19 - Les retrouvailles

Les retrouvailles

— Ariette ! Eh, attends !

— Arsène, je n’ai vraiment pas le temps.

— Ca ne prendra pas longtemps. Je viens d’apprendre qu’on m’a mis dans ton équipe. C’est merveilleux, non ?

— Merveilleux. Pour faire quoi ?

— Ca, ils ont dit que ça serait à toi de me le dire. T’imagines, on va enfin travailler ensemble ! Depuis le temps que j’en rêve ! Enfin, je ne rêve pas vraiment, c’est juste une manière de parler. Alors, qu’est-ce que je dois faire ?

— Tu pourrais…

— Tu ne me demandes pas comment ça s’est passé au 156e sous-sol ? Ca ne t’intéresse pas après tout ce qu’on a vécu ?

— On s’est retrouvés coincés dans un ascenseur. J’ai connu plus trépidant. Et puis, tu m’as dit que ta mission était classée secrète.

— Oui, mais bon. Toi, t’es déjà au courant de la mission. Donc ce n’est pas si grave si je te le dis, pas vrai ? Oh, je suis tellement content de te retrouver ! J’ai l’impression d’être parti depuis une éternité.

— T’es parti même pas une heure. Et encore, je me base sur le système Walgon. Si je prenais appui sur celui de Zugwon, tu serais revenu avant d’être parti. C’est dire.

— Moi aussi, ça me fait plaisir de te revoir ! C’était un endroit terrible, ce 156e sous-sol ! Et je n’exagère même pas. Au début, c’était tout sombre. Puis, il y a eu cette machine…

— Arsène, je n’ai vraiment pas le temps. On pourrait en discuter une autre fois ?

— Une autre fois ? Oh, mais bien sûr ! De quoi tu veux parler maintenant ?

— Maintenant ?

— Eh bien, puisque tu ne veux pas parler du 156e sous-sol.

— Je ne veux parler de rien. Je suis pressée, je te dis. Je manque de temps pour tout faire.

— Tu manques de temps… Ariette, tu sais que le temps, c’est pour ainsi dire nous qui l’avons inventé ?

— Oui, mais ce n’est pas pour ça qu’on ne peut pas en être victime. On ne peut pas le rembobiner, tu sais.

— Je sais. Mais on peut l’ignorer. Comme ça, il passe, mais il ne nous touche pas.

— Qu’est-ce que tu me chantes là ?

— C’est une nouvelle théorie que j’ai là. J’y ai pensé dans l’ascenseur en remontant, quand j’ai rencontré une… Enfin, peu importe. Le temps, on court toujours après. Alors que la solution, on l’a devant les yeux depuis toujours. Pour que le temps arrête de nous gouverner, il ne faut plus lui en laisser l’occasion.

— C’est… étonnement censé ce que tu dis. Promis, j’y réfléchirai quand je serai moins dans l’urgence. Mais pour l’instant, je dois…

— Et pourquoi une telle urgence, d’ailleurs ? Je pensais que ton travail consistait à surveiller les mondes en cours de formation pour analyser le moment où apparaitrait la vie.

— Ah mais tu n’es pas au courant ? J’ai eu une promotion ! Je m’occupe maintenant du cas des âmes stagnantes !

— Ah mais c’est pour ça ! Je ne comprenais pas aussi. Parce que quand ils m’ont affecté dans ton équipe, déjà, je n’ai pas compris pour l’équipe vu que tu bossais toujours seule. Et puis, je ne voyais pas très bien à quoi j’aurais servi dans l’analyse des planètes en formation. Ma spécialité, c’est les formes de vie à six pattes. Donc bon… Mais maintenant, je vois mieux ! Félicitations !

— Merci.

— Et ça consiste en quoi ? Parce que je t’avoue que ceux qui dirigent des opérations comme ça, je ne les ai jamais bien compris. Attention, hein, je ne dis pas que ton travail ne sert à rien ou un truc dans le genre ! Mais je crois que je ne suis pas fait pour comprendre ce genre de choses. Moi, je pense que ceux qui dirigent doivent rester où ils sont. Et nous autres, on doit aussi rester où nous sommes. Oh, zut, je suis en train de cracher sur ta promotion. Je ne voulais tellement pas. Quand je commence à parler, j’ai tendance à sortir des choses pas toujours intelligentes. Je… je crois que je vais me taire, ça vaudra mieux. D’ailleurs, si je t’ai vexée et que tu ne veux pas travailler avec moi, je comprendrai. J’irai même leur dire que c’était entièrement de ma faute. Je peux y aller de suite, si tu veux.

— Attends. Tu dis que ta spécialité, c’est les formes de vie à six pattes ?

— Hein ? Euh, oui.

— Donc tu t’y connais en cafards ?