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Par Lys
Notes de l’auteur : Puisque je vous le dis! Même si ma bourse s'en retrouvait pleine à craquer, je n'offrirais rien. Avec ne serait-ce qu'un sous ces rats qui s'trouvent la dehors se reproduiraient. En un rien je me mettrais à donner de l'argent à toute la famille et à leur descendants. Offrir une place en mon logis? Pauvre fou...

Une fois dans la chaleur apaisante de sa maison et les loquets de sa porte solidement renfoncés dans leurs gardes, il observa enfin ce qu’il eut ramassé. Tout en allumant des chandelles, Tud procéda à une inspection « discrète » de l’individu. Sa toge émaillée à la couleur écœurante ruisselait de plusieurs cascades d'eaux jusqu’au bois de son sol, y coulant un charmant petit étang. Misère. Le propriétaire lui fit signe de le suivre mais l’inconnu semblait être reparti dans quelques contrée virtuelle. Après avoir essayé de le ramener sur terre, il fut évident que son regard possèdait la vivacité d'un cadavre. Il le saisit donc avec dégoût par un bout de sa toge et le traîna d'une grimace à une salle des eaux. Celle-ci se présentait comme anormalement grande et bien fournie : flacon de parfum, bijou de toute sortes et maquillages se confondaient à chaques recoins. Il semblait y flotter une perpétuelle brume aux senteurs envoûtantes, fruit sans doutes des huiles de bain et autres fleurs entreposées ça et la. Jardin humide. Il l’y enferma seul.

Tud longea les murs avec l’air profondément perdu en son esprit. Sa chambrée fut assez grande et très blanche. Aux antipodes de la précédente, les meubles manquaient comme si son propriétaire venait d’y emménager. Elle possédait un lit en bois clair large comme pour trois personnes et une penderie minuscule qu’il ouvrit en hâte.

Une minute plus tard Tud revint vers la salle des eaux les bras chargés de vêtements. Son invité se trouvait juste sur le seuil. Il grelottait comme un enfant, et jetait des coups d’œil perdu alentour. Tud remarqua que tantôt ses gestes transpirait de ces comportements infantiles ; tantôt son comportement douchait tout ce qui avait l’air de vivant et de pur en lui. Au moins ressemblait-il moins à un mort qu'auparavant. Tud se rassura comme il le pouvait mais certaines pensées angoissantes continuaient de naître en lui. Avait-il offert l’hospitalité à un de ces Dieux du meurtre ou de la perversion ? Devait-il le dénoncer aux gardiens sans même connaître le minimum de celui qu’il recevait? Mais très vite, il fut évident que cela irait à l’encontre de ses principes de hôte et d’Arc-Scritov. Peut-être ne serait-il pas satisfait de se débarrasser d’un mystère non résolu de cette façon.

Donc le propriétaire le guida. Il eut beaucoup moins d’effort à faire car la foule qui trouvait refuge sous les cils avait déserté, laissant place à une lucidité inquiétante. Il le fit s’asseoir dans la chambre d’ami -qui se trouvait à quelques mètres en fasse de la sienne- sur un lit déjà monté d’une peau de vache.

-Tu peux t’habiller avec ceci, se prononça enfin Tud en lui remettant des habits, mais c’est tout ce que je veux te concéder, il faudra que tu trouve de quoi t’habiller.

Il douta qu’il eut de quoi se payer des vêtements dans les échoppes du Pays des dieux, mais en allant chez les humains, il n’aurait aucun mal à en obtenir des convenables et ce sans débourser un sous. Un dieu pouvait reproduire tout les objets de fabrication humaines d’un claquement de doigt.

-Comment t'appelles-tu, Divin? Questionna Tud avec un sourire faux.

Il ne répondit pas et baissa les yeux sur sa poupée potelée. Même ainsi courbé, l’homme restait grand, les habits ne lui irait surement pas vu la petitesse du maître de maison. Les traits de l'homme se froissèrent avec panique et ses doigts prirent la suite dans des mouvements frénétiques. Les ombres dans son regard s’émiettèrent en quelques cauchemars, tombant dans l'esprit de Tud comme autant de plumes ravageuses.

-Non, non, non! Le bois... Il pourri et les cendres s'en vont... Mouillé le bois ! Non...Le bois…

Tudan resta un moment interdi et le regarda s’agiter sans savoir comment réagir. Il finit par poser une main sur son épaule, se rendant compte de ce que contenait sans aucun doute la poupée de bois. En l’observant de plus près, le ventre de la poupée pouvait en effet s’ouvrir sous quelques coup de poignets. Elle détenait alors les cendres d’un inconnu. Dans le fond son hôte était un mystère sur pied, il ne devait pas oublier les usages quitte à refouler sa nature d'Arc Scritov. Sûrement ne pourrait-il pas en apprendre plus sur lui de si tôt.

-Es-ce Rosa ? Testa Tud en désignant le jouet du doigt.

Tud le vit à peine acquiescer qu’il lui ordonna de s’habiller et s’en alla, prenant soin de fermer la porte derrière lui. Dans la réserve de la cave, Tud partit arracher un bout de toile à un sac inutile. Les rouage de son cerveau fonctionnaient terriblement. Quel genre de dieu se trouvait dans sa maison en ce moment ? Avait-il de la famille ? Es-ce un de ses membres qui reposait dans la poupée ? Rosa ? Il s’arrêta devant la chambre et hésitait. Qui avait bien put tuer Rosa ? Supposer qu'il l'avait fait ne paraissait pas si absurde lorsque l'on considèrait le degré de folie de certain dieu. Tud sentit son coeur se serrer. Il caressa la poignée et dut reconnaitre l'évidence : dans cette ruelle, le choix avait déjà été fait et en toute connaissance de cause. Il ne pouvait plus revenir en arrière. D'un autre côté, Tud lui avait sauvé la vie. Tuerait-il son sauveur? Son appréhension le quitta laissant place à un embarra. Il avait sauvé quelqu’un qui attendait la mort depuis des heures dans le froid et la pluie. Tudan réfléchissait surement trop aussi entra-t-il dans la pièce.

A l'intérieur, l’homme était changé. Les anciens vêtement traînaient aux-côtés de ses pieds en bouillasse infâme. Son nombril se pavanait à l'air tant les vêtements se révélaient étroits. Cela destabilisa davantage Tud, le troubla presque devant le manque de pudeur et d'orgeuil. Il s'intérogea sur les pouvoirs de l'homme. Pourquoi diable ne les agrandissait-il pas d'un claquement de doigt?

Le dieu bien malheureux remonta tout de suite la tête à l’appel de la porte. Dès que Tud s'approcha, il se réfugia sous la robe tachetée, la poupée dans les mains prés de son visage, comme un jeune enfant avant le sommeil. Quelque part au-dessus de leurs têtes, des chandelles se mirent à flotter dans le crépitement d’un feu de bois, couvrant la chambrée d’un chatoiement très doux.

-Tu es ici chez toi. Je ne sais quel type de Divin tu es, mais qu’importe pour l’instant je te garderai sous ma protection aussi longtemps que tu resteras innocent.

Tudan observa son invité se disant que s’il avait accomplit un crime quelque chose le trahirait en cet instant. Celui-ci se retourna vers sa poupée d’un air impassible. Mais cela ne rassura pas l’hôte qui connaissait le talent de ces dieux dans la dissimulation. Tudan mit un terme à son débat intérieur et frotta doucement la poupée de la toile. Comme par enchantement le tissus s’enroula autour d’elle et se découpa en une robe féminine la couvrant parfaitement. Leurs doigts se frôlèrent.

-C'est mieux non ?

Il releva un regard joyeux et Tud y découvrit avec étonnement une facilité enfantine.

-Bien... Elle ne prendra pas froid, répondit-il d’un air beaucoup plus joyeux.

" Je suis Uki. "

Cette pensée s’imposa d’elle même dans l’esprit de Tud. Cela ne vint pas de lui. Il fronça les sourcils. En général, les dieux se présentait par ce qu’ils étaient en tant que composant du monde humain et non pas par leur nom (qui ne signifiait rien d’autre que des facilités administratives pour reconnaître les dieux citoyens). Quand cela était fait cela cachait souvent quelque chose. Ce fut après lui avoir souhaiter une nuitée agréable qu'il laissa son hôte seul.


 

Lorsque Tudan se réveilla, l’aurore pointait à peine le bout de son nez. Ce qui le tirait de son sommeil, fut un individu qui s'asseyait près de lui. Cette personne n'était ni son hôte ni quelqu'un qu'il eut connu. Une petite boule bleu flottait au dessous de sa tête blonde. Elle était entièrement perceptible à travers sa peau d’enfant. Ses cheveux se coiffait très long, tout en boucles cendrées, presque grises. Et ses yeux de biches énormes sous ceux-ci, l’observaient dans une position tout à fait inconfortable, si ce n’est monstrueuse. La petite fille se retourna en silence, arrêtant son regard sur le mur blanc face à elle. Une robe rose et drapée de froufrou dénudait son dos mais enveloppait totalement ses jambes sous le fatras de rubans et de soies.

-Mon aimé... murmura t-elle.

L’esprit de Tud entra en transe. Ses yeux lézardèrent sur son dos de fillette. Il ne voyait pas ce que cette situation avait de dérangeant malgré l’impression que ce ne fut pas la première fois qu’il vivait une expérience pareille. Une image remonta à la surface : l’apparence de la poupée de Uki, les similitudes parfaites entre l'objet et la chose sur le bord de son lit.

-Petite? Es-tu sa Rosa?

Il posa doucement la main sur son dos, l'esprit plus clair. Elle était froide et rigide. Elle ouvrit grand la fraise qui lui servait de bouche et cria, et encore une fois Tud se sentit totalement calme. La fillette chauffa brutalement sous ses doigts et prit feu. Elle poussa de la voie, hurla gutturalement, se mit à se frapper le corps pour en chasser les flammes mais celles-ci restaient agglutinées à sa peau et aux meubles qu’elle frôlait de ses convulsions. Tud se rendit alors compte que ce ne fut pas sa maisonnée qui s’embrasait sous le feu de la gamine mais un autre endroit. Il s’agissait d’un salon qu’il n’avait jamais vu auparavant. La petite fille tourna la tête vers lui et courut dans sa direction dans un hurlement de rage pure.

Cela suffit à le réveiller. Le souffle court, le cœur battant à tout rompt, une migraine lui écrasait la tête. Il grimaça. Un cauchemar ? En cette période?

Dehors, l’aube avait déjà le bout du nez et tout son reste suffisamment dénudé pour que Tud se décide à mettre pied à terre. Il regarda à peine certain habits voler jusqu’à lui dans des bruissements somnolants. Ce genre de cauchemars ne le dérangeaient normalement pas en hiver. Cela affluait surtout au début de l’automne. Il revoyait Rosa s’embraser sous son touché. Ce cauchemar le convainquit qu’il devait au plus vite s’informer à propos de son invité. Il trottina à sa salle de bain et s'embauma de parfum en regardant intensément les maquillages et autres brosses. Un long moment de contemplation avant qu’il ne se décide à partir.

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