— Tu crois qu’on peut traverser ?
— J’sais pas. Non ?
— Ouais, je pensais pas non plus.
— Puis, pourquoi tu veux traverser ?
— Pour aller voir.
— Ouais, mais y a rien. De l’autre côté, j’veux dire.
— On sait pas.
— Bah si, on sait.
— On sait comment si on y est jamais allés ?
— On sait… parce qu’on sait. Tu sais ?
— On sait pas. Et de l’autre côté, y a peut-être des gens.
— On l’saurait s’il y avait des gens.
— On le saurait comment ?
— Bah, on le saurait. On… on les verrait.
— On voit pas l’autre rive.
— Ouais, mais là, on verrait.
— Et si nous, on les voit pas, eux nous voient pas non plus.
— Mais on s’en fiche, non ? De ce qu’il y a de l’autre côté.
— Je voudrais bien voir.
— Le pont est cassé.
— Ouais, le pont est cassé.
— Donc on peut pas y aller.
— On peut trouver un autre pont.
— Tous les ponts sont cassés.
— On sait pas.
— On sait. Ils l’ont dit.
— Ils ont pas remonté tout le fleuve.
— Peut-être que si.
— Peut-être que non.
— Il y a rien, de toute.
— On sait pas.
Même en full dialogue, on sent parfaitement les émotions que portent les personnages : mince espoir pour l'un, résignation pour l'autre.
En fait, je viens de relire l'argumentaire de Dédé sur ce texte pour les HO. Non seulement je le trouve très beau, mais en plus je suis complètement d'accord avec lui : ta plume sonne juste, toujours.
Merci pour ce moment de lecture (je reviendrai sûrement)
— On voit pas l’autre rive.
— Ouais, mais là, on verrait."
>> Ce passage est très fort <3 Jeu subtil sur deux sens de "voir", entre le "voir de loin" et le "voir vraiment", découvrir les gens et les formes que prennent là-bas les interactions.
Comme d'hab, impressionnée par le naturel et l'allant de tes dialogues <3
Chaque chapitre explore une forme narrative différente, mais tout fonctionne hyper bien dans cette rencontre des tons et des voix.
J'enchaîne !
Un 3e chapitre avec un format très différent des deux précédents. Le dialogue m'a rappelé Une comète, mais avec une ambiance différente. Plus d'humour mais un côté absurde, résigné, qui fait écho à l'ambiance des précédents chapitres. Je commence à comprendre pourquoi ton histoire a été nominée dans cette catégorie.
Je suis curieux de voir si l'on finira par en apprendre plus sur les narrateurs, voir des liens entre eux. D'où tu vas nous emmener...
Mes remarques :
"— On sait… parce qu’on sait." intéressant ce passage, qui montre le fatalisme du personnage, qui ne se questionne plus
"— Il y a rien, de toute." de toute façon ?
Un plaisir,
A bientôt !
Tu ma retourner le cerveau en quelque ligne, mais j'ai adoré :D
Merci les HO, sinon je crois que je ne serais jamais venu par ici ^^ Une histoire de plus dans ma PAL :p
On sait pas.
Ça n'a pas de sens, mais c'est comme ça.
On ne sait pas si les trois textes ont quelque chose en commun. Peut-etre pas. Ou bien on va le découvrir par la suite.
En tout cas, l'ecriture est plaisante.
Contente de te voir au chapitre 3 ! Merci beaucoup :)
Ce dialogue m'a rendu un peu foufou, toutes mes excuses...
Le titre prend ici tout son sens. Et je te retrouve bien, dans cette histoire. Sans trop réfléchir, je m'y aventure. Je sais que je vais souffrir mais tant pis, rien qu'en lisant ta plume, ça vaut le coup.
J'aime beaucoup les changements de narration (radicaux). Peu importe la forme, le message passe bien.
Hâte, si je puis dire, d'en apprendre davantage sur ce monde post-apocalyptique !
Souffrir ? Mais non, mais non !
Merci, Dé !