Samantha se retrouva devant l’un des choix les plus cruciaux de toute son existence. Depuis quinze minutes, elle s’en torturait l’esprit.
Bulbizarre, Salamèche ou Carapuce ?
Salamèche était un choix trop évident. Carapuce semblait solide, mais elle aimait la bouille de Bulbizarre.
Ce sera donc lui. Bulbizarre.
Assise sur le canapé de l’appartement, Samantha dirigeait l’écran de la console pour que la lumière l’éclaire correctement. La bouillie de pixel avait agit comme un charme, et dès l’instant où elle se déplaça dans les différents écrans, elle en fut conquise. Les mouvements de Rose qui s’affairait dans la salle de bain ne parvenaient même pas à ses oreilles ; le dos calé sur le dossier en cuir blanc, les coudes pliés et la robe bien tendue sous les cuisses pour ne pas la froisser, elle ne ressentait même pas les courants d’air sur ses jambes nues, concentrée sur le jeu. Rose l’extirpa de sa torpeur en sortant de la salle de bain et en posant une main sur son épaule.
— On est prêtes à y aller, lui dit-elle.
Samantha se retourna, observant un spectacle saisissant : Rose portait une robe noire qui remontait jusqu’au cou et d’épais collants noirs qui ne laissaient transparaître sa peau en dessous ; elle avait coiffé tous ses cheveux du côté opposé à sa mèche rebelle, dégageant ses yeux habillés de lunettes ronde qui changeait complètement la physionomie de son visage. Elle s’était maquillée, et chose encore plus incroyable, portait sur ses oreilles de fines perles nacrées.
— Ne t’habitue pas trop à me voir comme ça, dit-elle à Samantha en voyant son regard éberlué. C’est pour l’occasion.
Samantha ne pipa pas un mot. Elles enfilèrent leurs manteaux, et partirent en direction du restaurant.
Sur la façade du Gourmet était disposée une plaque en or où était inscrit « Maître restaurateur ». Une devanture sobre, en granit gris sans fioriture. Les échafaudages en construction ne la cachaient qu’à peine ; bientôt, elle serait recouverte de bâches.
— Ici je fais changer la vitre pour une grande baie vitrée. L’agrandissement de la terrasse viendra jusque là, indiqua Sophie à Edmond et Lucie en pointant du doigt un endroit sur le sol.
— Ça va être drôlement chouette ! s’exclama Lucie.
Edmond approuva derrière d’un signe de tête.
— Oui, j’ai hâte ! Et ce soir je vous fais goûter les premiers plats de ma nouvelle carte, vous me direz ce que…
Elle s’arrêta brusquement en observant deux ombres qui arrivaient au loin, et qui se révélèrent à la lumière d’un réverbère.
— Oh chaton ! s’exclama-t-elle. Tu es là ! Et tu es… parfaite !
Une jeune femme brune aux lunettes fines et rondes s’approcha de Sophie et l’embrassa. Derrière cette femme suivait Samantha.
— R…Rose ? s’étonna Edmond quand les lèvres de cette dernière s’éloignèrent de sa conjointe.
— Oui je sais, soupira-t-elle en s’observant. Et encore, tu n’as pas tout vu…
Rose tordit ses lèvres et ouvrit son manteau noir, dévoilant sa robe sous l’œil choqué d’Edmond et de Lucie.
— Oh ça va ! Ne faites pas cette tête !
Elle resserra son manteau sur la robe fine et sans manche, frissonnant de la soirée printanière.
— On rentre ? Je n’ai pas l’habitude et j’ai froid.
Edmond, Lucie et Samantha acquiescèrent et rentrèrent, mais Sophie retint sa partenaire par le bras avant qu’elle ne prenne le pas.
— Merci. Tu es resplendissante. Je te le revaudrais. Dès ce soir.
Elle laissa la marque de ses lèvres d’un rouge vif sur sa joue et suivit les autres. Rose en frissonna de plus belle.
A l’intérieur, tout le monde s’était mis à l’aise. Sophie remarqua avec bonheur qu’ils avaient tous joué le jeu ; Edmond portait une chemise bleu nuit cintrée sur un pantalon noir ; Lucie avait remis sa belle robe verte et coiffé ses cheveux avec audace ; Samantha avait revêtu la robe qu’elle lui avait trouvé. Enfin, Laurent, qui arriva cinq minutes plus tard, avait troqué sa blouse blanche contre une veste de costume bleue, une chemise blanche et un nœud papillon rouge. Evidemment, Sophie restait au summum de l’élégance dans une robe soyeuse couleur corail. Pierre était quand à lui en mission pour Rose.
L’intérieur du restaurant était aussi sobre que l’extérieur, dans un aspect pierre cendrée, assez moyenâgeux. Les sièges molletonnés couleur vert forêt ou bordeaux s’harmonisaient avec les décorations d’argent. La grande sale disposait d’une douzaine de tables, et un escalier menant à l’étage y ajoutait encore une cinquantaine de couverts. Le joli bar en bois brut surmonté d’étagères aux alcools multiples et variées au milieu de la pièce apportait un aspect convivial, juxtaposé à une grande cave à vin. Le tout respirait la classe.
Assis autour de la plus grande des tables, chaque convive attendait patiemment que Sophie lui tende un exemplaire du menu de ce soir. Samantha lu attentivement chaque ligne. Apéritif maison, pain de saumon en entrée, canne à la framboise en plat, crème brulée en dessert. Même si elle ne savait pas ce qu’était la moitié de ces plats, elle en eut tout de suite l’eau à la bouche, et son estomac gronda.
De petits toasts avec des terrines étaient disposés sur un plateau d’argent au milieu de la table. Sam demanda la permission de se servir, et croqua à pleine dents dans une tartine parfaitement grillée. Elle en eut un soupir d’extase.
— Ch’est gouteux ! dit-elle la bouche pleine.
— Merci, lui répondit Sophie avec un grand sourire, qui s’asseyait avec volupté, retenant sa robe en apposant ses mains sous son giron. Chacun prit alors une tartine, et ils commencèrent à manger. Les uns après les autres, ils s’extasièrent en salant leur palais des pâtés maison réalisés à la perfection. Entre deux bouchées, Rose prit la parole.
— Vous savez tous que Pierre n’est pas là en ce moment.
Ils firent tous oui de la tête tout en mâchonnant leurs toasts, hagards par le délice du met.
— Il recherche l’auteur d’un dossier qu’il m’a apporté. Un dossier très dangereux. Nous cherchons à en connaître sa véracité, mais aux vues de ce qu’il contient, je vais mettre en place quelques précautions.
— Dangereux comment ? demanda Laurent tout en prenant une nouvelle tartine à la main.
— Assez dangereux pour rompre les accords de Nagasaki, répondit Rose d’une voix blanche.
Laurent reposa sa tartine en entendant la nouvelle. Edmond écoutait mais tout comme Lucie, il ne percevait pas l’impact que cela pouvait avoir ; alors il tendit une oreille plus attentive. Sam quand à elle engouffrait sa troisième tartine au fond de sa bouche.
— Que contient ce dossier ? demanda Laurent en se reposant sur son dossier, les bras autour de son assiette.
— Des informations que je ne veux pour l’instant pas vous révéler pour votre simple sécurité. Je vous les révélerais en tant voulu.
Elle marqua une pause, et tout le monde (sauf Sam qui engouffrait sa cinquième tartine) attendait la suite.
— Cependant, reprit-elle, cela implique que nous devons rester sur nos gardes, et je vais mettre en place quelques dispositifs. Je sais que cela va vous paraître flou sans les informations, et je vais tacher d’être assez explicite pour que vous compreniez tout de même la gravité de la situation. C’est pour cela que j’ai profité de la petite invitation de Sophie pour vous réunir et vous mettre en garde.
Le silence était tombé autour de la table. Rose s’essuya la bouche avec un coin de serviette, dans une élégance qui ne leur était pas familière. Elle but une gorgée de vin et reprit, toujours d’un ton neutre.
— Bon, tout d’abord, je vais vous expliquez un peu plus en détail, afin que vous compreniez leur importance, ce que sont ces fameux accords, et comment ils sont arrivés.
Sophie se leva, posa un bras sur le poignet de sa compagne et lui chuchota quelque chose à l’oreille. Rose approuva, et Sophie fit alors à Lucie signe de la rejoindre et cette dernière se leva d’un bond, poursuivant ses cheveux roux qui s’éclipsèrent dans la cuisine. Elles revinrent les bras chargés d’assiettes en forme de feuilles contenant l’entrée. Rose attendit que tout le monde soit servit pour reprendre.
— Vous vous en doutez, l’histoire des accords commence à la seconde guerre mondiale. Au début de la guerre, je ne m’étais pas moi-même engagée dans le conflit ; je vivais recluse aux Etats-Unis, à la frontière canadienne.
Il y eut un premier murmure gêné. Lucie et Edmond se regardaient, ahuris : Rose avait plus de 70 ans ? Voir même plus de 90 ?
— C’était quand les Etats-Unis ne s’étaient pas encore engagés dans le conflit, reprit Rose, et n’y avaient pas un rôle prépondérant. L’Angleterre, au contraire, en avait un.
« J’exerçais dans mes montagnes une retraite anticipée et calme. Eteignant peu à peu ma légende, une réputation qui se réduisait au fur et à mesure de mes années en Hermite. Loin des Hommes et de leurs excès. Cela n’a pas suffit.
« Un petit anglais avait ouï de mes exploits et de mon mythe ; croyant fortement au potentiel de gens comme nous, je veux bien entendu parler de suprahumains, il pensait indispensable notre aide pour remporter le combat. Il fallait anticiper les capacités de l’adversaire.
Rose fit une petite pause, le temps d’entamer son entrée et de vider quelques gorgées de vins. Cette Rose de ce soir là leur était inconnue ; aussi élégante que Sophie elle-même, les gestes posés, la tenue princière. Droite, grave dans son laïus. Elle reposa délicatement sa coupe, presque vide, dans le silence attentif.
— Malgré mes efforts pour me cacher, il a tout de même fini par retrouver ma trace. Evidemment, j’étais réticente au départ. Je ne voulais plus me mêler à l’humanité, sous quelque forme qu’elle soit. Mais il a fini par me convaincre. Les membres de l’AXE développaient des armes, des suprahumains non naturels. Et ils promettaient d’en faire une fabrique. Un allez simple pour leur victoire. Il fallait leur couper l’herbe sous le pied, et j’étais la pièce maîtresse de son entreprise.
« Je fus ainsi l’un des premiers membres de la CASH, la première association internationale de suprahumains. Une irlandaise, une française, une allemande et un italien. Moi, Jeanne, Hilda et Luigi.
— CASH ? demanda Lucie interloquée. Ça veut dire quoi ?
— Churchill’s Army of Supra-Humans, répondit Rose avec un sourire.
Edmond s’étouffa dans son assiette.
— Churchill ? Winston Churchill ? Le petit anglais c’était lui ?
— Oui c’était lui, répondit Rose en rigolant. Un sacré bonhomme.
— J’imagine… répondit Edmond en s’affalant sur son siège, pensif.
Quel autre personnage avait côtoyé Rose ?
— Notre petit groupe, poursuivit-elle, fut rapidement soudé, et nos premières missions secrètes commencèrent : abattre des généraux qui avaient été « augmentés », pour permettre le passage de troupes.
Rose continua le récit de ses combats de guerre pendant un long moment, si long que le plat principal était pratiquement fini quand elle arriva au dénouement. Samantha bénit sa robe car au moins, avec ça, son ventre enflé par la quantité de nourriture ingurgité n’était pas serré.
— Quelques jours avant le débarquement, les renseignements ont découvert qu’un des généraux SS détenait une arme secrète prodigieuse. Le summum de leur recherche sur le surnaturel. Alors au 6 juin, notre équipe s’est jointe à la flotte canadienne, et nous sommes arrivés en France. Nous avons passé plusieurs points, jusqu’à arriver au bunker du général en question.
« Après un combat acharné contre des SS modifiés, - à vous glacer le sang- nous découvrions que leur arme « ultime », à savoir, des humains si modifiés et si puissant qu’ils pourraient retourner à eux seuls la situation de la guerre, ont été déplacées et se trouve dans une base secrète à Berlin.
Rose marqua une nouvelle pause en sauçant son assiette, prit cette fois-ci un grand verre d’eau pour reprendre du souffle.
— A Berlin, lorsque l’on découvrit ce qu’était l’arme, un frisson nous parcourut. Un homme, totalement enragé, doté d’une force et d’une résistance hors norme. Il ne ressemblait même plus à un humain. C’était un monstre.
Rose décrivit plus en détail le combat, tellement marquant pour sa personne que le plus petit détail était devenu une cicatrice, un stigmate qu’on pouvait presque toucher dans la description qu’en faisait Rose, levant les poils de bras de ses partenaires et glaçant leur échine.
— Il aura fallu pas moins de nous quatre et un bataillon entier pour en venir à bout ; Hilda et Luigi se blessant grièvement dans la bataille. Et nous n’étions pas au bout de nos peines. Alors que nous venions de démanteler le laboratoire qui avait conçu l’arme, nous découvrions aussi que plus ces humains tuaient, plus leur puissance augmentait. Heureusement, dans leurs expériences folles, les scientifiques de l’AXE avaient aussi fabriqué un sérum qui inversait le processus.
« L’arme de Berlin n’était pas la seule. Trois sujets avaient en fait survécus aux expérimentations. Nous venions de terrasser le premier, et nous découvrions bientôt avec horreur que les deux autres avaient été déplacés au Japon : à Hiroshima et à Nagasaki.
Rose partagea un silence, le temps que tout le monde imprime cette information. Sophie leur resservit à tous du vin. Elle et Laurent connaissaient cette histoire ; il n’empêche qu’elle leur glaçait toujours les os.
— Hilda et Luigi sur la touche, il ne restait plus que moi et Jeanne. Jeanne fut dépêchée à Hiroshima, et moi à Nagasaki ; à la vue de la difficulté de notre premier combat, et des répercutions que cela eu dans l’état major, les américains optèrent pour une solution de secours. Je pense qu’à ce stade que vous devinez laquelle.
Lucie eut un hoquet choqué, plaçant sa main tremblante devant sa bouche. Edmond, stupéfait, était blanc comme la nappe. Même Samantha, qui ne comprenait pas la moitié du récit, ressentait la tension qui en découlait et le danger quasi tangible.
— Ils n’attendirent pas que Jeanne s’occupe de l’arme à Hiroshima. Alors qu’elle le combattait, la bombe tomba, les tuant tout les deux, et des centaines de milliers de gens au passage. Apprenant la nouvelle, bouleversée, je réclamais du temps. Et alors que j’étais sur le point de terrasser la dernière arme –j’étais parvenue à injecter le sérum-, un message secret me parvint me suppliant de me mettre à l’abri. Les États-Unis n’allaient pas risquer d’attendre, malgré les protestations des autres états. Je me suis cachée du mieux que j’ai pu, mais la bombe tomba. Bien trop destructrice.
Plus personne ne parlait dans le restaurant. Un silence glaçant, respectueux, mais lugubre. La gravité de la situation, la révélation de ce lourd secret. Etait-ce vraiment réel ? La situation avait été telle ?
— Tu as… dégluti Edmond avec difficulté… Tu as survécu à la bombe H ?
Rose fit une grimace, comme si le souvenir était encore physiquement douloureux. Elle répondit avec lenteur :
— Oui, je lui ai survécu, mais non sans mal. Déclarée morte par les Etats-Unis et mon propre état major. Abandonnée. Recueillie par les japonais qui m’avait reconnue. Ma légende était bien ancrée là-bas, et ils n’avaient aucune raison de me combattre ; aucune raison d’en vouloir à ma personne. J’ai mis plus d’un an à me remettre de ces blessures ; je n’ai été capable de me tenir debout qu’au bout de 6 mois. Et autant vous dire que mes relations avec les Etats-Unis devinrent quelque peu… froides.
Lucie n’arriva pas à avaler sa dernière bouchée, et reposa sa fourchette, dégoutée.
— Ainsi, alors que les pays alliés, en réunion pour décider de l’avenir des pays de l’AXE, se disputaient sur la direction à prendre, je débarquais, bien que me déplaçant encore avec difficulté, plus d’un an après l’impact de la bombe. Churchill m’appuya. Jamais, plus jamais un tel évènement ne devait se reproduire. Plus d’arme humaine, plus d’amélioration, plus de bombe H lâchée sur la population. Sur les cendres encore fumantes de Nagasaki, un accord fut trouvé, non sans réticence. Les suprahumains et les gouvernements se séparèrent. Bien trop dangereux. Chacun devaient se mêler de ses affaires. Les dossiers de l’AXE et des Alliés sur les suprahumains furent totalement détruits, et ce grâce à Churchill. On ne devait plus manipuler les humains pour en faire des armes. Voilà ce que sont les accords. Voilà pourquoi ils sont d’une importance capitale.
La réflexion percuta ses camarades comme un train lancé à pleine vitesse. Le « travail » qu’ils effectuaient semblait avoir désormais un tout autre sens. Lucie, Edmond et Samantha posèrent alors des questions de détails sur ces évènements, afin de préciser certains points, et Rose prenait le temps d’y répondre, tandis que Sophie apportait le fromage et le dessert. Rose reprit son récit sur un ton plus enjoué.
— Afin que de telles menaces soient contrées, Churchill nous laissa un domaine, plus particulièrement une île entre la France et l’Angleterre, cachée et difficilement accessible, afin que nous, suprahumains, puissions avoir une base pour nous occuper des affaires surnaturelles, et s’assurer que les accords soit tenus. Naissant alors des membres de la CASH, l’U.E.S.H, l’union européenne des suprahumains, avec un but apotropaïque. Européenne, seulement pour le siège en fait, car nous fument rapidement rejoint par Anticipation, un suprahumain japonais. Quelques autres membres nous rejoignirent, mais nous étions peu. A vrai dire, et comme je vous l’ai déjà dit, il y a peu de suprahumains « naturel ». Alors le gros du travail consistait à confronter ceux qui ne respectaient pas les accords. Le pic fut dans les années 70-80, et s’est éteint peu à peu, si bien qu’au début des années 1990, l’UESH fut mise en veille, faute de travail. En veille, jusqu’aujourd’hui.
Les oreilles autour de la table se redressèrent. Rose, toujours avec cette prestance guindée, la cuillère à la main qui entamait vigoureusement son dessert, continua :
— Avec les évènements récents ; Crépuscule, la bête, le réveil de Samantha, ta météore Edmond et peut-être d’autres ; l’arrivée de ce dossier compromettant est extrêmement préoccupante. Il est possible que la création de suprahumain ait repris dans le plus grand secret. Je ne peux pas laisser passer cela. Et même si c’est complètement faux, je préfère prévenir que guérir. Alors je vais reformer l’UESH, rouvrir notre base, et nous allons nous réunir. Je pars dans 15 jours.
Cela résonna comme un coup de tonnerre dans la salle.
— Tu pars ? demanda Samantha soudain effrayée.
— Oui. Je retourne sur la base. De là bas, j’espère pouvoir repérer d’autres suprahumains par l’intermédiaire de balises.
— Mais, comment va-t-on faire s’il y a une nouvelle attaque ? demanda Edmond angoissé.
— C’est peu probable Eddy, répondit maternellement Rose ; et même si cela arrive, toi et Sam arriveraient à vous débrouiller. De plus, je ne partirais pas très longtemps.
L’angoisse d’Edmond n’était pas pour autant apaisée, et celle de Samantha non plus. Voyant cela, Rose répéta encore une fois, tout en posant sa main sur la sienne :
— Tout va bien se passer, ne vous en faites pas. Il est de mon devoir d’agir le plus rapidement possible.
— Pars-tu seule ? demanda Samantha.
— Non, je rejoins un de mes anciens coéquipiers, dont je vous ai déjà parlé, l’Enclume. Il possède un petit bateau qui nous sera fort utile. Il est déjà en train de finir les préparatifs.
Elle regarda Samantha et Edmond dans les yeux, et leur dit d’un ton à la fois doux et à la fois strict :
— Donnez vous à fond pour vos entraînements, ne vous languissez pas, je le saurais en rentrant. Deux fois par semaines, plus les deux séances de sport.
Les deux acquiescèrent sans broncher.
— Bien, finit Rose. Je sais que tout ce que je viens de vous dire sera compliqué à digérer. Il le faudra.
Rose se leva, avec classe, repliant parfaitement son assiette sur la table. Sophie vint derrière elle et l’embrassa dans le cou, comme pour la récompenser.
— J’espère qu’au moins le repas vous a plu, dit la jolie rousse. Si vous voulez continuer un peu, je vous invite à prendre un digestif au bar.
Ils acceptèrent tous. Après tout cela, il semblait impossible d’aller se coucher sans un remontant fort.