15- Préparation du voyage

Notes de l’auteur : Bonne lecture


 

Il fut décrété très solenellement que Nour avait des pouvoirs. Azénor était formelle, ce qu'elle avait véçu dans le jardin d'Oren était une forme de projection astrale. Le médaillon avait certainement aidé à cet état de conscience avancé, peut-être même que c'était La Tamlin elle-même. C'était un excellent signe. Pour elle Nour savait désormais se servir du pouvoir du bijou, et Mahaut semblait même vouloir l'aider. Nour était donc décidée à rencontrer son aïeule, coûte que côute. Sa grand-mère ? Elle ne parvenait toujours pas à y croire.
 

De gros nuages gris, annonciateurs d'une pluie immimente, parsemaient le ciel qui commençait à gronder. Les élèves se pressaient de terminer leurs déjeuners avant l'averse. Ca se chamaillait, ça parlait fort, ça rigolait. Les tables étaient jonchées de livres, de miettes et de gobelets renversés. A la table de Nour et d'Oren, l'ambiance n'était guère différente. L'effervescence régnait, mais ici ça chuchotait frénétiquement.

-- Tu comprend ce que je dis Azénor, ton grand-père m'a pris le médaillon.

-- J'ai bien entendu, et tu n'aurais pas dû lui donner.

-- Il m'a prise au dépourvu, je ne m'attendais pas à le voir devant la maison de bon matin.

-- C'est vrai qu'il nous a fait peur, renchérit Oren.

Le conseiller les attendait tôt le matin devant la maison des Tannen, au même endroit qu'Azénor la première qu'elle s'y était rendue. Il voulait savoir comment s'était passé leur petite expédition en Lunadin, avait fait le trajet jusqu'à l'école avec eux, et quand Nour s'y attendait le moins il avait réclamé le médaillon, prétextant qu'une connaissance avait peut-être des informations.

-- Vous vous inquiétez trop, il suffit de le récupérer, affirma Azénor.

-- Comment ? demanda Nour, véritablement septique.

-- En le volant pardi.

-- Mentir, voler, tu n'es pas vraiment recommandable Azénor Hiver, fit remarquer Oren.

-- C'est tout à fait exact, s'en amusa l'intéressée.

-- Tu vas voler ton propre grand-père ? interrogea Nour.

-- Pas moi, toi.

-- Pas question, cria Nour. Méroé Mora se fera un plaisir de m'emprisonner si je me fais prendre.

-- Y'a pas à s'inquiéter, faîtes-moi confiance. Grand-père est à Petit-bourg toute la journée pour voir les commerçants. J'aurais préférée avoir plus de temps mais nous devons agir aujourd'hui, après l'école j'irai distraire le garde à l'entrée du Conseil pendant que vous vous rendrez dans son bureau. Le médaillon est certainement dans son coffre, et il cache la clé dans un tiroir à double fond. Ce sera simple vous verrez.

-- Je suis pas convaincue, admit Nour.

-- Moi non plus, reprit Oren.

Pourtant au fond d'eux la décision était prise.

 

La journée leur paru interminable, Nour et Oren se lançaient souvent des regards pleins d'appréhension. Nour ne suivit pas les cours, elle était ailleurs. Elle craignait de se faire prendre évidemment, aussi elle ne cessait de se poser la même question, pourquoi Hiver voulait le médaillon ? Le chambellan avait-il raison, le conseiller était-il un menteur et un fourbe ? Quand la cloche sonna ils s'élançèrent sur le chemin du Conseil, résignés mais obstinés. Nour devait récupérer son bijou, sans cela ce serait compliqué d'entreprendre le voyage pour retrouver Mahaut. Elle avait voulu partir seule, mais Oren et Azénor s'y étaient opposés, ils formaient une équipe. Restait à décider quand partir et à préparer ce périple jusqu'au hameau des tourmenteurs.
 

Le garde du Conseil n'était pas à son poste, Azénor avait accomplie sa mission avec succès. Accéder au bureau du conseiller fut un jeu d'enfant, tout comme trouver le tiroir où se trouvait la clé. Mais ce n'était pas la seule chose qu'il y avait à l'intérieur, une missive décachetée intrigua Nour qui s'en empara sans réfléchir.

-- Qu'est-ce que c'est ? demanda Oren qui en profitait pour fouiller un peu partout.

-- Je sais pas mais c'est avec le médaillon, ça doit être important.

-- Ouvre-le.

Alors qu'elle décachetait le pli, des bruits leurs parvinrent du couloir. Ils se cachèrent derrière la porte, Nour mit le médaillon et le mot dans sa poche. Quand le silence se fit ils sortirent en catimini. Ils se précipitèrent dans les couloirs du Conseil, tentant tant bien que mal de ne pas courir.
 

Azénor devait les attendre sur la grand-place, près de la fontaine. Ils marchaient à pas pressés quand Oren se heurta à quelqu'un. Nour leva les yeux sur Méroé, l'air sévère et agacé.

La cheffe des gens d'armes était toujours aussi impressionnante.

-- Ou courrez-vous comme ça ?

-- Nulle part, répondit trop rapidement Oren.

-- Ca tombe bien finalement, je voulais te voir, dit-elle en s'adressant à Nour.

-- Moi, pourquoi ?

-- Il y a du changement. A partir de demain un garde t'accompagnera à l'école le matin, et te conduira à la caserne le soir. Tu y dormiras, je veux t'avoir à l'oeil. Tu en profiteras pour me raconter ton petit voyage en Lunadin.

-- Vous ne pouvez pas m'enfermer. Je ne crois pas que le conseiller Hiver soit d'accord.

-- Le conseiller se soucie de toi c'est indéniable. Prépare tes affaires, un gens d'arme t'attendra demain après l'école, répondit-elle sèchement.

-- Mais c'est pas juste Madame, Nour n'a rien fait de mal fit Oren.

Méroa Mora ne prit pas la peine de répondre au garçon, mais elle s'approcha de Nour.

-- Je sais que le médaillon appartient à La Tamlin, murmura-t-elle à son oreille avant de s'éloigner.

 

Azénor les attendait déjà, le sourire aux lèvres. Tout s'était déroulé parfaitement, selon son plan. L'euphorie disparu à l'annonce du traitement qui attendait Nour, et cette révélation de la cheffe Mora, c'était plus qu'intriguant. Comment était-elle au courant ?

-- Nous devons partir demain matin, affirma-t-elle.

Oren et Nour répondirent simplement par un mouvement de la tête.

-- Chez moi il y a une carte du pays, dit-elle après un moment. Il me faut aussi des herbes. Retrouvons-nous demain matin à la sortie du hameau. Laissez un mot à Elias, mais faîtes-en sorte qu'il ne le trouve pas tout suite, il nous faut garder de l'avance.

-- Ah mince, fit soudain Nour. Tu me fais penser qu'il y avait cette enveloppe dans le coffre de ton grand-père. J'aurais sans doute pas dû le prendre.

-- Mais si tu as bien fait, dit Azénor tandis qu'elle ouvrait le pli tendu. Il est écrit : "le mercenaire Harold accepte la mission. L'enlèvement de l'enfant royal elfique est déjà planifié. Détruisez ce message dès sa réception."

-- Qu'est ce que ça veut dire ? interrogea Oren.

-- Elijah va être enlevé, il faut tout de suite le prévenir.

-- C'est vraiment bizarre, et alarmant, déclara Azénor. Je me demande pourquoi Elijah n'est pas sous protection martial, pourquoi la reine n'est pas au courant ? J'imagine qu'elle retirerait son fils de l'école illico.

-- Ce serait pas une mauvaise chose, souffla Nour.

-- C'est peut-être pour ça que le conseiller ne veut pas en parler, il ne veut pas faire peur à la reine, ajouta Oren. Elle pourrait décider de fermer le Sanctuaire.

-- Elle peut faire une chose pareille ? demanda Nour.

-- Ho oui. An Domhan est sous la protection elfique depuis toujours. Ils n'aiment pas se mêler de nos affaires sauf si c'est nécéssaire, répondit Azénor.

-- Le conseiller a peut-être bien déjà fait arrêter les coupables, ce message est une preuve, où qu'il le fait surveiller de loin, sans qu'il le sache, suggéra Nour.

-- Ou peut-être que c'est le conseiller lui-même qui a organisé l'enlèvement, tenta Oren.

-- Pourquoi ferait-il une chose pareille, c'est ridicule Oren, se fâcha Nour.

Non, elle ne pouvait pas croire que le conseiller capable d'une chose aussi affreuse.

-- Moi non plus je ne veux pas y croire, confia Azénor.

-- En tout cas, cela a certainement un lien avec toi Nour, ou avec Mahaut, ou les deux, enchérit Oren.

-- Vous savez où se trouve Elijah ? demanda-t-elle.

 

Azénor alla rejoindre son grand-père sur la grand-route, elle devait l'empêcher de retouner dans son bureau dans la soirée. Oren et Nour cherchèrent Elijah pendant une bonne heure, dans la chambre qu'il occupait durant le semaine à l'auberge d'Epoké, dans sa librairie préférée, selon les dire de l'aubergiste, dans le salle d'armes du Sanctuaire et même à l'Observatoire. Mais rien. Sur le chemin qu'ils les ramenaient chez les Tannen ils furent surpris de voir le lynx qui les suivaient de loin.

L'heure du voyage était venue, quand le reverraient-ils ?

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