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Je me réveille difficilement, pour une fois Julia ne me crie pas de me lever, ce qui d'ailleurs me paraît étrange, en temps normal elle est toujours debout avant moi à m'attendre dans la cuisine tasse de café à la main. Je prends une douche rapide, m’habille puis vais boire mon café, une fois ma tasse bue, je décide de retourner vers les chambres pour aller la réveiller avant de manger ma barre de céréale, je sais qu'elle déteste être en retard. Je ne frappe pas et entre sans même l’avoir prévenue de mon arrivée.

- Juliaaa ahhhh .... Désolée je ... Je ne savais pas qu'il était là ... Je me cache les yeux, me dirige vers la sortie, lorsqu'elle me crie :

- Kiara attention le mur. 

- Aïe, je frotte ma tête, plus précisément mon front, et merde. Ça va merci. Je prends ma voiture aujourd'hui on se retrouve au boulot. Lui criais-je avant de partir et de claquer la porte d'entrée.

Je n'ai pas pris le temps de déjeuner, habituellement je m'enfile au moins trois tasses à café. À l'avenir, prévoir un kit de survie dans ma voiture ! J'essaye de m'ôter cette image de ma meilleure amie avec ce type enfin Thibault de ma tête, mon ventre me rappelle aussi que je n'ai pas pris le temps de le nourrir... Il pleut à torrent dehors, journée qui commence assez mal pour moi, ce qui n'aide en rien mon humeur de chien. 

J'arrive au boulot, pour une fois je vais faire l'ouverture, je ne m'attends pas à voir Julia débarquer dans la minute qui va suivre vu ce qu'elle faisait, allait faire, ou avait déjà fait .... Stop Kiara respire et enlève toi cette image de la tête. Je te l'ai déjà dit : ils s'aiment, eux c'est de l'amour, un vrai amour avec de vrais sentiments, tu sais que ça existe ... 

- Tu parles toute seule ? 

Je sursaute. Cette voix ne m'est pas inconnue, lorsque je me retourne je le revois lui ... Mathew. Merde mais qu’est-ce qu’il fout ici ?! La porte était ouverte ? Je pensais vraiment à voix haute ? 

- Je viens chercher Thibault. La porte était ouverte alors je suis entré.

Soit il sait lire dans mes pensées, soit c'est du pur hasard et il répond toujours à ce que je pense. Je croise les doigts sous mon bureau pour qu'il s'en aille, mais il décide tout simplement de s'asseoir face à moi et de l'attendre ici .. Fait comme chez toi va-y !

- C'est sympa ici. Tu fais quoi au juste ? 

Comme simple réponse je lui montre mon diplôme accroché au mur. Il sourit en bougeant sa tête de droite à gauche et en levant les yeux vers le ciel.

- Tu es incroyable comme fille. Tu me fuis comme la peste, puis tu me fixes pendant le repas hier soir, je dois en déduire quoi ? Je hausse les épaules en simple réponse.  Et sérieusement ces vêtements c'est quoi ? On dirait ceux de ma grand-mère !

- Je t'emmerde. Enfin j’arrive à ouvrir ma bouche ! Je ne voulais pas le revoir, pas si vite, au secours... 

- Je suis ravi de le savoir ! Alors comme ça tu es éducateur sportif, classe , tu n'es pas si bête, tu en as dans le citron ! 

Ma respiration se fait de plus en plus forte et de plus en plus rapide, j'ai besoin que l'on vienne me sauver de cette situation, je bouge mes pieds sous le bureau, mes mains sont moites et j'ai peur de ce qu'il pourrait se passer s'il approchait un peu plus de moi ... 

- Salut Kiara. 

Sauvée, Thomas fait son entrée, je ne pensais pas que le voir allait me rendre si heureuse. Merci Dieu ! Je hoche la tête pour lui dire bonjour.

- Salut Thomas, je te laisse avec lui, il attend juste Julia, je dois y aller. 

Je me lève et vais pour franchir la porte quand soudain on m'attrape de nouveau mon poignet, c’est pas vrai, c’est quoi son problème ?

- Attends ... Son regard me transperce de nouveau je me sens mal à l'aise, pas de son contact sur mon poignet, bien que celui-ci me gêne, et brûle, mais pour le regard qu'il a sur moi il est si intense, sombre, énigmatique. A bientôt crochet du droit. Me dit-il finalement en me faisant un clin d'œil et me relâchant le poignet.

- Kiara. Je le vois m’interroger du regard, je me sens obligé de lui préciser. Mon prénom c’est Kiara pour ton information.

- Si tu veux, à bientôt Kiara. 

Je ferme les yeux une nano seconde, me détache enfin de son emprise sur moi, celui qu’il avait avec son regard, et je cours vers la sortie à l'arrière de la salle, j'ouvre la porte, il pleut encore et toujours mais je me contre fiche de cette pluie. Je sors et me mets en dessous de celle-ci, la tête vers le ciel en fermant les yeux, là enfin je respire, les gouttes qui tombent sur moi me font me sentir vivante et me permettent de respirer sans me sentir oppressée. J'ai besoin de me sentir vivante le temps d'un instant, je suis trempée mais je souris, je respire, car je suis libre..

- Kiara, rentre tu vas être malade. Me crie ma meilleure amie. Mais qu'est ce que tu fous dehors, il pleut au cas où tu ne l'aurais pas vu ! 

Et là je rigole quelques secondes de voir ma meilleure amie me crier dessus juste parce que je suis dehors, parce que je me rends également compte que ma vie est un véritable bordel depuis qu'elle a fait entrer Thomas, Thibault et son acolyte de pote dans nos vies et que je ne contrôle plus rien et que cela me fait peur. Julia ne me comprend pas et me regarde comme un alien, pour tout vous dire je ne me comprends pas moi même mais putain qu'est-ce que ça fait du bien de se sentir libre, de pleurer sous la pluie et de crier à pleins poumons. Julia me laisse me calmer et me ramène une serviette pour essuyer mes cheveux, me réchauffer un peu, je la pose sur mes épaules et me pose dans son bureau, au passage elle informe Thomas qu'il va devoir gérer seul le cours de rééducation de ce matin et que je le rejoindrai après. 

- Bon tu vas m'expliquer ? Bien que cela ne me dérange pas, mais ce n'est pas dans ton habitude de craquer ainsi ... 

- Ma vie part en couille Julia ... 

- Ta vie a toujours été comme ça Kiara. Tien manges. Je sais que tu n'as pas déjeuné. Me dit-elle en me donnant des petits pains et un café. 

- Merci. Et non Julia ma vie était réglée et bien organisée avant tout ça. 

- Tout quoi Kiara ? 

- Avant qu'il me prenne tout ... 

- Il faut que tu en parles à quelqu'un Kiara car ça te bouffe et te détrui la vie.

- C'est ce que je fais là, je t'en parle à toi. 

- Non ma belle, ce que je veux dire c'est qu'il faut que tu ailles voir une personne qui pourra t'aider et mieux te conseiller que moi.

- Dis le va-y ne te gêne pas. Tu veux dire un psychologue c'est bien ça. 

- Oui, ça va faire onze ans Kiara, onze ans que tu portes ce lourd secret, tu ne penses pas qu'il serait temps pour toi de recommencer à vivre ?! 

- Et si ce psy ne trouvait aucune solution à mon problème ? 

- Et si il en trouvait ?! Jamais tu ne t'es dit qu'il pourrait t'aider. 

- J'ai peur aussi. 

- De quoi n'as-tu pas peur ?!  

- Tu crois que je suis folle ?  

- Non tu es juste en quête de toi-même !!! Tiens prends cette carte et appelle la, ça ne coûte rien d'essayer.  

Je prends la carte qu'elle me tend, carte de Me Wispelaére psychologue. Je souffle et la range dans ma poche de manteau, je finis de déjeuner et me lève pour aller aider Thomas dans le cours. 

- Pense-y Kiara.  

Je ferme la porte derrière moi et poursuis ma journée à errer dans la salle me ressassant les paroles de Julia dans la tête et revoyant le visage de Mathew sourire aux lèvres. Pourquoi je pense à lui d'ailleurs ! Il m'énerve et je le crains. La journée se termine, je remercie Thomas d'avoir assurer les cours d'aujourd'hui, j'étais bien présente physiquement, mais je ne suis intervenue aucune fois n'ayant pas le moral pour travailler aujourd'hui. Il me sourit et me souhaite une bonne soirée. Il n'est que dix-sept heures trente lorsque nous avons terminé la journée, pour une fois je peux vaquer à mes occupations sans devoir attendre Julia pour me ramener à l'appartement. Alors je décide de prendre ma voiture et finalement d'aller directement à ce cabinet de Me Wispelaére ...