Dans une ville ancienne — du genre que les cartes préféraient contourner poliment — se cachait une confrérie de sorcières très secrète : les Arcanistes. Les ruelles y semblaient tracées par un architecte éméché, probablement obsédé par les pentagrammes et les angles improbables.
Les Arcanistes manipulaient des forces si anciennes que même les grimoires, pourtant d’habitude bavards, les avaient reléguées en note de bas de page. Avec astérisque. Et mise en garde.
Leur grande affaire, c’était le Rituel. Une boucle. Un cycle sacré. Une chorégraphie mystico-symbolique si solennelle qu’elle faisait fuir la logique à grandes enjambées. Mais, voilà : à chaque génération, il fallait une volontaire pour briser la danse. Pas l’arrêter — non, ce serait trop simple. La saboter avec élégance. Introduire juste ce qu’il fallait de chaos pour prouver qu’elle avait l’étoffe d’une vraie Arcaniste : capable de défier le destin, le temps et toute tentative d’explication raisonnable.
C’est ainsi que M’ajia — un jeune homme aussi avide de savoir que peu versé dans l’art de la discrétion — se retrouva dans une salle circulaire en pierre, dissimulée sous une forêt si dense que même la lumière semblait devoir décliner son identité à l’entrée.
Il n’était pas encore Arcaniste. Et une sensation dans l’air lui rappelait qu’il ne devait probablement pas être là. Il le sentait dans les pierres, dans les chants anciens qu’il imitait plus qu’il ne comprenait, et surtout dans les yeux fermés des femmes qui l’entouraient — patientes, puissantes… et pour l’instant, heureusement, aveugles à ce qu’il était vraiment.
M’Ajia n’était pas encore un problème. Juste un malentendu qui respirait discrètement.
Autour de lui, elles chantaient, les yeux encore clos. Des incantations anciennes, en une langue oubliée — sans doute à dessein. Le genre de langue qu’on oubliait volontairement, après quelques incidents avec des montagnes qui explosaient et des chèvres qui parlaient.
Leurs voix se mêlaient en un chœur spectral, ou peut-être un ensemble de théières possédées par des divas mortes. La magie vibrait dans l’air, glissait sur la pierre, furetait dans les recoins — une présence souple, discrète, à l’affût du moindre secret.
Avaient-elles seulement conscience qu’un intrus, là, au cœur de leur harmonie stellaire, féminine, élite et délicieusement toxique, s’apprêtait à en pulvériser la structure ? Probablement pas.
La dissonance, elle, avait déjà commencé à s'accorder.
Au centre du cercle — vaguement en forme d’anneau si on fermait un œil — trônait un chat.
Un agélaste qui n’était pas né ainsi. Incapable de rire cette nuit-là, même face à un sortilège de hoquet éternel. Il pandiculait avec majesté, étirant chaque vertèbre pour montrer que l’univers lui devait des excuses.
Et, il était assis sur un vélo. Pourquoi ? Mystère. Mais, il y était bien, en équilibre parfait, comme si l’idée même de pédaler l’insultait.
Il fixait M’Ajia d’un œil perçant. Un regard qui disait : « Je reconnais ta sucette, tes secrets… et je sais même que c’est ton anniversaire. Dommage. »
Ses yeux verts brillaient d’une lueur interne — comme s’ils étaient alimentés par une source d’énergie mystique, renouvelable et légèrement sarcastique. Un regard réfléchi, au sens inquiétant du terme.
Et, fait notable : il ne souriait pas. Pas à un homme. Chez lui, c’était hautement inhabituel — et donc profondément inquiétant.
M’ajia le fixa, hésitant entre la fascination, la fuite, et l’envie de lui offrir une offrande symbolique (comme, par exemple, les restes de sa sucette en bouche).
Puis il s’approcha, une idée étrange lui trottant dans la tête : Ce chat n’était pas là pour surveiller le rituel… mais pour me surveiller moi.
J'ai été très intriguée par le résumé de cette histoire, et ce premier chapitre n'a fait que renforcer ma curiosité ! C'est prometteur pour la suite des événements.
Mon petit doigt me dit que M'ajia ne sera pas très copain avec ce minet adepte de vélo.
J'ai adopté ce style d'écriture exprès car chaque chapitre dépendra des contraintes proposées dans le défi hebdomadaire :p
Je tâcherai de faire une histoire captivante !
Merci de ta lecture et de ton commentaire :)
Je lis rarement ce genre et c'était plutôt un bon moment aha
Un chat-cycliste. J'ai déjà vu des perroquets ou des chiens mais pas encore de chat ahaa
Rien à dire sinon, ça se lit vraiment bien.
A voir ce que donne la suite :)
Merci pour ce chat-cycliste qui tombe à point nommé dans ce rituel de sorcières !
La suite dépendra des contraintes hebdomadaires du "Dédéfizm du Trivial PArsuite", mais je tâcherai de conserver le même style, la même trame et de ne pas trop dévier du sujet initial.
Au plaisir, en donnant mon meilleur pour que cela continue de te plaire !
Et bien cette histoire de confrérie de sorcières ne peut que m'intriguer ! En voilà des copines pour Juliette, enfin des camarades qui sont prêtes à faire surgir des entrailles l'ère des vilaines, où enfin la méchanceté dominerait le monde et écraserait ces maudites pimbêches !
En espérant que ce mâle ne fasse pas trop de mal à ce projet que je ne peux qu'approuver ! On va pas s'en arrêter à un chat-même-pas-tout-à-fait-cycliste. S'il bouge trop les pattes et les moustaches, j'en appelle à K'Mie, le chatpereur !
A très bientôt, curieux de voir ce que tout ça va donner !
Je crois qu'il y a une Juliette en plus parmi elles mais je n'ose pas entrer dans leur cercle... En tout cas, je crois qu'elles sont toutes animées de perfides attentions ! Rien qu'à voir leur rituel demandant du chaos, j'en ai la chair de poule !
"En espérant que ce mâle ne fasse pas trop de mal à ce projet que je ne peux qu'approuver ! " : ton incantation m'a scié XD
Courage, M'Ajia dans ce monde mystique...