Elles dessinent à la craie sur le plancher vermoulu. La lumière vacillante des bougies suffit à peine à éclairer leurs gribouillis.
Le grenier est leur repaire dans cet univers en guerre.
C’est ici qu’elles se réfugient lorsque le monde des adultes devient trop brutal, lorsqu’il leur fait trop mal.
Au grenier, elles sont en sécurité.
Un monde où les bruits extérieurs, les cris et les pleurs, sont assourdis.
Elles ne sont pas seules ici.
Leurs compagnes, muettes, se tiennent au dessus de leurs têtes.
Elles se plient aux jeux enfantins, ravies de retrouver un peu de vie.
Déguisées de draps, sans voix.
Coups. Hurlements. Sang.
Le grenier est devenu une salle de jeu bien rangée, pour d’autres enfants plus aimés.
Sur le trottoir, trois mannequins dépareillés attendent leur départ vers le dépotoir.
Je suis peut-être partie loin.
Wow... non vraiment, j'ai un gros coup de coeur sur ce que tu produits. J'avais déjà beaucoup aimé tout le reste mais alors là : il y a vraiment quelque chose de fort qui circule, malgré l'usage de très peu de mots (malgré ou "grace", plutôt).
Ce début : "Elles dessinent à la craie", m'a personnellement catapultée dans ma petite bibliothèque mentale de poésie (avec le Cancre, entre autre !), qui ma jetée direct dans le domaine de l'enfance. Tout est à sa place et bien choisi.
J'aime énormément.
Étant très fan de l'économie de mots en écriture, ton texte me ravit. Il n'y a pas un mot en trop et l'ensemble sonne bien (notamment grâce aux rimes que tu as glissées dans ton texte). On s'interroge sur ce qui a bien pu se passer dans ce grenier. Des statues lunatiques ? Un jeu qui a dérapé ? C'est un chouette début, en tout cas :D
Merci pour ce moment de lecture.
J'avais une idée assez précise de ce qui s'est passé mais l'économie de mots force le lecteur à imaginer...