Elana poussa difficilement la grande porte en bois, dont les grincements résonnèrent dans la nuit. Elle ne la referma pas, et entra prudemment dans la chapelle sombre, la grande fenêtre du fond n'amenant aucune clarté. Elle tremblait légèrement, peu rassurée : elle n'aimait pas le noir, mais elle décidé à tout faire pour elle. Elle se retourna brusquement en entendant de petits bruissements derrière elle : Elana soupira lorsqu'elle reconnut la silhouette de sa petite soeur.
— Maeva, je t'avais dit de pas venir !
Ses chuchotements résonnèrent sous le haut plafond. La petite silhouette haussa les épaules et s'approcha en trottinant de sa soeur. Elana secoua la tête : elle ne voulait surtout pas que Maeva assistât à ça. Elle la poussa doucement vers la sortie, mais sa soeur, têtue, la contourna et se plaça derrière elle.
— Maeva, tu ne dois pas rester là !! Parce que..., poursuivit-elle devant l'air interrogateur de son interlocutrice, tu ne peux pas... enfin, tu.... Tu es trop jeune pour assister à ça.
— Je veux rester là !
La petite voix se répercuta dans la grande salle, surprenant Elana : sa soeur ne parlait que rarement.
— Je... Ca risque de ne pas te plaire, cède-t-elle en soupirant.
Maeva haussa une fois de plus ses épaules. Résignée à ne pas pouvoir se débarasser de sa soeur, Elana s'avança un peu plus dans la chapelle. La petite trotta pour se maintenir à son niveau : c'était son mode de déplacement le plus fréquent. Elle attrapa la main d'Elana, tout en promenant son regard un peu partout, essayant de deviner les contours de la grande pièce. Sa grande soeur enfouit son autre main libre dans sa poche gauche, caressant le métal froid qui alourdissait un peu son manteau.
Elana lâcha Maeva, pour s'approcher de la bougie près de l'entrée, qu'elle distinguait grâce à la lumière qui s'immisçait doucement dans la chapelle par cette porte. Elle sortit briquet de son autre poche et alluma la mèche. Aussitôt, le feu se propagea en une ligne droite sur toutes les bougies, qui avaient ingénieusement été placées serrées les unes contre les autres. Elles faisaient le tour de la salle, la dernière étant de l'autre côté de la grande porte de bois. Elana se répèta afin de ne pas se tromper, murmurant :
— La deuxième, la trente-huitième puis la dixième. La deuxième, la trente-huitième puis la dixième. La deuxième, la trente-huitième puis la dixième.
Après avoir éteint ces trois bougies, et dans l'ordre, Elana soupira de soulagement, sentant qu'elle ne s'était pas trompée. Elle retourna à côté de Maeva.
En effet, quelques secondes après, une bougie s'alluma, tout en haut d'un autel, inatteignable par la rangée de mèches qui s'allumaient à la suite. Trois majestueuses silhouettes descendirent du plafond, apparues sans qu'aucune des deux filles ne les vit. Elle s'arrêtèrent devant les deux soeurs, assez hautes pour les obliger à lever un peu la tête afin de les voir. Deux d'entre elles étaient recouvertes de voiles, si bien que l'on ne voyait pas leurs corps, dont les contours étaient tout de même discernables, et uniquement la lueur rose de leurs yeux traversait le tissu. La dernière semblait plutôt cachée sous un drap noir, ce qui empêchait de voir autre chose que la lumière rose qui semblait émaner de ses yeux, comme ses consoeurs.
Maeva fixait les trois divinités, ébahie, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Elle les pointa du doigt en regardant sa soeur. Elana hocha la tête, les observant également, un peu moins rassurée. Elle le savait : une erreur, un mauvais geste, une parole déplacée et... finies les balades à cheval, finies les vacances à la mer, finies les soirées avec papa et Maeva, fini tout ça.
Elle baissa la tête et s'avança de quelques pas. Sa soeur trottina pour rester à ses côtés, mais la plus grande l'en empêcha d'un bras en travers de son corps fluet. Elana se racla la gorge.
— Euh, bonjour, mes...mesdames, je... Le Baron m'a envoyé ici, afin de... que je puisse vous rencontrer. Il m'a dit... Il m'a dit que vous seriez capables de... réaliser mon souhait.
Elle garda les yeux fixés sur ses pieds, honteuse d'avoir tant bégayé mais déterminée à aller au bout. Elle valait bien ça. Une voix mélodieuse, plus jolie que tout ce qu'avaient déjà pu entendre les deux soeurs, s'éleva.
— Eh bien, jeune Elana, le Baron est fort bien renseigné. Qu'as-tu à nous proposer ?
Evidemment, de telles déesses ne faisaient rien sans retour. Elana plongea à nouveau la main dans sa poche, serra une dernière fois ses doigts autour de l'objet froid, puis inspira un grand coup et sortit l'objet de la poche. Elle craignait la réaction de sa soeur. Elle craignait la réaction des trois femmes. Elle tendit le bras, et Maeva poussa un petit cri aigu, signe de surprise, et également un peu de désapprobation. La grande silhouette se tenant à sa gauche se pencha, intriguée.
— Qu'est-ce donc, jeune Elana ?
— Ce que m'a conseillé le Baron... Un objet... de grande valeur, vous savez, il... Il est dans ma famille depuis des siècles... Le Baron m'a dit que vous...vous préfériez les objets...anciens...
Ses efforts pour moins bégayer ont porté leurs fruits, du moins un peu. Elle vit du coin de l'oeil sa soeur secouer la tête. Elle ne voulait pas non plus leur donner, elle tenait à ce collier, mais elle vaut des dizaines de vieux objets.
Les trois divinités se regardèrent pendant un moment, et Elana supposa qu'elles conversaient silencieusement. La femme couverte du drap noir se tourna vers la plus grande des deux filles. Sa voix, plus grave que celle des deux autres, n'en était pas moins magnifique. Maeva continuait de secouer la tête, s'approchant de sa soeur.
— C'est très intéressant, et nous pensons que cela vaut le coup, jeune Elana. Es-tu sûre de vouloir nous le donner ? Je te préviens, une fois en notre possession, nous ne pourrons pas te le rendre, même si nous le voulions. Il ne peut plus sortir de notre monde.
Elana inspira et hocha la tête.
— Je veux... Je veux qu'elle revienne...
Maeva, intimidée, murmura :
— Elana, tu peux pas.... non, pas le collier...
Sa grande soeur soupira. Elle savait qu'elle ne voudrait pas... Il ne lui restait qu'à espérer que la petite fille ne s'en mêlerait pas.
— Si, désolée, répondit-elle fermement, chuchotant également.
Elle la repoussa du bras derrière elle.
— Jeune Elana, reprit la déesse de gauche, nous acceptons ton marché. Tu nous donnes ce collier, et nous pourrons la ressuciter.
La jeune fille leva timidement la tête, tentant un sourire. Elle vit de petites étincelles crépiter sur le bout des doigts de la silhouette noire, en face d'elle. Evidemment, elles n'allaient pas se pencher et récupérer le collier. Un peu tremblante, elle tendit le bras. La divinité dirigea un flux de magie droit sur la main d'Elana, afin de récupérer l'objet métallique.
C'était sans compter Maeva, qui poussa sa soeur et s'interposa.
Elana se retrouva seule, le collier dans la main et la promesse des trois femmes, aussitôt disparues, de revoir bientôt sa mère.
Quel première nouvelle captivante ! Je suppose que c'est la mère que la jeune Elana veut ressusciter. Je le lirai dans le chapitre deux ! Ah non ! Tu ne nous en fais pas. C'est dommage. J'aurais dévoré ton roman.
J'aime beaucoup ce première nouvelle. Tu as une plume captivante et très agréable à lire, je trouve.
Voici tout de même quelques petites coquilles que j'ai pu remarquer ! Si je me trompe, n'hésite pas à me le dire. ^^ Je suis loin d'être parfaite à l'écrit.
▪︎ Elle tremblait légèrement, peu rassurée : elle n'aimait pas le noir, mais elle décidé à tout faire pour elle
-> elle était décidée, non ?
▪︎ Je... Ca risque de ne pas te plaire, cède-t-elle en soupirant.
-> Céda-t-elle.
▪︎ Elle sortit briquet de son autre poche et alluma la mèche.
-> un briquet.
▪︎ Elle s'arrêtèrent devant [...] afin de les voir.
-> Elles.
▪︎ Deux d'entre elles étaient recouvertes de voiles, si bien que l'on ne voyait pas leurs corps, dont les contours étaient tout de même discernables, et uniquement la lueur rose de leurs yeux traversait le tissu.
-> On ne voyait par leurs corps, si ce n'est leurs contours et la lueur rose de leurs yeux qui le traversait.
La tournure est plus légère, selon moi. Après, c'est comme tu préfères. ^^
▪︎ — Euh, bonjour, mes... [...] puisse vous rencontrer.
-> m'a envoyée.
▪︎ Sa voix, plus grave que celle des deux autres, n'en était pas moins magnifique.
-> Ce n'est pas "Celles" étant donné que ce sont les voix des deux autres déesses ? J'hésite. 🤔
Bien à toi,
Trisanna.
Merci pour toutes ces remarques !! C'est vraiment adorable d'avoir pris le temps, et si jamais je décide de retravailler cette nouvelle elles me seront bien utiles 😄
Et en effet c'est leur mère qu'elle veut ressusciter ^^
Merci pour tout !
Avec plaisir ! ^^
J'ai cru qu'il s'agissait de ressusciter la sœur, et qu'on allait comprendre qu'elle n'était pas vraiment là physiquement, mais non, tu m'as bien eue.
J'ai bien aimé cette atmosphère intemporelle. J'ai d'abord imaginé qu'on se trouvait dans un cadre réaliste (je lis peu d'autres choses que du réaliste, c'est donc une forme d'automatisme), et j'aime bien continuer de croire que ces déesses pourraient être sorties de l'imagination de deux filles endeuillées.
A bientôt !
Eh bien, il me semble que tu es la première à voir cela ainsi ! ^^
C'est vrai que c'est très joli aussi imaginé comme ça !
Merci de ton passage <3
J'ai dit que je passerai lire tes DLP, me voici :)
Ce texte est captivant. Le "elle" en italiques intrigue et donne envie de lire jusqu'au bout pour en connaître l'identité, même si avec l'idée de famille (les deux soeurs, le collier) je me doutais que c'était la mère. Tu dépeins bien les différences de personnalités, d'âge aussi puisque Elana est prête à tout pour retrouver sa mère, tandis que Maeva ne se rend peut-être pas compte de tout (notamment, que les sacrifices peuvent en valoir la peine).
Quelques petites phrases m'ont dérangée, pas grand-chose, des formulations qui me font tiquer ("hausser ses épaules", par exemple ; j'aurais plutôt écrit "hausser les épaules" puisque c'est forcément les siennes dans ce contexte).
Enfin voilà, j'ai bien aimé ! Merci pour cette lecture ❤
C'est super gentil haha, ça me touche beaucoup ^^
Oui, maintenant que tu le dis... 😅😆
Merci à toi pour ce commentaire adorable 🥺 En espérant que la suite te plaise (si tu la lis of course 😜) 😄
J'ai beaucoup aimé. Tu nous entraines avec toi dans ton histoire avec beaucoup de facilité sans qu'on n'arrive à deviner la fin. Une très jolie (triste) nouvelle. J'ai trouvé que les dialogues sonnaient très juste, autant ceux des Déesses que ceux d'Elana avec sa timidité bien retranscrite.
Pour le Twist final, je m'attendais à ce que ce soit Maeva qui corresponde à la "elle" :P
Merci beaucoup, c'est vraiment super gentil !
Ah ah non, mais en effet ça aurait pu !
Encore merci d'être passé.e ^-^
L'atmosphère est vraiment bien décrite, le côté mystique, sombre... avec les bougies et la chapelles.
J'ai vu quelques problèmes de conjugaison des verbes.
Du coup je vais lire les autres nouvelles! J'espère que je ne vais pas être aussi triste à chaque fois ;)
Oui, c'est fort probable, on me l'a dit mais je ne suis pas allée corriger, honte à moi ! xD
En tout cas merci beaucoup d'être passée <3 (je ne pense pas, j'espère :p)
Félicitations, tu m'as mené de bout en bout ^^ Au prochain chap :)
Oui, peut-être que si elle avait expliqué... 🤷♀️
Merci d'avoir pris le temps de passer ! <3
J'ai beaucoup aimé ton histoire. On s'attache très vite à tes personnages, ce qui n'est pas toujours évident lorsque l'on écrit peu de mots. J'ai beaucoup aimé le thème du deuil et la volonté de revoir ses proches disparus, ça rend l'histoire très touchante (et forcément, donner un objet de valeur contre quelque chose de moins tangible, ça me parle aussi ;))
J'aime beaucoup ta chute, aussi, elle est courte mais efficace !
Une petite chose : j'ai cru voir le présent faire irruption 2-3 fois dans ton récit, à des moments un peu incongrus, notamment dans le paragraphe qui commence par : "Ses efforts pour moins bégayer...". Ça fait un peu tâche au milieu des autres temps du passé, mais ça ne heurte pas la lecture au point de l'arrêter.
Ça a été un plaisir de découvrir ta plume, elle se lit toute seule :) j'ai hâte de lire tes autres nouvelles !
Oupsi, il est possible que du présent se soit incrusté, en effet, désolée 😅
En tout cas merci pour ta lecture et ton commentaire très gentil ^-^ En espérant que les prochaines te plairont alors 😄
Très jolie petite histoire :)
J'espère que les déesses tiendront leur promesse. L'angle que tu as choisi est très touchant, très émouvant.
S'il suffisait de faire un souhait à 3 déesses ... Ton récit me laisse rêveuse :)
Bravo !
Contente que ça t'ait plus ^^
Ah oui, si seulement... 😄
Merci beaucoup pour ce gentil commentaire ^^
Le décor m'a fait un peu penser au film "Noces Funèbres" (je pense à l'église...)
Courage, toujours, parce que tu écris très bien !
(je voulais préciser qu'ici, la description ne manque pas !)
A bientôt !
C'est vraiment très gentil, merci beaucoup !! ^^
(ah ah c'est cool !)
C'est très touchant, j'ai bien aimé !
Je me demande si la petite se serait interposée si Elana avait pris le temps de tout lui expliquer...
Ah je sais pas haha, j'y ai pas pensé !
Merci pour ta lecture et ton commentaire Olek ^^
Ah j'y ai pas réfléchi, donc à toi de décider si tu veux qu'elle revoit sa maman 😜
En tout cas merci beaucoup d'être passée ici !! ^^
Ah j'y ai pas réfléchi, donc à toi de décider si tu veux qu'elle revoit sa maman 😜
En tout cas merci beaucoup d'être passée ici !! ^^
Très jolie Nouvelle, émouvante, bien construite et claire. Je l'ai vraiment beaucoup aimée, parce qu'elle m'a touchée.
Je suis toujours impressionnée par la qualité de ton écriture et la finesse de la structure, alors que tu es si jeune ! (et là je me plante et t'as genre 65 ans...)
Nan, plutôt 80 😜 En tout cas c'est vraiment gentil, merciiiiii ❤
J'ai relu 3 fois la fin pour être sûre de bien comprendre... 😭😭
La nouvelle est joliment menée, beaucoup de douceur, de détermination chez Elana.
Et cette fin si inattendu, ca fait pleurer mon petit cœur 😭
Merci beaucoup c'est gentil ^^
Tu penses que je devrais développer la fin ? 🤔
Merci beaucoup c'est gentil ^^
Tu penses que je devrais développer la fin ? 🤔