Write what you know.
J’aurais bien du mal à écrire sur l’amour, alors
Du moins celui que l’on attend
Mais je pourrais sans doute écrire sur la peur
Et comment elle me garde attachée dans ma chambre
Comment la mort rôde sous chaque véhicule
Et dans la nourriture que je mets dans ma bouche
Une peur si puissante qu’elle me rend somnolente
Quand fourchette suspendue dans l’air épais et pauvre
Je presse contre mes lèvres une tomate cerise et pense :
Ce pourrait être la dernière.
Écris ce que tu sais.
Mais tout ce que je sais c’est que ces quatre murs
M’encerclent à toute heure de la journée
Je les porte avec moi comme l’escargot sa coquille
Lente à en pleurer
Je ne suis pas née pour avoir peur
Mais la peur c’est tout ce que je connais
Et la honte, ma compagne fidèle
Et des rêves qui n’en sont pas assez
Vaporeuses fumées facilement dispersées
Comme de la rosée sur l’herbe que je ne vois jamais
Qu’y a-t-il à écrire
Quand on n’a pas de vie
Ou seulement une idée
Larve à demi-formée
Oisillon encore humide de l’œuf
Préférant y rester et mourir que risquer s’envoler.
décembre 2020