006

Noah n'en croyait pas ses oreilles. Il n'était pas mort, mais personne ne l'avait sauvé. Quand sa mère était rentrée, elle l'avait trouvé dans la salle de bains, flottant dans une mare de sang. Son souffle était quasi inexistant et son cœur était passé sous la barre d'un battement par seconde. Les secours n'avaient rien compris et parlaient d'un miraculé, car sa coupure au poignet avait cicatrisé. Et Théo, le mec qui l'avait torturé au réveil, était venu…

— Parce que je devais être ici, maintenant.

— Genre, comme les anges gardiens ?

— Nan, ceux-là, ils ne peuvent pas te mettre une claque derrière la tête, comme ça !

Joignant le geste à la parole, il atteignit Noah avant même que celui-ci comprenne qu'il se faisait attaquer. Son égo prit plus cher que son cuir chevelu.

— Comment genre tu peux savoir que tu devais être ici ? Ça n'a aucun sens !

Théo se tenait toujours droit au bord des chaises. Il ignorait probablement qu'on avait inventé des dossiers, ce qui distinguait la chaise du tabouret. Il leva un peu le menton et dit d'une voix plus grave :

— Avec le temps et la pratique, tu comprendras. Tu comprendras.

Noah pigeait que dalle. Il regarda autour de lui et commenta :

— C'est ta voix mystique ? Elle ne fait pas d'écho dans la pièce ? C'est un peu plat, si tu veux mon avis.

Théo porta une main à son front, dépité.

— Qui-Gon Jinn à Anakin, plateforme d'atterrissage de Coruscant…

— Ouais, bah j'ai pas l'impression d'être dans un monde de princesse et de Jedi, tu m'excuseras…

— Te voici donc au cœur du problème.

Théo avait lâché ça comme un fait, sans colère ni douceur. Il se leva et quitta la chambre.

— Merde, il est parti, et j'ai toujours pas compris ce que je fous là.

Noah tenta à nouveau de bouger ses doigts. Rien. Il avait peur de sortir ses bras de sous la couverture. Il ferma les yeux et poussa son bras droit à l'horizontale. Il ne sentait rien au-delà de son poignet.

Inspirer.

Expirer.

Ouvrir les yeux.

Ses paupières ne se soulevèrent pas. Il réessaya. Réussit. Oh ! Miracle ! Il y avait bien une main au bout du poignet. Elle était là, avec le pouce et les quatre autres doigts. Il ramena son bras avec la gaucherie d'une grue de chantier, déposant sa main sur son ventre. Il y avait aussi des ongles. Et pas la moindre sensation dans son corps.

Avec courage, sans fermer les yeux, il sortit son bras gauche. Il y avait aussi une main, et pas de pansement. Il retourna son bras, sa main partit à la renverse, molle, et alors il vit la cicatrice : une fine ligne de croûte le long de l'entaille, avec deux gros points à chaque extrémité, comme les marques de crocs sur les artères. C'était moche.

— Pas cicatrice stylée, pas de pouvoir magique… Pourquoi vous ne m'avez pas laissé crever ?

Dans son esprit, le goût de la carotte prit toute la place, puis il sombra dans le sommeil.

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Cléooo
Posté le 19/09/2024
Hello !
Okay donc pas mort du tout et dans le même monde finalement?
Mais je n'arrive pas à comprendre où il se trouve ce moment. Une chambre, c'est assez vaste finalement.
Et cette étrange idée de carotte...
À bientôt!
Iphégore
Posté le 22/09/2024
Le pauvre ! Lui qui pensait en finir, il est bien mal barré. Voilà qu'en plus, il se met à bouffer des carottes ! Va-t-il finir en Bugs Bunny? :D
Bruns
Posté le 19/09/2024
Hello, je ne suis pas déçu.
Lecture agréable et toujours une question qui me tarraudait .... où cela va-t-il m'emmener.

Texte très interessant ! Merci

Bruno
Iphégore
Posté le 22/09/2024
Parfait si ça te tient en haleine ! Je ne vais pas tarder à mettre la suite
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