Le lendemain, Noah retourna voir la tortue. Elle s'appliquait à mâcher une autre feuille de salade. Noah flippait à l'idée de lui parler. Ce n'était pas sain, d'entendre des voix, quand même.
Ça dépend bien lesquelles.
Purée ! C'était le démon, la voix était plus grave. Il y avait un démon qui lui causait !
Noah tourna sur lui-même à la recherche d'un monstre sanguinaire à neuf queues. Il trouva le potager et ses légumes, une serre, des arbres au loin avec des oiseaux dedans. Ou dessus. Ou autour. Bref, il les entendait plutôt qu'il les voyait, mais du démon, aucune trace…
Il suffirait que tu m'écoutes pour me voir.
— Ta ta ta… Je n'écoute pas les démons, c'est une mauvaise idée d'écouter les démons, c'est bien connu !
Sale gosse, tu pourrais montrer un peu plus de respect ! Je prends la peine de te parler et de te permettre de m'entendre de manière dissociée de tes pensées de chiotte, alors quand je te cause, tu écoutes et tu en prends de la graine !
— Et si je préfère causer avec la tortue, moi ? Hein !
Comment veux-tu causer à une créature que tu ne veux pas entendre ?
— Oh bon sang ! Je sens que tu vas me les briser, toi !
Noah réalisa que tout son corps était tendu. Il souffla un bon coup. Guetta la prochaine tirade.
Silence.
Noah attendit, scruta ses sens internes, ausculta ses pensées. Rien. Plus rien.
Paradoxalement, il se sentit seul. Alors, il regarda Caroline. Elle avait mangé la moitié de sa feuille et continuait tout en gardant un œil sur lui.
Noah n'y tint plus. Il lui lança :
— Vas-y ! Dis-moi que je ne suis qu'un abruti sans cervelle !
Caroline mâcha encore presque une minute avant d'abandonner sa feuille, de regarder sur le côté et de se mettre lentement en marche, tournant le dos à l'adolescent. Ce dernier la suivit dans l'espoir qu'elle lui montre quelque chose de significatif.
Plusieurs minutes plus tard, elle était rentée sous son abri, un trou sous un tas de bois qu'elle avait probablement creusé elle-même — en combien de jours, ou de siècles ?
Noah attendit patiemment, aux aguets, la moindre pensée qui ne lui appartenait pas.
Cinq minutes plus tard, il se mit à pleuvoir. Il lui fallut du temps pour s'en rendre compte, alors que l'averse s'intensifiait.
Énervé, il rentra à la maison.
Le fait d'espérer que Caroline communique avec lui, qu'elle lui fasse un signe... Son énervement parce que rien n'est arrivé...
C'est bien, cette légère régression.
"et de m'entendre de manière dissociée de tes pensées de chiotte" -> d'entendre ?
En effet, il y a un souci de syntaxe sur la phase, je vais voir comment je la reformule