup de la confession de la famille et de ses croyances sur le passage – ou non- vers un après, y'a pas trop de logique et de rationnalité dans tout ça, on est dans le rite, donc y'a pas tellement de logique en vrai. C'est ce qui rend aussi l'ensemble aussi sidérant et absurde lorsqu'on est détaché des croyances funéraires qui accompagnent la ritualisation choisie.

Je n'entre pas là-dedans, mais pour dire que c'est possible en soi de voir le haut de l'arrière du crâne et aussi du sang dans une chambre mortuaire.

Je ne suis pas sure de répondre à tes questions...

Je retiens de ton questionnement que j'ai plus qu'interêt à supprimer cette partie factuelle, et ces détails qui me semblaient évocateurs par la portée émotionnelle "implicite" (la blessure non refermée qu'on va emporter dans la tombe, avec le mystère non résolu sur les circonstances de la mort, le dossier non-refermé de la vérité, le deuil qui ne peut pas commencer non plus) car in fine ça crée des questions qui n'ont aucun intérêt pour ce que je veux dire.
Chris Falcoz
Posté le 12/07/2025
Coucou,
C'est très bien écrit, j'ai lu cette histoire facilement et attentivement, essayant de repérer des indices sur ce qu'ils/elles pouvaient être... et oui, parce que je ne sais pas pourquoi, mais je pensais qu'il y avait un élément fantastique dans cette histoire.
Et en fait non, pas du tout. Du coup j'ai été limite déçue par la fin.
Par contre du coup il y a des éléments qui me semblent "clocher" et que je n'ai pas compris : pourquoi un masque de munch sur le visage de certaines personnes ? pourquoi le cadavre est si peu abimé ? ce ne sont pas les pompes funèbres qui ont fait du bon boulot, sinon il n'y aurait plus les traces de sang indiquées ? pourquoi les fleurs ne reviennent pas sur le rivage ?
Comme je disais, je me suis fourvoyée, mais ce n'est pas la faute du texte au départ, puisque dès le début j'avais un doute alors même que les indices "étranges" apparaissent plus tard.
Merci pour cette belle lecture ! :)
MarieZM
Posté le 20/07/2025
Coucou Cris,

Merci pour ton message, désolée pour le looooong temps de latence entre ton commentaire et ma réponse.

Non rien de fantastique ;)

Seulement une perception altérée par une santé mentale vascillante... ce qui peut amener une étrangeté tout court ? Je ne sais pas.

C'est un peu présomptueux de répondre à ce que tu aurais "dû" comprendre des éléments qui te paraissent clocher, mais dans mon esprit tout cela avait un peu de sens quand même, donc je vais essayer de donner mon intention à l'écriture :

les masques c'est juste une métaphore de ce que la narratrice croit percevoir des émotions des gens à ce moment-là, c'est plus facile pour elle de l'expliquer comme ça plutôt que de dire "nous étuons tous sidérés par ce décès brutal et inexpliqué". Mais c'est cette idée qu'elle exprime comme ça...
pourquoi le cadavre est si peu abîmé c'est justement toute la question mais j'ai pas vraiment donné de réponse, parce que ça me paraissait pas le plus important finalement, ce qui comptait pour moi c'était qu'elle trouve un bouc émissaire "irationnel" en dépit des faits "rationnels" : le train, le soleil... (mais grâce à ton retour, je vois bien que ça perd les lecteurs de ne pas répondre à cette question clairement alors qu'on s'attache à des éléments concrets, je vais focaliser le texte sur une autre problématique, puisque dans un texte littéraire il faut répondre aux questions qu'on ouvre, et que je n'apporte pas ici de réponse satisfaisante :) ). -> dans ma réécriture post-concours je ménagerai le suspense sur autre chose !
désolée, je ne comprends pas ce que tu veux savoir quand tu demandes pourquoi les fleurs ne reviennent pas sur le rivage ? Pour le coup c'est difficile d'accuser un courant marin d'être incohérent, mais c'est peut-être une autre partie de la description de la scène qui a gêné ta lecture ? :)

Pour la fin, je crois que le plus décevant était surtout qu'il n'y en a pas vraiment... c'est à la fois très ouvert (sur l'interprétation) et peu intense d'un point de vue émotionnel, ça finit sur une teinte de tristesse amère sans plus.
Rimeko
Posté le 08/07/2025
Coucou Marie !
Me voilà, donc :P Avec quelques remarques au fil de ma lecture :
« mais il était trop tôt pour l'imaginer, et il était trop tard pour l'éviter » -> ça pose bien l’ambiance... gloups
« Puis je réussis à prendre une douche sur les coups de quatre heures dans le formule 1 minable en périphérie de la ville que j'avais réservé la veille » -> bah ?? s’ils ont réservé un hôtel, pourquoi ils ont pas essayé d’aller direct à cet hôtel là ??
« que faisait-il à 20 h 30 dans un tunnel SNCF un samedi soir ? » -> j’ai eu du mal à connecter les neurones avec ce paragraphe, entre la phrase sur le masque que j’ai d’abord prise au pied de la lettre, puis le « ceux-là » que j’ai cru être les badauds brièvement, pour aucune raison valable ?? peut-être parce que tu dis qu’ils « ne paraissaient pas savoir ce qu’ils faisaient là » alors que, rationnellement, ce sont les seuls qui le savent... et puis le « il » dans la phrase que j’ai cité plus haut, j’ai mis un temps honteusement long à comprendre que ça désignait le mort.
Les nombres en chiffres + les abréviations (« km ») font un peu maladroit dans un texte narratif, je ne saurais plus citer la règle exacte là (on écrit « 20h30 » mais on dit « vingt heures », quelque chose comme ça ??) mais ça serait globalement mieux de les écrire en toutes lettres il me semble.
« Dans le cercueil, un cadavre en bon état gisait ensanglanté par un trou béant derrière la tête » -> Ah ! je vois un p’tit souci de cohérence avec cette histoire de train là... (pas que ce soit une incohérence de ta part, mais plutôt que pour les personnages dans leur univers de fiction, ça fait baleine sous roche)
« le cadavre ne paraissait pas avoir subi un choc avec des tonnes de tôles métalliques lancées à pleine vitesse, puis (été ?) déchiqueté par le frottement » -> tu écrivais à la voix passive « avoir subi » donc je pense que ça serait « [avoir] été déchiqueté »...
« Je me résolus à attendre qu'il ne fût plus mort, c'était la seule chose sensée à faire » -> Oh j’adore tellement, le « sensée » juxtaposé à une pensée tout sauf sensée en soi *mais* elle l’est face à l’immensité du deuil... C’est une tournure très très bien trouvée.
« En haut, il faisait toujours beau et j'eus la nausée. » -> j’ai envie de lui faire un câlin :(( J’aime bien que ce soit un peu implicite dans cette phrase, avec le symptôme physique au lieu d’une émotion explicitement nommée, et puis le contraste entre le « beau jour » et la détresse, les deux juxtaposés avec ce simple « et »... ça aussi, ça fonctionne très bien comme tournure.

C’est voulu qu’on ne comprenne que relativement tard (à plus des deux tiers du texte, si j’en crois la petite barre rouge de progression) que les personnages se rendent à un enterrement ? Enfin, j’imagine que oui, mais...
En fait, pour moi la tension montante fonctionne bien, il y a plein d’ « annonces » qu’il y a un problème, que les personnages avancent vers un truc pas cool et qu’ils n’ont pas le choix, qui le font un peu comme des marionnettes, ou des fantômes, oscillant entre des sursauts de sensualité (au sens de... sens physiques, ah, pas de sexualité), comme avec le petit-dej par exemple, et un détachement presque mortuaire... Mais le fait de ne pas savoir, je m’échafaudais plein d’hypothèses, et du coup ça pose peut-être un peu problème avec l’idée du « contrat de lecture » ? On sait que tu nous vends un évènement tragique qui arrive, mais on n’arrive que tard à en comprendre les détails, à un moment ça semble vouloir virer un peu policier (le corps qui ne correspond pas à l’accident, à moins que ce soit juste les employés funéraires qui ont très / trop bien fait leur boulot ??) (je précise que je ne suis pas très sensible au genre du policier, du coup c’est un élément qui personnellement m’a « déplu » mais ça c’est entièrement subjectif), alors qu’au final la force du texte me semble sur la description des émotions et du deuil.
Je m’emmêle un peu dans ce que je veux dire, mais j’ai eu une vague impression d’avoir compris trop tard l’ « intérêt » du texte, et du coup d’avoir une légère déception de mes attentes. Après, c’est peut-être juste moi qui me suis fait de mauvaises attentes dans mon coin, c’est tout à fait possible x) MAIS DU COUP pour revenir à notre discussion sur la dissociation haha, je me dis qu’on a peut-être ce sentiment que le perso est trop détaché, qu’elle n’est pas en deuil, non pas à cause du style « factuel » en soi, mais plutôt parce qu’on ne comprend pas tout de suite ce qu’il se passe !

Mais (je suis bavarde aujourd’hui...) ce que je voulais aussi dire dans ce com’, c’est que j’aime énormément ta façon d’aborder des émotions trop... grosses, pour être ressenties, pour être exprimées. L’espèce de flottement de la narratrice et des gens qui l’accompagnent pendant le trajet, la vie qui essaie de continuer en pointillés, à pas de loup, autour de l’énormité de la raison de leurs « vacances forcées »... la descente « dans les ténèbres », juxtaposé à ce jour trop beau, trop ensoleillé, et il devrait vraiment n’y avoir pas de soleil quand on enterre quelqu’un, hein ? et puis le moment où la narratrice craque plus, l’expression physique de sa détresse, quand elle se dit que le plus logique, la seule chose possible, c’est que le mort reviennent à la vie... (ah, il m’a fendu le cœur ce passage TT) Tout ça fonctionne super bien, en tous cas à mes yeux, pour parler du deuil. Et c’est dur de parler du deuil, donc chapeau. Et merci du partage <3
MarieZM
Posté le 10/07/2025
Coucou Rimeko !

Merci infiniment pour ton commentaire, et tes (nombreuses) remarques. Je voulais prendre le temps de faire une réponse à la hauteur... :)

Je vais répondre dans le désordre (probablement) mais je vais mettre des numéros pour essayer de structurer ma réponse.

1/ « Puis je réussis à prendre une douche sur les coups de quatre heures dans le formule 1 minable en périphérie de la ville que j'avais réservé la veille » -> bah ?? s’ils ont réservé un hôtel, pourquoi ils ont pas essayé d’aller direct à cet hôtel là ??

=> hm, j'ai dû mal exprimer les choses, parce que c'est exactement ce qu'ils ont fait, d'abord ils n'ont pas trouvé de taxi, après ils ont marché 10 km jusqu'à l'hôtel en périphérie de la ville, et sur les coups de 4 heures la narratrice a pris une douche. (en soi on s'en fout un peu mais c'était pour marquer qu'ils vivent une "longue nuit" avant un "grand soleil", et qu'il ont essayé de vivre normalement pendant cette nuit). Si tu peux me repréciser ce qui t'a fait penser qu'ils n'allaient pas à l'hôtel prévu, je suis toute ouïe. Dans mon esprit, ils changent leurs plans de prendre un taxi parce que personne ne veut les prendre, donc ils décident de marcher 10 km à pied pour arriver à l'hôtel au lieu d'attendre encore un taxi qui risque de leur dire non. Si c'est pas clair je peux juste écrire "au bout du cinquième taxi qui nous refusa, nous décidâmes d'y aller à pied" (par exemple).

2/ « que faisait-il à 20 h 30 dans un tunnel SNCF un samedi soir ? » -> j’ai eu du mal à connecter les neurones avec ce paragraphe, entre la phrase sur le masque que j’ai d’abord prise au pied de la lettre, puis le « ceux-là » que j’ai cru être les badauds brièvement, pour aucune raison valable ?? peut-être parce que tu dis qu’ils « ne paraissaient pas savoir ce qu’ils faisaient là » alors que, rationnellement, ce sont les seuls qui le savent... et puis le « il » dans la phrase que j’ai cité plus haut, j’ai mis un temps honteusement long à comprendre que ça désignait le mort.

=> En fait c'était volontairement déstabilisant de le placer ici "sans transition", c'est la fameuse question qu'ils ont évité toute la nuit qui ressort d'un coup et que la narratrice lit sur les visage de toutes les personnes proches du défunt– à tort ou à raison, ça c'est son interprétation, pareil pour la déformation des visages on serait tenté rationnellement de croire que c'est plutôt une hallucination visuelle de sa part qu'un fait avéré. C'est un peu comme si elle passait "brutalement" en mode enquête sur les circonstances du décès par incrédulité, en se racrochant à une série d'élements concrets du passé pour fuir la réalité du présent qui est sous ses yeux.

Pour faire court, c'est un texte qui saute d'une forme évitement à une autre forme d'évitement:P

J'imagine qu'il y aurait eu 36 meilleures façon d'introduire ça, je me pencherai dessus pour une réécriture plus claire (j'y tiens pas plus que ça à cette phrase, ni à ce qu'elle contient factuellement, j'aime seulement le fait qu'elle soit factuelle).

3/ C’est voulu qu’on ne comprenne que relativement tard (à plus des deux tiers du texte, si j’en crois la petite barre rouge de progression) que les personnages se rendent à un enterrement ? Enfin, j’imagine que oui, mais...

Mais le fait de ne pas savoir, je m’échafaudais plein d’hypothèses, et du coup ça pose peut-être un peu problème avec l’idée du « contrat de lecture » ? On sait que tu nous vends un évènement tragique qui arrive, mais on n’arrive que tard à en comprendre les détails, à un moment ça semble vouloir virer un peu policier (le corps qui ne correspond pas à l’accident, à moins que ce soit juste les employés funéraires qui ont très / trop bien fait leur boulot ??)

=> Le style polar, c'est réellement parce que ça m'a paru être la seule manière supportable de raconter ça, permettant de rester "factuel" ... mais je pense qu'il y aurait plus de cohérence avec le "basculement" si on avait au début l'évocation du fait divers, et qu'on présentait (par omission) les amis comme des sortes d'enquêteurs – en poussant l'interprétation de RedFuryFox - pour finalement comprendre que ce sont les plus proches parents du défunt et qu'ils sont simplement forcés d'assister aux funérailles.

Pour être transparente, d'un point de vue littéraire c'est une partie que j'ai trouvé réellement mauvaise dans mon texte. J'ai hésité à supprimer TOUS LES DETAILS factuels autour des circonstances de la mort, mais je pense que ces détails concrets c'est tout ce qu'on a dans ce genre de moments donc ça reste le plus tangible, ce à quoi se référer, en surface.

Il y a du déni dans tous les cas, mais quand on ne sait pas ce qu'il s'est passé parce que les circonstances sont floues et incohérentes, l'incrédulité et le sentiment de méfiance vient alimenter la fracture entre les proches qui croient que, et ceux qui pensent plutôt que, on se raccroche aux éléments qu'on a et au final on néglige les trucs les plus évidents parce qu'on n'est pas réellement un enquêteur "détaché" et que l'émotion nous rend plutôt aveugle des choses grosses comme des baleines pour se concentrer sur d'autres détails insignifiants qui, eux, prennent des proportions énormes, comme un grain de sable dans les rouages de nos perceptions... c'est pas le passage que je trouve le mieux ficelé mais ça correspondait à une facette que je n'avais pas envie de totalement supprimer non plus.

Donc à réécrire, je pense, peut-être en utilisant le "ne pas dire mais montrer", dans une mise en scène où les éléments interviennent, par ex. une altercation entre les compagnons qui soutiennent l'une ou l'autre des hypothèses à partir de la lecture du journal sur "l'accident" qui arriverait plus tôt dans le texte, que la narratrice relèverait comme si ça ne la concernait pas et qu'on commentait un fait divers.

(je crois que j'ai manqué de forces pour aller "plus loin", ton message me permet de réfléchir plus profondément à ce que j'ai fait / voulu faire / à pourquoi j'ai fini par publier "quand même", en plus de mon bel imparfait du subjonctif !).

4/ j’ai eu une vague impression d’avoir compris trop tard l’ « intérêt » du texte, et du coup d’avoir une légère déception de mes attentes. Après, c’est peut-être juste moi qui me suis fait de mauvaises attentes dans mon coin, c’est tout à fait possible x) MAIS DU COUP pour revenir à notre discussion sur la dissociation haha, je me dis qu’on a peut-être ce sentiment que le perso est trop détaché, qu’elle n’est pas en deuil, non pas à cause du style « factuel » en soi, mais plutôt parce qu’on ne comprend pas tout de suite ce qu’il se passe !

=> Désolée d'avoir déçu tes attentes ! Le pitch est effectivement sobre, c'est juste une nana qui va à des funérailles avec l'impression de partir en vacances et qui pense que c'est à cause du soleil qui ne va pas avec le thème de l'événement qu'elle ressent de la confusion mentale. Puis la colère succède au déni. La "chute" de ma nouvelle c'est que pour elle la superposition entre la lumière et les ténèbres (la vie par dessus la mort) est horrible et qu'elle bascule dans la folie.
Rimeko
Posté le 10/07/2025
1) "quand nous décidâmes de chercher un taxi pour nous rendre à notre hôtel à dix bornes. Au bout du cinquième qui ne pouvait pas nous prendre nos plans changèrent."
J'ai cru que le "cinquième" c'était un hôtel, pas un taxi TT

2) Là c'est peut-être juste mon amour personnel pour les retours à la ligne, mais peut-être que si cette phrase était seule sur sa ligne, le lecteur ne serait pas tenté de chercher un lien logique (qu'il n'y a pas, enfin pas de façon très logique) avec les phrases précédentes... ?
"Pour faire court, c'est un texte qui saute d'une forme évitement à une autre forme d'évitement :P" -> Lol, oui, j'avais senti ça ^^

4) "Désolée d'avoir déçu tes attentes !" -> mes attentes ne sont pas vraiment déçues, le mot est un peu hyperbolique (mais j'ai pas trouvé mieux en rédigeant mon com'), mais je venais chipoter sur exactement oui l'ordre dans lequel tu introduis les éléments, pour le meilleur impact -- qui est déjà bien présent, hein, ton texte est fort !
J'aime bien l'idée d'un dialogue dans le train sur le "fait divers", d'ailleurs !

"c'est juste une nana qui va à des funérailles" -> mon souci personnellement, c'est en fait... que j'ai compris ça très tard ? Au-delà de savoir que la narratrice était une des proches parentes du défunte, j'avais juste aucune idée concrète que ça tournait autour de la mort de quelqu'un en fait !

C'est "drôle", d'ailleurs, le premier enterrement où je suis allée, il y avait aussi trop de soleil pour l'évènement... et j'en ai fait une nouvelle pour PA juste après, tiens TT
MarieZM
Posté le 20/07/2025
Je prends enfin le temps de (me poser pour) te répondre :

Ah, je vois qu'on a les mêmes manières d'extérioriser les expériences sensorielles paradox ales. Elle est toujours disponible cette nouvelle sur PA ?

Tu disais – sur discord, je sais plus quand mais je l'avais lu - que tu écris sur le deuil sans considérer ça comme de la vraie littérature, en vrai je comprends, si je n'avais pas eu l'occasion du concours c'est pas ce type de textes que je partage, ça reste plutôt dans les journaux intimes ça... donc j'ai pas trop l'habitude de mettre en forme littéraire, l'exercice ne m'est vraiment pas confortable. Merci pour ta distance critique et également pour ton empathie émotionnelle. <3

1° ok, pour la confusion hôtel/taxi on sait pas clairement ce qui est sujet de la phrase précédente.

2° je note pour le retour à la ligne, mais je pense que tu / vous m'avez convaincue de reprendre toute cette partie-là et d'oublier le côté "chercher des explications rationnelles", y'a d'autres façon de montrer que la narratrice cherche à rationnaliser l'irrationnel.

4° Par rapport à ce que je disais sur le discord, j'ai quand même pris le temps de réfléchir à tes retours en essayant de comprendre le fond de ce qui ne fonctionnait pas :)

L'annonce me paraît bonne (on sait qu'il va se passer quelque chose de dramatique, c'est cohérent avec l'annonce du genre "drame", on n'a pas annoncé romance donc le happy end paraît peu probable j'espère ? :D ). C'est au niveau du *paiement* que ça pêche puisque tout le monde est déçu au final - et la narratrice peut-être encore plus que son lectorat :D – et finalement je pense que comme d'habitude je cherche surtout à éviter le climax... ceci apparaît assez explicitement, puisqu'on ne verra jamais la réaction émotionnelle de la narratrice ni rien, plus la tension monte et plus elle se distancie pour commenter, juqu'à devenir presque étrangère à ce qu'elle raconte.

Je suppose que c'est une des raisons de la "déception" ?

Enfin c'est ce qui m'apparaît... mais je vais vous écouter je vais arrêter d'éluder le climax émotionnel et mettre la "scène" (celle de l'enterrement proprement dit, où le masque de la narratrice se craquelle).

Quant aux raisons du voyage en train, je voulais réserver ce mystère pour garder le lecteur au même niveau que la narratrice, dans le "déni de la réalité" (elle sent que quelque chose est lourd mais elle ne sait pas réellement pourquoi elle doit accomplir ce voyage en fait). Jusqu'à l'arrivée à la chambre mortuaire c'est les raisons de son séjour sont plutôt éthérées pour elle. Mais, comme je disais aussi sur discord, je pense essayer de faire une révélation plus choquante pour le lecteur, qui pourrait avoir le temps de s'attacher au mort comme s'il était vivant (pour la narratrice il n'est pas mort jusqu'à ce qu'elle fasse le lien entre le fait divers avec l'homme mort sur le quai, le voyage en train, et le fait d'être proche parente du défunt dans la chambre mortuaire -> là ça fait tilt qu'il y a un truc).

Merci encore Rimeko pour tous tes retours hyper détaillés <3 <3
Rimeko
Posté le 20/07/2025
Nope, j'ai archivé la nouvelle, elle date un peu :'))
Sinon quand j'en parlais sur Discord, je disais que j'ai écrit quelques textes purement de l'ordre du journal intime (même si ce n'est pas vraiment le format "journal"), sinon j'écris aussi "normalement" (= de façon littéraire) sur le sujet des fois...

4) Je ne sais pas si j'attendais vraiment de voir l'enterrement comme "climax", mais tu dis :
" je pense essayer de faire une révélation plus choquante pour le lecteur, qui pourrait avoir le temps de s'attacher au mort comme s'il était vivant"
mais on en entend pas parler, du mort, dans la version actuelle de ton texte... ? pas jusqu'à "que faisait-il à 20 h 30 dans un tunnel SNCF un samedi soir ?" en tous cas, qui est à environ la moitié du texte...
MarieZM
Posté le 20/07/2025
Ah d'accord, je t'avais mal compris. Moi j'écris pas vraiment de littérature je crois (oups).

4° C'est bien pour changer la version actuelle avec les éléments factuels qui ont embrouillé tout le monde oui ! :)

L'idée que j'ai serait qu'on intègre le "mort" dès le début de l'histoire comme un personnage normal réel et présent aux yeux de la narratrice - et en parallèle le fait divers sur la mort d'un jeune homme soit le sujet de questionnement pour le groupe, pour qu'ensuite le lien soit fait au moment des funérailles comme dans la version actuelle.

En supprimant le questionnement factuel sur les causes de la mort (en tournant ça de manière encore plus indirecte, détachée, comme une problématique secondaire qui occupe les compagnons de la narratrice alors qu'elle s'en fout, au lieu qu'ils fassent des QCM dans le train ils commentent l'actualité, histoire de ne pas parler de la vraie raison de leur voyage, par exemple).

Donc aussi supprimer la phrase avec le tunnel qui n'a pas grand intérêt et qui gêne la compréhension. Pour moi c'était important mais je vois et comprends que d'un point de vue narratif ce n'est pas important.

L'intérêt de faire l'enterrement comme le climax c'est sûrement une question de sensibilité, y'a toute la préparation qui aboutit à l'enterrement, là où le relâchement nerveux se produit (bon, comme c'est du vécu ça me paraît logique comme ça, à voir si c'est logique dans le récit).

Merci.
RedFuryFox
Posté le 08/07/2025
Hello Mariezm,

Je suis contente de découvrir ton écriture très fluide ! J'ai beaucoup apprécié la fin de ton histoire, quand tout vacille, quand ce soleil synonyme de joie, de "faux bonheur" rend la scène insupportable pour ton personnage. J'ai aussi beaucoup aimé tes descriptions, le déroulé général de ton histoire en commençant par le train. Un point qui m'a beaucoup interrogé c'est le détachement de ton personnage. Je le vois comme un signe de son incompréhension, se détacher de ce que l'on ne veux/peux pas comprendre. Mais pendant un moment, j’ai cru suivre une équipe d’enquêteurs, tant sa posture reste froide et extérieure. Le seul indice qui vient contredire cette hypothèse de la police, c’est sa présence aux funérailles. Cela m’a un peu tenue à distance émotionnellement, je pense que j’aurais aimé en savoir davantage sur elle, et surtout sur le lien qu’elle entretient avec le défunt.

Quelques notes:
- Il est aussi des trains qu'on aurait préféré ne pas prendre. -> bonne accroche
- Marcher jusqu'à la fin du quai fut comme de traverser un brouillard tenace -> "de" à supprimer : "comme traverser un brouillard"
- "Ils paraissaient noirs dans la nuit noire" -> répétition
- "mes compagnons", "deux de nos camarades" : la première partie est sur une narration principalement à la première personne du pluriel, ça m'a un peu perturbée et je me suis sentie un peu détachée finalement de ce qui lui arrivait.
- je me suis pas mal interrogée sur le lien avec le thème du concours, ton lien est je pense sur ce soleil trop "joyeux", cet astre qu'elle aurait voulu voir disparaitre pour être en accord avec les évènements, avec ce qu'elle vit. C'est intéressant mais j'aurais aimé un lien un peu plus fort : jouer avec la noirceur des tunnels où la personne est morte, il est mort en cherchant à fuir le soleil (?); pour lui, il n'y aura plus de soleil; il ne verrait plus la lumière du jour... Quelque chose du genre :)

Merci pour cette lecture, j'ai vraiment apprécié ton interprétation du thème !
MarieZM
Posté le 08/07/2025
Merci pour ce commentaire, et pour le compliment sur la fluidité.

L'image finale me tenait à coeur - j'imagine que ça se voit ah ah. - et en fait je me suis dit que j'allais écrire cette nouvelle (dans le registre intime) à la manière de Watson qui relate une enquête de sherlock holmes, mais en laissant de côté l'aspect polar pour me concentrer sur le côté "psychologique", finalement c'est une enquête intime, une introspection jusqu'à l'intime conviction qui émerge du déni initial, plus qu'une enquête avec des preuves matérielles etc. Peut-être que c'est un peu à côté des attentes du lecteur du coup ?

Pour les remarques, mon conjoint m'a dit la même chose avec noir dans la nuit noire, mais moi j'aime bien cette répétition (bon, je verrai). Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir :D

Je n'ai pas trop compris le problème avec "mes compagnons / deux de nos camarades" ? -> la narratrice a pris le train avec ses compagnons et à la gare d'autres gens les rejoignent, c'est pas un détail hyper important. La première fois elle ne peut pas dire "nos compagnons" parce que ça n'aurait pas de sens vu qu'elle ne parle que pour elle (elle seule et ses compagnons de voyage qui prennent le train), et la seconde fois elle aurait du mal à dire "deux de mes camarades" parce que ce sont les camarades de tout le groupe qu'ils rejoignent à leur arrivée à la gare, donc "deux de nos camarades" (au pluriel) car ce sont les camarades de ses compagnons de voyage aussi. Non ? :)

Le lien avec le thème du concours c'est qu'elle ne veut pas de soleil pour les funérailles. J'ai du mal à savoir ce qui ne te paraît pas fort du coup ? :)
MarieZM
Posté le 08/07/2025
NB : je ne peux faire aucune correction jusqu'à la fin du concours mais merci beaucoup pour tous tes retours <3
RedFuryFox
Posté le 08/07/2025
Hello !
Quelques précisions par rapport à mon retour:
- Pour la remarque sur "les compagnons", en fait ce n'est pas tellement dans la formulation mais plutôt dans la distance que je ressens sur toute la première partie du texte : ses "compagnons" ne sont pas nommés, on suit son voyage en train, son arrivée dans la ville principalement avec une narration en "nous" -> il y a une distance émotionnelle qui se créé entre le lecteur et le personnage = on n'est pas dans sa tête. Mais je comprends mieux ce choix avec ta remarque sur le côté Watson que tu as voulu avoir - et en effet, c'est exactement ça !
- Pour le lien avec le thème : mon retour n'est pas tellement sur le côté "fort / puissant" du thème - j'ai trouvé original justement le lien que tu fais et ai apprécié que ça change - mon retour est plutôt que j'aurais aimé que ce soit encore plus accentué. Comme le défunt meurt dans un tunnel de la SNCF, il y aurait pu avoir un jeu supplémentaire sur le fait qu'il est mort dans l'ombre, sans soleil, ce qui rend d'autant plus cruel ce soleil qui brille lors des funérailles.
J'espère que c'est plus clair :)
MarieZM
Posté le 08/07/2025
Merci beaucoup pour tes éclaircissements RedFuryFox :)
J'ai plein de pistes pour une réécriture post-concours alors <3
Chablaj
Posté le 07/07/2025
Coucou Marie !

Je suis contente que tu aies décidé de participer au concours avec cette nouvelle ! Elle n'est pas facile à lire, j'avais presque la nausée qui montait crescendo au fur et à mesure des paragraphes. Je trouve que ton passé simple crée une espèce de dissociation entre la narration et les évènements racontés, ce qui renforce le traumatisme vécu par la narratrice, il est presque palpable.

Je n'ai pas très bien compris s'il s'agit finalement d'un meurtre ou d'un suicide, ou si l'ambiguïté est volontaire, ou si les indices ne sont réellement pas concluants dans l'histoire, mais ce n'est pas ce qui me paraît être le principal de toute façon. Comme je l'ai compris, l'enjeu central est vraiment la caractérisation du choc de la narratrice, de son état mental, du flou étrange dans laquelle elle se trouve qui la sépare encore de son deuil. C'est très réussi !

J'aime bien aussi les détails pragmatiques que tu choisis pour décrire son environnement, la mauvaise cantine de l'hôtel, la "mousse au chocolat bitumineuse" (pas mal de références à la nourriture, maintenant que j'y pense, hmmm - retour à un état viscéral primitif à cause du choc, hypothalamus, cerveau reptilien, ou je vais trop loin ? Je n'y connais pas grand-chose, il faudrait que je demande aux biologistes parmi nous. Sinon c'est moi qui ne pense qu'à manger).

Merci pour cette lecture !
MarieZM
Posté le 08/07/2025
Merci Charlotte pour ton message ! J'étais pas sûre de publier ce texte, mais bon, le voici. Je suis contente que tu sois contente de l'avoir lu. C'est pas vraiment joyeux...

C'est marrant que tu aies relevé la nourriture, je pense qu'effectivement c'est l'un des repères fiables.

J'ai laissé la fin ouverte, j'aurais pu mettre un paragraphe plus concret pour l'expliquer comme dans un polar bien ficelé (initialement j'en avais mis un mais je l'ai effacé avant de poster) mais je pense qu'effectivement l'intrigue policière ne m'intéressait pas tant que ça donc j'ai laissé tomber. On passe des impressions et des hypothèses à l'intime conviction, rien n'est objectivé en fait.
Vous lisez