1- Héritage

   Ma mère est morte. Il y a 6 jours. Le notaire n'a pas tardé à nous donner rendez-vous pour le testament que mes frères et moi avons décidé d'accepter. Comme j'étais le fils préféré de maman ( si si c'est vrai !) j'ai non seulement hérité d'un tiers de notre fortune, mais aussi du manoir familial de ma mère. Résultat, moi, Liam Pollock, je me retrouve digne héritier d'un vieux manoir que je n'ai jamais vu et qui est sûrement inhabité depuis plus de 30 ans. Enfin voilà. Comme c'est ma mère qui me l'a donné, je vais accepter mais bon... C'est pas dit que ça me plaise...

~*~

    Assis sur le siège inconfortable du wagon de deuxième classe du train, je regarde le paysage défiler par la fenêtre. C'est un miracle qu'un train mène dans un village perdu comme celui où je vais. La vérité c'est qu'on peut même pas appeler ça un village. Disons que c'est un regroupement de 12 maisons entouré de montagnes.

    Le train arrive en gare. Les portes s'ouvrent dans un crissement affreux. À l'intérieur, le silence s'est fait. Tout le monde me regarde avec pitié comme si j'étais un chien battu. C'est si malheureux que ça de vivre dans ce village ? Je sors. Maintenant c'est au tour des personnes sur le quai de me regarder bizarrement. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous ?! C'est stressant putain ! Je passe donc mon chemin sous le regard intrigué d'une horde de "zombies preneurs de train". J'arrive enfin devant la sortie. Pas de chance, il pleut des cordes. On dirait que ce village ne veut pas de moi. Bon... Je prend sur moi. Comme je n'ai pas de veste, je vais devoir courir.

    Je prend une inspiration et j'ouvre la porte. Une rafale de vent m'accueille. Super. En plus de pleuvoir il va faire froid. Je sens que je vais me plaire ici. Je laisse échapper un rire sarcastique puis je sors en courant. Comme la chance n'a pas envie de me sourire aujourd'hui, je me fais bien tremper avant d'arriver au premier abri. Là, je prends mon téléphone et je consulté le GPS. Mon Héritage se trouve à un kilomètre d'ici. Le problème c'est qu'il va falloir que je monte la pente d'une grande colline alors que le sol est boueux.

    Quand j'arrive devant la maison, un homme m'attend. Il a l'air tout excité et ça m'énerve car on ne peut pas être comme ça par un temps pareil. Il me crie de sa voix ridiculement aiguë :

- C'est vous Liam Pollock ? 

Puis, sans me laisser le temps d'en placer une, il continue :

- Je suis absolument ravi de vous rencontrer ! Vous ressemblez beaucoup à votre mère vous savez, ce manoir appartient à sa famille depuis des générations mais on me l' à confié quand elle a quitté le village ! C'est à vous qu'il revient maintenant ! Vous savez, votre mère Amelia était une de mes amies... On jouait tout le temps ensemble ! C'était le bon temps ! Mais dites-moi... Qu'est-elle devenue ? 

- Elle est morte. 

- OH! Je... Je suis vraiment... Toutes mes condoléances ! 

Il se fiche de moi là ! Il ne savait même pas que ma mère était morte ? Et il prétend être un ami ? Et pour couronner le tout il me présente ses condoléances avec un grand sourire au lèvres ! Je pousse un énorme soupir et lui lance un regard assassin. Tout ce qu'il trouve à répondre c'est :

- Au fait, je m'appelle Angus! 

Puis nous entrons dans le manoir qui est en fait une grande maison de campagne. La porte d'entrée nous fait arriver directement dans le salon. Il y'a une fuite dans le toit, un gros trou par lequel un torrent d'eau s'engouffre pour former une flaque qu'on pourrait confondre avec une mare. Ça sent l'humidité et le renfermé. Le parquet craque, grince sous nos pas. Angus m'a assuré que toutes les pièces étaient meublées. Il ne m'avait pas dit que le meuble ment était aussi sommaire... Le salon ne comporte que deux chaises recouvertes d'un drap en guise de canapé et une table basse à laquelle il manque un pied. Au fond du salon, il y a un escalier branlant à moitié en ruines qui menace de s'écrouler si on reste trop longtemps sur une marche. Je pique un sprint jusqu'en haut. On visite trois chambres. Ou devrais-je dire trois pièces dont la peinture écaillée se décolle, trois pièces où il y a des fuites. Dans l'une de ces "chambres", il y a un trou dans le sol par lequel on peut voir la cuisine d'en dessous.

    La visite catastrophique a continué. Le bilan ? Une cuisine calcinée à cause d'un plat qui a brûlé, des chambres qui n'en sont pas vraiment tellement elles sont inconfortables et peu chaleureuses, un salon qui se transforme en piscine à chaque fois qu'il pleut et une salle de bain si sale qu'elle ferait fuir un porc. Les travaux vont coûter cher...

    Le guide et moi nous sommes réunis dans le salon. Il m'a annoncé le prix du loyer. Il n'est vraiment pas cher... Encore heureux ! Cette maison tombe en ruine ! Manquerait plus que je doive payer une fortune chaque mois pour y rester ! Toujours avec son sourire insupportable, Angus s'exclame :

- Cette maison est merveilleuse ! N'est-ce pas ? Elle est si accueillante ! Les chambres sont immenses ! Vous allez être bien ici Liam !

Je plante mon regard dans le sien. J'arrive pas à savoir si il dit ça sur le ton de l'ironie ou pas... Le silence s'allonge et ça devient gênant alors Angus le casse :

- Bon ben c'est à peu près tout... Je vais vous laisser vous installer en espérant que ce village vous plaise !

Il s'apprête à partir mais semble se rendre compte de quelque chose. Son sourire benêt disparaît et il me regarde à présent très sérieusement, une lueur d' inquiétude dans le regard :

- oh ! Faites très attention ici ! 

Je vais lui demander ce qu'il veut dire par là mais il a détalé comme un lapin. Alors je reste tout seul au milieu de la pièce avec mes questions et j'ai de plus en plus de doutes quant à l' acquisition de cette maison...