16. Le procès

Par Romane

Une foule imposante se massait devant la Bibliothèque d’Hydendark, un long bâtiment sans grâce de pierres blondes, dont une aile abritait les quartiers du Conseil des Corporations. Lorsque le fiacre qui conduisait Viya et George ralentit, la jeune fille vit avec angoisse une bonne centaine de têtes pivoter dans leur direction.

– Prête ? demanda l’Intendant avec douceur.

En dépit de la situation, il n’abandonnait pas sa bienveillance coutumière. Elle fut heureuse qu’il l’accompagne, en cet instant. Fid avait prétexté que sa crise l’empêchait de se déplacer, mais sa colère était telle qu’il aurait sans doute refusé de la soutenir même au meilleur de sa forme.

Elle opina et la porte de la voiture fut ouverte. À peine eurent-ils mis un pied sur l’esplanade de l’entrée principale que la foule se pressa contre les cordons de gardes, comme deux mâchoires monstrueuses décidées à se refermer sur eux. Des questions fusèrent. Ceux qui n’étaient pas aux premières loges se tordaient le cou pour tenter de les apercevoir. Le cœur de Viya battait bien trop vite. Ne pas se laisser impressionner par cette masse anonyme. Se concentrer sur l’après.

Les portes claquèrent derrière eux dans un bruit sourd qui ramena le silence.

Une employée vint les accueillir dans le gigantesque hall de marbre. Le long de chaque mur s’alignaient des bustes d’Orateurs et d’Écrivains célèbres. Il aurait été vain d’y chercher un Légendier. Au centre, un gigantesque monument de bronze célébrait les Muses Calliope, Érato, Thalie et Melpomène, protectrices des Écrivains d’Hydendark, respectivement dévolues à la poésie épique, la poésie lyrique, la comédie et la tragédie. Elles étaient dominées par la haute stature de Polymnie, figure inspiratrice des Orateurs.

Viya détourna les yeux de la femme de marbre qui se tenait bras ouverts, au-dessus de toutes les autres, prête à déclamer son texte. Elle l’avait tant et tant implorée, et pas une seule fois la Muse de l’éloquence n’avait répondu à son appel. Aujourd’hui encore, elle aurait eu bien besoin de son aide, mais elle ne se fit pas d’illusions. Elle serait condamnée pour son geste, et même la plus brillante des plaidoiries n’y changerait rien. Peut-être que c’était là la véritable raison de l’absence de Fid à ses côtés. Il aurait été contraint à un moment donné ou à un autre de prendre la parole, et ne voulait pas qu’elle le voie échouer à la défendre. Au moins pourrait-elle puiser de la force dans le regard bienveillant de George, songea-t-elle en s’engageant dans un couloir derrière leur guide.

– Je regrette, mais l’accusée doit comparaître seule, fit alors cette dernière.

Le visage du Légendier se décomposa. Il se ressaisit vite et sortit prestement un document de sa poche.

– J’ai droit de siéger au Conseil.

– Je regrette, les ordres sont clairs. Votre proximité avec l’accusée a été invoquée. Vous ne seriez pas impartial.

Les mâchoires de George se serrèrent.

– Pas impartial ? Parce que vous pensez que les autres le sont ? Y a-t-il au moins un seul Légendier dans cette salle ? Archibald ?

– Je ne suis pas en mesure de vous répondre, je regrette. Je…

– Oh, arrêtez de regretter ! s’emporta George. Cette mesure est tout à fait arbitraire et je le ferai savoir.

« À qui ? », songea Viya avec un effroyable détachement. Ils se trouvaient dans un bâtiment où l’existence des Légendiers semblait avoir été éludée, comme s’ils n’étaient qu’une greffe surnuméraire, accrochée à un système qui les tolérait sans les intégrer. Le ventre de Viya se noua. Elle allait affronter seule le Conseil. De ce qu’elle avait compris, Véra, Fid, Archie et George y étaient les seuls membres élus et ils disposaient de seulement trois sièges. Véra était retenue sur l’Archipel. Fid devait actuellement être en train de lire devant une tasse de thé, indifférent à son sort. George n’avait pas le droit de l’accompagner. Si Archie ne se trouvait pas dans la salle, Viya serait seule face au Conseil.

L’Intendant se tourna vers elle, profondément peiné. Elle le devança.

– Ne vous inquiétez pas pour moi. Ça ira.

Ni elle ni lui ne crurent à ce mensonge.

– Fais profil bas, se contenta-t-il de répondre d’un air inquiet.

Elle acquiesça, la gorge nouée, et s’engagea dans le couloir, précédée par sa guide. Elle avisa les silhouettes d’Eugénia et d’Igane, devant la porte du Conseil. La jeune Oratrice semblait agitée. Igane la tenait par le bras. Viya ralentit délibérément le pas pour les écouter.

– Vous devez être prudente, disait Igane d’un ton rude. Je couvre vos arrières, mais n’oubliez pas qu’une condamnation pèse sur votre tête.

Le début de la réponse d’Eugénia lui fut inaudible jusqu’à ce qu’elle parvienne à sa hauteur.

–… quelques questions, rien de plus. Je suis sûre que ça ira.

Avisant Viya derrière elle, Igane serra le bras d’Eugénia. Ils entrèrent alors dans la salle. Sur un geste de l’employée, la jeune Légendière les y suivit, le ventre noué. La pièce qui abritait le Conseil était pour l’heure plongée dans le brouhaha, percée de vitraux colorés. Leurs reflets chamarrés peinaient pourtant à lui conférer une atmosphère chaleureuse. Une grande table en arc de cercle cernée de quinze sièges en bois aux hauts dossiers tenaient lieu de seul mobilier. Elle fut soulagée de voir qu’Archie occupait l’une des trois places réservées aux Légendiers et lui décerna un simple hochement de tête, qui la rasséréna cependant. Les sept représentants des Orateurs étaient présents et discutaient en groupe dans un coin. Viya eut la désagréable surprise de reconnaître parmi eux l’un de ses anciens professeurs chez les Orateurs, qui ne l’avait jamais appréciée. Elle put presque entendre dans sa tête sa phrase fétiche, prononcée d’un ton d’une horrible condescendance : « Et c’est là ce que vous appelez un argument ? ». Igane s’était posté derrière l’un des cinq fauteuils alloués aux Écrivains. Il pianotait sur le haut du dossier, l’air vaguement absent, mais lorsque leurs regards se croisèrent, il lui offrit un sourire sardonique qui la glaça. Chacune de leurs rencontres l’avait éprouvée. Il avait soutenu Eugénia dans l’affaire du trucage des Joutes, nul doute qu’il lui apporterait encore son indéfectible soutien. Psappha se tenait à deux sièges de lui et posa sur la jeune fille un regard amical. Ses trois autres collègues échangeaient à voix basse. Leurs visages n’exprimaient rien d’autre que l’ennui de perdre de leur temps pour juger une telle affaire.

La femme qui avait conduit Viya lui commanda de se placer au centre du demi-cercle esquissé par la table. Les jambes tremblantes, elle obtempéra. Elle espérait que le silence se fasse au moment de son avancée, mais il n’en fut rien. Les uns et les autres continuèrent de discuter, comme si elle n’existait pas. Eugénia se tenait en retrait dans un coin, le regard baissé sur ses mains qu’elle tordait – un signe d’anxiété qu’elle ne manifestait que rarement.

Seul Igane ne quittait pas Viya des yeux, comme un chat qui observe une souris.

Cinq longues minutes s’écoulèrent avant que les trois membres des Écrivains qui conversaient entre eux ne s’installent, et une de plus pour que les Orateurs cessent leur conciliabule et prennent place.

Igane demeura debout, les yeux fixés sur Viya, en continuant de pianoter d’un air presque songeur. « Tac-tac-tac… tac-tac ». Le bruit de ses ongles sur le bois emplissait la salle dans le silence revenu. « Tac-tac-tac… tac-tac ». Un mal de tête commença à palpiter sous le crâne de la jeune Légendière. Il le savait. « Tac-tac-tac… tac-tac ». Il se délectait de l’infime tressaillement qui l’agitait chaque fois qu’il recommençait sa séquence. « Tac-tac-tac… »

– Pourrions-nous commencer ? intervint un Orateur, agacé par le bruit.

Igane s’interrompit.

– Oh, certainement.

Il s’assit avec une lenteur calculée. Soulagé, le même Orateur rappela les faits avec une concision extrême.

Puis on fit venir Eugénia. Viya crut que son cœur allait s’arrêter. Par-dessus le sang qui battait à ses tempes, elle entendit l’homme qui présidait le jugement demander à sa rivale de témoigner. Celle-ci s’avança, avec dans la voix juste ce qu’il fallait de tremblement pour qu’elle paraisse bouleversée tout en délivrant un discours parfaitement audible.

– Je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé. Je faisais mon travail. Je lisais le texte que l’on m’avait demandé de lire. Et soudain, j’ai été attaquée. Un nuage sombre m’a enveloppée, j’ai été désorientée, je ne parvenais plus à respirer, je…

Sa voix se fêla impeccablement. Elle répéta, les larmes aux yeux, avec un rien de sanglot dans la gorge :

– Je faisais juste mon travail.

– Nous le savons, la tranquillisa l’Orateur. Que pouvez-vous nous dire sur la personnalité de l’accusée ? Vous la connaissez bien, n’est-ce pas ?

Eugénia essuya du bout du pouce la larme parfaite qui venait de rouler sur sa joue et acquiesça.

– Du temps où Viya était apprentie Oratrice, nous avons partagé le même dortoir.

« À mon plus grand malheur », pensa la concernée.

– Elle était toujours si renfermée. Elle ne partageait jamais nos fêtes, ne se réjouissait jamais avec nous de nos progrès. C’était comme si…

Eugénia s’interrompit, semblant frappée par une révélation. Viya, elle, bouillonnait.

– Oui ? l’encouragea l’Orateur d’une voix douce.

– Longtemps, j’ai interprété ça comme de la jalousie, car Viya avait des difficultés en cours. Mais elle s’acharnait. Elle s’entraînait seule la nuit, dans l’amphithéâtre. Je crois qu’en réalité elle se pensait être trop bien pour nous. Elle refusait la pédagogie de l’Ordre. Elle a trouvé chez les Légendiers un environnement qui satisfait son désir profond.

Un frisson glacial descendit le long de la colonne vertébrale de Viya.

– Son désir profond ?

Le regard d’Eugénia se teinta d’une lueur maléfique et la Légendière se liquéfia lorsque l’Oratrice répondit dans un souffle :

– Briller, quel que soit le prix.

Un silence dense succéda à ses paroles. Viya ne sut pas par quel miracle elle parvint à rester debout.

– Voilà pourquoi elle m’a attaquée, acheva Eugénia : elle ne supporte pas qu’on puisse suggérer qu’elle n’ait pas été à la hauteur lors de la réception organisée par nos souverains.

Incapable de se concentrer, Viya fut prise au dépourvu quand son ancien professeur d’art de la rhétorique s’adressa à elle :

– Qu’avez-vous à dire, pour votre défense ?

« Fais profil bas », avait murmuré George. Si Fid avait tenu à elle et l’avait accompagnée, que lui aurait-il soufflé en guise de dernières paroles ? Elle pouvait imaginer ses lèvres se serrer en passant devant le monument des Muses où les Légendiers brillaient par leur absence. Elle entendait sa colère gronder quand on l’aurait empêché d’entrer dans la salle avec elle. S’il s’était tenu à sa place en cet instant, ses mots auraient été pleins de colère dirigée contre ce système profondément inique. « Il y a la Loi et les mots pour ça ! » La loi ne fonctionnait pas, mais il lui restait la parole. La jeune fille s’apaisa soudain. Elle rassembla un courage qu’elle ignorait posséder et lança :

– Je refuse ce procès. Il n’est ni équitable ni juste. Comment pourrait-il en être autrement, puisque vous êtes à la fois juge et parti ? 

Un long silence succéda à ses paroles. Personne ne s’était attendu à ce genre de répartie. Archie avait pris un air catastrophé. Ce fut toujours l’ancien professeur de Viya qui prit la parole :

– Nous nous jugeons entre nous, c’est ainsi. Aucun juge ne peut comprendre les subtilités qui régissent les Corporations. Et comment réagirait un juge, s’il apprenait que les Légendiers tiraient leurs histoires d’un autre monde ? Ne venez pas nous parler d’injustice, Mademoiselle, quand nous protégeons le secret de votre Confrérie.

– Fid déteint sur vous et votre esprit déjà perverti, persifla Igane. Nous le reconnaissons bien là. Lui aussi a remis maintes et maintes fois nos règles en question, à se penser plus intelligent que tout le monde, dévoré par l’orgueil et l’ambition.

– Je demande juste…

– Vous ne demandez rien. Ne nous faites pas croire cela. Vous ne savez que prendre par la force. Vous avez entendu le témoignage d’Eugénia de Stalte. Vous n’êtes que brutalité, les mots vous échappent, vous n’êtes pas capable de répondre à une critique de façon civilisée.

Elle posa sur Igane un regard brûlant.

– Ce pamphlet était tout sauf civilisé et…

« Tac-tac-tac… tac-tac ». Le pianotement des doigts de l’Écrivain la fit taire plus sûrement qu’un bâillon.

Il avait sans doute espéré la déstabiliser, mais contre toute attente, il la remit sur le bon chemin. Il avait raison. « Fais profil bas ». Elle avait fait une erreur. Peu importait les incohérences du système des Corporations, peu importait la violence qu’il permettait. En attaquant Eugénia, elle avait commis une faute qui dépassait le cadre des rivalités entre les Orateurs, les Écrivains et les Légendiers. Elle avait cédé à la haine. Rien ne pouvait l’excuser.

– … Mais je suis désolée, se reprit-elle. Je n’aurais pas dû agir comme je l’ai fait. Je regrette. Je n’ai rien d’autre à dire.

Un rien de déception passa sur le visage d’Igane. Psappha salua sa déclaration d’un hochement de tête et Archie ne parvint pas à dissimuler son soulagement.

– Les Légendiers souhaitent-ils ajouter quelque chose à la défense de l’accusée ?

Toutes les têtes se tournèrent vers Archibald.

–  Il y a quelque temps, Mademoiselle Eugénia de Stalte a elle aussi été condamnée pour avoir truqué les Joutes Automnales, notre plus sacrée tradition. Sa jeunesse avait été retenue comme une circonstance atténuante. Viya étant d’autant plus jeune, nous demandons au Conseil de faire preuve de la même clémence que dans cette précédente affaire.

– C’est-à-dire ?

– Vous nous laisserez régler ce différend entre Légendiers. Nous prendrons seuls nos dispositions.

– Certainement pas ! s’offusqua Igane.

Archie fixa son attention sur lui. Viya n’avait jamais vu le rouquin faire preuve d’un tel sérieux.

– Vous n’êtes pas l’unique décisionnaire, Monsieur. Vous savez qu’étaler ce genre de frasques publiquement sur une longue période de temps nous nuit à tous.

– Je crois qu’il faut au contraire que les moindres détails de cette affaire soient rendus publics. Il faut que les gens sachent ce qu’est vraiment votre Confrérie.

Un silence dense succéda à cette phrase. Le visage du Légendier s’était décomposé. Il prit une courte inspiration pour répliquer, mais Igane lui vola la parole et pointa un doigt sur Viya, qui se figea de terreur.

– J’ai plusieurs fois observé cette jeune fille et je vois clair en elle. Elle est médiocre et désespérée, elle est prête à tout pour triompher.

– Elle s’est pourtant excusée pour son geste, intervint Psappha.

– N’oubliez pas qui la forme. Fid sait comment manipuler, il lui aura suggéré de faire preuve de contrition pour mieux nous duper. Écoutez-la, c’est notre collègue Légendier qui parle à travers elle. Ces deux-là se ressemblent. Ils œuvrent de concert à notre destruction et la Confrérie les couvre. Attaquer une jeune Oratrice ! Et ensuite ? Vous savez très bien ce que Fid a fait, par le passé. Vous savez ce qu’il est, quels sont ses idéaux et de quoi il est capable. Cette jeune fille n’en est qu’une dangereuse itération.

 La langue de Viya s’était transformée en une masse de plomb. Elle aurait voulu rétorquer, tempêter, hurler. Cet homme la révulsait, avec son air propre sur lui !  Mais il avait raison. Il voyait clair en elle. Il décelait ses peurs, sa rage de réussir, son mépris d’elle-même. Surtout, il avait compris que ses remords n’étaient qu’une façade.

– Ces allégations sont fausses, rétorqua Archibald d’une voix extraordinairement calme.

Igane lui répondit par un sourire torve. « Nous verrons », semblait dire ses yeux « Nous verrons. »

Contre toute attente, la proposition d’Archibald fut adoptée. Il fut convenu que les Légendiers feraient part sous trois jours de leurs dispositions. Viya n’écoutait qu’à moitié. Son attention était focalisée sur Igane, dont le regard braqué sur elle refusait de ciller.

« Tac-tac-tac… tac-tac. »

« Tac-tac-tac… tac-tac. »

Le rythme était noyé dans les conversations qui parcouraient la salle, dissimulé sous la voix d’Archibald qui promettait des garanties, s’engageait à une amende minimale, assurait la coopération totale de la Confrérie, répondait coup pour coup aux doutes des uns et aux remarques perfides des autres.

« Tac-tac-tac… tac-tac ».

Dans ce capharnaüm, Igane se taisait, mais le bruit de ses ongles contre le bois parvenait plus distinctement que tout le reste aux oreilles de Viya. Elle finit par fixer ses yeux sur la main de l’Écrivain. Comme s’il avait senti le poids de son regard, il se figea un court instant, puis reprit.

« Tac-tac-tac… tac-tac. »

Plus elle l’entendait, plus elle avait la sensation qu’il voulait dire quelque chose.

C’était un avertissement.

« Tac-tac-tac… tac-tac. »

C’était une menace.

Lorsque la séance fut levée, les iris sombres d’Igane croisèrent les siennes.

Au lieu de la haine qu’elle s’apprêtait à y lire, il n’y avait qu’une intense curiosité et une forme évidente de jubilation qu’elle ne s’expliqua pas.

 

 

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Edouard PArle
Posté le 04/06/2023
Coucou Romane !
J'ai été un peu déçu qu'on n'ait pas plus d'explication sur pourquoi la proposition d'Archie est accepté même si je comprends bien que ce n'est pas l'intérêt du chapitre. Le "contre toute attente" m'a paru un peu léger.
Sinon, excellent de bout en bout. J'ai trouvé ce chapitre vraiment haletant, avec plein de sous-entendus, de manœuvres politiques... J'ai vraiment hâte d'y voir plus clair dans les manœuvres de chacun. L'idée des ongles d'Igane est géniale, et ses interventions étaient toutes très intrigantes. Ça donne envie d'en savoir plus sur ce personnage qui a l'air très intelligent. J'espère qu'il pourra se confronter à Fid, ces deux-là ont sûrement un sacré passif commun...
Bref, un vrai régal !
A bientôt !
Louison-
Posté le 28/06/2021
Coucou !
Me revoilà :) (désolée de mon rythme de lecture très très lent, mais j'ai bientôt fini mes examens et alors je pourrais mieux me plonger dans ton roman ! :D)

Pour ce chapitre-ci: j'ai beaucoup apprécié que Viya se "révolte" au début du procès, puis se ravise. ça montre qu'elle a du cran, malgré tout, mais qu'elle apprend aussi de ses erreurs en écoutant la raison ici, plus que son impulsivité (vs la scène où elle attaque Eugénia, où là elle n'écoutait que ses pulsions).
Sinon, le procès est bien mené, on entend le témoignage d'Eugénia et je me demande, ne faudrait-il pas aussi avoir une plus grande prise de parole du côté de Viya? Même si elle intervient, ça m'a semblé quelque peu expéditif, et pour cette raison que je me dis que ce serait peut-être chouette si on pouvait avoir une plus grande justification de sa part :) Mais je sais pas, peut-être suis-je la seule à avoir ressenti la chose de cette façon ! A voir avec l'avis d'autres plumes ;)

Sinon, la fin, wow. Je voulais saluer ça, parce que la réaction d'Igane, telle que tu la décris, est d'un type subtil et paradoxal qui nous donne super super envie de continuer, vraiment c'est joli ! Bravo pour ça, Igane me semble même plus dangereux qu'Eugénia, j'ai peur :(

Bref, un super chapitre, comme toujours !

A très vite, je me réjouis de plus pouvoir lire lorsque j'aurais une période moins chargée <3
Bisou !
Romane
Posté le 30/06/2021
Coucou Louison !
Merci pour ton retour sur ce chapitre !

Je vais réfléchir à donner à Viya un peu plus de texte. Pour moi, on ne la laisse pas trop parler à dessein, mais je peux comprendre le côté rapide et expéditif.

Merci pour ton petit compliment sur la fin !
Prudence
Posté le 19/06/2021
Hey ! Me revoilà après une pause assez longue, je dois dire ^^ (j'ai récupéré assez de neurones pour formuler un commentaire cohérent, hum, hum XD)
Il se passe des choses intéressantes. Tout d'abord, merci, je ne me lasserai jamais de cette histoire <3
J'ai remarqué beaucoup de rupture dans la narration, comme si ce chapitre était morcelé. Personnellement, ça ne m'a pas trop dérangée, mais j'ai eu quelques difficultés à me laisser porter par l'intrigue comme si elle perdait - de ce fait - de sa clarté. C'est assez paradoxal car le récit reste très épuré et tu vas à l'essentiel. Peut-être pourrais-tu aider le lecteur à créer des liens, à relier les indices entre eux ? Je crois que j'avais besoin d'être plus accompagnée par les réflexions et les déductions de Viya, haha.

Un exemple ici, d'une transition que j'ai trouvé un peu "brutale" :

"Igane lui répondit par un sourire torve. « Nous verrons », semblait dire ses yeux « Nous verrons. »

[Contre toute attente, la proposition d’Archibald fut adoptée. Il fut convenu que les Légendiers feraient part sous trois jours de leurs dispositions.] Viya n’écoutait qu’à moitié. Son attention était focalisée sur Igane, dont le regard braqué sur elle refusait de ciller."

Le "Contre toute attente" casse, selon moi, la dynamique entre les deux personnages. On y revient quelques phrases plus tard mais l'alternance entre ce qui est raconté et montré a installé une coupure. Il est difficile de se replonger dans le moment avec Viya et de ressentir sa sensation d'être coupée du monde, ne plus entendre les autres parler, etc. Logiquement, si Viya n'écoutait plus, elle n'aurait pas interprété l'échange et n'en aurait pas déduit tout cela. Tout ce flot d'informations lui parviendrait beaucoup plus vaguement à l'esprit. C'est trop précis, je trouve, non ? Je pense que montrer l'action serait plus efficace. Viya ne les écoute plus et donc n'interprète plus ce qu'il ce dit, mais pas le lecteur qui peut mieux assimiler les informations avec des dialogues en "temps réel". Ce que j'ai mis entre crochets (c'est ma flemmardise qui parle xD) dit le contraire de la phrase suivante : ("Viya n'écoutait qu'à moitié") ; dans un sens, ces deux passages se contredisent. Elle n'écoute qu'à moitié mais elle n'a rien manqué à la conclusion du procès.
Et puis, l'échange Igane-Viya nous absorbe autant qu'elle, et la coupure nous frustre un peu, je pense, casse l'angoisse, etc. Bref... J'espère que je suis assez claire ^^' M'enfin, je m'attarde vraiment sur du détail. J'espère que cela pourra t'aider plus largement... ^^

Voilà ce que j'ai pu remarquer sur ce chapitre, je ne sais pas si tu es d'accord avec moi ? J'insiste : cela ne m'a pas empêché d'apprécier ma lecture pour autant !!

A tout bientôt !
Romane
Posté le 19/06/2021
Bonjour Prudence et merci pour ton ressenti qui m'éclaire beaucoup.

Je comprends cette sensation de rupture. J'ai réécrit ce chapitre plusieurs fois, rajouté des choses, donc je pense que j'ai dû mal positionner certaines choses ^^'
Romane
Posté le 19/06/2021
> Arrf, mon commentaire s'est envoyé tout seul, je reprends !<

Pareil pour les réflexions de Viya, je vais les reprendre. Il est très important pour la suite que tout soit clair ^^
Je vais m'atteler à une relecture complète du texte d'ici peu (j'avais pour idée de commencer aujourd'hui, mais j'ai procrastiné xD ). J'en profiterai pour reprendre ce genre de petits problèmes, lisser le style quand ça ne va pas, mettre un peu plus de contexte et de description, tout ça !
Contesse
Posté le 12/06/2021
Me revoici, avec la ferme/folle intention de rattraper un peu l'immense retard que j'ai pris dans ton histoire :'(

Grrr.... Igane est détestable, plus qu'Eugénia encore. Je l'ai dit d'ailleurs : moi j'apprécie le personnage d'Eugénia, parce que je sens qu'elle cache des fragilités, des motivations valables. Mais Igane et ses ongles BEURK, il est insupportable xD Bien joué avec les répétitions sonores des "tac tac", ça fait aussi son effet irritant, puis inquiétant sur le lecteur.
J'ai un mauvais pressentiment pour ce gars. Et en même temps, je me dis qu'il peut pas faire grand chose, les gens essaient au maximum de maintenir la paix entre les Confréries, mais je sais pas. J'ai l'impression que ses intentions vont bien plus loin et sont bien plus noires que celles d'Eugénia (keur sur elle).
Hâte de savoir ce qu'a fait Fid exactement, aussi. Mystérieux, tout ça. Comme lui.

" Il n’est ni équitable ni juste. Comment pourrait-il en être autrement, puisque vous êtes à la fois juge et parti ?" --> mon âge de juriste et pénaliste a tremblé de bonheur en lisant ça xD

Petite suggestion :
"Elle put presque entendre dans sa tête sa phrase fétiche, prononcée d’un ton d’une horrible condescendance" --> la partie "d'un ton d'une horrible condescendance" sonne un peu répétitif et peu esthétique selon moi ! Ça fait "de de..." C'est toi qui vois, mais je pense que tu peux écrire ça de manière plus fluide ! Par ex : "d'un ton horriblement/affreusement condescendant", ou tout simplement "d'un ton condescendant", l'idée passe quand même ! Ce n'est un détail bien sûr ;)

A bientôt !
Romane
Posté le 14/06/2021
Salut Modeste !

Merci pour ton retour ! Tant mieux si Igane est irritant, c'est le but ! xD Merci de me livrer ton ressenti, ça me permet d'évaluer comment il est perçu et c'est important pour la suite !

Je suis contente de voir que je ne dis pas trop de bêtises niveau juridique xD Cette phrase m'a été inspirée par une initiation au droit que j'avais en terminale, en parallèle de mes cours de mes cours de philo, mais je suis loin d'être spécialiste !

Je note ta suggestion, c'est vrai que c'est un chouïa redondant ^^
Contesse
Posté le 14/06/2021
C'est toujours un plaisir ;) Et je viens de remarquer j'avais écrit "âge" de juriste, au lieu de "âme" mais je pense que tu avais compris xD

A bientôt !
Romane
Posté le 14/06/2021
J'avais compris ;-)
Isapass
Posté le 10/05/2021
Coucou Ciel !

Il y a des choses très très intrigantes dans ce chapitre !
D'abord, on voit à quel point les Légendiers sont spoliés de toute autorité et même de considération et de représentation. C'est très bien vu d'avoir montré ça même au niveau du bâtiment !
Ceci dit, il faudrait commencer à révéler un peu pourquoi. A ce stade, on commence à se demander si ce n'est pas de l'injustice pure. Je veux dire, c'est quand même étonnant que certains des Orateurs et des Ecrivains ne soient pas plus intègres et ne tentent pas de défendre les Légendiers, même si on s'explique pourquoi les Légendiers eux-mêmes ont bien du mal à se défendre. En plus, ça a l'air d'être une situation qui perdure depuis des générations, donc pas uniquement due aux gens qui sont là. Il y a bien la Poétesse, mais ça ne suffit pas pour rétablir la justice. Bref, je suis curieuse de comprendre.

Ensuite, il y a l'attitude de Igane. J'ai d'abord cru qu'il était juste sadique, mais en fait lui aussi semble avoir des griefs personnels contre Viya. Et bien sûr, les "tactactac..." sont super bien trouvés ! Ca pourrait suffire à déconcentrer quelqu'un, mais je crois comprendre que c'est plus compliqué que ça, comme une sorte de truc magique ou hypnotique, non ? Ca aussi ça attise bien ma curiosité.

Parmi les arguments échangés, j'ai tiqué sur "Et comment réagirait un juge, s’il apprenait que les Légendiers tiraient leurs histoires d’un autre monde ?" Personne ne relève (pas Viya, même en pensée, en tout cas), mais ce truc me semble particulièrement important. En quoi est-ce que ça pourrait être un problème ? Est-ce que les gens ne sont pas au courant de l'existence de la faille ?

En tout cas, c'est un chapitre très intéressant (et très bien écrit : ta plume est décidément très belle !) J'ai trouvé que le procès en lui-même mettait longtemps à commencer, mais c'est peut-être parce que j'étais dans la tête de Viya ;)

Une petite remarque sur la forme :
"Elle l’avait tant et tant implorée, et pas une seule fois la Muse de l’éloquence n’avait répondu à son appel. Aujourd’hui encore, elle aurait eu bien besoin de son aide, mais elle ne se fit pas d’illusions." : tu as déjà dit ça plusieurs fois dans les chapitres précédents. A mon avis c'est redondant.

A+ pour la suite
Romane
Posté le 12/05/2021
Bonjour Isa !

D'abord, je profite de ce commentaire pour te remercier de m'avoir mentionnée dans "l'Extrait mystère" sur le forum ! J'en suis honorée, même si ça n'a pas dû être facile pour les Plumes, puisque cette histoire est assez récente :D

Je te remercie pour tes remarques pertinentes. Tu as raison, je vais essayer de clarifier plus en amont les tensions qui existent entre les Légendiers et les autres corporations.

Je ne vais pas en dire plus sur le "tactactac", mais en effet, ce n'est pas que pour la déstabiliser.

C'est vrai que pour la perception de la faille, je devrais sans doute étayer davantage. Je vais m'y mettre ! Merci pour ce conseil qui m'aide beaucoup :-)

Ta remarque sur la forme m'interroge aussi, c'est vrai qu'il y a là, à la reflexion, une répétition inutile...

Un grand merci pour ta lecture et ton retour encore une fois constructif !
dodoreve
Posté le 10/05/2021
J'aime bien la tournure que ça prend : la tentation de Viya de céder à la colère face à l'injustice et la partialité pour reconnaître son erreur, la part de vérité qu'il y a dans ce qu'on lui reproche, et cette confrontation silencieuse avec Igane. Tu nous montres encore avec beaucoup de mystère que les mots ne sont pas les seules armes pour s'affronter par le langage. Sa réaction est d'autant plus intrigante à la fin. Hâte de lire la suite, comme toujours :)
Romane
Posté le 12/05/2021
Merci pour ce retour !
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