1. Sous la neige

Entrez dans ce poème comme dans une eau froide

Dont la ligne acérée fait respirer plus fort

Voyez cet arbre mort aux ailes squelettiques

Aux ramures figées dans toutes leurs secondes

 

Cet arbre délicat de branches pailletées

D'un givre métallique aux étranges torsades

Qui semblent s'échapper comme une buée d'or

Soudain cristallisée dans la respiration

 

Avide de la nuit où des mains l'étendirent

Nue et la peau trouée par un fil d'acier bleu

Et d'où naquît cet arbre image spéculaire

Dessiné par son sang qui coulait sous la neige

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Yaya95
Posté le 02/05/2025
Ce poème, dense et énigmatique, déploie une vision à la fois glaciale, magnifique et tragique. Voici une analyse détaillée :


---

1. L’atmosphère : entre froid et beauté

Dès le premier vers – "Entrez dans ce poème comme dans une eau froide" – le poète prépare le lecteur à une immersion intense, à une expérience sensorielle brute. Le froid est ici un choc vital, qui fait "respirer plus fort" : il réveille, secoue, confronte.

La suite installe une ambiance hivernale, quasi surnaturelle, où la beauté est inséparable de la mort.


---

2. L’arbre comme figure centrale : métaphore du corps ou de l’âme

L’arbre est le motif principal, métaphore centrale :

Il est "mort", aux "ailes squelettiques" – image d’un corps figé, figé dans le temps, comme suspendu.

Pourtant, ses "branches pailletées" et "torsades de givre métallique" lui confèrent une beauté étrange, presque céleste.

Il devient une création figée dans l’instant, comme une souffrance sublimée.


Cet arbre semble issu d’un geste humain violent : "la peau trouée par un fil d’acier bleu", "le sang qui coulait sous la neige" – on comprend alors que cet arbre pourrait être une projection mentale ou poétique d’un supplice humain.


---

3. Métaphores du corps, de la douleur, du sacrifice

Le poème bascule dans l’organique :

"La peau trouée", "le sang", "le fil d’acier bleu".
On pense à un corps crucifié, pendu, sacrifié – ou encore à une forme de souffrance intime, rendue visible par la nature.


L’arbre devient un miroir ("image spéculaire") : le reflet figé d’une douleur, d’un souvenir ou d’un traumatisme.


---

4. Les paradoxes visuels et sensoriels

Tout le long du poème, on observe des oppositions saisissantes :

Le froid (givre, neige) est traversé par des traces de chaleur : "buée d’or", "sang", "respiration".

Le mort devient sublime, l’immobile devient vivant dans l’imaginaire poétique.

La douleur devient forme, art, image figée.



---

5. Interprétation globale

Ce poème parle d’un souvenir douloureux transformé en objet poétique, à la fois beau et glaçant. L’arbre est une trace, un corps abandonné, ou un esprit blessé, que la nature a figé dans une splendeur tragique.

Bonjour,

Il y a une résonance très forte avec le thème du deuil, de la mémoire et de la transfiguration poétique de la souffrance. C'est très beau, vraiment, je vous encourage à continuer !
MarieZM
Posté le 22/04/2025
Bonjour Paul,
Je prends enfin une respiration grave - sérieuse - pour venir découvrir ce texte que j'ai dans ma pile à lire depuis octobre, et qui me paraissait mériter une vraie disponibilité émotionnelle. Le thème est glaçant, c'est le cas de le dire.
Pour ma part je trouve que tu as bien retranscrit l'aspect dérangeant et c'est pourquoi il m'a fallu un certain temps et m'y reprendre à plusieurs fois pour me dire que j'allais continuer cette lecture ! C'est vraiment très "vivant", j'espère que c'est purement fictif.
Paul Genêt
Posté le 22/04/2025
Bonjour MarieZM et merci pour ton passage par ici. Mon intention n'était pas de déranger mais de parvenir à dire ce qui peut sembler indicible, impossible à partager : une expérience intérieure liée à une situation hautement traumatisante. Je pense que l'écriture poétique peut réussir cela. Je ne sais pas si j'ai réussi mais c'était l'objectif.
MarieZM
Posté le 22/04/2025
Eh bien je trouve que tu as atteint ton objectif pour ma part ! Et je suis d'accord avec toi sur le côté poétique qui permet de mettre des mots sur des expériences qui ne peuvent pas être expliquées avec des mots, ni même réellement décrites. (merci pour toutes tes réponses détaillées)
DiBacoli
Posté le 20/04/2025
Bonjour, bonjour
Enfin un poème où il se passe quelque chose ; je suis ravi de te lire, le hasard fait bien les choses. On sent tes libertés et ton respect du code. C'est libre et généreux, plein d'émotions dépeintes. Merci pour ce partage.
Paul Genêt
Posté le 22/04/2025
Bonjour DiBacoli ! Merci pour ton message et tes compliments !
Nqadiri
Posté le 09/11/2024
40 jours en arrière, une éternité. Mais toujours autant de plaisir de te lire :)

Ton Parober était sublime, et je vais me régaler à les relire ici !
Paul Genêt
Posté le 09/11/2024
Salut Nqadiri, c'est sympa de passer par ici ! Merci pour ton gentil message. Je suis en train de travailler sur la fin de ce Patober, avec un énorme retard mais après tout, ce qui compte pour moi, c'est le résultat à la fin !
RienQueJoanne
Posté le 16/10/2024
Je fais un tour ici pour découvrir que ton PAtober se suivait ! Je n'avais même pas remarqué, mais après avoir profité des poèmes individuellement c'est le moment de les découvrir autrement :)
Paul Genêt
Posté le 16/10/2024
Ah oui ! Effectivement, tout cela raconte une histoire ! Je ne sais pas trop ce qu'elle vaudra mais bon, elle est en train de naître alors on va pas s'arrêter maintenant !
Vous lisez