18. La carte.

Par Arod29

Le Racork glissait sur le silence depuis des heures. De temps à autre, des gigantesques ombres passaient sous le bateau. Alina lui avait raconté que certains Dieux Anciens étaient restés prisonniers de ces eaux. Neyol avait ri. 

A tort.

La sorcière était à ses côtés. Ils se parlaient en murmures à l'oreille.

Le capitaine se pencha vers Alina.

—Te joues tu de moi?

— Sois patient Neyol.

— Il n'y a rien ici. Que de l'eau, de l'eau et encore de l'eau.

— On approche.

— Mais comment le sais tu?

— Suis moi.

Neyol suivit Alina jusqu'à sa cabine. Le soleil, qui traversait les fenêtres, révélait les grains de poussières flottant dans l'air. Une odeur poivrée et fruitée flottait dans la pièce.

— Ce que je vais te montrer, une seule personne l'a vu avant toi.

— Je dois me sentir flatter?

— Oui.

La sorcière parlait dos au capitaine. Ses mains remontèrent vers ses épaules. Une épaule ronde se révéla. Neyol l'arrêta d'un geste.

— Que fais tu?

— J'enlève ma robe et ce n'est pas ce que tu crois. Laisse moi faire.

La robe tomba aux cheville d'Alina, révélant son corps nu. La pirate fit un pas en arrière. La peau d'Alina n'était que scarifications et cicatrices. Quelques rares endroits était encore vierge de marques.

— Pourquoi t'infliges tu ça?

— Je ne m'inflige rien du tout. Je n'ai pas le choix. Mon histoire se grave sans que je ne fasse quoique ce soit.

— Mais pourquoi?

— C'est une histoire plus triste que toutes les histoires tristes que tu as déjà entendu.

— Je t'écoute.

— Non Neyol. Je ne suis pas prête à te conter cela.

Le pirate s'agaça.

— Est ça que tu voulais me montrer? A quoi bon si tu ne veux pas partager tes secrets.

— Ce n'est pas ça que je voulais te montrer.

La sorcière se retourna lentement. Le soleil, curieux, éclaira la peau torturée d'Alina. 

— Pourquoi te montre tu nue devant moi.

La jeune femme s'approcha de l'oreille du pirate. Des frissons parcoururent son épiderme. 

— Me trouves tu désirable pirate?

— Oui.

Alina plaqua sa main su l'entrejambe de Neyol. Il sursauta ne s'attendant pas à autant d'audace.

— Alors garde ton sabre de chair au chaud, tu ne me toucheras pas, personne ne le fera.

Le pirate recula.

— Mais que veux tu de moi?

— Que tu me regardes, mais pas comme un de ces hommes affamés de sexe. Regarde moi simplement comme tu regarderais un coucher de soleil à la barre de ton bateau.

Neyol, troublé, cligna des yeux plusieurs fois et observa. Il commença par le cou, presque intact, puis glissa vers ses seins, il ferma les yeux un instant.

— Je trouve bien frileux pour un pirate.

— C'est la première fois qu'une femme me demande de la regarder comme tu me le demandes.

— Une femme, je croyais que je n'étais qu'une sorcière.

Il plissa les yeux et continua son chemin. Il s'attarda sur son ventre, puis descendit, puis remonta vivement. Une carte se dessinait sur le corps d'Alina.

— Tu la vois.

Neyol ne dit rien et approuva d'un signe de tête.Son regard brillait de curiosité.

— Je peux?

— Oui.

Le pirate effleura la peau de la jeune femme, suivant d'un doigt le chemin de ses cicatrices. Alina frissonna. Neyol le remarqua.

— Vois tu qu'avant d'atteindre les premières îles, nous devons traverser une longue plaine d'océan.

— Oui, je vois tout ça et je vois cette petite tête de mort qui nous attend à la fin mais je croyais que tu avais tout le chemin dans ta mémoire?

— C'est le cas. Je te montre ça pour tu me fasses confiance. Donc patience. Maintenant enlève tes gros doigts de mon corps.

Le capitaine recula. La sorcière se rhabilla en quelques secondes.

— Je vais dormir.

Neyol n'osa pas demander pour le crâne. Il savait en venant ici que cette quête l’emmènerai aux confins du monde et que la mort serait tapie, prête à jaillir.

 

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