Déjà deux mois que ces trucs sont apparus dans le ciel. Deux mois que ces grosses éponges pissent leur liquide sur la ville comme si elles étaient inépuisables.
On sait pas ce que c’est, ni d’où ça sort mais c’est arrivé là un matin et c’est jamais reparti.
On a mis du temps à s’y faire mais faut croire que l’humain à une capacité de résilience à toute épreuve. On a commencé par se barricader chez nous le temps que les grands cerveaux trouvent ce que c’est et si c’est dangereux. L’ambiance était lourde à cette époque-là. La peur empestait à chaque coin de rue... désertes, soit dit en passant.
Ils ont rien trouvé. C’est de l’eau. C’est tout. Et ça tombe comme de la pluie.
Alors les gens ont commencé à ressortir. Timidement, d’abord. Les moins rassurés ne ressortent que depuis peu. Certains sont toujours chez eux. Faut dire que c’est une bonne excuse pour éviter les interactions sociales les plus pénibles.
Moi, ça fait deux semaines que j’me force à voir un peu du dehors. J’trouve que c’est pas sain de rester enfermé tout le temps comme ça. Les lions, quand c’est en cage, ça devient fou. Pas très envie d’en arriver là, j’finirai par me flinguer.
Alors j’suis sorti. Au début j’évitais de passer en dessous. J’avais pas très confiance, même si tout le monde disait que ça risquait rien. Ils pouvaient bien se pavaner sur les réseaux à danser dessous et avaler les gouttes qu’ils récoltaient bouche ouverte, moi je préférais éviter. Prudence est mère de sûreté, comme on dit.
J’me suis décidé à investir dans un bon manteau de pluie, des bottes et plus faire gaffe à si je passais dessous ou pas.
On a finit par faire avec. D’autant que depuis, il a pas plu une seule fois. Naturellement, je veux dire. Plus un seul vrai nuage, plus une seule goutte de vraie pluie depuis que ces trucs sont là. On s’y habitue. Quand on veut du soleil, on reste en dehors et si on veut un peu de fraîcheur, on passe en dessous.
La vie a repris son cours, tout est redevenu comme avant ou presque.
Mais il y a quelque chose qui me dérange chaque fois que je sors de l’ombre des éponges. Un truc qui me gène et qui me met mal à l’aise. Je sens comme une espèce de moiteur chaque fois que j’enlève mon manteau. J’ai toujours eu cette petite chaleur quand je l’enlève mais dernièrement, je la ressens de plus en plus intensément.
Quand j’en parle avec les collègues, ils me disent tous que je délire et que je m’angoisse pour rien.
Mais je sais que je suis pas le seul à ressentir ça. Je l’ai vu sur les réseaux. On n’est pas beaucoup mais ça me suffit à me dire qu’il se passe un truc louche.
Et la chose qui me confirme mon sentiment, c’est ce que j’ai observé sur mon petit balcon. La seule jardinière que j’ai sur ma rambarde, coupée en deux par l’ombre et la pluie d’une des éponges, est maintenant entièrement recouverte. Chez mes voisins, c’est pareil.
Les éponges grossissent. Elles s’étalent et prennent de plus en plus de bout de ciel.
Et nos plantes sont toutes décédées. Trop d’eau ou autre chose, en tout cas, ça leur a pas fait du bien.
De plus en plus de gens parlent de ces phénomènes là. Aux infos, sur internet, dans les cafés et la rue, tout le monde commence à se dire que c’est bizarre. Et tout le monde en a marre.
Mais ça va pas partir comme ça, je le sens. Maintenant qu’elles sont là, les éponges vont rester. Elles vont s’installer et plus bouger. Mais elles vont aussi grossir et bientôt, on verra plus un morceau de ciel. On verra plus le soleil non plus.
Je me demande bien comment on va faire sans soleil.
En tout cas, c'est très vivant comme histoire.
Il ne tient qu'à eux de s'organiser et s'entraider pour s'en sortir ;) Comme dans tous les bons films catastrophe à l'américaine x)
Désolée, je me fais mon film.
C'est donc le début d'une nouvelle aire glacière. :o
Bravo pour ce texte ! Ça donne envie d'avoir une suite, de savoir si effectivement les éponges vont engloutir la planète ou pas, si c'est partout pareil ou non, et si les gens ne vont pas se transformer en grouilles =D
J'aime bien ce mot, "grouilles" :3 A voir si y'a moyen de le recaser quelque part !
Ah mais c'est tout mon problème, en fait : j'écris des débuts et moi aussi j'ai envie d'avoir la suite... x)
A tout bientôt o/