02/09/25

Par Lie~~

 

Ça y est, j’y suis enfin.

J’ai la boule au ventre et la gorge nouée.

Je vais enfin aller à l’école, me faire des amis. Fini la solitude toute l’année.

Fini de voir chaque jour un mélange de pitié, de tristesse et de remords dans le regard de Maman.

Je vais enfin être comme les autres...

Aujourd’hui, c’est la rentrée. J’ai hâte ! Je rentre en 4e.

C’est la première fois depuis quatre ans que je retourne à l’école « normalement ».

Depuis la tentative d’assassinat, pour ainsi dire...

Dring dringggg.

La cloche a sonné. Je me dirige vers le marquage au sol que j’arrive à peine à discerner. Il indique le numéro de ma classe : « 4e4 », à moitié effacé. Quand on ne connaît pas le collège, c’est dur de s’y retrouver, mais je crois ne pas m’être trompée de rang.

Dix minutes plus tard, une prof se présente à nous. Elle dit s’appeler Mme Fabra, et elle sera notre prof principale et notre prof de maths cette année.

Nous montons dans sa classe. Elle salue les élèves qu’elle connaît déjà – soit plus des trois quarts de la classe.

— « Y a-t-il des nouveaux dans ce collège cette année ? » lance-t-elle à la volée avant de faire l’appel.

Timidement, je lève la main, pas très haut, mais Mme Fabra me remarque.

Elle me propose de venir me présenter au tableau et de demander à un élève de me faire visiter le collège.

Je décline poliment, mais je demande tout de même à la fille devant moi si elle pourrait me faire visiter à la pause.

Elle se retourne, me fait un grand sourire et me répond :

— « Avec plaisir ! D’ailleurs, c’est quoi ton nom ? »

Que devais-je faire ? Lui dire mon vrai prénom, ou celui que Papa m’a dit de donner en public ?

— « Je m’appelle Yaely Enkaoua. Et toi ? »

J’avais finalement décidé d’utiliser mon nom d’emprunt.

— « Moi, c’est Ambrinne Cavaillon, » me répondit-elle, cette grande rousse qui allait peut-être être ma première amie.

Mais pour l’instant, elle allait juste me faire visiter le collège.

On échange quelques sourires, puis la prof nous demande d’être attentifs pour la distribution des emplois du temps et des professeurs.

La sonnerie retentit pour la deuxième fois de la matinée. Cette fois, c’est la pause de dix heures.

Pendant que je rangeais mes affaires, je vis Ambrinne s’approcher, accompagnée d’une fille et d’un garçon.

Elle s’arrêta net devant mon bureau et me présenta à ses amis :

— « Naïm, je te présente Yaely. Elle est nouvelle au collège, alors sois gentil avec elle, s’il te plaît.

Yaely, je te présente Naïm : il a un humour nul, il peut paraître cru et méchant au début, mais il est très gentil et sensible quand on apprend à le connaître. »

dit-elle en riant en voyant Naïm la mimer.

— « Et voici Méline. Elle est hyper sociable, adorable, vraiment géniale. Tu verras toutes les qualités qu’elle a, elle… »

Ambrinne fut interrompue par Méline, qui se mit à me poser un million de questions à la fois.

Elle la tira doucement par l’arrière du tee-shirt et continua :

— « Elle a beau être adorable, elle est, à mon grand malheur, très énergique et très curieuse ! »

Je ris de bon cœur.

Avant même que je puisse dire un mot, ils m’entraînèrent dans les couloirs pour une visite guidée.

Méline commentait tout et n’importe quoi. Naïm, lui, me faisait une vraie visite.

Ambrinne disait bonjour à tout le monde en rigolant.

La sonnerie retentit à nouveau. On retourna en cours.

Je leur avouai que je n’avais rien retenu de la visite.

On rit à en pleurer, et ils me promirent de m’en faire deux autres pour la peine.

Nos abdos brûlaient, mais on s’en fichait.

À la fin de la journée, ils m’invitèrent à venir réviser avec eux au CDI.

Douze minutes plus tard, on était sur deux fauteuils pour quatre, en mode Tetris.

Ambrinne était assise sur les genoux de Méline, et moi, je partageais timidement la moitié d’une chaise avec Naïm.

Nos livres d’histoire et de maths traînaient partout par terre.

Naïm avait l’air gêné, tout penaud, rougissant à chaque intervention farfelue de Méline.

La sonnerie de mon portable me sortit de cette allégresse.

« Mademoiselle, où êtes-vous ? Il est dix-sept heures passées. Vous devriez déjà avoir fini les cours. Votre mère se fait un sang d’encre. »

Je me levai et m’écartai un peu.

« Gustave, rétorquai-je, je suis en étude avec des camarades de classe. Je rentrerai d’ici une heure ou deux. Prévenez Mère que je serai là pour le dîner, merci. »

« Bien, Mademoiselle. À tout à l’heure. Et n’hésitez pas si vous avez besoin d’un chauffeur ou si vous rencontrez un problème. »

Il raccrocha.

Quand je revins, Naïm s’était approprié le fauteuil.

Je lui demandai de me faire une place. En guise de réponse, il s’y enfonça encore plus.

Très bien, il voulait jouer ? Il allait jouer… mais avec mes règles !

— « Joue pas à ça, Naïm, ou tu vas le regretter », dis-je avec aplomb.

— « Ah ouais ? Qu’est-ce que tu vas faire, Yaely ? Me taper ? Me demander encore et encore ? Non, je sais, me tirer l’oreille… »

Sans un mot, j’avançai vers lui, passai ma main dans ses doux cheveux, me retournai, et m’assis sur lui.

Il poussa un cri de stupeur mémorable. Les filles éclatèrent de rire.

Je continuai mon petit manège : tantôt une main dans ses cheveux, tantôt un câlin, tantôt je me blottissais contre lui…

Tout rouge, il me lança :

— « T’es sûre de ton coup ? » dit-il avec un sourire en coin.

— « Sûre et certaine. »

Au moment où j’allais me lever, il m’attrapa par les hanches, me fit pivoter face à lui et me tira pour que je sois assise à califourchon sur ses genoux.

Il fit glisser une main dans mon dos, l’autre se posa doucement sous mon menton.

Il se leva, me gardant contre lui, scrutant chaque millimètre carré de mon visage.

Je sentis mon cœur battre à la chamade.

Ses yeux fixèrent ma bouche, puis mon œil droit, puis le gauche.

Il recommença deux ou trois fois. Il remit derrière mon oreille une mèche échappée de mon chignon fait à l’arrache quelques heures plus tôt.

Je sentis sa respiration se rapprocher, l’odeur de menthe de son haleine devenait plus intense.

La chaleur de ses lèvres… Je la sentis enfin.

Mais… ça veut dire qu’il m’embrasse ?

Mais oui. Langoureusement même.

Que faire ?

Avant même que je puisse réfléchir, il s’arrêta, me regarda dans les yeux, essuya doucement le coin de sa bouche avec sa manche, me fit un câlin et me susurra :

« Méline et Ambrinne ont bien profité du spectacle. »

On se regarda, yeux dans les yeux, avant d’éclater de rire.

Les filles étaient choquées, et il me lança mot pour mot :

« Je t’avais dit de ne pas jouer à ça avec moi, beauté. »

— « TU ES TOUTE ROUGE ! » cria Méline.

— « Elle a raison. Mais, juste pour être sûre : vous vous êtes vraiment embrassés ou c’était une hallucination ? » demanda Ambrinne.

Effectivement, j’étais toute rouge.

Naïm riait en confirmant que non, ce n’était pas une hallucination.

Je restai allongée sur Naïm, de dos, pendant toute la fin de l’heure.

Quand l’alarme du téléphone de Méline sonna pour nous rappeler qu’il était 18h30, on se dit au revoir, le cœur un peu lourd.

Chacun partit de son côté, sauf Naïm, qui insista pour me raccompagner.

Pendant le trajet, il s’excusa pour le baiser et m’expliqua que ce n’était pas dans ses habitudes d’embrasser une fille à l’improviste.

Je ne le laissai pas terminer.

Je le tirai par le tee-shirt et l’embrassai à mon tour.

C’est rouges comme des tomates, main dans la main, qu’on termina le chemin.

Il s’arrêta quand il vit le portail, avec mon nom de famille écrit sur la boîte aux lettres.

Arrivés au portail, il me prit par le bras et me dit, les yeux dans les yeux :

« Yaely… je sais qu’on ne se connaît pas vraiment. Mais j’ai envie de te connaître. J’ai envie que tu me connaisses. J’ai envie de t’embrasser. »

Puis il me lâcha et partit, comme si de rien n’était.

De retour dans ma chambre, je m’assis sur mon pouf, mis ma tête dans mes mains, et repensai à ce qui venait de se passer avec Naïm.

Cette nuit-là, je ne pus m’empêcher de rêver de lui, et de cette journée qu’on avait passée.

Que ferait-il demain ? Comment se comporterait-il avec moi ?

De toute façon, il ne me restait que quelques heures à attendre pour le revoir..

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Plume_jasmin
Posté le 22/07/2025
C'est le premier jour les cocos, on calme ses ardeurs...
Si c'était quelque jours plus tard j'aurai trouver ça mignon mais bon l'amour n'attend pas.

Je trouve ce chapitre très bien écrit avec un style qui nous transporte dans chaque scène.

Je me demande bien quels secrets Yaely, ou qui qu'elle soit, cache derrière toute cette histoire.

En tout cas hâte de lire la suite
~
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