15. Bocaux de papillons

Merle savait que son père n’était seul qu’une heure par jour. Benjamin, haut comme un lutin, roux jusqu’aux poils de la main et doté de lunettes rectangulaires, l’intimidait moins que sa mère. Isabelle était tout aussi petite, perdait également ses cheveux, mais avait des yeux qui pelaient les mensonges comme des mandarines.

L’artisan déambulait devant la papeterie que ses parents tenaient sept jours sur sept, dix heures par jour. Jamais personne dans l’univers n’avait été aussi dévoué à vendre le même carnet en deux formats et trois couleurs (brun, vert et jaune, comme le drapeau). Les élèves de l’école voisine passaient pendant les pauses. Même les professeurs avaient été sauvés mille fois par cette constance inconcevable de monsieur et Madame Abillion, les piliers du papier à lignes.

— Qu’est-ce que tu fais là ? demanda son père. T’es pas à l’Alcôve ?

C’était la première fois qu’ils se retrouvaient seuls depuis des voltes ; Merle se frotta le bras pour reprendre contenance.

Sa mère ne tarderait pas ; elle ne tardait jamais. Telle une négociatrice de guerre, elle terrorisait les marchands pour obtenir des primeurs à prix d’ami.

— J’ai besoin de te parler, croassa le jeune homme.

Le regard de Benjamin était difficile à déchiffrer ; il ne fit rien pour le mettre à l’aise, ne lui offrit ni à boire ni un tabouret, et resta derrière son comptoir comme un roi sur son trône.

— Voilà, j’ai… Il me faudrait… J’ai dû rembourser…

— Je t’avais dit que c’était pas une bonne idée, soupira immédiatement son père.

Il n’avait, et il va sans dire qu’Isabelle non plus, jamais vu d’un bon œil le magasin de Merle. Ils avaient déjà une enseigne, avaient-ils insisté à l’époque, alors pourquoi s’affubler d’une autre ? Et puis, des jouets n’étaient pas des articles de première nécessité : c’était donc risqué. Il eut mieux fait de les aider à la papeterie ou d’en ouvrir une deuxième.

— Ça périclite, déduisit-il avec un air entendu.

— Non, je…

La difficulté d’avoir cette conversation sans pouvoir donner le diagnostic d’Aymée était ahurissante.

— Avec Aymée, tenta-t-il, on va partir à Ilyn quelques lunaisons.

— Quoi ? ! Pour ses cartes, là ?

— Voilà. Oui, pour ses cartes. Et puis pour son sommeil. On dort mieux là-bas. Et elle ne peut pas y aller seule puisque…

Il fit un geste pour évoquer les vertiges et migraines. À cela au moins, ils acquiescèrent tous les deux.

— Bon, et ensuite ? s’impatienta Benjamin, avec un coup d’œil vers l’horloge.

— La traversée est hors de prix.

Il ne parvint pas à poser la question mais elle était suffisamment claire. Il avait besoin d’argent.

— Combien ? souffla son père.

— Je peux me débrouiller sur une partie mais il me faudrait au moins une rallonge de quinze mille.

Benjamin pâlit et émergea de derrière le comptoir. Il se planta devant Merle, le regard sévère levé vers lui.

— Tu penses que si j’avais cet argent, on n’embaucherait pas un assistant pour ouvrir le magasin ? Ta mère a mal aux doigts et moi aux genoux mais on ne va pas voir de médecins. Pourquoi, à ton avis ? On paye en plus votre nourriture et on ne loue pas vos chambres parce que vous vous y éternisez comme des fantômes. Je le trouve où, moi, cet argent, Merle ? Si ce que tu voulais, c’était parcourir le monde, il fallait choisir un métier plus sérieux. On ne peut pas tout avoir, mon fils, il serait temps que tu te réveilles un peu.

Merle ne sut pas ce qui le heurta le plus : les reproches ou ce « mon fils » prononcé comme une insulte. Il recula sans dire un mot, trouva la porte et partit. Il n’avait jamais été capable de se disputer convenablement.

 

Il rumina sous de faux sourires pendant des jours, puis trouva une autre solution. C’était désespéré et gênant, mais il n’était plus à ça près.

Dans sa caisse en bois il disposa une saynète forestière avec ses plus beaux jouets. Il parcourut la ville, porte à porte, avec ces trésors. Lorsqu’il vendait des figurines, il sortait ses plans pour son manège miniature et expliquait son fonctionnement avec enthousiasme ; mais personne n’avait jamais vu de maison de poupée aussi extravagante (« Je préfère celles qui ne tournent pas », lui dit gentiment une mère de famille) et le prix était dissuasif.

Il gagnait plus que s’il était resté au magasin mais pas assez pour s’offrir deux places sur le navire.

Il décida de tenter une incursion dans le quartier le plus surveillé de Canopée : les cabanes officielles.

C’était là que demeuraient les doyens, les ambassadeurs, ainsi que les plus haut gradés de la casquerie, l’université et l’hôpital.

Il enfila sa chemise bleu nuit qu’il avait mise à l’ouverture de l’Atelier Perché, ainsi que le nœud papillon à motifs d’étoiles qu’Aymée lui avait offert comme porte-bonheur. Il peigna ses cheveux en arrière et frotta ses chaussures. D’après Serge, les riches ne donnaient de l’argent qu’aux riches : il ne tenait qu’à lui d’en prendre l’apparence. Il parlerait le moins possible pour ne pas risquer de se trahir ; son naturel taciturne s’en accommoderait très bien.

 

Merle se glissa discrètement dans son atelier mais aucune prudence ne pouvait vaincre l’intrusivité de Serge.

— Bien le bonjour, camarade, chantonna-t-il en refermant la porte derrière lui. C’est qu’on te voit plus du tout par ici. Est-ce que tu te serais enfin trouvé une…

Le potier s’arrête en plein milieu d’une phrase, le regard rivé sur Merle. Il semblait aussi ahuri qu’une truite et aussi réjoui qu’un lapin.

— T’as enfin décidé d’écouter mes conseils ! s’exclama-t-il.

Merle accrocha précairement deux jouets à la structure vide de son manège. Les clients ne voulaient pas de plans qui feraient appel à leur imagination. Ils voulaient voir ce qu’ils achetaient. Même s’il détestait montrer un produit inachevé, Merle savait qu’il était temps de sortir le grand jeu. La capitaine n’attendrait plus qu’une semaine pour sa réponse. Il déposa le tout dans la caisse en bois sous le regard circonspect de son voisin.

— Décidément, maugréa celui-ci, j’y comprends rien à ton machin.

— Combien tu le vendrais ?

— Mais puisque je te dis que j’y comprends rien.

— Bon, tant pis.

— Non, non, attends, attends. Il te faudrait combien d’heures pour le terminer ?

— Une cinquantaine.

Serge sortit un carnet de sa poche — le plus petit format vendu par Benjamin et Isabelle ; c’était Merle qui le lui avait donné par politesse (« ça se fait entre voisins », lui avaient dit ses parents) mais Serge l’avait pris comme une preuve irréfutable de leur amitié naissante. Le potier enchaîna des calculs sous le regard circonspect du fabricant de jouets.

— Pas moins de huit mille. Pas plus de douze. Si tu avais plus de notoriété, ça pourrait monter jusqu’à dix-huit, mais là personne te connaît.

— Et si j’avais une lettre de la confrérie ?

— De la confrérie… Ah oui, bien sûr, là, ça changerait tout, bafouilla Serge avec émotion. Mais qui pourrait… Pourquoi tu me regardes comme ça ? Je ne suis pas encore confrère.

— Tu as déjà leur papier à lettres, non ? Tu m’as dit que tu avais acheté toutes leurs marchandises à la dernière convention.

— C’est un investissement.

Merle le regarda en silence.

— Mais prétendre que je suis confrère alors que je ne le suis pas peut me faire risquer un conseil disciplinaire.

— Tu ne prétends rien, tu écris juste une lettre sur du papier qui t’appartient. Ce que les gens comprennent, ça les regarde.

Serge semblait encore dubitatif, alors Merle soupira.

— Ça m’aiderait énormément.

Le potier le dévisagea, stupéfait, puis acquiesça. Il revint dix minutes plus tard avec une lettre de recommandation officielle. Merle la glissa dans sa veste et souleva sa caisse. Serge l’aida à fermer et le suivit à travers l’Alcôve, confus de nouveau.

— Attends, mais tu vas où comme ça, en fait ?

— À la Roseraie !

— Hein ? Mais t’as perdu le nord ! Le porte-à-porte, c’est déjà un truc d’original, mais la Roseraie c’est carrément du suicide. Les casqués vont pas te laisser toquer à plus de deux maisons.

— J’ai pas le choix, Serge.

— Je peux convoquer les confrères, ils ont toujours plein d’idées. Une réunion dans une dizaine de jours, ça t’irait ?

— Merci pour la lettre ! lança Merle avant de sortir de l’Alcôve.

 

Merle traversa la ville prestement en direction de son plus beau quartier résidentiel. Là, il n’y avait qu’une cabane par tronc et les étages se déployaient vers les hauteurs avec finesse. Des roses grimpantes tournoyaient autour des rambardes, portes et fenêtres. C’était d’une telle poésie que Merle mit quelques instants à se rappeler ce qu’il venait y faire.

Vendre.

Il toqua à une porte en acajou sculptée avec des bas-reliefs saisissants qui racontaient la création de Canopée. Un majordome vient lui ouvrir, l’air consterné qu’un visiteur se présentât sans rendez-vous préalable.

— Vous n’êtes pas sur la liste, dit-il en secouant un document vierge.

— J’aimerais m’entretenir avec votre employeur, répondit Merle le plus dignement possible.

— Vous n’êtes pas sur la liste, répéta l’autre.

Était-ce un humain ou un de ces automates fedhiens dont on entendait parler ? Merle comprit au fil des portes que c’était la réponse obligatoire des domestiques du quartier, comme un livret de théâtre qu’on leur confiait quand ils obtenaient leur poste. Il ne tenait pas à prolonger la tragicomédie absurde, alors il inventa toutes sortes de répliques, dont aucune ne fut la clef magique qu’il espérait.

Ce qui le sauva fut un caprice.

Tandis qu’un énième majordome lui répétait que s’il n’était pas dans le répertoire de monsieur l’ambassadeur, il ne pouvait pas le rencontrer (et qu’il ne pouvait pas être inscrit dans le répertoire sans une autorisation de l’ambassadeur), ils furent interrompus par une petite fille.

— Philibert, où est mon chocolat chaud ? geignit-elle.

Elle arriva, une main sur une hanche, une couette chaotique sur le crâne, dans une combinaison en laine qui lui grimpait des orteils jusqu’au menton. Ses yeux scrutèrent Merle avec une perspicacité terrifiante.

— Vous êtes venu m’apporter des jouets ? demanda-t-elle.

Merle se souvenait d’elle : c’était la nièce de l’ambassadeur, celle qui prétendait lui faire acheter des montagnes de jouets ; autrement dit, son alliée la plus précieuse dans l’univers entier.

— J’apporte un prototype que personne au monde ne possède encore, dit-il un peu plus mécaniquement que Serge l’eût souhaité, mais avec les mots que le potier lui avait soufflés cent fois (« quitte à vendre des machines que personne comprend, autant faire rêver un peu »).

— Le truc rond, là ? dit la gamine en pointant vers la caisse.

— Celui-là même. Il fait danser la lumière et les animaux.

— Il tourne comme la planète, observa-t-elle. Sauf que nous on n’émet pas de lumière. Vous pouvez le sortir de la caisse ?

— Mademoiselle ! gronda le majordome.

— Philibert, vu que vous ne m’avez toujours pas donné de chocolat chaud, je me ferais discret si j’étais vous.

— Oui, Mademoiselle.

— Allez chercher le duc. Dites-lui que je me suis fait mal ou quelque chose.

Philibert parut sur le point de répliquer mais s’inclina et partit.

Merle était horriblement mal à l’aise. Déjà, l’autorité de cette petite fille était effrayante ; et puis si un casqué passait alors qu’il était là, à la porte de l’ambassade, en pleine conversation avec une enfant, il finirait au cachot.

— Alors, vous le sortez ? insista la petite.

Merle s’exécuta et déposa le manège sur le parquet du vestibule, sans y entrer lui-même.

Il n’y avait qu’une hirondelle en haut et un faon en bas. Il avait de la chance que le soleil soit si fort encore ; il détourna les particules qui arrivaient vers lui et, tandis que son visage plongeait dans l’obscurité, le manège se mit à tourner autour de son axe central, qui s’était illuminé. Les ombres des animaux furent projetées sur les murs, enchantant toute la pièce.

L’enfant ne parlait plus du tout. Le jouet cessa de tournoyer et la petite continuait de le fixer, coite. Merle eut peur de l’avoir mystérieusement offensée mais il fut rassuré lorsque l’ambassadeur en personne accourut.

— Tu n’es pas du tout blessée, dit-il sur le ton de la réprimande.

— Je veux ça, répondit-elle en pointant vers le manège immobile.

— Il y a plus d’animaux, d’habitude, bredouilla Merle, et ça tourne avec la lumière.

L’homme avait tourné vers lui son regard glacial et il en perdait tous ses mots de vente. Qu’avait dit Serge déjà ?

— C’est un jouet éducatif, trouva-t-il enfin.

— Vous êtes le héros de l’incendie, articula l’ambassadeur. C’est vous qui avez organisé le transfert des cendrés.

Il lui serra la main comme pour le féliciter. Si ses mots étaient flatteurs, ses yeux, eux, restaient métalliques.

— Combien ?

— Douze, tenta Merle.

— Ah ! Le sens des affaires, quand même.

— Tonton Anto, je veux le jouet. Avec des papillons.

— Bien sûr, bien sûr, dit l’ambassadeur sans quitter Merle du regard. Avec des papillons, répéta-t-il.

Personne ne demanda son avis à l’artisan, mais comme son prix était accepté, il ne fit aucune remarque.

Il ne lui restait plus qu’à devenir expert en papillons.

 

Merle annonça la nouvelle à Aymée, qui s’étonna qu’il n’eût même pas demandé la moitié en acompte.

— Vous n’avez qu’à ouvrir une boutique avec Serge, répondit Merle sèchement, puisque vous avez tous les deux le commerce dans le sang.

Sa sœur en eut un fou rire.

Elle lui présenta une révérende sénile qui avait eu une passion pour les papillons dans sa jeunesse. Elle s’emmêlait les pinceaux à tout bout de champ mais Merle la ramenait patiemment sur son sujet.

Elle avait voyagé pendant trente ans en quête des sublimes machaons, dont un cercle rouge ponctuait un lac jaune et une frise bleue, des ornithoptères vert émeraude, lestera troglophylla chaussée d’échasses ou encore le camouflé sphinx tête-de-mort. Elle corrigea leurs gammes de couleurs et raconta son affection irrationnelle pour les papillons nocturnes, plus modestes et discrets.

Elle leur prêta son très vieux filet, qui dégageait grâce à un sortilège une odeur que les papillons adoraient. Avec les voltes, le parfum devait avoir évolué, cependant, parce que trop de volatiles le trouvaient à leur goût, et Merle dut dépêtrer un moineau qui s’y engouffra avec frénésie. Il se fit aussi piquer par des abeilles et poursuivre par une horde de mouches, mais réunit enfin un panel de papillons.

Aymée plaça chaque lépidoptère dans un bocal. Lorsqu’il y en eut une dizaine qui voletait sous leurs yeux, elle commença à les dessiner et lui à les sculpter. Ils échangeaient des commentaires et des questions lorsqu’ils rencontraient un obstacle, mais pour le reste ils travaillaient en silence.

Les premiers essais étaient soit trop éthérés — on eut dit des fils de soie tant Merle cherchait à rendre leur grâce — soit trop lourds, lorsqu’il tentait de graver chaque motif des ailes.

Il prévint sa famille qu’il passerait quelques nuits hors de la maison, prépara un sac et s’installa dans sa cabane. À l’aube, il rejoignait Aymée aux Huttes pour sculpter, puis il ouvrait le magasin quelques heures, vendait des jouets en porte-à-porte et revenait passer la soirée parmi les révérends.

Basile et Diane passaient chaque jour et ajoutaient leur grain de sel au manège qui commençait à prendre forme. Le chercheur multipliait les commentaires géométriques et anatomiques, tandis que la marnée parlait de choses mystiques comme le souffle, la puissance et l’intention.

 

Un jour, alors que Merle considérait sérieusement la possibilité de brûler l’intégralité du monde, ce qui réglerait tous ses problèmes d’un coup, Siloë fit un passage auprès des patients. Sa présence illumina l’Orée et Merle le ressentit tout particulièrement lorsqu’elle se pencha sur son manège et dit :

— C’est plus magique que la magie.

Pourtant, il était inachevé, à l’arrêt, dans l’ombre. L’enthousiasme que Merle lut dans ses yeux l’encouragea à cesser ses jérémiades de perfectionniste et à le terminer avant qu’il soit trop tard.

Une dernière nuit blanche fut consacrée au fignolage. Aymée et Merle peignaient chaque figurine de papillon avec délicatesse. L’encre qu’ils utilisèrent pour les contours des motifs était phosphorescente.

L’aube arriva, froide et lumineuse. Ils regardèrent le jouet merveilleux tourner et étinceler. Les effets de lumière donnaient la sensation que les papillons s’envolaient.

— T’avais raison, dit Aymée avec un sourire.

Elle seule l’avait soutenu lorsqu’il avait imaginé et dessiné les plans de ses manèges. Il avait décidé depuis le début qu’il n’en ferait que quatorze, car ils les concevait comme des hommages à la création, une forme de prière. Plus que treize.

Il ne résista pas à la tentation de l’apporter à la poterie et fut satisfait de l’expression ébahie de Serge.

 

Il fut ensuite temps de le livrer. À contrecœur, Merle se dirigea vers la Roseraie. Il espérait tomber sur le majordome : ils échangerait le manège et l’argent sans un mot, tels des pirates qui pillent une épave.

Hélas, l’ambassadeur insista pour le recevoir dans son cabinet, où Merle déposa le manège sur le tapis gris et or.

— Parfait, parfait, fit le dignitaire sans un regard vers le jouet. Et dites-moi alors, comment un jeune homme comme vous connaît si bien l’Orée ? C’était une idée fantastique que vous avez eue.

Merle s’installa dans le fauteuil en cuir qu’on lui indiquait, même si cet homme lui donnait la nausée.

— J’y vais depuis que je suis petit, répondit-il.

— Vraiment ? C’est de là que vient votre passion pour les… marginaux ? Vous êtes resté en contact avec les Voltigeurs, si je ne m’abuse.

— Les Voltigeurs ?

— Les ilyens.

Merle fronça les sourcils et recula sur sa chaise. Quelque chose n’allait pas.

— Voulez-vous boire quelque chose ? demanda l’ambassadeur.

— Non merci, je suis pressé.

Il saisit néanmoins par politesse la tasse de thé que le fedhien lui servit.

— Voyez-vous, je suis curieux de ce qui motiverait un chercheur renommé à accepter un poste de remplaçant ici.

— Vous pourriez lui poser la question, suggéra Merle.

— Les gens ont tendance à mentir, rétorqua l’ambassadeur. Mais pas vous, n’est-ce pas ?

Le duc jouait avec l’enveloppe noire qui contenait la somme exorbitante qu’il lui devait.

— Je ne connais pas bien Basile, dit Merle pour couper court à la conversation, donc je ne suis pas le mieux placé pour vous répondre.

— Ah bon ? Et moi qui croyais que votre sœur l’avait eu comme médecin depuis que la docteure Gravine est indisposée.

Que voulait cet homme ? Merle se leva et resta immobile comme un pantin détraqué.

— Je dois y aller, dit-il avec un regard vers l’enveloppe.

— Comprenez que les hypothèses de Monsieur des Rosiers m’ennuient mais ne m’inquiètent pas, contrairement à ce qui vit dans la forêt…

— Pardon ?

— Vous êtes très mauvais comédien, Merle Abillion.

Hébété, Merle sortit de l’ambassade à grands pas, sans manège ni enveloppe. Le sang battait à ses oreilles. Son visage l’avait-il trahi ? Que savait cet homme exactement ? Pourquoi était-il venu de Fedha ? Les murs se refermaient, si nombreux à la fois que Merle ne savait plus très bien qui essayait de le noyer.

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Raza
Posté le 21/09/2024
Arg, tout ça pour abandonner l’argent? Mais il était là, faut pas paniquer comme ça, Merle! Bon, le début est pas mal du tout, le dialogue père fils crédible, alors que ce sont des scènes quibpeuvent vite tourner au cliché, bravo :)
La petite fille à qui on le refuse rien, je la déteste avant même qu’elle entre en scène :D

L’histoire:
Ce manège est beaucoup mentionné avant, c’est vrai, mais on n’a pas vraiment de lien émotionnel avec lui je trouve. Si c’était un peubplus fort ça rendrait le chapitre plus fort aussi. Je dois avouer, honte à mpi, que je n’ai pas retenu que Merle était un héros de l’incendie. :/
Monde: les ambassadeur.rices… mais que font ces gens, concrètement? Qui les paient, pour quoi faire?
Il y a une élite, visiblement retranchée dans ses quartiers. Est ce que ça veut dire qu’il y a bcp de criminalité? Si c’est le cas, ça ne se ressent pas beaucoup. (Dans les villes à faible criminalité, les flics sont pas très présents dans les quartiers riches, parce que ça sert à rien)
Le rythme : ça va un peu vite sur la semaine qui passe mais c’est normal.
Le style : perso j’ai pas compris le regard qui pèle les mensonges :/
L'utilisation du prénom pour le père me parait toujours à côté. On est tellement avec Merle en tant que point de vue que ça parait bizarre.
Le thème : un sacrifice, un sacrifice! Pardon. Ce qui est dur c’est qu’on a un sacrifice déjà un peu mental (je pense que tout le monde met les sacrifice matériel en dessous des sacrifices mentaux), et à la fin, on se demande si ce ne sera pas un sacrifice encore plus grand (son honnêteté intellectuelle/sa candeur/etc…)
Les persos: j’aime bien tous ces persos. Ils sont égaux à eux mêmes, prêts à rendre service, se sacrifier, ou profiter de la situation, je n’ai pas grand chose à dire ici.
Merci et à bientôt!
Nanouchka
Posté le 12/10/2024
Coucou Raza ♥

- T'as raison, j'aimerais introduire les manèges avant pour qu'il y ait un lien plus fort avec eux.

- Je vais préciser le rôle des ambassadeurices dans ce monde (qui est le même que dans le nôtre : gérer les liens politiques et culturels entre nos divers pays).

- Intéressant point sur la criminalité. Il y en a peu à Madeira, donc je peux effectivement mettre moins de sécurité dans le quartier riche. Ceci dit, l'ambiance est de plus en plus tendue récemment là-bas, donc autant je peux en mettre un ou deux et expliquer que c'est inhabituel.

- Ahahaha c'est noté pour le regard qui pèle les mensonges.

- Noté pour les prénoms des parents qui font bizarre quand c'est d'un point de vue d'enfant. Je vais rectifier partout.

- Je vais réfléchir au thème du sacrifice pour moi-même et voir comment je le décline dans le roman. Je pense que la question que je pose c'est "comment bien aider ? comment garder un équilibre sain entre être là pour les autres et prendre soin de soi ?". En gros. Avec les dérives d'un côté et de l'autre.

Chouette que les persos fonctionnent pour toi !

Merci beaucoup ♥
Sorryf
Posté le 10/06/2023
J'ai adoré ce chapitre ! Passionant et très beau !

"des yeux qui pelaient les mensonges" -> c'est magnifique ! j'adore !!!!

Et qui revoila ? Seeeeeeeeeeeeeeeeeerge !! (j'imagine la voix stridente du générique de Jeanne et Serge, haahaha). Franchement, il m'a impressionnée ! Merle le trouve chiant et le critique tout le temps, et en tant que lecteur on a envie de se moquer un peu de lui, mais il assure, déjà il est de bon conseil (mdr) mais en plus il a a peine hésité a frauder le système pour aider un pote ! c'est pas tout le monde qui ferait ça, surtout avec la mentalité qu'on imagine à Serge ! Ceur sur lui, j'ai toujours su que c'était un gars sur xDD

"plus magique que la magie" -> c'est trop beau OMG ! et ce manège, il a l'air tellement incroyable, j'avais l'impression de l'avoir devant les yeux et vraiment c'est une merveille <3<3<3<3

Quelle angoisse la fin du chapitre ! Il va être payé quand même è.é Qu'il se soit barré comme ça, ça le rend encore plus suspect :x je suis deeeeg qu'il soit reparti sans l'enveloppe, si tu savais !!

Tu dis qu'il n'a qu'une semaine avant la décision de la capitaine, mais après il met plusieurs jours a paufiner le manège, se renseigner sur les papillons... dans cette phase là, je te conseille de rappeler un peu plus souvent l'urgence du temps.

J'espère que Serge (ou Diane) vas pas laisser ça se passer comme ça et va venir récupérer les sous !!! C'est quoi ces manières non mais oh ?
Nanouchka
Posté le 10/06/2023
Ahahahahahaha merci pour ton passage haut-en-couleurs, ça me réchauffe toujours le cerveau et le cœur de savoir que tu es là, à l'autre bout du roman. J'ai tant d'affection pour Serge aussi, malgré son côté insupportable.

C'est noté pour ton conseil de remonter un poil l'urgence du compte à rebours, j'hésitais justement sur où mettre le curseur.

Merciiii <3
Vous lisez