10 Le grand départ

   Le parking de la gare était vide en cette heure matinale. Les flaques d’eaux qui jonchaient le sol étaient les témoins d’une nuit pluvieuse. En sortant le pied de sa BX, Laurent jura ; sa chaussure se planta directement dans une marre d’eau, se retrouvant instantanément trempée. Il rejoignit en grognant Rose au coffre de la voiture où elle s’affairait à descendre sa grosse valise et son sac à dos. L’aube était fraiche et l’humidité qui suintait du macadam glaçait les os.

   Ils se dirigèrent en silence vers le couloir souterrain qui passait sous les voies de chemin de fer, et se retrouvèrent dans le grand hall de la gare, où seul le jingle dans les mégaphones chantait. Tout était calme. Rose composta son billet, et tous deux se dirigèrent vers la machine à café. Pelotonnés près d’un chauffage sous un tableau d’affichage, ils regardèrent les prévisions du train de Rose : aucun retard.

   — Tu peux y aller si tu veux, dit-elle en soufflant sur son expresso. Je ne veux pas te faire attendre.

   Laurent regarda sa montre, bien que l’heure était aussi affichée sur le tableau.

   — Non ça va, j’ai le temps. Je vais attendre que tu sois bien dans le train.

   Rose hocha la tête. Elle avait hâte que le café fasse effet. La nuit passée avec Sophie avait été… courte. Petit  à petit, la gare se remplit, au fur et à mesure que les rayons du soleil perçaient les fenêtres et réchauffaient le hall ; bientôt, sur le quai, une dizaine de personnes attendirent le même train, et Rose s’apprêta à les rejoindre. Laurent eut un sursaut bizarre, et fouilla dans ses poches ; il sortit un prospectus froissé, ses clés de maison, et un mouchoir. La gêne se lut sur son visage.

   — Euh… Rose ? demanda-t-il peiné. Tu n’aurais pas une pièce de deux euros pour le parking ? J’ai oublié mon argent.

   Rose sourit.

   — Si bien sûr !

   Elle fouilla dans la première poche de son sac à dos, où se trouvait son gros porte monnaie, et lui donna une pièce, qu’il prit en la remerciant. Rose regarda le prospectus qu’il tenait dans l’autre main.

   — C’est quoi ça ? demanda-t-elle.

   — Oh ça ? dit-il en le défroissant pour se rappeler de quoi il s’agissait. C’est rien, c’est une conférence à laquelle je suis invité sur l’effet des engrais sur les abeilles.

   — Ça à l’air intéressant.

   Laurent haussa les épaules.

   — On verra. Je ne suis pas spécialiste en biologie moléculaire.

   Un son sourd de corne de brume se fit entendre, et le train arriva en soulevant l’air brumeux et sale sur le quai de la gare. Il s’arrêta dans le bruit de ferraille de ses freins, s’abaissa, et les portes s’ouvrirent, laissant sortir quelques passagers.

   — Bon et bien, on se voit d’ici un mois voir plus, dit Rose en s’approchant de la porte.

   — Passe le bonjour à l’Enclume pour moi, lui demanda Laurent.

   — Je n’y manquerais pas !

   Rose s’engouffra dans le TER qui n’était pas bondé. Elle s’aventura un peu dans le wagon, et aperçut une table pratiquement vide où il n’y avait qu’une jeune fille plutôt jolie. Elle décida de s’installer à cette place. Par instinct. La jeune fille blonde lui sourit, tout en replaçant ses écouteurs au fond des oreilles, et Rose s’installa, glissant sa grosse valise à côté d’elle en essayant de ne pas bloquer le passage. Quelques minutes d’attente puis le train partit, dans un calme absolu, Rose luttant pour que le ronronnement des rails ne l’endorme pas. Le voyage était moelleux, et  elle se surprit à entrouvrir parfois les yeux pour regarder en direction de sa voisine. Le sommeil l’avait rattrapé. De légers sursauts sur les rails la réveillaient, avant de la bercer de nouveau. Le train passa Verson et Evreux sans qu’elle ne le remarque, pour enfin s’arrêter à Rouen où l’attendait sa correspondance. La jeune fille blonde la réveilla, un réveil avec une vue plutôt agréable, qui l’extirpa mollement de sa somnolence. Rose échangea avec une certaine amertume sa place moelleuse contre un banc de bois dur à l’intérieur de la gare, attendant le prochain train.

   Cette fois-ci la gare grouillait, les gens arrivaient, rentraient, repartaient comme dans un centre commercial ; Rose les observa longuement, s’interrogeant sur leur profil, leur inventant un passé, une histoire ; les deux heures à passer sur le banc étaient longues, et chaque petits passe-temps étaient vus comme une bénédiction. Un homme s’installa sur le piano placé au milieu du bâtiment et commença à jouer du Chopin. Le bercement de la mélodie ramenait sa fatigue de plus belle, et la chaleur étouffante qui tapait à travers le toit de verre n’aidait en rien. Un deuxième café ne fut pas de trop, et quand l’attente commença à être interminable, son deuxième train arriva enfin.

   Le TER avait laissé sa place à une vieille Micheline bleue sortie des catacombes de la compagnie ferroviaire, dont le moteur diesel aurait tué d’une crise cardiaque n’importe quel écologiste observant la fumée noire qui s’échappait de son pot d’échappement. L’odeur âcre du fioul parfuma le quai, et Rose rentra dans un wagon vieux de trente ans, aux sièges usée mais confortable par leur mousse moelleuse, qui dépassait parfois allégrement des coutures déchirées du tissus en velours beige. Bien que vétuste, le wagon était cependant d’une propreté exemplaire et sentait bon. Les fesses callées bien au fond du siège, Rose fut de nouveau happée par le sommeil. Mais elle lutta et au grès de mains efforts, parvint à se maintenir éveillée, le café ingurgité dans le hall de la gare commençant à faire son effet. Les paysages défilaient dans un confort qui lui rappelait la vieille DS qu’elle avait dans les années 80, avec cet effet matelas à eau. Les champs, les vaches, les villages typiques de Picardie que l’on commençait à traverser lui rappelaient de bons souvenirs.

   A 13h06, le train entra en gare d’Amiens. Rose en sortit et chercha du regard Rachid sur le quai, qu’elle devina à l’autre bout. Avec son physique jovial dans ses tenues noires, il était facilement reconnaissable. En revanche, sa vision à lui ne lui permettait pas de rapidement la trouver. Alors elle leva le bras et le salua en d’amples gestes. Enfin il l’a vit et elle traina alors sa grosse valise en sa direction, lui la rejoignait de son côté.

   — Rose !

   — Rachid.

   Ils entamèrent une poignée de main que l’on pouvait juger de ringarde et qui dura de longues secondes embarrassantes. Heureusement,  le monde autour était trop occupé pour observer ce manège.

   — Ça me fait plaisir de revoir ta sale tronche qui ne change pas ! déclara Rachid avec joie en l’observant à distance.

   — Moi-de-même, répondit chaleureusement Rose, même si j’aurais aimé que cela soit dans d’autres circonstances. Rose se recula un peu, et observa à son tour son « vieil » ami.

   — Dis donc tu n’aurais pas prit un peu toi ? Il faudra peut-être se remettre aux entraînements !

    — Bof ! On verra ! rigola-t-il. Je file tout de même des roustes avec mon physique épanoui !

   Il lui prit la valise des mains, commençant à marcher vers l’extérieur, Rose lui emboitant le pas en baillant à s’en décrocher la mâchoire.

   — Tu as pu te procurer tout ce que je t’ai demandé ? demanda-t-elle la main devant sa bouche grande ouverte.

   — J’ai le bidon et l’essence, les bougies et les fils, et mon bateau à été révisé. Il ne manque plus que les roues mais je t’attendais pour cela, je ne voulais pas acheter n’importe quoi ; on a rendez vous avec un mec qui en vends quatre pour cinquante euros à 15h.

   — Parfait ça me donnera le temps de manger ! J’ai trop la dalle !

   Eloignée de Sophie, Rose en profitait pour prendre quelques libertés de gestes et de langage. Elle rêvait même d’un bon burger bien crade.

   Ils arrivèrent à la voiture de Rachid, une Peugeot 405 break d’un bleu gris métallisé, entretenue à la perfection, l’extérieur brillant comme s’il était neuf. Son aspect de parpaing sur roue en faisait une voiture totalement dépassée, mais c’était le bijou de Rachid.

   — Toujours vivante la Tarbbouche mobile ? s’exclama Rose.

   — Toujours ! répondit gaiement Rachid en plaçant la valise dans le grand coffre. Parée pour un long road trip !

   Rose s’en extasia en s’asseyant dans le tweed des sièges enveloppant.

   Bénit soit le confort des vieilles gimbardes !

   La première étape fut un fast-food bon marché, chose dont Sophie ne devait jamais être tenue au courant. Le ventre de Rose ingurgita deux sandwichs double steak double fromage, lui faisant regretter d’avoir mis un jean slim, son ventre gonflant comme un ballon de baudruche. Mais que c’était bon !

   Les estomacs bien remplis, les deux amis se dirigèrent chez l’homme qui vendait les roues ; un certain Raymond, à la retraite et passionné de vieilles autos, possédant un hangar plein à craquer de voitures plus où moins âgées que lui, et un garage tout autant remplis de pièces détachés. C’était dans l’optique de faire un peu de place qu’il se séparait d’un vieux lot de roues en bon état à pas trop cher. Par bonheur, il possédait deux pneus cloutés, ce qui ne serait pas du luxe là où ils allaient. Ils lui prirent finalement trois autres roues en plus des deux cloutées, et après une longue discussion autour d’un café sur une table en formica, les deux amis callèrent les cinq roues dans l’immense coffre de la 405 dont la taille n’était pas du luxe. Puis ils retournèrent chez Rachid.

   L’appartement était tout aussi briqué que la 405. Propre, parfaitement rangé, et peu rempli ; Rachid n’exposait pas d’objet ; seuls quelques articles ornaient des murs dans des cadres en verre sans bords ; des articles parlant de son alter-égo, l’Enclume.

   Las, Rose s’affala sur le canapé après avoir rentré sa valise dans l’appartement, et n’y bougea plus pendant un certain temps. Rachid s’assit dans le fauteuil à côté d’elle, poussant lui aussi un soupir extenué.

   — Alors, quoi de beau ? demanda-t-il. Elle était sympa cette bête ?

   Rose, la tête en arrière sur le dossier, la queue de cheval pendant dans le vide, eut un sursaut de rire.

   — Tu as vu les vidéos non ?

   — Oui, impressionnante !

   Rose étendit ses bras en l’air, avant de les reposer lourdement sur les coussins autour d’elle.

   — C’était vraiment quelque chose. Je n’avais pas vu ça depuis la seconde guerre mondiale. Même, un monstre « naturel » comme ça, je dirais presque plus d’un siècle.

   — Mazet ! s’exclama Rachid. P’tite bière ?

   Rose lorgna vers le réfrigirateur. Il lui fallait quelque chose de fort pour lui dire ce qu’elle s’apprêtait à lui dire.

   — Tu n’aurais pas un bon whisky plutôt ?

   Rachid la regarda à travers ses binocles carrés aux carreaux grossissant, cherchant une émotion quelconque.

   — Toi, tu as quelque chose d’important à me dire, dit-il en se levant et en farfouillant dans son armoire où il rangeait sa collection de spiritueux.

   — Tu devines toujours bien. Mais plus tard. Laisse-moi le temps de me détendre un peu.

   Il fit oui de la tête, prit sa bouteille d’une main, deux verres entre ses doigts et les disposa sur la petite table en face du canapé. Le glouglou de la bouteille fut rapidement accompagné d’une odeur fumée très agréable.

   — Tu m’en diras des nouvelles, lui dit Rachid alors qu’elle humait les vapeurs d’alcool qui ressortait du verre à fond plat.

   Elle empoigna le verre, s’humecta d’abord les lèvres avec la boisson, puis avala une première petite gorgée qui descendit avec sa chaleur mordante le long de son œsophage. Pour un amateur, la boisson était comme du petit lait d’ange.

   Rose reposa son dos sur le dossier, satisfaite, se léchant le bout des lèvres avec sa langue.

   — Ok, tu as toujours de très bons goûts.

   Il lui fit un clin d’œil, leva son verre haut et but lui-même une gorgée.

   — As-tu des nouvelles d’Adélaïde ? demanda-t-elle.

   Rachid expira de satisfaction, et imita la position de Rose, affalé sur le dossier de son fauteuil en cuir rouge.

   — Aucune depuis qu’elle vous à fait faux bond. Mais c’est Adélaïde, elle est toujours comme ça. J’en aurais bientôt.

   Rose releva le coin de sa lèvre en un rictus. Avec une petite pointe au cœur, elle ne pouvait désavouer qu’elle n’en fut pas un peu déçue.

   — Tu ne lui en veux pas, comprit Rachid.

   Rose se pencha en avant, les coudes sur ses cuisses, jouant avant le liquide au fond du verre en le faisant tournoyer.

   — Non. Je sais à quel point sa situation est difficile. L’instinct maternel c’est… quelque chose que vous ne pouvez pas comprendre. Sans vouloir te vexer.

   Rachid ouvrit la paume de sa main en signe de reconnaissance, puis rebut une gorgée.

   — Il n’y a pas de quoi. Je suis encore moins prête que toi de tomber enceinte.

   Elle se força à sourire. Pas faux. Mais douloureux quand même.

   — Et toi, tu as eu quelques affaires à résoudre ?

   Rachid haussa les épaules, s’affalant de plus en plus dans son fauteuil.

   — Boarf, non, rien de surnaturel. Je me contente de foutre une raclée aux petits délinquants qui s’en prennent à plus faible, c’est tout.

   Rose hoqueta.

   — Justement, là-dessus, on va peut-être devoir faire profil bas. Même si je c’est que ça parait injuste.

   Rachid ne répondit rien, se contentant de la fixer avec un regard interrogateur. Rose haussa les sourcils, posa son whisky et chercha dans son sac à dos. Elle en ressortit le dossier jaune qu’elle lui tendit.

   Les grandes lignes du dossier avaient été surlignées pour permettre de distinguer rapidement son contenu. Au bout de cinq minutes, Rachid se tenait droit dans son fauteuil, écarquillant les yeux à chaque nouvelle page.

   — Nom de Zeus… s’esclaffa-t-il. Tout est … vrai ? Tout est… sûr ?

   — 95% je dirais. La source est fiable d’après Pierre, et même si cela reste spéculatif, je ne mettrais jamais la parole de Pierre en doute.

   Le visage de Rachid était blanc. Il fixa la table, le regard déterminé, et referma le dossier un claquement sec. Puis il le reposa sur la table, et but une nouvelle gorgée de whisky.

   — Bon, j’avoue qu’il ne vaudrait mieux pas leur tendre le bâton. Au moins, mon pouvoir est discret et difficile à détecter. Je ne frappe jamais le premier. Je frappe rarement d’ailleurs.

   Rose acquiesçât. Rachid réfléchissait un peu comme Edmond. C’est ce qui faisait d’eux de bons compagnons.

   — Je comprends mieux pourquoi tu ne voulais pas en parler au téléphone. Et ça explique le besoin de retourner sur l’île et de reformer l’UESH. Je te suis, à 100%.

   Il fut parcouru d’un frisson, et mit un certain temps à reprendre son aise. Un deuxième whisky fut nécessaire, au grand plaisir de Rose. La conversation en retrouva un ton plus joyeux, bien que l’alcool n’ait que très peu d’effets sur la guerrière.

   — Et les petits nouveaux ?

   — Oh ils vont te plaire, ça c’est sur. Eddy est un geek dans l’âme et Samantha à encore un plus gros appétit que toi. En toute franchise, ils ont un énorme potentiel tout les deux.

   — Parfait. En parlant d’appétit : pizza ?

 

   Sur le canapé déplié, Rose caressait son ventre trop pansu, dans une sensation frissonnante de plaisir coupable. Son esprit fatigué divaguait entre l’excitation de retrouver un pan de ses souvenirs, et l’engrenage éreintant dans lequel elle mettait le doigt. Elle soupira, se forçant à penser aux doux cheveux roux de sa partenaire qui lui manquait déjà. Elle regarda son ventre courbé. Sophie, à coup sûr, aimerait cela. Elle s’endormit en s’imaginant l’enlacer tendrement.

   

   Aux premières lueurs du soleil, les deux amis se levèrent et chargèrent la voiture de provision. Le bateau de Rachid mouillait dans la baie de Somme, dans un petit port de plaisance à l’aspect bucolique et pittoresque.

   Le Leste, son bateau, l’était tout autant. Une petite coque de plaisance, plutôt quelconque, mais solide et stable, et surtout, incroyablement maniable. Une nécessité. Après avoir effectué le plein, et vérifier l’état de tous les équipements, ils levèrent l’ancre et partirent vers l’horizon bleu. La météo ne présageait pas les meilleures conditions qu’il soit.

   Aux premiers miles, le temps s’avéra nuageux, mais sans un poil de vent. La mer était d’huile, permettant une navigation feutrée et charmante. Rose en profita pour pêcher un bar, qu’ils mangèrent comme repas du midi. L’air de la mer la revigorait, le vent piquant l’emmenant voyager au-delà de ses pensées tournées sur un avenir sombre. La nostalgie de la première fois où elle vit les falaises. Un souvenir si loin. Un souvenir qu’une personne n’était pas sensé avoir. Cramponnée à la proue, elle se laissa transporter par cette mélancolie. Une secousse brutale lui fit rouvrir les yeux, et elle vit le creux de la vague s’ouvrir devant elle comme un abysse. Le bateau s’y engouffra avant de remonter en souplesse. En haut du mont d’eau, elle sentit le vent plus mordant, plus fort, plus violent. La météo les avait rattrapés. La température perdit rapidement une dizaine de degrés, la faisant tressaillir et l’obligeant à utiliser une grosse écharpe en laine. Les premières grosses gouttes s’écrasèrent sur son visage en petite gerbes d’eau. Elle se força à rester accrochée à la poupe, avec l’envie irrépressible d’affronter les éléments. Rachid maniait toujours le bateau avec fermeté, et elle ne craignait en rien le chavirage. C’était sûrement le meilleur navigateur qu’elle connaissait. Les mains fermes sur les rebords, elle vit naître les hautes vagues ; les eaux se mirent à bouillonner, devenant sombre comme les fosses, et bientôt une sensation stomacale de grand huit lui coupait la respiration, la faisant se sentir, pour quelques instants, pleinement vivante. Cela n’allait pas aller en s’arrangeant, car ils approchaient de l’île, et de ses courants forts.

   — Je pense que ça va secouer ! cria Rachid dont la capuche du ciré jaune fouettait le visage en maculant ses lunettes de gouttes.

   Effectivement, ça va secouer, pensa Rose en regardant l’horizon s’élever.

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