Coucou !
J’espère que tu vas le mieux possible. Cette formulation me parait étrange, mais je t’avoue que je ne sais pas vraiment comment le dire ; désolé.
Tu n’as pas à l’être, en revanche. C’est moi qui le suis, d’apprendre que ça ne s’arrange pas vraiment. J’aimerais tellement pouvoir faire quelque chose…
Oh, en effet, je n’y avais pas songé. Je comprends, c’est vrai que ça me rend un peu curieux aussi ! Peut-être un jour, oui.
Ce n’est pas de ta faute si je suis anxieux, tu n’as rien choisi. Et tu n’as pas non plus choisi tes parents… Je suis navré de lire qu’à ce niveau non plus, ils ne te portaient pas beaucoup d’intérêt.
Eh bien, après tout, tu pourrais avoir un carnet de timbres pour… Non, c’est vrai, il n’y a pas des tonnes d’explications. Des pigeons voyageurs, quelle bonne idée ! Même si ça surprendrait sans doute aussi mes parents.
Ils n’ont jamais vu de carnet de timbres, cependant ma mère a entraperçu la boîte qui contient toutes tes lettres ; mais je n’ai rien dit. Elle est beaucoup trop curieuse et, de fil en aiguille, aurait fini par surgir dans ta chambre d’hôpital tout au plus une semaine plus tard.
Tu n’as pas à me remercier, Eliott. Moi aussi ça me plait beaucoup, et que tu me répondes suffit.
Maël.
❀
Hey !
Arrête de t’excuser, Maël ; je comprends que tu puisses être mal à l’aise, et je ne te demanderais pas tant. Cette formulation, une autre, aucune : toutes me conviennent. J’espère que ça va pour toi aussi.
Je sais… Je suis désolé. Et je sais que tu vas encore me dire de ne pas m’excuser, tout comme je le fait ; c’est un cycle infini ! Mais je te cause de la peine et de l’angoisse, même contre ma volonté ; et ça me rend triste aussi, quoique tu puisses en dire.
Je serais très curieux de voir ta mère arriver dans ma chambre, pour être honnête ! Mais après tout, je ne suis pas contre une visite, même d’une femme inconnu ; encore moins si c’est ta mère. Et encore bien moins si tu l’accompagnes…
J’ai une question, qui m’est apparue hier pendant un scanner (ne me demande pas pourquoi ; mes pensées divaguent beaucoup pendant ces moments) et qu’on n’a pas posé encore : quels sont tes rêves ? Quel métier voudrais-tu faire, quels pays voudrais-tu visiter, quels objectifs voudrais-tu atteindre… ?
Pour ma part, je dirais, sans doute sans surprise, que si je pouvais demander une chose, ce serait de me débarrasser de ce cancer. De pouvoir sortir, voyager, faire du sport, visiter des monuments, musées et autre… D’être “normal”, en quelque sorte (même si je sais ce que tu vas dire là-dessus, mais tu vois ce que je veux dire). J’aimerais bien avoir un enfant, aussi ; et en même temps, quand je vois ce que la vie peut donner… Mais, quand j’étais plus jeune, et même encore parfois aujourd’hui, même si ça devient un peu compliqué (tellement de “même” !), j’ai toujours apprécié me tenir en compagnie des enfants de l’hôpital. Je joue avec eux, les emmène marcher à l’extérieur quand c’est possible ; ça parait rien, mais ça me fend tellement le cœur de les voir ici, si jeunes !
Je me souviens particulièrement d’un jour, il y a de ça peut-être deux ou trois ans ; peut-être est-ce ce qui m’a donné envie d’en avoir un. Un père était venu avec un enfant tout jeune rendre visite à quelqu’un du même couloir que moi ; il marchait tout juste, et s’empressait de découvrir le monde. Ma porte était ouverte (j’aime bien voir l’animation des couloirs, parfois, ça comble la solitude), et le petit garçon était entré dans ma chambre. Il m’avait regardé, avait répondu au sourire que je lui avais lancé, puis s’était tourné vers son père qui lui disait sans doute de me laisser. J’ai secoué la tête, et l’enfant n’avait pas l’air d’avoir envie de partir ; d’une certaine façon, je n’avais pas envie qu’il parte non plus. Il a demandé ce que j’avais, et même si son père le foudroyait du regard, avant de m’offrir une moue gênée, j'ai articulé que j’étais malade. A ce moment-là, le garçon s’est approché de moi, s’est tendu pour attraper ma main et m’a bégayé “Je te souhaite de ne plus être malade” (c’est ce que j’ai lu sur ses lèvres, en tout cas !). Ça m’a mis les larmes aux yeux, tellement il était mignon et sincère. Il s’appelait Lucas, et ça m’a montré l’amour que peuvent porter les enfants (j’ai l’impression de parler comme un vieux, là !).
Désolé, je n’ai pas l’âme d’un narrateur et mon histoire est peut-être un peu confuse ; et j’ai beaucoup parlé de moi dans cette lettre, encore désolé. A très vite, Maël.
Eliott.
❀
Maël sortit du bureau de poste où il avait racheté des timbres, et heurta quelqu’un. Il se recula précipitamment, les joues roses. Il leva les yeux pour découvrir une jeune fille de son lycée. Elle avait les cheveux roux et de petites tâches de rousseurs sur son nez ; elle était si discrète qu’il ne connaissait pas son nom, mais il était prêt à parier qu’elle ne s’était jamais moquée de lui.
— Excuse-moi, dit-elle d’une voix timide, rouge elle aussi.
— Euh, y a pas de soucis, répondit Maël après un instant de silence.
— Je m’appelle Léana.
— Maël, bredouilla-t-il avec un sourire.
Une personne lui parlait. Une personne de son âge, lui parlait. Une personne de son âge lui parlait gentiment, sans se moquer de lui ! Maël croyait rêver.
— Est-ce que tu peux, euh… commença-t-elle en désignant la boite postale derrière lui.
Il remarqua seulement à cet instant qu’elle tenait une lettre à la main ; il avait été si abasourdi qu’il était resté planté là, comme un idiot.
— Oh, pardon ! s’excusa-t-il en se décalant.
Léana lui adressa un petit sourire et glissa sa lettre dans la boite.
— Tu vas, euh, au lycée ? l’interrogea-t-elle, les yeux baissés.
— Ou-oui, oui…
— Ok.
Sans se le dire, ils prirent la route du chemin ensemble. Il l’observait à la dérobée ; elle avait cette manie de remettre une mèche derrière son oreille droite, un tic sûrement nerveux. Et elle devait vraiment être nerveuse, tout de suite, parce que ses doigts ne quittaient presque jamais le côté de sa tête, même quand ses cheveux étaient parfaitement mis.
— Tu, euh… Tu envoyais quoi ? demanda-t-elle après plusieurs minutes de silence.
— Une lettre… De ma mère, improvisa-t-il, ne sachant pas si dire la vérité était une bonne option ou pas. Une facture, un truc dans le genre. Et toi ?
— Une carte pour l’anniversaire de ma grand-mère, répondit-elle avec un sourire tendre.
Maël hocha la tête, sans savoir comment continuer la conversation.
— Tu es en seconde ? reprit-elle presque aussitôt, tournant la tête vers lui.
— Oui. Toi aussi, pas vrai ?
— Oui, affirma-t-elle en pouffant légèrement. Comment tu peux savoir ça ?
— Je suis plutôt observateur.
Puis, sans savoir pourquoi, il continua :
— Du genre à me cacher dans un coin et à regarder tout le monde, craignant celui qui viendra me parler – m’insulter.
Elle ne répondit pas tout de suite, et il se maudit d’avoir lâché ça ; ce n’était pas vraiment la bonne façon de nouer une relation…
— Je suis désolée, lâcha-t-elle en plongeant ses yeux dans les siens.
Il haussa les épaules en guise de remerciement, et aucun des deux ne parla plus jusqu’à ce qu’ils soient arrivés au lycée, où ils se séparèrent avec un dernier sourire embarrassé.
Alors, personnellement je trouve que l'ajout d'un nouveau personnage est une très bonne idée ! J'ai aussi beaucoup aimé les anecdotes d'Eliott, c'est exactement, je trouve, ce qu'il faut dans un roman (semi)épistolaire : des anecdotes qui racontent les personnages plus que leurs paroles en elles-mêmes. Cela dit, je pense que tu peux aller encore plus loin sur le "show don't tell", par exemple : "j’aime bien voir l’animation des couloirs, parfois, ça comble la solitude" j'aurais enlevé "ça comble ma solitude", puisque c'est très bien sous-entendu dans le texte, et de manière générale on sait qu'Eliott est seul, donc pas besoin d'en rajouter.
Sinon, au niveau du chipotage, au chapitre précédent le père de Maël dit "Je sais, fils.". Ça fait vraiment pas naturel pour un parent du XXIème siècle, surtout quand juste avant il dit "poussin". Pareil, concernant ce passage, la mention de la mère de mail qui souffre pendant l'accouchement semblait bizarre : elle n'a pas pris de péridurale ? Attention, la péridurale n'est pas pas magique, mais quand même, elle permet justement de calmer une grande partie des douleurs. Je ne sais pas si c'est ton intention, mais peut-être pourrais-tu donner une autre exemple que ça, sans lien avec Maël ou sa mère, ça donnerait plus de profondeur au personnage, ce ne serait pas juste "le père".
"Le nombre de cellules saines diminue encore"... c'est assez étrange, ça ne veut pas dire grand chose je trouve. D'ailleurs, de quel cancer souffre donc Eliott ? Tu mentionnes des scanners, donc une tumeur solide, mais je ne me rappelle plus si c'est mentionné.
"Une personne lui parlait. Une personne de son âge, lui parlait. Une personne de son âge lui parlait gentiment, sans se moquer de lui ! Maël croyait rêver." Bon, même pour moi qui ai vécu ce genre de solitude dans le milieu scolaire, des interactions positives avec des personnages de mon âge, j'en ai eu. J'ai trouvé ces quelques phrases un peu trop caricaturales, ce qui est dommage parce que justement jusque là ça ne l'était pas. Je suis d'ailleurs assez d'accord avec Louis W pour dire que Léana devrait avoir un truc en plus qui la caractérise mieux.
Voilà, c'est fini pour ce long com' x)
Je n'ai pas mentionné de quel cancer il souffre, je n'y avais pas réfléchi 😅
Merci pour toutes ces remarques <3
Merciiii <3
En revanche, c'est vraiment dommage ( à mon avis ) d'introduire un autre personnage au même tempérament. Mael est timide et renfermé, il n'arrive qu'à s'exprimer dans ces lettres. Je ne pourrais pas dire si Eliott est timide car on ne le suit pas, mais il est esseulé, dans son coin. Du coup, c'est trop dommage de rajouter un autre personnage timide et discret. En mettant plusieurs personnalités ensemble, tu crées de la tension, de l'action, tu crées des scènes ou les personnages peuvent essayer de se comprendre l'un l'autre.
Par exemple, si Harry et Ron sont assez boute-en-train, Hermionne elle est réfléchie et super enthousiaste (je parle de hp1). Malefoy est méchant et Nevil lui s'écrase pour tout et rien. Mais si il y a une histoire avec trois harry, trois nevil ou trois Hermionne. On ne peut pas assez apprécier le caractère d'un personnage en contraste avec les autres.
Donc l'idée d'ajouter un personnage est très bien, tu pourrais même en ajouter d'autres si tu le voulais ! Tout ce qui te passe par la tête pour que quelque chose se passe ;)
Sinon au niveau des lettres, le témoignage d'Eliott sur l'enfant était vraiment bien et crédible. Un aspect moins bien selon moins c'est un peu la redondance de ce qu'ils s'envoient. Chaque lettre contient son lot de "désolé et de "ne soit pas désolé. Je ne pense pas que ce soit utile de le mettre à chaque fois, sachant qu'ils échangent depuis plus d'un moins maintenant.
Je vois tout à fait !
Haha oui, ça fait beaucoup 😅 Merci beaucoup pour tes remarques, encore x)
Honnêtement c'est trop bien de voir réagir Maël face à une personne de son âge ! Et cette Leana intrigue, elle a l'air très sympa. Je l'imagine peut-être timide mais plus débrouillarde que Maël... beaucoup de suspens au terme de cette lecture !
Justement, je me pose pas mal de questions à propos de Léana, parce qu'on la voit très peu, peut-être trop peu... ^^
Merci de ta lecture très assidue ! 😄