6 Flamerule 1369 Année du Gantelet
Malgré un soleil déjà brûlant pour ce début de matinée, de nombreux calishites[1] étaient déjà présents sur la place du marché de Suldolphor et on pouvait voir un marchand vantant la fraîcheur de ses épices et de ses vins, réputés selon lui pour être les meilleurs de toute la région, mais ce qui pouvait frapper le regard d’un promeneur en cet instant, c’était l’attroupement de plus en plus important d’habitants dans le coin de la place situé près du Haut Quartier, d’habitude relativement dégagé.
L’histoire de l’assassinat de la grande prêtresse de Sharess[2] se répandit rapidement même si nul ne savait dire quoi que ce soit à propos des circonstances précises de sa mort, les autorités de la ville étant plutôt frileuses à l’idée de mener une enquête approfondie, s’étaient contentées d’un examen de routine et avaient laissé les membres du temple de Sharess se charger de l’enterrement d’Hazirina.
Non loin du Haut Quartier, dans une ruelle ombragée et élégante, une silhouette féminine s’interrogeait sur le comportement à adopter.
En effet, Kariya avait parfaitement observé le manège qui se déroulait devant le lieu de culte de Sharess et souhaitait aborder des membres du temple pour en apprendre davantage car les rumeurs de la foule ne lui en apprendraient pas plus.
En dépit de la clarté du jour, Kariya ne souffrait pas de sa nature vampirique, disposant d’un tatouage protecteur des éléments, lui permettant ainsi de se déplacer librement sans soulever de soupçons.
Gellana était une amie de longue date et elles étaient devenues comme des sœurs, étant toutes deux des étrangères loin de leur contrée natale.
Le Thetyr[3] lui manquait mais elle avait fini par tourner la page, sa vie aventureuse actuelle avait comblé le vide créé par cette séparation imprévue avec sa famille.
Elle se promit donc de débusquer son assassin par le biais de ses pouvoirs d’ensorceleuse[4] car l’hypothèse de l’amant jaloux ressassée par les vipères de Suldolphor ne tenait pas en raison de la fonction même du temple de Sharess.
Kariya avait développé son potentiel d’ensorceleuse auprès d’un riche ensorceleur calishite nommé Theringar vivant à Almraiven[5], qui l’avait prise sous sa protection quand elle s’était retrouvée perdue seule au Calimshan et lui avait fait cadeau selon lui du fabuleux statut de vampire, regrettant d’avoir accepté car l’espoir de revoir sa famille lui semblait désormais vain.
Elle jouissait cependant d’une relative liberté malgré l’obligation de s’abreuver de sang et elle lui rendait parfois service quand ce dernier le lui demandait.
Cela faisait d’ailleurs plusieurs mois qu’elle n’avait plus eu de nouvelles de lui, espérant que cela dure le plus longtemps possible car elle avait en ce moment du sang sur la planche avec l’assassinat de son amie Gellana.
De plus, servir de garçon de courses, même par intermittence, n’avait rien de réjouissant.
Vêtue d’une longue robe blanche, Kariya secoua sa longue chevelure auburn et s’avança vers une jeune servante de Sharess qui venait tout juste de sortir du temple.
Cette dernière lui fit un bref signe de la main et, soucieuse de répondre à cette invite, la vampire s’en rapprocha d’un pas souple.
Une fois suffisamment près l’une de l’autre, elles entamèrent une conversation à voix basse.
- Sois la bienvenue parmi nous ma chère Kariya.
Comme tu peux le constater, les rumeurs vont bon train et tu as du apprendre la mort de notre chère Hazirina, que son âme puisse trouver la paix, la pauvre…
J’imagine que tu dois te poser de nombreuses questions à son sujet, étant donné que tu ne l’avais pas revue depuis Tarsakh[6] dernier.
Je suis évidemment prête à satisfaire toutes tes demandes dans la mesure de mes moyens, mais saches que ces derniers temps, je ne la croisais que très rarement.
-Que la paix de la déesse soit avec toi, Rahina, j’aimerais en effet te poser quelques questions à propos d’Hazirina, plus particulièrement en ce qui concerne la nuit dernière.
Je dois sans doute te surprendre avec mon air inquisiteur malvenu en ces temps troublés mais une amitié profonde nous liait toutes les deux comme tu le sais.
Qu’a-t-il bien pu se passer pour qu’elle en soit arrivée là ?
Ma requête va sans doute te paraître incongrue mais j’aimerais visiter sa chambre pour y voir plus clair, car je sais que peu s’empresseront d’enquêter sur son décès.
Bien que séduisante grande prêtresse de Sharess, elle n’était qu’une étrangère pour les calishites après tout…
- Je me ferais un plaisir de te guider au sein de notre enceinte sacrée, les serviteurs du temple sont en ce moment bien trop chagrinés pour faire attention à nous.
Cependant, un élément me revient à l’esprit…
Je suis certaine d’avoir vu un jeune homme à la chevelure brune pénétrer dans sa chambre la nuit dernière relativement tôt dans la soirée.
Il s’agissait d’un jeune héritier d’une famille marchande de Suldolphor, une sorte de courtisan fréquentant la plupart des soirées organisées par l’aristocratie de la ville et il fréquentait Hazirina depuis plusieurs mois déjà, sans pour autant aller lui rendre visite tous les soirs.
Je ne pourrais malheureusement pas vraiment te décrire son visage mais il devrait être aisé de le retrouver, Hazirina détaillant tout à propos de ses amants dans un petit cahier contenu dans un compartiment secret de l’armoire de sa chambre.
-J’ignorais que les suivants de Sharess étaient à la fois si cachottiers et si légers au point de tout partager entre eux ! s’exclama Kariya en riant malgré les circonstances.
Si nous pouvions réussir à obtenir le nom de son amant de la nuit dernière, certaines choses pourraient certainement être résolues.
Sais-tu quand a lieu la prochaine réception organisé par les cercles fortunés de Suldolphor ? Car la perspective de rendre une aimable visite à ce jeune homme commence à fortement me tenter…
- Si ma mémoire est bonne, je crois qu’une fête va bientôt être organisée le 8 Flamerule, c'est-à-dire dans deux jours, au sein du palais du gouverneur, que notre héritier ne devrait sûrement pas manquer.
Nous pourrions en apprendre davantage sur les relations qu’entretenait Hazirina avec la bonne société de Suldolphor.
Elles rentrèrent rapidement dans le lieu de culte afin d’éviter de susciter la curiosité des badauds.
Dans une autre partie de Suldolphor, un jeune mage contemplant la scène qui se déroulait par le biais d’un sort de claire vision jubilait intérieurement et se frottait les mains.
Tout se déroulait selon ses plans, même s’il n’avait pas prévu l’intervention de Kariya.
Cette dernière ne serait qu’une distraction supplémentaire si elle venait à le démasquer et à le combattre.
Il regrettait simplement que Gellana Malaergost ne se soit jamais ralliée à lui, ils auraient pu faire une excellente équipe mais le pouvoir méritait bien quelques sacrifices et aucun grain de sable ne devait se mettre en travers de sa route.
[1] Un calishite est une personne originaire du Calimshan, pays qui se situe au Sud de Faerun, principal continent des Royaumes Oubliés.
L’appellation calimshanais existe également même si elle est moins utilisée.
[2] Sharess est une divinité de l’hédonisme, de la sensualité et elle pousse ses adorateurs à l’individualisme.
Le clergé de son culte étant pacifique, elle est bien acceptée partout.
[3] Le Thetyr est une contrée située au nord du Calimshan dotée d’une luxuriante forêt et victime d’une guerre civile pendant plusieurs décennies, il est à présent gouverné par une royauté.
[4] Dans les Royaumes oubliés, les ensorceleurs sont des sortes de mages naturels, n’ayant pas besoin d’apprendre leurs sorts dans des livres, tout étant basé sur l’expérience contrairement aux magiciens.
[5] Almraiven est une ville portuaire du Calimshan et constitue un centre d’étude de la magie dans cette contrée.
[6] Dans cet univers, pour distinguer les différentes périodes de l’année, les habitants des Royaumes Oubliés utilisent le calendrier de Harptos divisé en douze mois comme le nôtre, Tarsakh correspond donc au mois d’avril et Flamerule au mois de juillet et une année fait 365 jours comme pour nous.
Tu écris assez bien et on sent une atmosphère qui demeure tout au long du texte.
Néanmoins, j'ai eu quelques difficultés dans la lecture :
- les phrases très (trop) longues. Je pense que tu pourrais remplacer pas mal de virgule par des points pour donner du rythme à l'histoire.
- la mise en page. Tu remets à la ligne à chaque point, c'est un peu violent pour le lecteur. C'est vrai que c'est bien de ne pas avoir des paragraphes sans fin mais là c'est l'extrême opposé.
- les dialogues. Ils sont un peu trop soutenus. Tu n'es pas obligé de les rendre grossiers mais avec des phrases plus courtes et des marques d'oral (mmmh, si tu le dis, ... pour un hésitation etc) ça pourrait les rendre plus naturels.
Voilà pour moi,
A très bientôt !
On m'avait d'ailleurs déjà souligné le problème des phrases trop longues et j'y travaille.
Bonne journée et à bientôt!