19. Le puits

Notes de l’auteur : Merci de vos avis, recommandations, conseils...

Saad respirait difficilement, il lui restait néanmoins suffisamment de force pour me tirer sans ménagement par le bras, malgré les grognements du loup. Il avait décidé de dévier de notre route pour rejoindre une magicienne de sa connaissance afin qu’elle puisse le soigner. Il avait utilisé ses dernières forces magiques pour résoudre mon petit problème. Il devait se remettre en état et recharger son pouvoir, ce que je comprenais complètement.

« Jorys est mage guérisseuse. » m’expliqua-t-il alors qu’il s’arrêtait pour reprendre son souffle. J’hochais la tête pour toute réponse.

« C’est une amie… intime, Iliana…Vous savez ce que cela signifie ? » ajouta-t-il.

Je ne compris pas immédiatement, aussi je fis juste un oui distrait de la tête, évitant toujours de le regarder. Je l’entendis soupirer.

« Nous couchons ensemble…Iliana…Comme avec Sophia…Vous comprenez ?» appuya-t-il.

Je levais vers lui des yeux incrédules ! Ils couchent…Le sang avait temporairement quitté mon corps. Une bouffée de colère surgit étouffée aussitôt par ma raison. Il n’avait pas à se justifier auprès de moi. Il ne serait pas allé la voir si je ne l’avais pas blessé. Et nous n’étions l’un pour l’autre qu’un lien de devoir, il me le faisait bien assez comprendre.

« Je croyais que nous n’avions pas atteint ce degré d’intimité... » murmurais-je en réponse.

« Nous ne l’avons pas atteint en effet…et nous ne l’atteindront pas ! Ma vie intime ne vous concerne en aucun cas…Néanmoins, je n’aurais pas la force d’arrêter une nouvelle crise et...je tiens à elle ! »

Je le dévisageais interdite. J’eu la sensation de recevoir un coup de poignard. Il tient à elle... Le vide s’installa dans mon cœur.

« Vous pouvez me laisser ici avec loup et… » commençais-je, mais il me coupa d’une voix ferme et menaçante.

« Non ! Il y a au moins une dizaine de raisons pour lesquelles je ne vous laisserais pas. Et cette magie en fait partie ! » Le loup aboya en guise de confirmation.

« …alors que proposez-vous ? » lui rétorquais-je.

« …de vous faire confiance… » me répondit-il « …et j’espère ne pas me tromper cette fois ci. »

Je baissais les yeux, rougissante, rongée par la culpabilité d’un côté et la jalousie de l’autre.

Nous arrivâmes rapidement dans une clairière au cœur de la forêt. Une yourte aux couleurs chatoyantes siégeait en son cœur. Une femme en sortit et vint à notre rencontre, le sourire aux lèvres, ses yeux s’illuminant à la vue de Saad. Elle était plus grande que moi et portait de longs cheveux noirs dont une partie tressée en couronne encadrait un visage pâle en forme de coeur dont les pommettes saillantes ressortait joliment. Elle avait les yeux aussi bleu qu’un ciel d’été. Elle était magnifique. Décidemment Saad avait un goût certain en matière de femme me dis-je, amèrement. 

« Et bien Saad…Je n’aurais pas cru t’avoir un jour comme patient…Quel est le monstre qui a réussi à t’atteindre à ce point ? Devrais-je m’inquiéter des bêtes qui rôdent dans ces bois ? » Son sourire s'était effacé et une ligne inquiète apparu entre ses sourcils. 

« C’est une longue histoire que je ne souhaite pas aborder avec toi. Il n’y a de bête ici que ce loup et ce jeune maladroit. Peux-tu me soigner ? Je te présente Gramb, mon valet et apprenti …et son loup. »

« Valet et apprenti ? C’est très surprenant ! Est-ce toi jeune homme qui est responsable de ce chaos ? » Sa voix était mélodieuse alors qu’elle s’adressait à moi avec un regard sévère.

Je fis oui de la tête mes yeux se gonflant de larmes.

« Entrez, je vous prie...» elle attrapa délicatement le bras de Saad pour le guider à l’intérieur.

Je restais immobile. Saad se retourna et m’indiqua d’un signe de tête ferme que je rentrais aussi.

L’intérieur de la yourte semblait plus grand que ne le laissait présager l’extérieur. Jorys nous guida gracieusement au travers de 3 espaces dont l’un d’eux semblait être un laboratoire d’alchimie. Nous arrivâmes enfin dans une chambre. Un grand lit qui ressemblait à une immense souche d’arbre y reposait en son centre. Les rayons du jour tombaient délicatement sur les draps clairs, permis par un puits de lumière façonné dans le plafond. Nous nous avançâmes vers un paravent tissé de feuillages qui dissimulait une table d’examen.

Jorys aida Saad à s’y asseoir et se tourna vers moi.

« Je te laisse déshabiller ton maître pendant que je me prépare pour l’examen… » m’ordonna-t-elle.

Je fis oui de la tête et me tourna vers Saad qui commençait à défaire sa cape. J’approchais mes mains de lui et s’en apercevant, il me fusilla du regard, un sourcil arqué.

« Qu’est-ce que vous faites ? » me lança-t-il. Je stoppais immédiatement mon geste et je reculais en secouant la tête.

Jorys revint et voyant Saad se débattre seul avec sa chemise, elle me toisa de haut en bas avec un air de mépris.

« Tu as la chance d’avoir le meilleur maître qui soit, et tu n’es même pas capable d’assurer ton rôle de valet ? Te crois-tu prince ou roi pour refuser cette tâche alors même que tu es la cause de ces lésions ? » me cracha-t-elle en m’attrapant par le col.

« Jorys ! » coupa immédiatement Saad. « Je lui ai ordonné de ne pas le faire ! » s’exclama-t-il d’une voix ferme.

« Eh bien moi, je lui ordonne de le faire. Ton flux semble très faible, je préférais que tu gardes tes forces pour m’aider à réparer ce que ce morveux t’a fait…» répliqua-t-elle en plongeant ses yeux bleus dans les siens. « Vas-y gamin ! Je ne le répèterais pas ! »

Elle avait raison, c’était ma faute. Alors je m’avançais et me tint devant lui, le regard baissé sur mes mains tremblantes qui rejoignaient le tissus de sa chemise. Mon cœur battait à la chamade, de fatigue, de jalousie, de colère…Je défis délicatement un premier bouton alors que Jorys s’éloignait de nouveau pour préparer son matériel. J’effleurais par mégarde la peau de son torse et je sentis son souffle se faire plus profond. Lui avais-je fait mal ? Je levais les yeux vers lui. Il me dévisageait avec intensité et je ne pu défaire mes yeux des siens tandis que mes mains continuaient de descendre le long de la boutonnière. Je sentais monter en moi une sensation étrange, j’avais chaud. Un éclat étrange, dangereux, brillait dans ses yeux. Et lorsque mes doigts perdirent le fil de la boutonnière pour effleurer instinctivement la peau de ses abdominaux, il bloqua ma main mais au lieu de me rabrouer, il posa son autre main à ma taille et m’attira imperceptiblement. J’étais envoûtée par son regard, j’étais brûlante, j’avais envie du contact avec sa peau. Il semblait tout aussi troublé que moi.

Quand Jorys pénétra dans mon champ de vision, je reculais brusquement en baissant la tête.

« Décidément ! Ce valet n’est bon à rien ! » s’exclama-t-elle avant de s’approcher de Saad et de défaire rapidement les derniers boutons.

Je tentais de reprendre mes esprits et de calmer les battements de mon cœur. Comment définir les sensations que je venais de ressentir quelques secondes plus tôt ?

Elle le libéra alors complètement de sa chemise et entreprit de défaire son pantalon ! Saad posa une main ferme sur la sienne. « Ce n’est pas nécessaire ! » prononça-t-il d’une voix glaciale. Lorsqu’elle s’éloigna contrariée, je pus constater avec effroi l’énorme hématome qui barrait sa poitrine. Les larmes me montaient aux yeux. J’étais un monstre.

« Compte tenue de ta respiration tu dois avoir au moins 3 cotes de cassées. Cet apprenti doit avoir un sacré pouvoir pour avoir réussi à passer tes barrières de protection ! » s’exclama-t-elle en caressant la peau bleuie de Saad qui tressaillait.

« Oui, un potentiel prometteur effectivement… » souffla-t-il au travers d’une grimace, alors que Jorys était passée derrière lui et tâtait ses os.

Elle s’arrêta et me dévisagea. « Il pleure ?! » s’exclama-t-elle. Saad leva les yeux sur moi et fronça les sourcils.

« Jorys, peux-tu nous laisser 5 min ? »

« Tu me caches quelque chose, je n’aime pas ça ! » répondit-elle du tac au tac.

« Ce n’est pas la première fois. Peux-tu quitter la pièce 5 min ? » lui répondit-il d’une voix calme mais ferme.

« C’est la première fois que tu débarques chez moi en miette avec un gamin efféminé…dont tu as peur ! » rétorqua-t-elle les pieds ancrés dans le sol et les bras croisés sur sa poitrine.

Saad émit un soupir agacé et levant la main prononça une formule, et une bulle de protection apparu autour de nous.

Il se leva difficilement et s’avança vers moi. « Iliana, pourquoi pleurez-vous maintenant ?» prononça-t-il à grand-peine. Je levais les yeux vers lui et je vis son visage las, épuisé, presque cadavérique. Le sort semblait avoir absorbé ses dernières forces.

« Arrêtez vos bêtises, j’ai le droit d’être triste ! Vous n’avez plus de force ! Je ne lui ferais pas de mal, je le sens ! Rassurez-vous ! »

« Jorys sait...défendre...Pas inquiet pour...elle… » murmura-t-il en posant une main lourde sur mon épaule et de manquer de s’effondrer. Était-ce réellement de moi qu’il avait peur ? « Vous n’avez tout de même pas peur de moi, si? » commençais-je anéantie par cette simple pensée. Il plongea ses yeux flous dans les miens et grommela quelque chose d’incompréhensible. Sa voix s’éteignit alors qu’il s’effondra dans mes bras en même temps que la bulle de protection disparut.

« Par l’essence du monde ! Non mais quel idiot ! Je te préviens gamin, s’il ne s’en sort pas, puissant ou pas, je te tuerais de mes propres mains ! » s’exclama Jorys en se précipitant vers lui alors qu'il gisait dans mes bras. « J’espère que votre discussion en valait la peine ! ...Saad ! » ajouta-t-elle en l’attirant contre elle. L’inquiétude se lisait sur son visage alors que caressant son visage, elle baissa la tête pour lui chuchoter quelques mots et déposer un baiser sur ses lèvres. Puis elle leva les yeux vers moi, furieuse. « Mon pouvoir seul ne peut plus rien pour lui, désormais ! Tu es satisfait ? Tu es puissant ? Prouve-le ! Unis ta magie a la mienne, dépêche-toi ! » m’aboya-t-elle dessus !

Je la regardai incrédule. « Je ne sais pas utiliser cette magie, je… » bégayais-je en reculant. Elle fixa sur moi un regard assassin. « …Oooh mais tu vas le faire ! Car dans le cas contraire, je serais dès demain connue sur les 3 continents comme la mage qui a tué l’apprenti qui a assassiné le Grand Mage ! » me cracha-t-elle.

« Il ne va pas mourir… » murmurais-je. Jorys avait baissé la tête. « Qu'en sais-tu ? Le crois-tu invincible ? Idiots que vous êtes ! Un homme reste un homme, avec ou sans magie ! Et il est trop faible. »

Je réalisais petit à petit la portée de ses paroles…Je tombais à genoux ! La révolte et le désespoir se disputait la place dans mes veines et mon cœur qui s’étaient vidés instantanément. Je l’aime, il ne peut pas mourir, je ne peux pas l’avoir tué…Je ne veux pas ! Respire. Calme-toi. Ce n'est pas possible, quand ce cauchemard cessera-t-il ? Je sentais la magie monter en moi. Il me fallait la contrôler. J’attrapais la main de Jorys. « Elle arrive, la magie.. je...je ne sais pas la contrôler. Aidez-moi… » Elle me jeta un œil surpris, puis fronçant les sourcils pris mes deux mains qu’elle posa dans les siennes. « Si tu échoues il est mort, tu le sais gamin ? » me dit-elle nerveuse. J’hochais la tête, tremblante.

« Bien. Imagine que la magie est une fontaine, elle jaillit au fond de toi, de ta force, de tes émotions. Tu ne peux pas la contraindre, juste la guider. Ne la bloque pas, apaise tes émotions, ce sont elles qui maîtrisent la force et la vitesse du flux.

Respire calmement.

Très bien, essaye de tenir fermement gamin. Je ressens… ton amour, ta détresse. Tu dois être ferme, ne te laisse pas assaillir. »

Je tressaillis à ces derniers mots, puis tentait de reprendre mon calme alors que je sentais la magie arriver aux limites de mon contrôle. Pour Saad, je dois y arriver.

« C’est bien…Maintenant pose tes mains sur lui, comme ça, doucement. Imagine que vous ne faites qu’un. Ouvre doucement ton cœur gamin, donne-lui tout cet amour, goutte par goutte, pas plus, pas moins, comme s'il était un de tes membres, engourdi, que tu réveilles avec délicatesse. »

Je sentais sa respiration faible sous mes doigts et il tressaillit quand les lignes bleues scintillantes s’échappèrent doucement de mes mains pour pénétrer dans sa peau. Jorys faisait de même. Sa magie avait d’une couleur différente, une teinte rose, douce. Nos magies s’entremêlaient, dansantes, avant de pénétrer avec hésitation dans la peau de Saad. Jorys entonna un chant doux dans une langue inconnue. J’y arrivais ! Je contrôlais le flux qui s’échappait me libérant doucement de son emprise. L’euphorie remplaçait petit à petit la panique. Je sentais néanmoins que le flux se mettait à s’accélérer sans que je puisse le réajuster.

Jorys prit une grande inspiration et retira ses mains du corps de Saad. « Ça a marché…ça a marché ! » souffla-t-elle dans un soupir de soulagement, un sourire aux lèvres. Elle posa alors ses mains sur les miennes et tenta de les soulever. Devant l’étau qui me retenait à lui, elle leva vers moi un regard paniqué.

Gamin, que fais-tu ? Il faut le lâcher désormais ! »

Je lui rendis son regard en tentant de rester calme quand après plusieurs tentatives infructueuses, je lui annonçais : « Je n’y arrive pas…Ça s’accélère ! » Je lu dans son regard horrifié que ce n’était pas normal. Elle se pencha sur Saad le secouant pour tenter de le réveiller.

Je tentais de mon côté de ralentir le flux tout en enlevant mes mains, mais impossible, je me sentais aspirée. Jorys tenta de nouveau d’arracher mes mains mais elle fut violemment projetée en arrière. Je me sentais bizarre, mes forces semblaient me quitter, je tentais malgré tout de ralentir le flux. La lamentation des loups se mit à retentir au dehors, je la sentais m’appeler mais je ne pouvais rien faire à part vider mon énergie en Saad !

Jorys s’était précipitée sur un grimoire qu’elle feuilleta rapidement avant que son visage ne s’éclairât. Elle leva la main vers Saad avant de prononcer une formule. Le flux s’arrêta immédiatement, me faisant basculer brutalement en arrière où je me cognais la tête, m’assommant à moitié. Le chant des loups stoppa immédiatement. Jorys se précipita vers Saad qui reprenait connaissance. Après un coup d'oeil autour de lui, il se releva prestement d’un bon, comme si de rien n'était. Elle se jeta dans ses bras et il la sera contre son torse en lui caressant les cheveux. Je détournais la tête, ayant brusquement l’impression d’achever mon cas d’un double uppercut dans le ventre. Une amie intime. Je tiens à elle. Ses paroles raisonnaient à mes oreilles. Je tentais de me relever sans succès. Quitter la pièce. Il était en vie, bondissant même…Il n’avait plus besoin de moi et moi, j’avais désespérément besoin d’air. Je rampais tant bien que mal vers la sortie, n’arrivant pas à me lever sans être prise de vertiges.

« Ilia…Cramb ?! » Je n’eus pas le temps de réagir qu’il m'avait déjà rejoint et qu’il me souleva dans ces bras.

« Ne vous ai-je pas dit que je ne vous laissais pas ? » souffla-t-il, il me dévisageait, haletant. Pourquoi prenait-il un malin plaisir à ainsi me bouleverser ?

« Tu as failli la tuer Saad ! » s’exclama Jorys. Il se tourna lentement pour lui faire face, reposant doucement mes jambes au sol, mais me maintenant par la taille.

« Qui est-elle ? » ajouta la mage, le regard suspicieux.

Il resta silencieux.

« Je te remercie de tes bons soins, Jorys, il est temps pour nous de prendre congés » répondit-il enfin d’une voix calme et ferme.

Elle secoua la tête. « Tu me dois une nuit, Grand Mage, à minima ! » répliqua-t-elle, un sourire se dessinant sur ses lèvres pulpeuses.

Il ne répondit pas mais je vis sur le visage de Jorys qu’elle avait obtenu ce qu’elle voulait. Elle m’adressa un regard noir alors qu’essayant de me défaire de l’étreinte de Saad, je ne réussis qu’à le faire resserrer son étau.

« Je vous laisse…laissez tout dans l’état où vous l’avez trouvé…Au revoir Saad, je t'attendrais avec impatience et j'espère que tu viendras seul cette fois ! » dit Jorys avant de tourner les talons et de quitter la pièce.

Saad me retourna contre lui, prenant brusquement mon visage entre ses mains.

« Que s’est-il passé ? Pourquoi a-t-elle dit ça ? » me demanda-t-il scrutant mes yeux pour tenter d’y lire le déroulement des événements. Comment le monde aurait pu tourner sans ses magnifiques yeux verts ? « …rien » je lui répondis simplement. Il s’approcha encore, son regard vert virant au noir. « Vous mentez très mal princesse...» son souffle balayait mes lèvres, et je ne pus m’empêcher de regarder sa bouche fascinée.

« …concentrez-vous, Iliana, ne vous laissez pas distraire » murmura-t-il.

« Arrêtez de me distraire dans ce cas »

« C’est tellement facile… » me répondit-il avec une pointe d’arrogance.

« Qu’est-ce qui est facile ? » lui demandais-je partagée entre la fascination et l’agacement.

Il avança encore son visage vers le mien, sa peau effleurant presque la mienne, avant de répondre dans un souffle : « De vous enflammez, Iliana…de vous enflammez ! » A mon grand desarroi, je mis quelques secondes à comprendre ses mots, je levais alors vers lui un regard assassin et reculait de trois pas.

Il arborait un sourire arrogant qui disparut quand fronçant les sourcils il ajouta : « Ne tombez pas amoureuse de moi ». Mon sang ne fit qu’un tour mais je me ressaisis et me redressant, je lui réponds : « Ne vous inquiétez pas, cela ne risque pas d’arriver ! »

Il esquissa un léger sourire.

« Que s’est-il passé Iliana? » me demanda-t-il de nouveau en reprenant un air sérieux.

Je n’avais pour ma part plus du tout envie ni de lui parler, ni de le voir d’ailleurs…

« Demandez à votre amie intime ! Ça ne m’intéresse pas ! »

Je sortis alors le plus dignement possible de la pièce puis de la yourte. Retrouvant l’air exquis du dehors, je réussi à faire quelques pas avant que mes jambes ne me lâchent et que je m’effondre la tête la première dans les fraises des bois. Je sentis des mouvements autour et une forte odeur musquée. Relevant la tête, j’aperçu une dizaine de loups qui m’entourèrent rapidement, Lorenz en premier lieu. J’aurais dû en être terrifiée. Mais non, j’étais juste épuisée, humilée, vidée de toute mon essence...Et aussi étrange que ce soit, cette chaleur animale autour avait un parfum de doux réconfort. Je me retournais sur le dos pour faire face au ciel et laissais ma tête retomber lourdement dans l'enchevretement de stolons, les yeux clos.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? Mais par les cieux, qui êtes-vous ? » s’exclama la voix de Jorys qui surgissant des bois, aperçu la scène.

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