1: Rien qu’une rue Soufflée

Mes cheveux flottaient, m’obstruant la vue par à-coups furtifs. Mon T-shirt était animé de vaguelettes d’air chaud, de tremblements légers. Un vent chaleureux caressait mes jambes nues. Léchait. Se calmait. Revenait à la charge. 

Les petits arbustes autour de moi tanguaient amoureusement, se frôlaient. Leurs branches frêles semblaient s’emmêler; leurs feuilles se froisser délicatement. 

Des passants. Je les observais, de mon balcon du deuxième étage. Leurs petites manies, leurs petits rituels, leurs petits drames. Cette fillette qui avait lâché son ballon de baudruche et qui courait désespérément après, les bras tendus en l’air, comme pour prier le Vent de lui rendre son jouet chéri. Ce vieil homme, une clope au bec, qui tous les jours, sortait dans la rue, arrachait un brin d’herbe, le tenait en l’air, attendait qu’il penche de l’un ou de l’autre côté et, ayant obtenu son résultat, hochait la tête d’un air grave et repassait son pas de porte  d’un pas lent. Cette fille qui devait toujours retenir sa robe pour l’empêcher de se soulever plus qu’il n’aurait été convenable...

Tant d’autres…

Et puis il y avait moi. Moi avec mon petit cahier, moi qui retenais ses pages pour continuer à écrire. Moi qui, parfois, prenais la colère du vent. Moi qui observais, transformais parfois. Pourquoi? 

Parce que ce vent qui charriait au petit bonheur papiers de bonbons décolorés, mégots à demi consumés, journaux périmés, ce vent-là résonnait en moi. Profondément. 

Par sa présence tantôt douce, tantôt agressive. 

Par sa capacité à sublimer subtilement un moment, un paysage. A me bousculer délicatement, sans trop s’imposer.

 

La rambarde en fer forgé rouillait. Je ne m’en étais pas aperçu. Sa peinture s’écaillait peu à peu, la barrière se confondant presque avec le soleil, qui, sur l’horizon, offrait au jour une dernière danse bariolée. Le vent s’était calmé, se réduisant à une brise tout juste suffisante pour faire tourner lentement la girouette que j’avais plantée dans un pot de fleur. En bas la rue était calme, ne laissant passer que quelques hommes ternes en long manteau, parfois accompagnés de tout aussi ternes demoiselles. Ils se tenaient la main de manière quasi distante, n’échangeaient pas un mot.

 

Le jour tombait vite ces temps-ci. Mais ce soir-là, il semblait hésiter à laisser sa place, traînait dans des révérences ridicules. Il finit par céder et la nuit prit son envol, s’étendant nonchalamment, occupant la scène désormais vacante.

 

Il faisait presque froid, désormais. On avait allumé l’éclairage public; la lumière blafarde des lampadaires donnait à la rue un air de film muet. Je restai là, à regarder le silence se former petit à petit. Je me servis une tasse de thé, deux. Je baillai une fois, deux fois. Trois…

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NouvelleNature
Posté le 06/08/2025
On se laisse porter par la brise et le rythme des mots. C'est très agréable. Je vais poursuivre pour en savoir plus sur les évènements à venir. J'aime le style.
Le Perce Val
Posté le 14/08/2025
Merci beaucoup pour les compliments ça me fait plaisir! Une bonne lecture à toi!
lol h
Posté le 05/08/2025
Bon premier chapitre, on a vraiment envie de continuer même si j'aurais inclus un peu plus. Bonne continuation, je commenterai la suite dès que je l'aurai lu tu peux ne être sur
Le Perce Val
Posté le 05/08/2025
Hello!
Merci beaucoup! En espérant que tu aies pris du plaisir!
Que veux-tu dire par “inclure un peu plus”? Ça m’intéresse, pour potentiellement corriger…
Au plaisir de se revoir dans un espace commentaire!
Timothée
Julien.V.
Posté le 20/07/2025
Un chapitre qui donne envie de poursuivre sa lecture. Un style immersif et presque poétique. Quelques erreurs m'ont sauté aux yeux, je vous donne un lien vers une correction rapide de ce passage : https://docs.google.com/document/d/1dQCcCXwATBgHE9Fg7Vj5bpmWVAwufWuO/edit?usp=sharing&ouid=115534690327795110194&rtpof=true&sd=true
Le Perce Val
Posté le 21/07/2025
Bonjour!
Merci beaucoup pour le commentaire mais je n’ai pas accès à votre document. Il me faut une autorisation (que je n’ai pas…) Est-ce volontaire?
Une bonne journée à vous!
Julien.V.
Posté le 21/07/2025
Désolé, je pense que vous pouvez y avoir accès à présent. N'hésitez pas à me relancer en cas de problème.
Lolaenpage
Posté le 15/07/2025
J’adore ! C’est très doux et inspirant. J’adore ton style. J’aime beaucoup le fait que tu détailles chaque scène. Ça donne envie de te lire encore. C’est très joli et immersif.
Le Perce Val
Posté le 15/07/2025
Hello!
Merci beaucoup! Il y a quatre autres chapitres (pour l’instant) je prends volontiers une review pour ceux là également (si tu prends plaisir à me lire évidemment)
escalier tordu
Posté le 14/07/2025
Salut :)
Un texte qui frappe par son calme apparent et sa montée tragique en tension. L’idée d’une IA fondée sur la mémoire humaine est fascinante et inquiétante à la fois. Le contraste entre l’enthousiasme du public et le détachement du chercheur crée un malaise latent, qui culmine dans une fin brutale et silencieuse. C’est maîtrisé, presque clinique, et ça laisse un vrai goût de vertige.
Le Perce Val
Posté le 15/07/2025
Hello!
Je pense que tu t’es trompé de texte…
Je n’aborde aucun des sujets dont tu parles dans ton commentaire…
L’auteur véritable de ton texte mériterait plus ces compliments que moi, à mon avis😉
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