Cher journal, aujourd’hui, on a fêté mon onzième anniversaire. J’ai reçu des livres, car j’adore lire. Papa m’a fait un gâteau et Maman m’a offert ce journal intime vide. Je me suis dit que ce serait bien d’inaugurer ce jour si spécial par l’écriture de mes premières lignes dedans.
Aujourd’hui, jour de mon anniversaire, mon chien Bonté est parti. Papa et Maman m’ont dit qu’il était en « repos stratégique perpétuel, mention gestion des ressources vitales et familiales ». C’est dans le « Grand lexique de l’État », un livre très important dans notre pays. Depuis, c’est bizarre. Mon ventre se comporte étrangement et j’ai de l’eau dans les yeux, ce qui n’est pas très pratique pour voir… Je n’ai plus très envie de parler, ni de travailler pour notre glorieuse nation. Je suis peut-être en « état biologique de non-respect des normes de bonne santé », pourtant je n’ai pas de fièvre. Je ne comprends pas trop, alors je suis allé demander à ma mère. Elle m’a dit que ça lui était arrivé autrefois, que c’est un état mystérieux, mais que ça passe avec le temps. Cela aussi passera, donc…
À part cela, je suis arrivé dans mon nouveau collège. Ma professeure principale est emplie de gentillesse, d’énergie et de joie de vivre. Mes nouveaux camarades me parlent peu, mais ils sourient beaucoup quand je passe dans les grands couloirs de l’établissement. Nous avons chanté l’hymne des écoles : « Nous remercions l’État pour la qualité de notre éducation ». Mais bon, ça m’ennuie, car je sais bien que c’est grâce à notre président si nous sommes éduqués et en sécurité, on me le répète tous les jours depuis que je suis tout petit. Cela va de soi… Un camarade m’a dit que ma classe avait changé de professeure principale en cours d’année. L’ancienne avait envoyé un élève dans le couloir pour l’éloigner du groupe parce qu’il parlait avec des mots « non appropriés à la situation éducative du moment ». Elle n’est plus jamais revenue après ça, et des gentils brocanteurs sont venus récupérer et partager ses biens. Une petite famille a vite pris sa place dans sa maison, et la police a enlevé son nom de la liste des habitants de la ville, affichée dans la mairie. Je me demande où elle vit aujourd’hui…
Demain, on ira à la piscine avec le collège. J’espère que je ne serais plus dérangé par l’eau dans mes yeux…
À la lecture du résumé, j'ai tout de suite cliqué "ajouter à ma pile à lire" ^^
Pas déçue sur ce premier chapitre. La naïveté et la candeur de ce pauvre petit garçon sont touchantes et ce chagrin qu'il ne sait même pas nommer fend le cœur.
J'imagine qu'il va questionner le monde et la société dans laquelle il vit et que son ventre a pas fini de se comporter bizarrement :D
Je suis heureux de voir que cet objectif est au moins atteint (de montrer la naïveté et l'innocence de cet enfant). Et, en effet, il n'a pas fini de découvir le monde dans lequel il a vécu sans regarder et subi sans questionner.
J'espère que la suite te plaira tout autant !
Je sens que ton personnage va finir par disparaitre des noms de la ville s'il continue à se poser des questions!
et bien moi, je continue ma lecture du coup!
Merci pour ton petit avis qui me ravit et j'espère que la suite te plaira tout autant.
J'aime énormément ce début et le thème de l'histoire. C'est une excellente idée cette dystopie dans un monde où seule la positivité a une place. Elle est très bien maniée je trouve !
J'ai hâte de lire la suite !
J'espère que la suite te plaira tout autant.
Je sens un petit accent "anticipation" dans ce sujet.
Mon domaine de prédilection.
Comme Anna, j'ai hate de lire la suite.
Bruno
J'aime beaucoup le concept d'une société où le malheur est interdit ! Ça doit être tout particulièrement atroce. Petite vibe 1984.
Pensée par rapport au titre de chapitre : est-ce dix-sept ans après qu'une "loi" soit passée pour interdire la négativité ? Parce que si oui, alors les parents du héros par exemple, ont dû connaître une époque où pleurer était permis ?
En réalité, je me suis inspiré du Japon avec le règne des empereurs (un certain nombre année de l'ère d'un empereur). C'est une facilité scénaritstique qui me permet de ne pas dater le récit trop précisément.
Tous les éléments pour susciter de la curiosité et attendre la suite.
Le choix du journal intime était pour moi une bonne excuse pour montrer concrètement la censure du vocabulaire, dont un autre style de narrateur aurait été exempté. Ainsi, je limite la compréhension du monde à la seule vision du narrateur interne, un enfant qui plus est, qui est incapable de bien décrire son monde. Je n'avais pas conscience du fait que ça pouvait être casse-gueule, c'est bon à savoir ^^.
Les réponses vont venir d'elles-même, de manière fluide je l'espère.
Il y a un mélange de fatalité et de cynisme dans ce monde que le gosse ne comprend pas, mais qui me fait sourire. Une dictature de la bonne conscience, une dictature quant même.
Ca fait très ''Novlangue'' mais en plus long, pas pratique, peut être même pour décourager les habitants de réfléchir par ces termes, pour que ces concepts disparaissent complètement.
Le fait que le gosse soit anonyme est intéressant aussi, soit c'est pour ne pas identifier un individu parmi toute une population qui souffre, soit les noms ont été interdits.
J'aime bien.
Oui, c'était ça l'idée, par la disparition des mots "négatifs", les habitants deviennent incapables de réfléchir par ces termes qui n'existent plus ^^ C'est un peu la même idée que la prophétie d'Orwell.