💍19. L'orgueil fera défaut💍

Cela faisait maintenant un petit moment que Joséphine avait prit conscience de l’ampleur de la tâche. Cette dernière ne s’annonçant en rien facile venait subitement de prendre une difficulté supplémentaire tandis que se tenait présentement devant elle une assemblée d’hommes de tout âge, la regardant avec plus ou moins de mépris pour la majorité alors que l’autre moitié ne cachait en rien son inquiétude. Elle aurait aimé comprendre leurs réactions diverses et variés mais l’heure ne se prêtait pas à l’émotion. L’heure était à la décision.

Les affaires familiales étaient au plus mal, un moment sombre comme un autre en soit, mais dont celui-ci allait avoir des conséquences terribles sur une partie de ces hommes.

Tous ici connaissaient Richard Conquérant, avaient navigué à ses côtés et éprouvaient pour l’homme et le marin qu’il était un profond respect et une grande admiration mais son décès et la soudaine arrivée de sa fille dans les affaires du port n’annonçait rien de bon. En outre, comment une enfant pouvait-elle connaître quoique ce soit à la mer ? La dernière fois que Joséphine a mit les pieds sur un bateau, elle devait avoir six ou sept ans tout au plus.

- Je sais que les marins ont cette croyance dans laquelle les femmes porteraient malheur à bord et c’est un fait que je respecte profondément. Je n’ai guère besoin de subir vos regards et vos murmures pour savoir que je ne suis pas la bienvenue par ici, malheureusement je ne suis pas porteuse de bonnes nouvelles et ma présence sera de plus en plus fréquente. Vous avez navigué avec mon père. Fait affaire avec mon père. Certains, ils vous a sortis de votre galère ou a chassé vos ennuis. Je sais mieux que quiconque ici réunis quel genre d’homme il était, néanmoins, je ne peux me permettre de faire dans le même sentimentalisme et pour cela, j’estime qu’il est inutile que je vous mente.

Toute la nuit durant, elle y avait réfléchis. A ce moment précis. Au moment où elle les regarderait droit dans les yeux et où elle leur ferait comprendre que les choses allaient à présent se passer différemment.

- Les affaires de l’entreprise sont au plus mal. Les derniers bateaux sont revenus avec les soutes presque vides. Les taxes sur les produits que nous exportons ne nous permettent pas de nous maintenir à flot. Par conséquent, nous allons...Je vais faire un choix en réduisant la flotte. Nous garderons cinq bâtiments sur les vingt que nous possédons. Ceux restant à quais seront loués et mit au service d’autres entreprises ou acteurs du marché. Les marins étant affectés à ces bâtiments auront leur contrat revus et leur salaire réduit tant qu’aucun service n’est demandé.

Entendant déjà les exclamations sous la surprise générale, Joséphine ne se laissa cependant pas intimider ni distraire et poursuivit son annonce dans le plus grand des calmes. Elle a été élevée pour cela. Elle a été éduquée pour prendre les décisions que tout le monde fuit. Celles qui impliquent d’assumer ses responsabilités.

- Les cinq restants repartiront en fin de semaine avec chacun un itinéraire précis et une commande. Nous allons pour l’instant nous contenter de faire ce que nous savons faire au mieux. Les temps sont difficiles, je le conçois et je sais que cela va impliquer du changement que peu vont tolérer. Dans ce cas-là, je demanderais à tous ceux ayant un problème avec le fait d’être sous les ordres directs d’une femme...De quitter cette pièce sur le champ. Mais réfléchissez bien : Tous les patrons que vous croiserez n’auront pas ma clémence ni ma générosité. Mon père vous a aidé, à vous de me montrer que cela n’a pas été en vain.

- Votre père était notre capitaine ! C’est facile de se pointer, de faire de grands discours et de nous dire quoi faire ! s’écrit un marin dans le tas

- Ouais, il a raison ! soutient un camarade à l’autre bout de l’assemblée

- Faites vos preuves !

Évidemment, une acceptation totale et unanime aurait été trop demandé.

- Dans ce cas, comptez moi du voyage de fin de semaine. Ainsi, mes paroles se coupleront à mes actes.

Et là,ce fut soudain le calme. Ils s’attendaient à des remarques, à une objection ou à quelque chose probablement plus digne d’une jeune femme de son âge, mais personne n’aurait misé sur le fait qu’elle propose elle-même de venir. Elle ne connaissait rien de la difficulté de la vie en mer. Rien des jours de travail et de labeurs sur le navire. Rien des caprices de l’océan. Cela allait être pour elle une sorte de baptême. De première fois dans ce monde qui à présent ne faisait que lui tendre les bras.

Regardant petit à petit l’entrepôt dans lequel s’était tenue cette assemblée extraordinaire se vider de ses quelques âmes humaines repartant, non pas rassurées, mais intriguées par les prochains événements, Joséphine se laisser littéralement tomber sur un tonneau, s’asseyant, soupirant et se passant une main sur le visage tandis que devant elle venait d’apparaître la silhouette de Ninon, la dévisageant, inquiète.

- Je connais ce regard, dit-elle avec un sourire à demi éteint.

- Mademoiselle...

- Je présume que tu as entendu. Il va falloir faire certaines préparations en peu de temps. A croire qu’aucun moment n’est fait pour que l’on se repose toi et moi.

- C’est de la folie. Vous avez certes reçue une éducation pour certaines choses, mais le monde marin est une autre chose de laquelle Monsieur vous a longtemps tenue écartée. Vous ne pouvez pas partir, cela est trop dangereux.

- Fort heureusement pour moi, j’ai de nouveau les rennes de ma vie et je n’ai pas besoin que l’on me dise quoi faire, répondit sèchement Joséphine.

Ninon fit un pas en arrière sous la remarque de sa maîtresse tandis que cette dernière ne put s’empêcher de baisser les yeux, s’étant rapidement rendue compte qu’elle s’en prenait à la mauvaise personne. Non pas qu’elle était énervée, exaspérée serait même plus juste à dire, mais avait-elle le choix ? Pouvait-elle se permettre de faire autrement car maintenant que les dés étaient lancés, revenir en arrière ne lui était guère permis. Si elle ne faisait pas ses preuves, personne ne la suivrait et les affaires couleraient définitivement. Or, voilà qu’un brin d’espoir lui ai apparu tout récemment en pleine réflexion, mais pour que celui-ci germe, il fallait agir rapidement.

Et oui, les décisions précipitées sont rarement les plus judicieuses. Joséphine le savait mieux que personne.

- Comprends-moi Ninon, cela n’est pas quelque chose qui m’enchante non plus, mais je n’ai pas le choix. Je dois prendre des décisions car plus personne ne les prendra pour moi à présent. Sur mes épaules reposent aussi bien le sort de ces hommes que celui de ma famille, de tous les domestiques de la maison...Je n’ai pas le choix, confesse-t-elle bien tristement

- Vous agissez comme si vous étiez seule Mademoiselle, mais ce n’est pas le cas. Pourquoi ne pas demander de l’aide ?

- Et à qui pourrais-je demander ? Nous savons toutes deux que je suis loin d’avoir un carnet d’adresse remplis. J’ai passée mes jeunes années à bouder la mondanité alors que cette dernière pourrait m’être tout à fait utile. Malheureusement, je ne suis pas le genre de personne qui aime être redevable.

- Pourtant, ne venez-vous pas de devenir l’amie d’une personne pouvant probablement vous soutenir ?

A son sourire étincelant, la jeune femme comprends rapidement que sa domestique fait mention du Duc de Varsox et le traiter comme un ami n’est pas encore quelque chose que Joséphine est prête à faire. Non pas qu’elle lui soit hostile, bien au contraire, elle appréciait chaque moment passé en sa compagnie, mais le Duc était un homme à ennuis. Elle pouvait le deviner sans même s’acharner à faire sa connaissance.Elle l’avait vu lors de la précédente soirée. Un homme de son rang est fait pour être en compagnie d’une Princesse, pas d’une marchande.

- Je ne demanderais pas son aide au Duc, lance-t-elle en se relevant

- Mais pourquoi pas ? s’acharne la jeune domestique, Je suis certaine que ce dernier serait plus qu’heureux de vous prêter main forte.

Probablement, mais Joséphine se rappelle alors lui avoir dit de ne pas se mêler, que ce soit de près ou de loin, de ses affaires familiales. Elle se souvient lui avoir dit, même affirmé, qu’elle s’en sortirait, et ce, quoi qu’il arrive. Et c’est quelques mots lancés à tout hasard un beau jour, elle compte bien s’y accrocher.

- C’est non, Ninon. Son Excellence est un homme occupé et je ne peux me permettre de profiter de son temps ni même de lui rajouter du travail. En outre, je saurais me débrouiller.

- Vous savez, à force de trop tirer sur la corde, un jour, cette dernière finit par céder.

De sages paroles qui un jour, dû à un trop plein d’orgueil, finiront par exploser au visage même de la jeune Baronne.

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Alison CXC
Posté le 02/04/2021
Euuuuh, j'imagine pas du tout une bande de marin naviguer avec une femme comme Joséphine comme Capitaine hahaha J'ai peur qu'elle finisse par jeter tout le monde par-dessus bord xD
Et concernant l'idée de Ninon de faire appel au Duc... comment te dire que je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée vu le chapitre 18 ? xD J'ai peur de ce qui va arriver prochainement muahahah
ManonSeguin
Posté le 11/04/2021
:D Pourquoi avoir peur ? Dis-le si tu n'as pas confiance en mes surprises et moi ! Tu vas aimer la suite ahaha :D
Vous lisez