1 - Notre bonheur

Notes de l’auteur : ~ Premier Jet ~

Merci de lire "Sihenne"

Dix ans de mariage.

Pour  l'occasion, Henne a proposé de renouveler nos vœux, même si ça inclut  de le faire avec des personnes qui me dénigrent depuis des années, j'ai  accueilli son idée avec grand plaisir. Il est tellement heureux de  pouvoir donner une cérémonie laïque dans notre jardin, qu'il s'est  chargé de tout. Cette semaine, mon mari m'a fait penser à un enfant qui  attend impatiemment le jour de Noël et j'en suis tombée encore plus  amoureuse.

Le grand jour est arrivé. Assise  devant ma coiffeuse, j'observe mes cheveux mi-longs former une boule  châtaine à la base de ma nuque. Puis, je m'attarde sur mon visage, les  années ont passées, mais l'éclat de mes grands yeux verts est toujours  le même, celui d'une femme comblée. Quelques rides ont fait leur place  notamment les plissés du soleil, soit les plus belles rides qu'une femme  peut avoir. Elles témoignent de ma chance d'avoir trouvé l'homme le  plus merveilleux qu'il soit.

Quelques coups donnés à ma porte de chambre me sortent de ma rêverie et je réponds :

— C'est ouvert !

J'attends  que le nouvel arrivant se montre et j'aperçois le joli minois de Julia  dans l'embrasure de la porte. Je souris et lui fais signe d'entrer. Elle  referme aussitôt derrière elle et s'avance vers moi en se baissant à ma  hauteur pour passer ses bras autour de moi.

— Mon Dieu, Sihane ! Que tu es belle !

Je  sens mes joues chauffer et je la remercie. Julia est la seule amie de  Henne à m'avoir acceptée, moi, l'insipide auxiliaire de vie, fille d'un  petit artisan de quartier. Ce ne sont pas mes mots, mais ceux de  l'entourage de mon époux. Pour ma part, je suis et vis très bien comme  je suis. Leurs attaques ne m'atteignent pas parce que je sais ce que je  vaux...

— Tu es attendue, poursuit Julia.

— J'ai une impression de déjà vu, réponds-je à mon amie en me levant.

Elle rit doucement en prenant mes mains dans les siennes.

— Je ressens les mêmes émotions qu'il y a une décennie. C'est fou comme votre amour est fort et communicatif.

Un sourire aux lèvres, je rétorque :

— Va dire ça à la bande de charognards qui rôde dans mon jardin.

Elle  s'esclaffe en m'invitant à la suivre. Nous descendons au  rez-de-chaussée, mon père m'attend, droit et fier. Le premier homme que  j'ai aimé me confie pour la deuxième fois à l'homme qui partage ma vie.

Le  lieu de réception est somptueux. Des arches et des voilages entourent  nos invités. Une multitude d'amaryllis « Apple blossom » et blanche  décorent le tout avec un romantisme qui me ressemble. Mon époux me  connaît si bien, c'est simple et élégant, comme je l'imaginais.

Alors  que je remonte l'allée, je sens les regards de mes proches remplis  d'amour, à l'inverse de ceux des proches de Henne qui sont remplis de  dédain. Lorsque je pose les yeux sur mon époux, le reste du monde  s'efface. Il est si beau dans son costume noir et sa chemise blanche.  Son attitude détendue, ses mains dans les poches, ses cheveux coiffés en  brosse et son bouc de quatre jours m'attirent et m'éblouissent autant  que son sourire. Quant au flamboiement de ses yeux, il fait écho à ce  que je ressens au fond de moi.

Je presse légèrement le pas, tandis que mon père me freine tant bien que mal.

— Doucement, Sihane. Il est déjà tien, me réprimande-t-il en souriant.

Je ralentis.

— Je sais papa, mais que veux-tu ? Je l'aime, réponds-je malicieusement.

En  arrivant devant Henne, mon père dépose un baiser sur mon front me  témoignant ainsi tout son respect. Ça m'émeut et je sens un léger  picotement dans mes yeux. Henne sourit en me voyant fermer les paupières  un instant.

Paul, le mari de Julia, officie la cérémonie et commence par quelques anecdotes concernant notre couple.

—  Je me souviens d'une soirée où, ma chère et tendre a fait boire Sihane,  elles étaient rondes comme des queues de pelles. Sihane ne tenait plus  debout et Henne en homme dévoué a dû la porter pour rentrer chez eux.  Pendant tout le trajet pour rejoindre la voiture, notre sublime mariée,  riait à gorge déployée. Pour quelle raison ? Cela demeure un mystère.

Il finit son récit en attrapant mes doigts pour un baise-main et ajoute :

— Pardonne-moi, Sihane, mais cette nuit-là, ton rire était tellement communicatif que je m'en souviens comme si c'était hier. 

Il  poursuit son discours, certains invités s'esclaffent, d'autres sourient  faussement, quant à Henne et moi, je crois que le ciel pourrait nous  tomber sur la tête qu'on y verrait que du feu.

— Henne ! s'exclame Paul après un long moment.

Mon mari tourne la tête vers lui, le sourcil arqué en guise de questionnement.

— Tes vœux, chuchote notre ami en souriant.

Nous éclatons de rire, accompagnés de nos invités. Henne se racle la gorge et commence :

Tu  me regardes et me lis comme personne d'autre. Je te regarde et te  devine. Chaque jour, je suis tes pas dans la lumière, dans ta lumière.  Je veux être présent pour toi quand tu ris et quand tu pleures, quand tu  fais une blague pourrie et quand tu doutes. Je veux éclairer tes nuits  et tes rêves. Faire de toi la femme la plus heureuse que la Terre ait  portée. Et je te fais la promesse de ne jamais effacer de ton visage, ce  sourire éblouissant que tu m'offres, à cet instant. Je fais le serment  d'être ta force, d'être l'amour, d'être celui que tu veux que je sois.  Je te promets pour le meilleur et pour le pire de toujours t'aimer et  d'unir nos vies de la plus belle façon qu'il soit. Sihane, je t'aime  plus que la vie elle-même.

Mes larmes coulent  depuis qu'il a pris la parole. Le bonheur qui m'envahit en prenant  conscience de sa demande dissimulée est sans nom. L'envie de sauter et  crier de joie est immense, mais je me retiens et tente de laisser mes  larmes se tarirent, afin de pouvoir dire mes vœux à mon tour. Henne  essuie mes joues de ses mains chaudes et c'est comme s'il me touchait  pour la première fois. Une envolée de papillon éclate dans mon ventre.

Je fais un signe de tête pour lui signaler que je suis prête et je prends la parole d'une voix tremblante et émue :

—  Tu es l'être le plus doux, le plus beau, le plus attentif que le monde  ait connu. Et si tu n'existais pas, je serais obligée de t'inventer  parce que sans toi ma vie n'aurait aucun sens. Tu es mon soleil, celui  en qui je crois continuellement. Dans tes yeux, je vois l'amour que j'ai  toujours espérer trouver. Dans tes bras, je sais où est ma place. Dans  ton cœur, j'ai trouvé mon équilibre. Henne, tu es ma force et mon calme,  ma joie et ma liberté, ma vie et mon âme. Tu es l'homme que je suivrai  jusqu'au bout du chemin et je t'aimerai jusqu'à mon dernier souffle.

Mon  mari attrape mes doigts et les serre avec la force de son amour tandis  que  je grimace sous son assaut, en le faisant doucement rire.

— Excuse-moi, mon cœur. Je ne voulais pas te faire mal.

Je  lui souris tendrement. Paul reprend son rôle de maître de cérémonie en  nous demandant de nous donner la main, puis il vient les entourer d'un  ruban de soie blanc, en nous souhaitant tout le bonheur que nous  méritons. Puis il invite nos proches à venir nous poser des questions  sur notre amour et pour chaque « oui » que nous répondons, un ruban  supplémentaire s'enroule autour de nos mains liées. 

Ma mère s'approche de nous et demande :

— Ai-je bien compris ? Je vais devenir mamie ?

La réponse de mon mari ne se fait pas attendre.

— Oui, Annabelle, vous avez bien compris.

Les mains chaudes de cette dernière déposent le ruban sur celui de Paul et elle nous embrasse tendrement.

— Je vous aime tellement mes petits, déclare-t-elle, les yeux brillants et la voix cassée.

Nous acquiesçons en lui offrant un sourire chaleureux.

Ma  famille et mes amis jouent le jeu, les bandes de soie se multiplient.  Quant aux proches de Henne, ils ne posent pas de questions et effectuent  le rituel de manière forcée. Tous, sauf Lydia et sa question m'est  adressée directement.

— Son compte en banque compte-t-il plus que son amour ? demande-t-elle, en me regardant froidement.

Henne grogne à l'attention de son amie qui lui offre un sourire.

— Détends-toi, Henne. C'était juste une blague, lance-t-elle en se retournant.

Mon  mari plonge son regard dans le mien. J'y décèle de l'inquiétude et de  l'agacement alors je lui offre mon plus beau sourire. C'est notre jour  et rien de ce que Lydia ni personne d'autre, dira ne pourra gâcher cela. 

Julia est la dernière à venir déposer son ruban.

— Lyly est une pétasse ? demande-t-elle.

Henne  répond « oui » sans hésitation, ce qui me vaut un éclat de rire, parce  qu'il n'est vraiment pas du genre à réagir de la sorte lorsque l'on  m'attaque. Au contraire, d'habitude, il est passif et ne s'attarde pas  dessus, puisque pour lui, l'opinion des autres ne compte pas. C'est  quelque chose que j'approuve totalement, en général, toutefois sa  réaction, me fait plaisir. Ce n'est pas grand-chose, mais cette fois, il  prend mon parti.

Nous nous dirigeons ensuite  vers le lieu de réception qui se trouve également dans notre jardin,  sous une grande tente blanche, pour le vin d'honneur. Je découvre le  lieu avec des étoiles dans les yeux. Henne a choisi pour thème le  « bucolique romantique » et comme pour la cérémonie, c'est simple et  élégant. Les luminaires, sous forme de guirlande et lampions, diffusent  une lumière douce et chaleureuse. De nouveau, des amaryllis viennent  décorer l'endroit, notamment sur les tables et je vois qu'un parquet a  été installé pour pouvoir danser au rythme des mélodies douces et sans  paroles de l'orchestre.

Après le repas, Henne  m'invite à danser, il me fait tournoyer encore et encore. Nos regards ne  se quittent pas et nous revoilà seuls au monde. Nos sourires se  répondent, nos caresses transmettent notre amour, Henne m'embrasse avec  toute la tendresse dont il est capable et je me sens comme la femme la  plus heureuse et la plus chanceuse du monde. Cette journée est  magnifique et j'en grave chaque instant dans ma tête.

 

 

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Naou
Posté le 18/08/2020
Un premier chapitre si beau et touchant, on est ému avec eux. J'aime beaucoup. Ta plume est très belle.

Ah...Lydia... Je sens qu'elle va faire chi** celle-ci.
enahis.hayl
Posté le 18/08/2020
Mais noooon Lyly on l’adore!

Merci ma belle 😃
Vous lisez