L’immeuble était encore endormi lorsqu’Aminata se glissa dans l’ascenseur. C’était l’hiver. Pas son premier en France. Pourtant ce temps, jamais elle ne s’y ferait. Doudoune et chaussures à crampons l’aidaient certes à affronter ce froid, mais rendaient inconfortables les trente minutes de marche pour se rendre à l’agence où elle travaillait comme auxiliaire de vie. Un pas après l’autre, Aminata s’efforçait de chasser ses pensées apeurantes, celles de « tomber sur un tueur en série, un malade, un psychopathe», au profit de celles plus réjouissantes des retrouvailles avec son père et sa Côte d’Ivoire natale.