Satele arriva tout juste au Temple lorsque les canonnières de la 501ᵉ Légion survolaient le bâtiment. Elle n’avait jamais eu cette peur sur son visage, elle courait aussi vite qu’elle le pouvait à l’intérieur du Temple, où elle tomba nez à nez avec Cin Drallig, le Maître d’armes Jedi.
— Cin ! cria Satele. Réunissez autant de Jedi que vous le pouvez, nous devons protéger le Temple, les clones ont reçu l’Ordre de nous tuer.
— Quoi ? s’exclama le maître bretteur. Comment est-ce possible ?
— Un complot fomenté par le Chancelier Palpatine, le Seigneur Sith, Sidious, souffla Satele. Je vais faire évacuer les Padawans et les initiés, faites votre possible, mon ami !
— Nous ferons notre devoir, maître, assura Drallig, comprenant la gravité de la situation.
Alors que des Jedi accouraient aux entrées du Temple pour stopper les clones qui arrivaient, avec à leur tête, le nouveau Seigneur Sith, Vador, Satele courait dans l’autre sens, aussi vite qu’elle le pouvait. C’était impensable, elle qui avait œuvré pendant toute cette guerre à la victoire de la République, tous ces soldats, ces civils, ces Jedi tombés au combat, tout ça pour les Sith, tous c’étaient fait berner, même les plus grands sages Jedi, les plus grands visionnaires et stratèges. Ils ne pouvaient pas laisser faire cela, c’était impossible.
— Maître ! cria une voix à sa droite.
— Satele ! cria une autre voix du même endroit. Que se passe-t-il ? Ils sont devenus fous les clones ou quoi ?
— Carsha ! Iris ! s’exclama-t-elle en s’arrêtant brusquement. Le Chancelier, c’est le Seigneur Sith que nous cherchions depuis des années, il a ordonné aux clones de s’en prendre à nous, je le sens, partout dans la galaxie, des Jedi meurent, les uns après les autres.
— Et ils acceptent cet ordre ?
— ça a sûrement un lien avec la puce qui les rend plus aptes à exécuter les ordres, répondit Satele.
— Il faut faire quelque chose ! s’indigna Carsha.
— Le mieux que nous puissions faire, dit-elle le plus calmement possible, c’est mettre à l’abri les plus jeunes, et retenir les clones le plus longtemps possible.
— Je suis d’accord, approuva Iris.
— Pas moi ! s’exclama la Padawan. Il faut que nous allions parler au Sénat, ils nous écouteront, nous sommes les gardiens de la Justice, ils nous font confiance.
— Carsha… répondit doucement Satele, posant une main sur l’épaule de sa Padawan tout en se baissant à son niveau. J’admire ton esprit de justice, mais nous ne pouvons rien faire de plus, Sidious contrôle le Sénat, et ne tardera pas à leur donner un tissu de mensonges pour le monter contre nous. Nous devons protéger les nôtres, coûte que coûte. Mieux vaut nous replier, et réfléchir, plutôt que de nous lancer dans une mission suicide.
— Que souhaites-tu que nous fassions ? demanda Iris, tandis que Carsha tentait d’écouter son maître.
— Je veux que vous alliez chercher les initiés et les Padawans que vous trouverez, et que vous les escortiez jusqu’aux hangars, demanda Satele.
— Et toi ? l’interrogea son amie. Que vas-tu faire ?
— Vous faire gagner du temps, sourit le grand maître. C’est ce que nous allons tous faire.
— Je viens avec toi, rétorqua Iris. Ce n’est pas discutable.
— Iris… soupira Satele. Bien, Carsha, va chercher les initiés, et les Padawans, nous te rejoindrons.
— Mais… maître… bégailla Carsha.
— Ne discute pas, cours ! ordonna Satele, alors que des explosions se firent entendre dans les couloirs du Temple.
— Tu penses que tu ne la rejoindras pas, pas vrai ? demanda Iris.
— Espérons que je me trompe, hein Iris ? sourit Satele.
Satele et son amie retournèrent vers l’entrée du Temple, où une vision d’horreur les attendait. Des dizaines de Jedi, maîtres, chevaliers, apprentis, en proie à des tirs de blaster arrivant de toutes parts, rares étaient ceux qui résistaient plus de quelques secondes à ses assauts violents. Satele alluma son sabre laser, et poussa un clone grâce à la Force, alors que ce dernier allait tirer sur un jeune Padawan, le protégeant du mieux qu’elle put, elle renvoyait les tirs sur les assaillants eux-mêmes, c’était à présent le seul moyen de survivre, elle recula, pour permettre à l’enfant de courir sans se faire toucher, avant de sauter, et d'atterrir au milieu des clones, les prenants par surprise, elle donna plusieurs coups de sabre dans le dos des clones, les tuant sur le coup, se baissant et attaquant avec une vitesse impressionnante, guidée par la Force, Satele se battait, non pas pour elle, pas pour gagner la guerre, non, mais pour sauver tout ce pour quoi elle vivait, si elle pouvait ne serait-ce que sauver un enfant, cela serait une victoire.
Jamais le grand maître ne s’était battu de cette façon, elle était d’un calme olympien, dans sa bulle, elle se laissait guider entièrement par son instinct, son esprit étant presque hors du combat, les sons ne lui parvenaient plus, tout était comme ralenti autour d’elle. Satele élimina une vingtaine de clones impuissants, avant de recevoir un tir de blaster extrêmement précis, dans l’épaule gauche, lui faisant perdre une partie de sa concentration et lui arrachant un cri de douleur, elle tourna la tête vers reconnu le Commandant Fox qui venait apparemment d’arriver sur les lieux avec le Lieutenant Thire et ses hommes. Soudain, elle sentit un souffle derrière elle, et le cri d’un clone.
— Alors, grand maître, on se déconcentre ? dit une voix féminine juste derrière elle.
— Tu arrives toujours aux bons moments, Senya, répondit Satele, essoufflée.
— Toujours ! rit-elle avant de sauter par-dessus Satele et d’éliminer trois clones d’un coup de sabre.
Habillée d’une tenue entièrement noire, Senya était une Chevalière Jedi Twi'lek à la peau blanche, ancienne combattante de la Confédération des Systèmes Indépendants, elle s’était rangée du côté des Jedi, malgré son goût prononcé pour le combat. C’était une combattante très douée. Mais les rangs des clones semblaient ne jamais faiblir, et les Jedi n’eurent d’autres choix que de reculer, encore, et encore. Les rangs des Jedi s’amenuisaient rapidement, les uns après les autres, épuisés, ils tombèrent, inanimés, Senya fut parmi ceux-là, tombant au combat, comme elle l’aurait voulu.
— Je sais, pensa Satele, sentant que la situation empirait.
La jeune femme éteignit soudain son sabre et sauta en arrière. S’agenouillant, elle se concentra, entrant dans une méditation profonde, sous les regards consternés de ses compagnons. Plongeant dans les ressources de son pouvoir, le grand maître utilisa une technique très ancienne, la méditation de combat, consistant à insuffler à ses alliés un sentiment de confiance, et augmenter leur moral et leur détermination pour emporter la victoire. Cette technique s’était révélée des plus efficaces lors des grandes guerres opposant les Sith et les Jedi, et Satele espérait que cela le serait maintenant, afin de permettre à Carsha de rassembler les initiés et les Padawans, et de fuir.
Les Jedi sentirent alors leurs convictions et leur combativité augmenter, comme si on leur injectait quelque chose qui parcourait leur corps, un sentiment si pur, si puissant, que les chevaliers foncèrent contre leurs opposants sans la moindre hésitation, enfonçant les rangs comme un seul homme. Iris était de loin la plus impressionnante du groupe, utilisant des pouvoirs oubliés qu’elle avait pu apprendre grâce à son holocron, elle réussit sans mal à canaliser la Force dans ses poignées et à enflammer quelques clones, qui hurlaient de douleur avant de s'effondrer. Satele sentait ce pouvoir obscur, mais n’allait rien faire pour réprimander son ami, toute aide était la bienvenue compte tenu de la situation, et le grand maître avait confiance en son amie.
Cependant, bien que la Force soit éternelle et infinie, le corps et l’esprit de Satele ne l’était pas. Profitant de la pagaille engendrée par cet assaut massif dans les rangs des clones, le grand maître se redressa, observant les quelques options qui s’offraient à elle, et malheureusement, elles n’étaient pas bien nombreuses.
— Maître ! fit une voix dans son holocom alors que la situation était désespérée. Je suis aux hangars avec quelques initiés et des Padawans, on vous attend !
— Carsha, ma petite, tu es parfaite, pensa Satele.
« Que tout le monde recule vers les ascenseurs, cria-t-elle, vite !
La jeune femme resta un instant pour couvrir la retraite de ses alliés, avant d’elle aussi courir vers les turbo-ascenseurs du Temple, se protégeant comme elle le pouvait avec son sabre laser. Alors qu’elle se trouvait à une dizaine de mètres de son but, elle reçut un tir dans la jambe, ce qui la fit chuter dans un long cri de douleur, elle tomba sur le sol de tout son poids, et son sabre heurta les dalles froides du Temple, avant de s’éteindre. Au même moment, Carsha descendait avec l’ascenseur du Temple, et vit immédiatement son maître.
— Maître ! cria l’apprentie en courant vers cette dernière.
— Satele ! cria Iris, s’élançant derrière Carsha.
La Padawan accouru aux pieds de Satele, tandis qu’Iris tentait de les protéger toutes les deux des tirs arrivant dans leur direction, le maître redressa la tête.
— Va-t'en… Carsha, implora-t-elle en sanglotant. Ne restez… pas là.
— Non, maître ! Je dois vous protéger vous aussi !
— Jamais on ne t'abandonnera, Satele, répondit vivement Iris, jamais. Tu n’as pas le droit de me donner cet ordre !
— Va-t'en ! hurla Satele en poussant Iris et Carsha vers les ascenseurs grâce à une violente vague de Force.
« Iris… Protège Carsha, s’il te plait… souffla-t-elle.
Le Maître Jedi se redressa doucement, serrant les dents de douleur. Elle attrapa son sabre avec la Force, et se tourna vers les clones qui avançaient dans sa direction. Elle savait qu’elle ne pourrait pas tenir longtemps, mais peu l’importait, elle activa la lame de son sabre et dévia tous les tirs qu’elle pouvait. Elle se rappelait tous les moments qu’elle avait passés dans cet endroit, ce temple qui lui était si cher, elle avait passé toute sa vie en son sein, ses premières leçons avec le Maître Yoda, jusqu’aux leçons qu’elle-même donna à sa Padawan, ses promotions, jusqu’aux réunions du Conseil. Elle retenait ses larmes de couler, mais malgré son calme serein habituel, ses émotions allaient la briser, petit à petit. Soudain, elle s’arrêta, se stoppant net dans son élan.
— Thorn… dit-elle doucement.
Devant elle, se tenait le Commandant Thorn, sûrement appelé en renfort à la suite des nombreuses pertes dans les rangs des clones. Il la tenait en joue, les bras tremblants, comme si son esprit essayait de lutter contre l’ordre qu’il avait reçu. Le clone retira son casque, le laissant tomber au sol. Satele le regarda dans les yeux, les joues ruisselantes de larmes, c’était trop pour l’esprit de la jeune Jedi, son esprit se fragmenta, explosant en milliers de morceaux. Elle savait, elle savait depuis des mois que cette puce existait, elle avait même autorisé qu’on la retire au Commandant Doom, elle avait eu cette information en sa possession, mais elle n’en avait pas fait part à son commandant, et à présent, elle en payait le prix.
— Les bons… soldats… obéissent aux… ordres Satele…
— Je sais… Je vous pardonne… sourit-elle une dernière fois à son ami qui l’avait accompagné durant toutes ces années. C’est moi qui suis désolée…
Puis, Thorn tira, un seul tir, qui toucha Satele dans la poitrine.
— Nooon, maître ! hurla Carsha, s’apprêtant à courir vers Satele.
— Reste là ! cria Iris, tirant la Padawan vers l'ascenseur. Tu n'as pas intérêt à mourir toi aussi !
Le corps de Satele tomba au sol, sans vie, alors que son sabre heurta lui aussi le sol dans un bruit métallique. Tandis que les clones continuaient d’avancer au sein du Temple, semant mort, et désolation. Iris retenait tant bien que mal la jeune Padawan, hurlant et se débattant dans l’ascenseur.
— Reste tranquille ! ordonna Iris, hors d’elle. Satele m’a demandé de te protéger, alors commence par m’écouter ! Elle n’est plus là, on ne peut rien faire ! Alors cesse de crier !
Les deux jeunes femmes finirent par descendre de l’ascenseur, Iris retenant ses larmes, plus énervée que triste en réalité, et Carsha perdant toute l’eau de son corps. Une fois en haut, elles trouvèrent une rangée de clones en train de fusiller sans aucune forme de procès les initiés que Carsha avait ramenés plus tôt. Iris s’apprêta à lancer son sabre laser pour tuer les clones, lorsque trois tirs se firent entendre, quatre clones tombèrent, un sifflement se fit entendre dans l’air, et le dernier s’écroula, une vibrolame plantée dans le torse. De l’ombre, sortit un homme en armure, Kelborn, un chasseur de prime sous contrat avec la République, qui semblait s'être rangé du côté des Jedi.
— Où est votre grand maître ? demanda-t-il simplement, de sa voix froide habituelle.
— Morte, dit sèchement Iris.
Kelborn n’ajouta rien de plus, et suivit simplement les jeunes femmes, qui montèrent dans le vaisseau personnel d’Iris, quittant cet endroit, autrefois havre de paix, devenu le tombeau de l’ordre Jedi.