Alors que Kalan s’endormait, Ahia en profita pour se laisser aller. Elle s’éloigna pour libérer ses pleurs et son estomac qui la menaçait de vomir depuis son entrée dans la prison. Elle avait blessé des Elfes. Elle en avait même tué afin que personne ne se souvienne d’elle. Des Sombres et des Hypnotiques gisaient sur le sol de la prison par sa faute. Et les sensations qui émanaient des faubourgs et des cellules n’étaient pas plus agréables à assimiler. Désespoir, tristesse, deuil et pire encore. Certains prisonniers étaient entrés dans un état de léthargie qui lui faisait froid dans le dos. Et la souffrance de Nessan… Réonde était encore plus cauchemardesque que ses propres actes. Elle n’avait pas eu le choix, n’est-ce pas ? Elle avait bien dû sauver ses amis ? Le poids de ses pouvoirs et de sa solitude l’accabla. C’était injuste. Elle était si prise par sa détresse qu’elle ne sentit pas la présence de Popi avant qu’il ne lui lèche le coude. Le chiot la regardait d’un air triste. Ahia lui rendit son regard puis observa les frères dormir. Elle avait pu partager son secret et Kalan l’aimait toujours autant, elle le sentait. Malgré son dégout, elle ne regretta pas de l’avoir sauvé. Avec lui, elle serait moins seule.
*
Kalan se réveilla en sueur. Il avait mal partout. Articulations grinçantes et muscles en coton, il se leva tant bien que mal. Ahia le regarda d’un air douloureux.
— Je suis si triste à regarder ? s’amusa-t-il.
Elle secoua la tête, se leva et s’approcha de lui. Il n’était pas intimidé par sa nudité. C’était sa meilleure amie, la gamine qui courait fesses à l’air à leur rencontre et la femme qui l’avait libéré. Elle pouvait bien se vêtir comme elle l’entendait, il ne voyait en elle que la personne fabuleuse qu’elle était. Ahia le prit dans ses bras.
— Ce que tu peux être bête ! le gronda-t-elle gentiment. Avec toute cette agitation, on n’a même pas eu le temps de se retrouver. Ness et toi, vous avez subi des douleurs dont je n’ai pas la moindre idée… C’est injuste ! J’ai l’impression qu’on a volé votre santé, votre temps et nos retrouvailles. J’aimerais pouvoir vous protéger, vous apaiser grâce à tout mon amour. Mais je ne peux pas. Et je ne t’ai même pas pris dans mes bras, je ne t’ai même pas dit à quel point j’étais heureuse de te retrouver. Je suis terrifiée et soulagée en même temps. Mais tout ce que j’ai fait, c’est te déstabiliser avec mes changements de forme, tu ne dois même pas me reconnaitre.
Elle s’était mise à pleurer. Kalan ne savait depuis combien de temps il dormait, mais elle avait dû employer cette durée à se ronger les sangs. De son côté, il se sentait un peu perdu. Il ne savait pas s’il retrouverait son frère, il souffrait comme jamais il n’avait souffert et il avait redécouvert une meilleure amie bien mystérieuse. Il la serra dans ses bras. Elle était là, en chair et en os, qu’importe leur agencement physique. Elle l’avait secouru, elle les avait sauvés et elle était pleine de remords à son égard malgré tout.
— Ton amour ne nous a pas sauvés de toutes les souffrances, mais il nous a tirés d’un sacré pétrin, lui dit-il tout bas. Sans compter tout ce que ce même amour m’a offert depuis tout petit. Nos retrouvailles ne se sont effectivement pas déroulées comme je l’avais prévu. J’ai des idées folles, mais pas au point d’imaginer ça ! Oui, c’est injuste. Et oui, on n’a pas pris le temps de se retrouver, mais en même temps je ne sais pas comment je tiens debout. Et finalement, oui, tu as raison, je te reconnais difficilement sous une forme d’ourse ! Mais je te reconnais bien dans ta capacité à aider le gros nul que je suis et à quand même te culpabiliser !
Il parvint à lui arracher un petit rire. Elle se dégagea et essuya ses yeux. Puis elle lui offrit son magnifique sourire et les ténèbres dans le cœur de Kalan se dissipèrent un peu.
— J’ai plein de questions à te poser, lui confia-t-il.
— Moi aussi ! Si on se mettait en route pour en parler sur le chemin ?
— Ça marche.
Popi aboya en les voyant se préparer au départ. Le petit chien semblait heureux de poursuivre l’aventure.
— Quel drôle de compagnon ! s’exclama Kalan. Je suis content que tu nous accompagnes, Popi.
— C’est un chiot, il faudra peut-être le mettre dans mes fontes, il ne doit pas trop marcher.
— Je vois, mais après avoir vécu enchainé à un mur, il doit être heureux de gambader.
— Il était enchainé ? Quelle horreur ! Les Elfes de Réonde n’ont vraiment aucun respect pour les êtres vivants.
Ahia se changea en jument et attendit que Kalan lui mette la selle. Elle s’accroupit sur les genoux afin de l’aider à y monter Nessan.
— Si tu es trop mal, je pourrais te porter un moment, proposa-t-elle.
— Ça devrait aller, mais je veux bien prendre appui sur toi.
— Bien. Je te propose qu’on raconte à tour de rôle nos aventures. Qui commence ?
— Je vais commencer, ce sera plus rapide.
— Très bien, je t’écoute.
Kalan lui narra tout depuis le début. La conversation avec sa grand-mère, la rencontre avec Touma, Wakami et Ligoth, les souvenirs d’elle qui semblaient précieux, sa vision de Linone et de ses injustices, les échanges avec Touma, son arrivée chez Armekin, la rencontre de Nessan avec cette étrange Alliance et finalement la prison. Il n’oublia pas de lui raconter comment il avait libéré Popi. La queue de ce dernier frétilla en entendant son nom, puis le chiot replongea dans l’exploration des odeurs de la forêt. Kalan expliqua aussi les douleurs d’un sevrage d’Indigo et les cris de Nessan face à l’Hypnotique.
— Il l’a saccagé uniquement parce qu’il avait de la sympathie pour cette Alliance, c’est insensé, conclut-il. Cet Hypnotique était fou de rage en comprenant que c’était Wakami qui avait protégé nos souvenirs. Je me demande comment ils se connaissent.
— Tu penses que ce Wakami est un membre connu de l’Alliance et qu’il a fait le lien ? Si c’est un Hypnotique puissant comme tu le disais, il pourrait être leur chef.
— Je n’en sais rien, je ne pense pas qu’il serait chef, il est jeune et Touma ne se gênait pas de le remettre à sa place. Si ces deux-là font partie de l’Alliance, on devrait peut-être les rejoindre, mais je n’ai aucune idée de comment les retrouver. D’ailleurs, où est-ce qu’on va aller ? On ne peut pas fuir éternellement.
— En effet, je comptais rejoindre la vallée de Din, là où vivent la plupart des Cornides qui ne travaillent pas dans les sanctuaires de Linone.
— Tu penses qu’on sera acceptés ?
— Peut-être si je me fais passer pour une jeune Cornide qui est née en dehors de la vallée et qui veut y retourner avec ses deux amis, dont l’un est gravement touché. Ça vaut le coup d’essayer.
— Je vois. Je n’ai aucune idée d’où aller, alors je te suis. Bon, à toi de me raconter ! Et il va falloir commencer depuis ton enfance, j’en ai peur.
— Je vais tenter de te faire un résumé. Je ne te garantis pas de ne rien oublier. Dix-huit ans, c’est long !
Ahia lui raconta donc son histoire. Elle avait grandi dans une petite chaumière avec ses deux parents. Son père était un Sombre argenté, sa mère une Hypnotique aux cheveux roses et au front violet. Elle n’avait pas de souvenirs bien précis sauf qu’elle avait vécu dans un foyer rempli d’amour. Elle était née moitié Sombre et moitié Hypnotique. Ahia n’était encore qu’un bébé quand elle s’était transformée pour la première fois. Elle était prise dans un grand babillage avec le chat de la maisonnée quand tout à coup, elle avait compris comment être chat. Sa mère était tombée dans les pommes en trouvant un chaton à la place de son enfant. Elle avait fini par s’habituer et avait compris également que sa fille pouvait se transformer en Hypnotique ou Sombre si besoin. Elle l’avait donc encouragée à être tout comme papa ou tout comme maman. Ses parents lui avaient appris à ne jamais montrer cette capacité à un Elfe. Jamais ! Petite, elle n’avait jamais rencontré assez d’Elfes pour s’inquiéter de cette restriction.
Sa vie était plutôt sauvage, Ahia gambadait souvent en forêt malgré son tout jeune âge. Elle passait du temps avec les écureuils, les renards, les lapins, mais aussi les escargots et les bourdons. Rapidement, elle s’était liée d’une grande amitié avec les louveteaux de meute qui deviendrait sa future famille.
Elle ne sut jamais pourquoi, mais vers ses cinq ans environ, ses parents s’étaient grandement agités, persuadés qu’on voulait leur mort. Sa mère l’avait alors emmenée en forêt et lui avait demandé de rester vivre avec les loups et de ne plus jamais revenir à leur chaumière, de ne plus jamais s’approcher des Elfes. Elle lui avait fait ses adieux et son père était venu l’embrasser une dernière fois. Ahia avait vu ses parents s’enlacer une dernière fois. Elle les avait regardés et avait gravé l’image de leur amour dans ses souvenirs, une dernière fois… Puis elle s’était enfuie. Loin de ses parents, loin de sa maison, loin des Elfes, loin du massacre à venir.
Son cœur avait tant souffert, l’injustice l’accablait. Sa mère-louve l’avait accueillie dans la meute. Son chagrin pourtant énorme n’avait pas duré si longtemps, les loups ne vivant que dans le présent échappaient plus facilement à la mélancolie. Elle avait alors profité pleinement de son enfance et des moments de jeux avec ses petits frères et sœurs. Elle ne s’éloignait de sa meute que pour se nourrir, rechignant à manger des êtres appartenant à ses autres espèces. Ahia confia à Kalan que les loups évitaient également de s’approcher de la Ligne car si les animaux ne craignent pas les Hypnotiques, l’instinct les mettait en garde contre le mal qui régnait dans la Zone. Elle n’avait donc jamais vu ce qu’il s’y passait.
Puis un jour, elle avait aperçu Géolde en lisière de forêt, premier Sombre qu’elle croisait depuis des années. À cet instant, de vieux souvenirs chauds et douloureux étaient remontés en elle. Elle avait pris instinctivement sa forme de petite fille hybride et s’était avancée vers lui, croyant pour une raison inconnue avoir retrouvé son père, bien que les deux Sombres ne se ressemblent pas. Enfant perdue, elle avait cependant vite réalisé son erreur et les souvenirs douloureux de la perte de ses parents avaient refait surface. Malgré sa stupeur, Géolde l’avait prise avec lui, ravi de la voir prendre une forme de Sombre. Il avait gardé le secret toutes ces années, Déline elle-même ne savait rien de son apparence.
Dans son récit, elle sauta le passage de sa vie à Montet car Kalan connaissait bien cette partie-là. Une période heureuse où elle s’était fait des amis Sombres et avait rencontré son âme sœur. En revanche, elle lui expliqua avoir réalisé au fil du temps qu’elle était la seule personne à voir les auras et à posséder un don d’Empathie : elle était capable de ressentir les émotions des autres êtres vivants. Kalan comprit mieux comment la petite fille étrange qu’il avait rencontrée à l’époque avait pu si bien le comprendre. Il fut touché qu’Ahia l’ait tout de suite aimé pour ce qu’il était au plus profond de lui, bien que cela soit personnel et un peu gênant.
— Tu dois penser que ton intimité n’est pas respectée, s’excusa-t-elle en sentant probablement ses réactions émotionnelles. Mais j’ai l’habitude et je ne juge jamais ce que je ressens.
— Ne t’excuse pas. Je te fais totalement confiance, je dois juste m’y habituer. Continue ton histoire.
Ahia soupira avant d’expliquer :
— On en arrive à mon envie de partir de Montet et de découvrir le monde… ou plutôt qui je suis. Ce corps… Mon corps… C’est comme si… comme si tu ne savais pas où s’arrêtaient ton bras, ton buste, tes jambes… Est-ce que tu me comprends ?
Kalan déglutit avec difficultés. Il n’avait pas réalisé à quel point l’existence d’Ahia était difficile à appréhender, même pour elle.
— Malheureusement, je ne pense pas pouvoir totalement te comprendre un jour, avoua-t-il avec regrets. Mais ça m’a l’air effectivement compliqué, instable et un peu effrayant.
— Oui, mais te partager tout ça, c’est un vrai soulagement ! Vivre en secret, c’est comme si je n’existais pas vraiment. Pas dans le regard des autres en tout cas… C’est compliqué !
Ahia lui raconta alors avoir débuté son aventure le long de la Ligne où elle avait surpris un étrange groupe d’Elfes examiner les dégâts sur la végétation.
— Une Cornide, un Sombre et un Hypnotique puissant… Ce pourrait être Touma, Ligoth et Wakami, releva Kalan.
— Possible ! En tout cas, l’Hypnotique s’est approché si près que j’ai eu peur et me suis enfuie.
Ainsi, sous une forme de corneille, elle avait pénétré le cœur de la Zone. L’effroi s’empara à nouveau d’elle en repensant à ce qu’elle y avait vu.
— De la végétation, des animaux et des Sombres qui pourrissent à l’air libre.
Kalan frissonna. C’était donc ainsi qu’avait fini son oncle, un cadavre oublié. Ahia lui annonça qu’il n’y avait plus la moindre trace de vie en dehors des agents de Linone se servant dans les réserves d’Indigo. Car c’était apparemment de là que venait le précieux liquide et Kalan eut un rire jaune
— Turg nous a envoyés jusqu’au faubourgs de Réonde pour lui fournir ce qui est extrait à côté de chez nous ! Les Ceinturiotes, on est définitivement tous plus pathétiques les uns que les autres. Et qu’est-ce que tu as fait en découvrant ça ?
— J’ai paniqué…
L’horreur de la Zone avait alourdi sa solitude, ses doutes, ses peurs. Elle avait fui, le plus loin possible. Son instinct qui la guidait parfois malgré elle, lui avait dicté de partir à tire d’ailes. Et c’était ce qu’elle avait fait, allant jusqu’à se mêler à un groupe d’oiseaux migrateurs pour traverser la mer et rejoindre un autre continent tout au Sud.
— Une mer ? s’étonna Kalan. J’en ai entendu parler dans des contes, mais je ne pensais pas qu’on pouvait la traversait.
— Pourtant si, notre monde est vraiment gigantesque et peuplé d’Elfes. Malgré ça… Je n’ai pas rencontré la moindre personne comme moi.
— Oh, je vois.
Kalan sentit à nouveau le poids de l’existence d’Ahia qui ignorait tout de sa nature.
— J’ai toujours su que tu étais unique, déclara-t-il pour lui remonter le moral. Et tu as traversé une mer ! Bon sang ! C’était comment là-bas ?
La question remonta le moral d’Ahia qui lui raconta sa découverte de plantes et d’animaux inconnus dont elle pouvait également prendre l’apparence. Et surtout son étonnement face aux Elfes, des Cornides, des Sombres et des Hypnotiques qui cohabitaient ensemble dans une belle harmonie.
— Et personne n’avaient peur des Hypnotiques ? questionna Kalan.
— Personne ! On ne parlait pas la même langue, je n’ai fait que les observer, mais mon Empathie n’a ressenti aucune crainte.
Elle était ensuite revenue au printemps, décidée à explorer Linone, évitant seulement Esli et Réonde, craignant les gardes et autres Elfes qui s’y trouvaient. Elle cherchait à mieux comprendre le royaume et à trouver un moyen de sauver les membres de la Ceinture. En dehors de sa découverte de la vallée de Din où les Cornides vivaient loin des problématiques du royaume, rien d’utile n’était ressorti de son exploration.
— Alors je suis rentrée à Montet, la peur au ventre et bien décidée à faire migrer nos proches loin de la Zone, quitte à devoir affronter les contrées sauvages des Cerlanfes. J’ai retrouvé nos terres pratiquement dans le même état que lorsque j’étais partie. En revanche, ce n’était pas le cas au nord et j’ai même découvert un village isolé pris dans la Ligne…
— La garde veut peut-être camoufler la catastrophe…
— C’est possible. Enfin c’est quand je suis arrivée à Montet que j’ai perçu ton désespoir et que je suis venue te secourir en confiant à Lusa la responsabilité de sauver notre village…
Ahia avait tout plaqué pour lui, malgré la gravité de la situation. Son cœur se gonfla à l’idée qu’une personne aussi fantastique et unique lui porte tant d’amour. Son propre sentiment d’amitié lui parut sur le point d’exploser. Il inspira un grand coup, comme pour intégrer cette réalité.
— Quelle vie Ahia ! Tu es une perle rare. Tu as vécu avec des parents de races différentes, avec des loups, à Montet, dans le Sud… Je ne comprends toujours pas en quoi les souvenirs que j’ai de toi sont importants ni pourquoi Wakami a tenu à te protéger, mais tu n’es pas ordinaire, c’est le moins que l’on puisse dire. Je suis honoré d’être l’ami d’une personne aussi incroyable et qui a tant de qualités ! Mais il y a une chose que je ne comprends toujours pas.
— Laquelle ?
— Comment tu as fait pour disparaitre à la prison ? Je te voyais, puis tu n’étais plus là et tu es réapparue en ourse sur la tête d’un garde.
Elle gloussa mentalement.
— Je n’avais pas disparu, j’ai simplement pris l’aspect d’une mouche et je me suis posée sur la tête du garde avant de changer d’apparence. Ce n’est pas une technique très gracieuse, mais c’est efficace !
— Pas bête ! avoua-t-il en hochant la tête. J’admets que c’est simple et pratique. Si j’étais un Omnifaune, je m’amuserais à faire ce genre de farce !
Ahia le poussa du bout de son grand museau équin.
— Rester dans la même forme, il n’y a rien de plus frustrant, confia-t-elle. À Montet, ça me démangeait ! Comme si tu devais t’interdire de marcher.
— Tu m’imagines, moi, rester plusieurs jours sans bouger ?
— Je ne voudrais pas être là pour te supporter !
Les deux proches continuèrent à se taquiner puis un gémissement douloureux de Nessan les tira de leur conversation. Ahia s’arrêta le temps que Kalan le redresse et lui fasse couler un peu d’eau dans la bouche. Son état ne s’aggravait pas, mais ne s’améliorait pas pour autant.
— Qu’est-ce qu’on va faire ? J’ai peur qu’il ne survive pas au trajet, confia-t-il.
— J’ai peur, moi aussi, avoua Ahia. Je propose qu’on s’arrête près de Ruke. C’est un village malfamé et dangereux, mais qui a l’avantage d’être abandonné par les gardes. On devra quand même être prudent, il pourrait y avoir une patrouille ou un avis de recherche sur nous, vu le carnage que j’ai laissé en prison… On achètera de quoi lui faire des purées et des couvertures pour l’emballer.
Kalan soupira. Il avait la tête lourde et mal partout. Articulations grinçantes et muscles en coton, il continua sa marche, appuyé sur Ahia. Les camarades avançaient lentement à cause de la végétation, mais c’était mieux que de rester sur les sentiers. Son inquiétude pour Nessan ne cessait de croitre. Son frère avait été torturé, son village natal allait être anéanti, sa meilleure amie était un mystère ambulant, il fallait regagner un village inconnu en passant par un village malfamé pour trouver un semblant de paix pour Nessan et peut-être des soins adaptés. Si les Cornides les acceptaient ! Pourtant, avec Ahia à ses côtés, ainsi que Popi, il sentit une chaleur au fond de lui. Une petite lueur d’espoir, flamme vacillante, regagna son cœur. Il allait sauver son frère, trouver quelqu’un pour lui venir en aide, Lusa tirerait Montet du pétrin, Ahia et lui fuiraient leurs ennemis. Voilà l’énorme projet qu’éclairait cette toute petite lueur d’espoir.
Popi se coucha de tout son long juste devant eux. Il avait apparemment tout donné. Kalan l’installa dans les fontes d’Ahia et en profita pour caresser son pelage duveteux.
— Tu sais quoi, Dame Énigme ? lança-t-il. Je n’ai aucune idée de la catégorie dans laquelle te ranger ni pourquoi tu existes. Et je m’en fiche ! Regarde Popi : tu as l’impression qu’il se demande si tu es plutôt Sombre, Hypnotique, mammifère, oiseau ou même plante verte ? Non, il est juste bien content de nous avoir. Alors, on va prendre exemple sur lui et profiter d’être ensemble. On a bien assez de soucis comme ça. Je sauverai Nessan avec ma meilleure amie qu’elle soit Sombre, putois ou bousier. En route !
— Toujours aussi fin ! le railla-t-elle.
Kalan sourit. Enfin, il avait retrouvé Ahia. Et il avait l’impression d’avoir une occasion pour également se retrouver lui-même. Quand il était petit, sa grand-mère lui avait dit de veiller sur son amie, qu’elle était importante. Il n’avait pas été un très bon protecteur pour elle, c’était au contraire Ahia qui l’avait sauvé. Cela ne l’étonna pas, elle lui avait toujours offert ce qu’il était incapable de lui rendre et cela n’avait aucune importance. Les deux camarades s’étaient retrouvés et allaient pouvoir se diriger vers leur avenir commun. Un avenir qui allait les surprendre de bien des manières.
– FIN –
Bon, grosse pression sur ce commentaire de fin de tome du coup, c'est une première fois pour moi... Si jamais t'as des questions qui restent après lecture de mon pavé t'hésite pas à me les poser, ici ou en mp, j'y répondrai au mieux :)
Déjà, commencer par te dire que de mon côté, je suis ultra prête à suivre Kalan, Nessan et Ahia dans le tome 2. Pour quelles raisons ? Déjà, voir Nessan aller mieux (j'espère!!!), mais aussi découvrir un peu cette synergie Ahia/Kalan dont on a beaucoup entendu parler mais très peu connu en tant que lecteur (t'as tout gardé au chaud dans ta tête ;) ), surtout qu'on se représente leur amitié principalement à travers le prisme de Kalan je-me-dévalorise-non-stop (donc vision légèrement biaisé quand même :) ). Je suis sûre qu'il lui apporte beaucoup plus que ce qu'il veut bien l'admettre. Pour finir sur ce point, j'ai hâte aussi de voir le rôle que chacun des personnages qu'on a pu rencontrer dans les grands bouleversements qui attendent Linone (j'imagine le trio rejoindre l'Alliance d'une façon ou d'une autre, je vois Touma et Wakami comme les seuls capables de guérir Nessan de toute façon, et puis peut être seront-ils rejoint pas la petite princesse rebelle et sa servante/amie).
Niveau vision d'ensemble du tome, du coup, je trouve le rythme équilibré, avec une fin bien en apothéose, la mise en place des personnages futurs au bon moment, le retour également des différents personnages croisés au début.
J'ai un seul regret au moment du point final : j'aurais aimé que, lorsqu'elle lui révèle sa nature hybride et son passé, Ahia montre à Kalan son vrai visage. Tu as peut-être prévu un passage là dessus par la suite, mais c'est quelque chose que j'attendais depuis presque le début du tome, et plus précisément depuis que Kalan croise des hypnotiques dans la première ville de la ceinture, et qu'on voit le dégoût qu'ils lui inspirent. Là je me suis demandé quels bouleversement de ses valeurs et de ses émotions allaient se jouer au moment où il verrait le vrai visage de celle qu'il adule tant ; à ce moment là du récit je m'imaginais même que ce serait soit une scène de "conflit" (Ahia blessée par sa réaction en sentant la peur qu'il refoulait devant elle), soit potentiellement une scène romantique. Après lecture de la suite, je ne m'attend plus à un avenir amoureux entre eux (surtout à partir du moment où ils se font un câlin tout nu en ne ressentant aucune gêne XD), mais ça n'enlève rien à la force de leur relation (comme quoi on peut avoir un personnage masculin et un féminin au devant de la scène dans un roman fantasy sans les mettre en couple à la première occasion ! XD)
Voilà pour mes réactions spécifiques fin de tome, je reste dispo si t'as d'autres questions.
Les petites remarques plus spécifiques au chapitre :
- J'aime trop Popi
- Est-ce qu'Ahia ne se montrerait pas un peu maternante parfois avec les jumeaux, avec cette envie de les protéger et de les apaiser "avec tout son amour" ? Je l'ai reçu un peu comme ça mais c'est peut-être juste mon interprétation.
- "La question remonta le moral d’Ahia qui lui raconta sa découverte de plantes et d’animaux inconnus, dont elle partageait visiblement les gênes de ces derniers"
-> je pense qu'il faut enlever "de ces derniers" ("dont" reprend déjà le COI si je dis pas de bêtise)
- nombre d'occurence des mots ami/amitié à réduire un peu sur ce chapitre je pense
Et sinon beau chapitre, qui boucle bien la boucle, et qui me laisse bien sur ma faim aussi. Bravo à toi et j'espère à très vite :)
Oui Ahia est un peu trop protectrice de ses amis, même quand elle devrait penser à elle (d’ailleurs pour ça qu’elle ne montre pas son visage hybride à kalan qu’elle a peur de chambouler mais je réfléchirai quand même à ce que tu as dit là-dessus !)
Pour les remarques spécifiques : « ces derniers », j’ai eu un peu peur pour rien qu’on pense que j’incluais les plantes dans le complément mais y a peut-être pas besoin de préciser au final
Et Popi : j’annonce, c’est mon meilleur perso voilà xD
Moi j’adore mettre l’amitié en avant et ça se ressent dans mon écriture ? Noon impossible! Haha je relirai en faisant attention à ceci :)
Je vais retaper ce premier tome avec tous les commentaires reçus et je publierai la suite :) ça devrait bientôt arriver et j’espère que ça te plaira toujours et que j’aurai encore le droit à tes superbes retours ! Dans tous les cas merci beaucoup pour ce suivi qui m’encourage énormément :’)
À très vite sur une histoire d’Elfes ou de dragons ;D
"Merci beaucoup de m’avoir suivi tout ce premier tome vraiment!!" -> c'était un plaisir, j'espère que t'auras beaucoup d'autres retours pour un maximum de regards croisés :)
"d’ailleurs pour ça qu’elle ne montre pas son visage hybride à kalan qu’elle a peur de chambouler" -> ahhhh je comprends mieux, elle est encore plus prévenante que ce que je pensais...
" j’ai eu un peu peur pour rien qu’on pense que j’incluais les plantes"
-> alors je réalise qu'en fait je n'avais pas compris la phrase dans le bon sens je crois, t'as mis gêne mais c'était "gènes" non? Parce que du coup au point d'empathie où elle en est ça ne m'étonnais pas qu'elle partage la gêne des plantes...
"Et Popi : j’annonce, c’est mon meilleur perso voilà xD" -> tu m'as plié de rire !!
à très vite bon courage pour les corrections c'est pas toujours le plus fun !
Pas le plus fun de corriger, mais toujours intéressant (ou vite fait quand ce n'est que des coquilles)
À bientôt