1- La Fuite

Notes de l’auteur : Moi, c’est Clara. J’ai 20 ans. C’est la toute première histoire que j’écris. Et pour être honnête ? Je doute. Est-ce que c’est assez bien ? Est-ce que j’ai le droit d’aborder des sujets aussi lourds ? Est-ce que quelqu’un va vraiment vouloir lire un truc aussi sombre, aussi intense… aussi brutal ?
Mais cette histoire s’est accrochée à moi. Elle me suit partout. Alors j’ai fini par me dire : tant pis si c’est imparfait. Tant pis si ça fait peur. Il faut que je l’écrive.

Ce livre est dur. Il ne fait pas semblant. Certains chapitres seront difficiles à lire. Pas pour choquer, mais pour être honnête. Il parle de douleur, de survie, de violence, mais aussi de courage, de silence, de choix. Alex, mon personnage principal, est cabossée. Franchement. Mais elle tient debout. Et moi, je l’admire.
Bienvenue dans l’histoire d’Alex, où les câlins sont rares, les traumatismes fréquents, et les armes, secrets et décisions douteuses, monnaie courante.

 6 juillet 2024

Paris – Troisième étage

La vapeur dans la salle de bain me donnait l'illusion d'un cocon. Mon jogging bleu marine glissait sur ma peau encore humide, et j'enfilai mon t-shirt Arcane — récompense symbolique pour avoir survécu à un mois sans exploser à la moindre porte qui claque. Victoire. Ou en tout cas, sursis.

Avant d'aller me coucher : routine de survie.

Verrouillage de la porte (douze fois, pas une de moins).
Fenêtres fermées, calées, coincées.
Rideaux tirés, couteau planqué sous l'oreiller.
Téléphone : 100 %.

Paranoïaque ? Sûrement.
Vivante ? C'est déjà pas mal.

Je me glissai dans le lit avec la lenteur d'un ninja usé par la fatigue.

Une minute plus tard, j'étais inconsciente.

DRIIING.

La sonnette.
Sursaut brutal.
Cœur en détresse. Sueur froide. Et déjà le couteau en main.

Je me levai à moitié sonnée, pieds nus sur le parquet froid. Silence dans le couloir. Puis, une voix :

— Excusez-moi ! Vous auriez des bougies ? C'est l'anniversaire de mon fils, j'ai complètement oublié d'en acheter...

Je m'approchai à pas lents, un œil dans le judas.

Une femme blonde, yeux bleus, sourire bien trop large pour l'heure qu'il était.
Un gosse à côté. Fatigué, décoiffé, les yeux rouges comme s'il venait de pleurer.

Je levai les yeux vers l'horloge du palier, juste en face de ma porte.
01:03.

Oui, y'a une horloge géante dans mon couloir.
Comme si l'immeuble lui-même voulait me rappeler : "C'est à cette heure précise que tu crèveras, darling."
Design oppressant, on adore.

Je fixai le gosse. Il fuyait mon regard.

1. Soit elle disait la vérité et le rôle de maman était une peu à revoir.
2. Soit c'était une mise en scène glauque, et il n'était qu'un accessoire.

Spoiler : mon instinct votait pour la 2.

Je faillis refuser mais le fait qu'on n'ait jamais fêter quoi que ce soit pour moi (du moins pas avec du gâteau et de la bonne ambiance) je ne pus me résoudre à les ignorer.

— Attendez, dis-je. Je vais voir ce que j'ai.

Je rangeais le couteau dans mon jogging, fouillai un tiroir, et retrouvai un vieux paquet de bougies d'anniversaire avec des dinosaures dessus.
Élégance : niveau maternelle.

Je retirai les verrous un par un. Lentement.
Puis...

BOUM.

La porte me percuta violemment. J'atterris sur le dos, souffle coupé, visage boursoufflé.

La chaîne de sécurité tint... une seconde.

CRAC.

Elle entra. Pas un mot. Juste l'assurance froide de quelqu'un qui n'était pas là pour fêter un anniversaire.

Le gosse ? Déjà en train de détaler dans les escaliers.
Confirmation : accessoire.

Ça m'apprendra à vouloir donner aux autres ce que je n'ai jamais pu avoir.

— Vraiment ? Pour des bougies ? crachai-je en me relevant, la bouche en sang.

Elle m'observa, sourcils levés.

— Il aura fallu du temps pour te retrouver. Madame Rhodes.

Mon estomac se serra.
Ce nom. Je ne l'avais pas entendu depuis des années. Et je n'aurais jamais voulu le réentendre.

— Qui êtes-vous ? Et comment vous connaissez ce nom ?

Elle s'avança, calme et menaçante.

— Il t'attend. Il t'a toujours attendue. Et moi, je suis là pour te ramener... à la maison.

— Non merci. J'ai donné. Et cette maison, je la connais : murs qui saignent, souvenirs moisis et zéro sortie de secours. Zéro étoile sur Google.

Elle sourit à peine.

— Il n'a jamais dit que tu devais revenir entière.

Et elle fonça.

Combat brutal.
Elle frappait comme un pro. Moi, comme une survivante.
J'esquivai. Ripostai. Un ballet violent dans mon salon IKEA.

Je réussis un uppercut.

— Ça, c'est pour m'avoir réveillée. Et pour mon visage.

Mais elle revint à la charge. Me plaqua contre le mur. Ma main tordue dans mon dos.
Son visage tout près. Trop près.

— Tu crois pouvoir fuir éternellement ? Il ne t'a pas jamais oubliée.

— Dommage.

Je glissai ma main libre dans ma poche.

Schlak.

Le couteau dans son épaule.

Elle cria. Je frappai encore. Jusqu'à ce qu'elle tombe. Vivante. Mais hors d'état.

— T'es qui, bordel ?

— Tu ne peux pas lui échapper. Pas cette fois.

Je l'assommai.
Un bon vieux direct dans la mâchoire.

Direction : la salle de bain.
Faux plafond. Sac de secours.
Beretta. Lames. Clés. Cordes. Grenades fumigène. Pièges.

J'installai rapidement un fil de pêche tendu au sol, relié à une grenade artisanale.
Juste devant la porte.

Je fonçai dans les escaliers pour accéder au dernier étage. Puis je montai l'échelle qui menait au toit. Trois étages gravis en silence, respiration coupée.

Le vent nocturne m'accueillit.
La ville brillait faiblement sous les lampadaires sales.

Je m'approchai du bord, observai les environs.

2 voitures garées près de l'immeuble.
Dix hommes avaient débarqué. Quatre étaient restés près des véhicules, en retrait.
Mais les autres... étaient là pour moi.

J'en reconnaissais certains. D'anciens visages. D'anciens monstres.

Puis...

— Tu pars déjà, chipie ?

Je me figeai.

Cette voix.

Mon estomac se noua, mes jambes fléchirent. J'eus un vertige.
J'avais entendu cette voix dans mes cauchemars, dans mes souvenirs, dans chaque cri de douleur que mon corps n'avait jamais pu oublier.

Je me retournai lentement.

Lui.

L'ombre au sommet de ma peur.

Le même sourire narquois. Les cheveux en arrière. La cicatrice toujours visible sous l'œil.

Et moi, incapable de bouger.

Je crus que mon cœur allait sortir de ma poitrine. Ma gorge se contracta violemment, je peinais à avaler ma salive. Je tremblais. Pas de froid. De terreur.

— Surprise, fit-il en avançant d'un pas, amusé.

Je reculai par réflexe. Il leva les mains en signe de paix, moqueur.

— Du calme, princesse. Je suis juste venu te dire bonjour.

Je ne dis rien. Je voulais parler. Mais ma bouche était sèche, figée. Je le regardais. Il prenait son temps. Il savourait. Il s'amusait de me voir figée, vulnérable. Comme avant...

Derrière lui, je vis une silhouette. La femme blonde.

Elle titubait, le visage en sang. Vivante. Menaçante.

-Je te présente Lola. Ma femme.

Sa femme.

Mon cœur rata un battement.

— Votre duo... c'est Bonnie & Clyde version asile psychiatrique ? soufflai-je.

Mais même dans ma voix, y'avait une faille.

Il sourit.

Mais c'était un sourire différent. L'amusement s'effaçait.

— T'es toujours aussi insolente. T'as pas changé.

Son regard devint plus fixe. Moins joueur. Plus froid.

Et moi, je suffoquais.

Mon souffle devenait bruyant. Je le sentais. Comme si mes poumons s'étaient rétrécis. Chaque pas de Tom me faisait reculer d'un demi-centimètre de plus vers le vide.

Je ne voyais plus la ville. Plus les toits. Juste lui.

— Tu sais, j'ai toujours adoré ça chez toi, murmura-t-il. Ce feu. Cette rage.

Il s'approcha encore.

Je crus que mes genoux allaient céder.

— Mais tu m'appartiens, Alex.

— Non, répondis-je d'une voix trop faible. Je suis libre.

— Libre ? répéta-t-il, moqueur. Non. Tu es ce que j'ai fait de toi.

Son sourire disparut.

— Et je vais tout reprendre.

Ma gorge se serra encore plus fort. Je ne voyais plus d'issue. Il allait m'attraper. Il allait me briser. Il allait recommencer.

Je voulais courir, hurler, me battre.

Mais j'étais paralysée.

Puis...

BOUM.

L'explosion.

Violente. Déchirante.

La lumière orangée illumina le ciel quelques secondes. En bas, des cris. Du chaos.

Il se retourna.

— Qu'est-ce que t'as fait ?! hurla-t-il.

— Je me suis défendue, répondis-je, haletante. Moi, je tue pas pour le plaisir Tom !

— Tu oses prononcer ce nom et tuer mes hommes ?!

Son ton changea. Radicalement. La rage brute. Les mâchoires crispées. Il n'était plus amusé. Il voulait m'écraser.

— Je vais t'éclater. Je vais TE REFAIRE.

— Essaie. Tom !

Il s'avança, prêt à bondir.

Je sautai.

Chute. Douleur. Sol.

Mais vivante.

Et soudain, l'air. L'espace.

Ma poitrine se souleva violemment. Mon souffle était erratique, déchiré. Mais je respirais.

Enfin.

Deux grenades, lancées à l'aveugle. Juste pour couvrir ma fuite.

Je courus, le cœur au bord des lèvres, jusqu'à la moto. Casque. Armes.

Dans le rétro, je le vis hurler comme un animal blessé.

— JE VAIS TE RETROUVER PÉTASSE TU LE PAIERAS TRÈS CHER !

Je souris. À peine.

— Bonne chance, connard.

Et je disparus dans la nuit.

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Zouki Muslin
Posté le 23/07/2025
Franchement, pour une première histoire, c’est bluffant. T’as une plume viscérale, tendue, habitée. Chaque ligne claque, chaque émotion percute. C’est sombre, brutal, mais surtout sincère. Et ça se sent. Alex est déjà hyper attachante — cabossée mais puissante. Continue, Clara. C’est fort ce que tu fais. Vraiment.
Athena_mchd
Posté le 24/07/2025
Merci beacoup
Lindsay_S
Posté le 11/07/2025
J’ai aimé l’atmosphère tendue et le rythme nerveux du texte, qui accrochent vite, mais j’ai eu du mal à vraiment croire au personnage principal. Elle semble à la fois hyper méfiante — ce qui est cohérent avec la situation — et pourtant elle accepte sans trop d’hésitation de chercher des bougies dans un piège évident, ce qui crée une contradiction dans son comportement. De plus, alors qu’elle fait preuve d’une grande maîtrise dans ses actions, sa réaction face à Tom, où elle perd tous ses moyens, m’a paru un peu exagérée et manque de nuance ; je comprends la force du trauma, mais un équilibre plus subtil entre vigilance et vulnérabilité rendrait son personnage plus crédible et émouvant. Enfin, certains passages sonnent parfois un peu trop « méta » ou trop chargés en clins d’œil, ce qui casse un peu l’immersion.
Athena_mchd
Posté le 16/07/2025
Merci pour ce commentaires constructif ☺️
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