16- Mamie désert

— Scott ! Aphylla est-elle encore loin ?

— Mamie Griselda, j’t’avais dit qu’l’désert ç’allait être long.

— Ce n’est plus long, c’est interminable.

— Après, on dit qu’c’est moi qui m’plaint tout l’temps…

— Je te jure qu’après toute cette histoire, plus jamais tu ne toucheras à un jeu vidéo.

— Euh… Mamie Griselda… Calme-toi… J’suis pas responsable d’tout ça…

— Non mais… Si tu aimes les déserts, j’en ai des vrais à te faire traverser. Pas des déserts artificiels pixelisés et avares sur le decorum.

— T’connais les pixels ? T’parles latin ?

— Je connais les pixels, oui. Je te rappelle que j’étais là quand les ordinateurs sont arrivés, quand tes jeux vidéos se sont invités chez moi. Ton père y jouait souvent. La différence, c’est que j’arrivais à limiter son temps d’écran, à l’époque.

— T’jours cett’époque qui remonte à loin. On y causait latin, aussi ?

— Ce désert te rend insupportable. Je t’aime beaucoup mais… ce que tu peux être énervant, parfois ! Cesse de me rappeler mon grand âge. Tu sais que je déteste cela… Tes blagues sont aussi lourdes que du plomb.

— Déso, mamie Griselda. J’sais qu’au fond, c’est tendu pour toi, toute cet’histoire… Mais, on va y arriver. On va s’sortir d’là.

— Sommes-nous encore loin de la cabane d’Aphylla ?

— On est t’jours plus proches qu’la dernière fois que t’as posé la question.

— Toujours intimidé à l’idée de rencontrer ta petite-amie virtuelle ?

— Je n’ai pas de crush sur Aphylla, mamie Griselda ! Sérieux ! Ne m’tape pas la honte devant elle comme ça, hein… T’as pas intérêt !