Coucou Maël,
Non, ne t’excuse surtout pas. C’est à moi de le faire. Tu as raison. C’est juste… J’ai tellement peu l’habitude qu’on s’inquiète pour moi quand j’en parle, et je n’ai pas envie qu’on s’inquiète pour moi ! Tu sais, ce que j’ai toujours apprécié dans le fait de ne pas avoir beaucoup d’amis, c’est qu’il n’y aura que peu de gens à me regretter, quand le cancer gagnera finalement. Mais je pense que c’est un peu tard, pour toi… Alors, je suis désolé. Je ne voulais pas te blesser, Maël, je te le promets.
Et oui, je comprends. On a perdu ce côté léger ; je nous l’ai enlevé, finalement. Mais, jamais je ne voudrais cesser de t’écrire ! Ne rajoute pas ce peut-être, à la fin.
Moi aussi, pendant longtemps, j’ai été en colère contre mon cancer ; contre ma surdité, contre la vie qui s’était décidément acharnée sur moi. Même encore maintenant, ça m’arrive parfois. Mais, j’ai compris que ça ne servait à rien. Ma vie sera probablement déjà moins longue que la plupart des gens, alors pourquoi la perdre à me plaindre. J’ai déjà de la chance de pouvoir être soigné, logé, nourri, etc. Enfin, ce sont surtout les nombreux livres de développement personnel que j’ai lu qui parlent, là !
Tes lettres ne sont absolument pas pathétiques, même pas la dernière ; c’est moi qui suis pathétique, dans l’histoire. Je ne les échangerai pour rien au monde, et je suis plus qu’heureux d’avoir reçu TA lettre, par ce programme d’échange.
Je suis désolé pour ton évaluation de maths, et j’espère que ça ne posera pas de problème avec tes parents. Tu as fait de ton mieux.
J’espère que tu ne m’en veux pas trop, Maël, et peut-être même qu’on pourra retrouver nos lettres d’avant. Et jamais rien de ce que tu m’as dit n’a été puéril.
Bye.
Eliott.
❀
Salut,
Non, non, tu n’as pas non plus à t’excuser. Je sais que tu n’avais pas l’intention de me blesser. Je comprends ton point de vue, Eliott. Mais tu dois aussi comprendre le mien, et je suis sûr que tu le feras.
Ça ne veut pas non plus dire que tu ne peux plus me parler de ta maladie, au contraire ! Parles-en tant que tu veux, si ça peut t’aider. Et je pense que d’une certaine façon, j’ai besoin de savoir à quoi m’en tenir, tu vois ?
Eliott, la prochaine fois que tu dis que tu es pathétique, je te découpe en morceaux, compris ? (bon, je n’irais pas jusque là, mais tu vois l’idée)
Et tu n’as rien enlevé à nos lettres ! Je pense que ça devait simplement arriver ; on devait en parler, au lieu de se contenter de sujets “basiques”.
Ne t’inquiète pas, mes parents ont l’habitude de mes mauvaises notes en maths ! Et puis ils sont de la philosophie “Ce n’est qu’une note, c’est pas grave”, alors je n’ai pas trop de soucis à me faire par là !
Bien sûr que je ne t’en veux pas ! Tu n’as pas compris ? Je suis juste inquiet, pour toi et aussi, un peu égoïstement je le reconnais, pour moi ; pour après. Je souhaite de tout cœur que ça s’arrange pour toi, plus que tout, mais je ne peux rien y faire, et ça me rend malade ! Cette impuissance est fatigante, énervante et désespérante. Je t’apprécie vraiment, Eliott ; désolé si je t’ai blessé.
Et maintenant, fini les lettres d’excuses, de tristesse, etc ! Je veux retrouver nos échanges.
A bientôt (peut-être (oui, je le fais exprès)).
Maël.
❀
Maël était allongé sur son lit, dans le noir, sans pouvoir trouver le sommeil.
Ces dernières lettres avec Eliott étaient particulières, il avait eu comme le sentiment d’une brèche ouverte entre eux deux, brèche qu’il voulait à tout prix combler, sans vraiment savoir comment. La maladie de son ami ne quittait jamais totalement son esprit, l’inquiétude restait dans un coin de sa tête, en attendant de ressortir. Maël espérait de tout cœur que les choses pouvaient encore redevenir comme elles l’étaient avant.
Et puis, d’un autre côté, sa famille s’était ressoudée, comme pour contrebalancer. Sa mère le couvrait d’attentions pour se faire pardonner son attitude des dernières semaines, malgré les protestations de son fils. Les disputes entre ses parents étaient rares, ou du moins se faisaient-elles quand il n’entendait pas ; et ça le soulageait d’un bon poids.
Il saisit son téléphone, comme il l’avait déjà fait des tas de fois dernièrement, sans jamais franchir le pas. L’écran s’ouvrit directement sur le contact d’Eliott, c’est pour dire. Tant de fois, et celle-ci comprise, il avait appuyé sur le petit bouton pour écrire un message. Et puis, il fixait cette page vide de toute conversation, puisqu’ils en restaient aux lettres ; un soupçon d’ancienneté dans ce monde d’électronique moderne.
Mais cette fois, ses doigts coururent sur le clavier. Maël tapa un message, qui lui sembla si nul qu’il l’effaça. Il recommença, plusieurs fois, mais le supprimait chaque fois aussitôt. Le jeune garçon finit par éteindre son téléphone, qu’il posa sur sa table de chevet en soupirant. Les lettres, se répéta-t-il, il devait en rester aux lettres. C’est ce qu’ils s’étaient dit, ce qu’ils faisaient depuis plusieurs mois.
Y a pas trop de drama, ne t'en fais pas, si l'histoire était trop lisse, ce ne serait pas intéressant ! J'allais justement te faire cette remarque avant la partie """drama""" (au moment où on parlait des goûts de glace) Et puis bon tu sais à quoi je suis habituée en terme de drama x)
Je suis assez d'accord avec le commentaire précédent, comme quoi la réconciliation va trop vite. On ne ressent pas trop les obstacles que les deux garçons vivent. Cependant, pour ce qui est d'Eliott, son calme ne me choque pas. De ma propre expérience cette résignation est assez naturelle. Une sorte de "deuil" de sois-même que certains patients opèrent, ce qui parfois les rend malheureux quand ils sont guéris (ça s'appelle le syndrome de Lazare) !
Je te conseillerais du coup de plus faire ressentir la détresse de Maël, vu qu'on a que son POV. Ça peut aussi se ressentir dans certaines lettres : parfois tu es stressé et du coup tu es plus sec, ou plus larmoyant etc...
Je ne sais pas si je te l'ai déjà dit mais ton histoire me rappelle "Enquête par correspondance" qui est aussi un roman épistolaire sur deux adolescents qui deviennent ami. Peut-être que tu pourrais y jeter un œil^^
Petite répétition : J’ai tellement peu l’habitude qu’on s’inquiète pour moi quand j’en parle, et je n’ai pas envie qu’on s’inquiète pour moi
À bientôt !
Toi, du drama ? 😲😂
Je ne crois pas que tu me l'aies déjà dit, en tout cas je ne m'en souviens pas xD J'essaierais d'aller voir, alors !
Merci pour toutes ces petites remarques <3
Au chapitre 15 de l'histoire, après avoir lu la note tout en haut, mon ressenti est que peut-être tu dorlotes un peu trop tes personnages ?
Ton histoire est pleins de positivité, et c'est bien, ca fonctionne comme écriture. Mais les lecteurs, généralement, n'arrivent à apprécier les évènements qu'avec du contraste. Pour ressentir le bien-être ou la positivité, il faut que ça arrive après une période longue de galère ou un dénouement, quelque chose qui nous a mit le coeur un peu au fond.
Pour moi, c'est ce qui manque un peu dans ton récit.
Au début de ce chapitre, et du chapitre précédent, tu avais marqué que c'était l'arrivée des dramas. Pourtant, tout se passe si bien. La notion de drama est subjective, mais ce qui pêché ici, à mon avis, c'est que tous les persos veulent bien faire et tous savent comment bien faire.
Mael a demandé à sa mère de s'assoir, elle l'a immédiatement fait et il y a aussitôt eu une réconciliation. Elle voulait bien faire, lui aussi. Il a facilement eux la solution qu'elle a acceptée facilement à son tour. De même, le souci avec son père s'est résolu de lui-même.
Du coup, en tant que lecteur, il n'y a pas tellement de variation dans nos émotions. On est dans le bien-être et, à force d'y rester, cela devient normal pour nous, habituel.
Mael à des soucis à l'école et trouve du réconfort dans Eliott, mais on ne vit jamais ses soucis scolaires, on ne vit que la partie réconfort.
De même pour Eliott, on ne vit jamais sa maladie mais on vit Mael qui le réconforte. Je pense que cela peut freiner l'immersion d'un lecteur.
C'est tellement dur la maladie, c'est tellement "injuste" que je m'attendais à une réaction plus forte de Eliott. Ça aurait pu épicer l'histoire car ce n'est pas si simple de comprendre quelqu'un de malade. On aurait pu ainsi rentrer dans les pensées de Mael, pendant qu'il repensait aux mots de son ami, et qu'il essayait de se mettre dans sa peau.
Ok ok ! Je comprends totalement ce que tu veux dire, et en effet c'est très 💖💖💖 par ici xD
Merci beaucoup, j'essaierai d'améliorer ça pendant la réécriture !