15- départ et arrivée

Par Taranee

    Je ferme mon sac à dos d'un geste déterminé. Les trois semaines de préparation sont passées très vite et il est déjà l'heure de partir. Jhon jubilé et ne cesse de parler, Huju semble Pensive, un léger sourire flotte sur dmses lèvres roses. Erwan ne dit absolument rien. Quand à moi, j'essaye de me renseigner tant bien que mal sur ce qui nous attend dans l'autre monde. Malheureusement, grand-ma ne peut pas me donner beaucoup d'informations... Bon... Il va falloir improviser. Je jette mon sac sur mon épaule et j'annonce :

- Nous sommes prêts à partir. 

Soudain, Jhon se met à sangloter théâtralement. Exaspéré, je demande :

- Qu'est-ce que t'as ? 

- Snif... Je ne m'étais pas rendu compte que tu étais devenu un leader pendant notre absence... Mon frère est enfin devenu adulte ! 

Je grogne et je donne une tape sur la tête de mon frère qui se met à rire. Je soupire fort et je demande à grand-ma comment passer d'un monde à l'autre. Elle me répond :

- Ah oui ! Le moyen le plus simple est d'utiliser une pierre de passage. C'est une tablette d'ardoise comme celle de camouflage sauf qu'elle ouvre des tunnels entre les deux mondes. Vous pouvez l'utiliser trois à six fois selon la pierre. 

Je hoche la tête. L'ancienne me tend une deuxième pierre gravée de signes. Cette fois-ci j'arrive à les lire : Va et viens, passe-partout. Je tourne la pierre. Au dos, il y a une spirale. Grand-ma me dit qu'il n'y a pas besoin de formule cette fois-ci. Je me contente donc de passer mon doigt dans la fête creusée dans la planche. 

    Un bourdonnement désagréable me parvient aux oreilles puis la pierre émet une vive lumière et se met à surchauffer dans ma main. Je manque de la lâcher mais je me dis que si elle tombe, elle se cassera. Et alors, je pourrais dire adieux au monde des monstres et au remède qui sauvera mon frère du poison. Je tiens fermement la pierre jusqu'à ce qu'un tunnel gris apparaisse dans le salon. On dirait de la brume compacte. C'est ce tunnel qui me mènera dans l'autre monde. Je ressens une vive douleur. Comme si une lance se plantait dans mon cœur pour en ressortir et se planter encore. L'appréhension. Je ne sais pas ce qui m'attend là-bas... Mais ça pourrait causer ma mort. Doucement, je saisit la poignée de mon sabre que je garde toujours à portée de main et je m'avance vers le passage. Je l'examine un moment avant de marmonner :

- J'étais sûr que cette maison ne m'apporterait que des ennuis ! 

Puis je saute.

 

~*~

 

C'est horrible. J'ai la sensation d'être écartelé, mes membres me causent une douleur sans nom, mon cœur est prêt à me déchirer la poitrine tellement il cogne dessus... Je serre les dents. C'est bientôt fini. Je ne sais pas si les autres m'ont suivi dans le passage. J'ai même pas pu leur dire au revoir. J'ai mal. J'ai si mal ! C'est insupportable. Je sens que je bascule dans l'inconscience. 

 

~*~

 

    Quand j'ouvre les yeux, je suis allongé sur le sol. Je vois un ciel azur, magnifique. Je tente de me redresser mais cela me cause un énorme mal de tête. Je me masse les tempes et je m'assois très lentement pour ne pas avoir mal de nouveau. Devant moi s'étendent une infinité de champs multicolores. L'herbe sur laquelle je me trouve est d'un vert pur qu'on a jamais vu sur terre. Quelques arbres m'entourent. Tous sont parés de feuilles rouges et dorées, leur tronc est couleur café. Le soleil brille et des nuages bien dessinés se font porter par un léger vent. J'ai l'impression de rêver. Je dois l'avouer, je ne m'attendais pas à un tel spectacle dans un monde rempli de monstres... Perdu dans ma contemplation, je n'entends pas le cri poussé au dessus de ma tête. Une masse noire s'abat sur moi et me fait tomber. Je me relève, douleureux, et je vois Jhon qui grimace :

- Aïe aïe aïe ! Ce passage est pire qu'horrible ! J'ai eu l'impression d'être mille fois poignardé ! gémit mon frère, puis, s'adressant à moi : Et toi, pourquoi t'es resté à l'endroit de ma chute? Tu ferais mieux de t'écarter, les autres arrivent...

Les brumes de l'enchantement que je ressentais se dissipent et je m'empresse de m'écarter. Bientôt, Erwan arrive. Sa chute est rude mais il se relève vite. Puis je vois Hyju arriver et je prends soudain conscience de quelque chose : Elle est en chute libre, il n'y a rien pour la freiner, elle va tomber la tête la première sur le sol dur. Elle risque de mourrir ! Je me précipite à l'endroit de sa chute mais je ne sais pas quoi faire. Mes bras ne suffiront pas à la stopper ! Je commence à paniquer. Voyant cela, Jhon me bouscule :

- Pousse-toi Liam ! Si tu peux pas la rattraper, ne gêne pas ceux qui peuvent.

Jhon tend les bras. Erwan vient le rejoindre. Hyju se rapproche à une vitesse folle et finit par tomber dans leurs bras tendus. Jhon réagit vite ; dès que Hyju a touché ses bras, il les replie et s'assoit pour contrer l'élan que la chute a donné à Hyju. Elle est sauvée ! Elle se relève et s'époussète. Je croyais qu'on était au complet quand je vois grand-ma arriver. Contrairement à nous autres, elle va lentement. Elle est entourée d'un halo de lumière et tombe au ralenti. On dirait un ange. Elle vient délicatement poser ses pieds sur le sol. On croirait que le monde s'est arrêté. Personne ne bouge, personne ne parle, le silence est tellement complet qu'il en devient assourdissant. Même le vent s'est arrêté pour laisser grand-ma descendre :

- Bon on y va ?! On a pas tout notre temps les jeunes ! s'écrie l'ancienne, nous sortant de nos pensées.

Je souris et je répond :

- Vous êtes venue ?

- Ben oui ! Je n'allais pas laisser quatre jeunes gens s'aventurer dans un monde où la mort est partout alors qu'ils n'y connaissent rien !

- Ce monde semble pourtant très calme...

- Oui. Au premier abord. Mais la guerre a été si dévastatrice que quand un monstre aperçois ce qui ressemble à un humain de près ou de loin, il le détruit, le tue immédiatement. Vous savez Liam, chez eux, c'est nous qui sommes des monstres...

- Grand-ma... Comment en savez-vous autant sur le monde des monstres ?

- La vieillesse et la connaissance vont de pair. Et cette race n'est pas la race des monstres... Ces êtres vivants s'appellent des Duhèëra.

- Comment ? je demande, pas tout à fait sûr de comprendre.

- Tout comme nous sommes humains, eux sont Duhéëra. Ils nous appellent aussi les monstres dans leur langue mais nous avons un autre nom. Il en est de même pour eux. Alors appellons-les par le nom de leur race. Vous comprenez monsieur. Pollock ?

- Je... Je crois oui...

Je prends un instant de réflexion. Nous n'avons pas de carte. Nous ne savons pas où chercher l'antidote. C'est ce que je fais remarquer à Grand-ma. Elle sourit fièrement et annonçe :

- Votre carte, ce sera moi. Le premier ingrédient se trouve dans les forêts. La forêt la plus proche est vers l'ouest. Alors en avant !

 

 

 

 

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