ABC Billet 13

Billet n°13 :  Commenter en tant que lecteurice & relecteurice

Il y a mille manières de lire un texte, puisque c’est une expérience individuelle et une rencontre unique entre la personne qui écrit et celle qui reçoit ce texte. C’est aussi une question d’état d’esprit. Alors, quand on lit sur PA, dans quelle disposition va-t-on se mettre pour bien recevoir le texte ? N’ayez pas peur, nous allons passer de mille manières de lire à deux.

  • Commenter en tant que plume lecteurice

C’est le plus naturel : c’est la lecture où on se laisse embarquer par le texte, on vibre pour les personnages, on aime ou on déteste. On ne cherche pas à porter un regard analytique sur le texte. Finalement, pour des lecteurices, le commentaire consiste à exprimer son ressenti par rapport aux personnages ou à l’histoire, dire ce qu’on a compris ou pas compris, poser des questions ou donner ses hypothèses sur le déroulement de l’histoire. Sans oublier de rester bienveillante, même et surtout si on n’a pas trop apprécié sa lecture, ce qui peut arriver.

Le commentaire des lecteurices est précieux car il porte un regard sur l’histoire et les personnages. Il montre comment le texte est reçu, quelles émotions il suscite, comment ses personnages ou son intrigue sont perçus.

  • Commenter en tant que relecteurice

Alors, c’est quoi, des relecteurices ? C’est d’abord des lecteurices, bien sûr, mais aussi des personnes capables d’avoir aussi un regard sur le texte en tant que matériau vecteur de l’histoire : sa construction, son équilibre, sa forme, son style. Elle saura parler par exemple du rythme, de la construction de l’intrigue, peut-être des points de vue utilisés. Elles sauront se pencher sur la forme, repérer des tics d’écriture. Bref, c’est quelqu’un qui va avoir un regard plus technique sur les moyens employés pour raconter l’histoire.

Est-ce compliqué d’être relecteurice ? Oui et non. Parce qu’à partir du moment où on écrit, on a déjà un pied dans la technique de la fabrication d’un texte (même de manière intuitive) et il suffit de rendre plus consciente cette part de nous qui conçoit nos propres textes pour l’appliquer au texte d’autres personnes. C’est quelque chose qui s’acquiert avec le temps et l’habitude des commentaires. Commenter, c’est déjà prendre un peu de recul par rapport au texte, et plus on commente, plus on va être capable d’en voir les « ficelles », les « trucs » de fabrication et les défauts.

Et le bonus, c’est que prendre du recul par rapport au texte des autres plumes, cela vous permettra de repérer des choses qui « marchent » ou qui ne “marchent pas” et d’en tirer des enseignements pour vos propres textes. Par exemple, si vous avez l’habitude d’écrire à la troisième personne, commenter un texte écrit à la première personne vous aidera à voir quels sont les avantages et les limites de ce point de vue en « je ».

  • Et moi, je suis quoi ?

Si vous vous dites que le commentaire, c’est déjà difficile, et que les aspects techniques ne sont vraiment pas pour vous, eh bien je vous dirais de vous faire confiance. Laissez le texte vous parler. Faites une pause à la fin de votre lecture et demandez-vous ce qui vous semble bien (ou moins bien) fonctionner dans le chapitre. Avez-vous déjà eu envie de dire à une plume que vous auriez aimé que tel passage soit plutôt raconté par Amélie que par Jean-Paul ? Eh bien, c’est une remarque de relecteurice ! Si vous relevez des coquilles ou des répétitions dans le texte, vous êtes aussi relecteurice. En définitive, dans nos commentaires, nous sommes tous un peu lecteurices et un peu relecteurices, à part variables. Et c’est très bien comme ça !

Un dernier mot : même quand vous rentrez dans la technique de l’écriture, n'oubliez pas de vous faire plaisir en lisant. Commenter, ce n’est pas un devoir scolaire !

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