Cher journal…
Tu sais quoi ? Je crois qu’il y a des gens qui ont commencé à disparaitre. Pas « disparaitre » dans le sens poufplurien. Plus qu’on a parfois des gens qui parlent d’autres gens et qui rajoutent « Et tsé qu’il a disparu ? ».
C’est bizarre, non ?
Enfin, moi, je trouve ça bizarre. Mais les adultes, ils font des hochements de tête et ils passent à autre chose. Ils pourraient s’inquiéter un peu plus quand même.
Je sais en tout cas que si quelqu’un que je connais disparaissait comme ça, je me demanderai au moins où il est. Mais pour l’instant, personne de chez nous n’a disparu. Tout le monde fait la tête, mais personne n’a disparu.
D’ailleurs, en parlant de faire la tronche, c’est de pire en pire. L’autre jour, quand je suis allée dans la cuisine commune, il y avait le voisin de derrière le mur de gauche. Il était assis à sa table devant une bouteille et il fixait le vide. Je voulais pas le toucher, mais il était dans le passage pour récupérer une assiette dans le placard. Alors, j’ai tenté de lui parler et tout, aucune réaction. Il m’a juste regardée une fois, mais je crois qu’il m’a même pas vue.
Maman aussi fait un peu la tête quand elle rentre tard après le travail. Mais il y a deux jours, elle a ramené du sucre. Elle a dit qu’elle a fait la queue pendant DES HEURES. Mais elle était quand même contente d’avoir pu avoir quelque chose. Le soir, on a mis une cuillère de sucre dans notre thé et on a partagé avec tous les autres à la cuisine. Ca allait un peu mieux pour tout le monde, tout d’un coup.
C’est un peu tard. Maman dort déjà et moi, j’écris avec une lampe torche. Je crois qu’il est temps que j’éteigne.
Tiens, une histoire de toi dans la catégorie « chair fraîche », que ça me surprend :D
Une petite remarque de forme, au chapi 4 :
« Plus qu’on a parfois des gens qui parlent d’autres gens et qui rajoutent « Et tsé qu’il a disparu ? ». » J’ai lu « plus » comme « + » au départ, du coup j’ai dû relire trois fois avant que l’illumination ne se fasse dans mon cerveau x)
J’aime beaucoup ces petites « vignettes » : on en apprend plus sur le monde / la situation touche par touche, ça fonctionne bien, notamment parce que la base est assez « familière » pour qu’on se raccroche à des histoires (réelles ou non) connues autour du post-apo, post-guerre, rationnement, etc – mais en même temps, il y a des éléments plus mystérieux qui attisent ma curiosité :P
Qu’est-ce que c’est que cette brume ? Est-ce qu’il a raison, un des persos du full dialogue, est-ce qu’il y a vraiment quelque chose de l’autre côté ? Quoi ? Qu’est-ce qui est arrivé, au juste, pour détruire tous les ponts et tout ? Et c’est quoi ces gens qui disparaissent ? Des suicides, comme le narrateur du chapi 2 qui a été tenté, ou autre chose... ?
Ça fait plaisir en tous cas de voir ces différents style de narration (première personne avec un style très « oral » que j’adore, troisième personne, full dialogue, journal), t’en as une belle maîtrise de tous ! J’ai hâte de voir comment les wagons se raccrochent les uns aux autres maintenant (j’ai l’impression par exemple que l’enfant du chapi 4, c’est celui de la narratrice du chapi 1.. ?) et donc de découvrir les chapitres suivants :D
Vraiment, super curieuse de là où cette histoire va nous emmener !
Hop, histoire dans ma PàL et hâte de lire la suite <3
Ce petit texte, je ne sais pas pourquoi, m'a mis la chair d'ampoule! j'ai même eu envie de pleurer. Bravo à toi c'est très poignant en seulement quelques lignes ...
Une histoire intrigante, divisée en bouts éparpillés qui nous triture l'esprit de questions. Je trouve ça intriguant comment le contexte est placé sans même avoir la moindre explication : On sait que les ponts sont tous cassés, qu'il y a une rive de l'autre côté, avec des gens peut être tous morts, mais pourquoi ? On ne sait pas. Est ce que c'est les protagonistes qui sont bloqués sur une île ? Où bien la rive d'en face qui est une île bloquée ?
Beaucoup de question, et de questionnement.
J'aime beaucoup les dialogues et les expressions familière telle que "poufplurien" qui m'ont fait rire dans cet univers apocalyptique.
A bientôt !
Encore une fois, on voit l'ambiance pas jouasse qui se dégage de l'histoire. Les disparus, le sucre... tout plein de détails de la vie quotidienne qui fendillent le cœur.
Allez ! Il est peut-être temps d'éteindre, pour moi aussi.
A la prochaine !