14 mars 2031

Par Lewis

— C’est un plaisir de te revoir et de t’avoir à notre table, Jennie. Tu m’excuseras pour ce repas léger, mais on m’a prévenu un peu tardivement et je n’ai pas eu le temps d’aller faire des courses…

Madame O’Connor lance un regard sous-entendu vers Sarah et celle-ci lève les yeux au ciel, non sans un sourire au coin des lèvres. Lucy et moi rions discrètement.

— Il faut dire que les prix des aliments grimpent en flèche ces derniers temps, explique le père de Sarah. Certains magasins ont même du mal à réapprovisionner leurs rayons, c’est vraiment consternant.

Je m’arrête immédiatement de rire et jette un coup d’œil significatif vers mes amies. Madame O’Connor, à qui cet échange n’est pas passé inaperçu, se méprend et s’empresse d'ajouter :

— Oh, mais vous pouvez revenir manger autant de fois que vous le souhaitez. D’ailleurs, tu peux même rester ici Jennie, si tu ne veux pas être toute seule chez toi, ou même pour prendre une douche.

— Je ne voudrais pas être un fardeau pour vous…

— Ne dis pas n’importe quoi. Par les temps qui courent, je me sentirai plus rassurée de t’avoir avec nous.

Je remercie mille fois la mère de Sarah pour sa proposition. Avec des factures impayées depuis des mois, j’ai réalisé ce matin que je n’avais plus d’eau ni d’électricité à l’appartement.

— J’ai un stock impressionnant de boites de conserve chez moi, ajouté-je. J’en rapporterai la prochaine fois, si ça peut vous être utile.

— C’est très gentil de ta part. Je t’avoue que ça nous permettra de faire quelques économies. Les gens commencent à devenir dingues à ce sujet… La semaine dernière, deux femmes ont failli en venir aux mains pour un morceau de viande. Vous vous rendez compte ?

Je hoche la tête doucement. Les parents de Sarah réalisent-ils véritablement la gravité de la situation ou pensent-ils qu’il s’agit tout simplement d’une crise alimentaire ? J’ai la sensation que je passerais pour une folle alarmiste si j’essayais de leur expliquer que tout ceci est notre faute, que nous avons laissé les abeilles mourir sans rien faire. Ethan Lancy, cet entomologiste que j’avais l’habitude de regarder à la télévision autrefois, annonçait que notre monde ferait face à des bouleversements écologiques dans les dix prochaines années, mais c’est comme tout s’accélérait plus vite que prévu. Que le monde sombrait tristement au lieu de trouver une solution.

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Sarafinah
Posté le 16/03/2023
J'aime bien ce début en quelques sortes in media res. Grace au prologue rythmé on a saisi l'essentiel de la situation catastrophique qui se profile, et c'est pas plus mal de ne pas y passer 107 ans ! Il ne reste plus qu'à voir comment Jennie vivra tout ça au jour le jour :)
Ce chapitre-ci fait court et abrupt pour une lecture épisodique en ligne, mais quand on saisi le système par date, ça fait sens et j'imagine bien qu'en les lisant à la suite ce n'est pas choquant. Alors vite la suite justement xD !
Lewis
Posté le 16/03/2023
Hello Sarafinah,
Merci pour ton commentaire ! Pour le prologue, c'était en effet le but cherché, que ça ne paraisse pas trop long (en comparaison avec la première partie où il faudra quelques chapitres pour que tout s'accélère)
Et pour ces chapitres courts... j'ai pensé rassemblé les chapitres courts en un seul sur PA pour qu'il y ait un peu plus de contenu ahah ! En espérant que la suite te plaira !
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