💍18. Proposition et rappel à l'ordre💍

Il ne fallut pas attendre l’aurore pour entendre les premiers piaillements au cœur même de la ville s’éveillant tout juste. La matinée n’était pas radieuse, le temps plutôt maussade et pourtant voilà qu’on courait, qu’on se précipitait et que la nouvelle se propageait tel un feu de forêt : «Dès la fin de la saison, le jeune Duc Jonah de Varsox et la Princesse Sophia seront un couple dès plus officiel», mais qui pouvait bien avoir lancé un tel ragot ? Certainement une de ces dames de bonnes familles, présente la veille au soir et ayant eu pour seul sujet de conversation l’avenir de ce couple à qui on prêtait une bien trop grande attention.

En outre, il ne fallut pas plus de quelques heures à la demeure de Conquérant pour que les premiers domestiques s’étant rendus sur le marché très tôt dans la matinée ait vent de la nouvelle. Horreur, malheur ! Eux qui avaient misés sur la maîtresse de maison, voilà que cette dernière paraît déjà être hors compétition. Pourtant combien de fois les avaient-ils vus ou ne serait-ce qu’aperçus ensemble ? Combien de fois la jeune demoiselle et le jeune homme échangeaient avec le sourire ? Les plus naïfs n’y avaient rien vu, mais les plus aguerris dans le monde savaient reconnaître un signe de la providence quand ils en voyaient un. Il y avait quelque chose qui se dégageaient de ces deux-là alors comment, en l’espace d’une seule et unique soirée, la jeune baronne avait pu sortir du cadre ?

D’ailleurs, cette dernière ne s’était guère préoccupée de la nouvelle car à peine levée, la voilà déjà préparée à sortir. Aujourd’hui s’annonce être une journée chargée pour Joséphine Conquérant car aujourd’hui devient le jour où cette dernière est officiellement titularisée : Baronne Conquérant. Cela n’a prit que quelques minutes et une signature sur un document tout à fait officiel, une moindre affaire, mais pour la jeune femme, une nouvelle page de son histoire s’apprêtait à s’écrire sur ces pages blanches immaculées qui se présentaient alors à elle. Maintenant qu’elle était officiellement Baronne, une montagne de responsabilités l’attendaient, des affaires non réglées restaient en suspend et un meurtre à élucider avant que davantage de jours ne s’écoulent sans qu’elle ne puisse rien faire.

- Je présume qu’être officiellement baronne doit faire quelque chose, lance Bartolomé en inspectant le visage pensif de sa sœur aînée, Alors dis-moi, que ressens-tu ?

Cette dernière lève tout juste les yeux à son égard, fixant la rivière s’écoulant sous eux tandis qu’ils se sont arrêtés à hauteur d’un petit pont de pierre permettant de joindre les deux rives de la ville.

- Honnêtement, je ne peux m’empêcher d’éprouver une pointe de culpabilité. J’ai l’impression de prendre un rôle qui n’est pas le mien...pas encore du moins, lui répond-t-elle en soupirant

- Pourtant, n’est-ce pas la concrétisation de ta vie, Joséphine ? Cette dernière n’a tournée qu’autour de ça pendant près de vingt ans. Je suis certain que père ne verrait pas les choses autrement.

- Je crois qu’il est juste de dire que dernièrement, père ne voyait plus grand chose.

Reprenant son chemin, ses pensées tournent et virevoltent encore autour de cette matinée. De cette soirée. N’y avait-il pas un élément qu’elle oubliait ? Quelque chose que son esprit mettrait sciemment de côté expressément pour la troubler ? Cela ne pouvait être un accident : Son comportement la veille au soir, la brusque venue du Comte Detina et sa surveillance autour de sa personne dès qu’elle est seule ou presque, les mensonges sur les comptes, les paroles du marin sur ce bateau qui devait arriver et régler tous les soucis de feu le Baron. Tous ces éléments là avaient pour Joséphine un lien unique, mais encore fallait-il pouvoir le trouver.

- Je devrais passer au port. J’ai ouïe dire que ma présence était souhaitée là-bas, dit-elle en changeant de direction

- Souhaiterais-tu un chaperon ?

- Je doute que tu puisses m’aider dans ce domaine-là et puis, je risque d’y passer plusieurs heures. Nous allons devoir discuter des affaires en cours et établir un plan d’action pour les jours voir les mois à venir s’il nous est possible de le faire. En soit, de la paperasse m’attends et je ne te connais que trop bien pour savoir que tu as toujours détesté cela.

- Cela aurait été valable si j’avais six ans de moins, mais disons que ma position m’a obligé à revoir mon avis. En outre, un gradé passe plus de temps assis à un bureau que dehors. Oh comme cela va me manquer ! soupire Bartolomé en s’imaginant déjà le calvaire qui l’attends quand il perdra son grade de Lieutenant.

- Sois moins bon dans ce que tu fais et peut-être que les gens te laisseront tranquille ?

- Malheureusement pour moi, je n’ai pas été éduqué à ne pas donner le meilleur de moi-même dans ce que je fais. Comment pourrais-je être fier et me regarder dans un miroir sinon ?

Ah. L’orgueil de Bartolomé. Par moment, Joséphine l’oublie et ne voit dans cet être que son petit frère, celui qui pleurnichait et hurlait dès qu’elle lui mettait une raclée, mais aujourd’hui Bartolomé est une fierté presque nationale. Il s’illustrait par son intelligence dans le cadre militaire, avait eu un parcours exemplaire à l’Académie et venait de recevoir avec honneur sa promotion faisant de plus l’un des plus jeunes capitaines de l’armée royale. Rien que ça. Qu’il était difficile d’avoir un membre illustre dans la famille et de ne pas lui arriver à la cheville.

- Je préfère que nos chemins se séparent ici avant que ta modestie ne nous étouffe tous les deux tant elle prends de la place. Quand tu rentreras, sois gentil et dis à Ninon de me rejoindre.

- Donc dois-je être celui qui surveille Ambre et Thomas ?

- Ambre a des leçons jusqu’en fin d’après-midi et Thomas, veille à ce que Florence ne le gâte pas tant qu’il n’a pas finit ses devoirs.

- Pas de rédaction, pas de bonbons en somme ?

- Comme tu es brillant quand tu t’y mets ! Je comprends mieux ce que l’armée peut bien te trouver, lui rit-elle au nez afin de se moquer.

Tirant la langue à son aînée, Bartolomé et Joséphine se séparent au détour d’une rue. L’un partant en avant et l’autre rebroussant chemin. Néanmoins, avant de remplacer Ninon dans son labeur, le jeune Conquérant a un arrêt à marquer.

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- Monsieur, vous avez un visiteur.

Le nez plongé dans diverses affaires à régler, le jeune Duc ne peut s’empêcher de relever ce dernier afin de jeter un oeil curieux à l’horloge. Aucun rendez-vous n’avait été prit ce matin et aucune visite n’était escomptée car dans le cas contraire Maximilien l’aurait avertit de cela. Donc qui pouvait bien venir en cette fin de matinée sans avoir y été invité au préalable ?

- De qui s’agit-il ? interroge le noble en replongeant son nez dans les papiers étalés sur le bureau vernis situé devant lui.

- Le Lieutenant Conquérant.

A ce nom, un sursaut lui échappe bien malgré lui tandis qu’il pose la plume, versant quelques gouttes d’encre sur une feuille jusqu’à lors immaculée de tâches. Finalement, après avoir passé une bonne partie de la matinée à travailler, une petite pause n’était-elle pas méritée et quoi de mieux que de la passer en compagnie d’une personne avec qui il désirait justement s’entretenir. En outre et au-delà de l’étrange curiosité personnelle qu’il pouvait éprouver pour Joséphine, Jonah avait quelque peu posé ses yeux sur son frère Bartolomé tant ses louages étaient ventées. Pour qu’un jeune homme de dix-neuf ans fasse ainsi la fierté de l’Académie c’est qu’il devait y avoir chez lui quelque chose dépassant l’entendement car il n’y avait rien de plus difficile à séduire et à charmer que de vieux militaires aguerris.

Retroussant les manches de sa chemise légèrement déboutonnée à autour de son cou, le Duc rassemble ses esprits avant de quitter la pièce, rejoignant alors l’invité ayant été installé dans le salon. A la vision de sa silhouette passant le seuil de la porte, le jeune Conquérant se lève brusquement du canapé, tendant une main ferme que le Duc s’empresse de prendre tout sourire. L’invitant à se rasseoir, celui-ci ne peut dissimuler sa satisfaction de voir devant lui, le cadet de son amie. D’ailleurs, à le voir ainsi de plus près que par quelques rapides coups d’oeil, il ne peut s’empêcher de remarquer des traits similaires entre Joséphine et Bartolomé. La génétique fait donc les choses à merveille.

- Votre soudaine visite m’étonne, Monsieur, soulève alors le Duc en demandant une tasse de café afin d’accompagner celle servit à son invité visiblement confus.

- Je prie pour que Son Excellence me pardonne. Il est vrai que je suis venu jusqu’ici sans avoir reçu la moindre invitation et sans avoir pris le temps de vous prévenir non plus, mais j’avais à faire dans le coin et je me suis permis.

- Ne vous excusez pas, voyons. Vous êtes le bienvenu. Votre sœur est une bonne amie et j’espère que nous le deviendrons également. En outre, vous tombez à point nommé, j’avais besoin de prendre une pause ! rit-il en se laissant glisser dans le dossier du fauteuil dans lequel il s’est installé.

Malgré leurs ressemblances physiques, Jonah amusé par le silence du jeune homme ne put s’empêcher de vouloir l’embêter en espérant que cela ne remonte guère jusqu’aux oreilles de son aînée car la jeune femme, au caractère visiblement bien trempée, serait elle aussi bien du genre à venir non annoncée réservant un enfer à quiconque oserait se mettre en travers de sa route.

- Donc ? De quoi vouliez-vous m’entretenir ? Je me doute que si vous vous êtes donné cette peine c’est pour une raison en particulier ? Parlez sans crainte, je ne mange pas. Ma dernière collation remonte à seulement deux heures.

- Sachez Votre Excellence, que vous avez ma reconnaissance éternelle pour le geste que vous avez eu envers ma sœur en ces temps de troubles. Votre lettre à mes supérieurs à très certainement permis et facilité mon départ, chose qui aurait été plus compliquée autrement et qui m’aurait fait rater les funérailles de mon père. Pour avoir permis cela, je vous remercie profondément, se confesse le jeune militaire en baissant les yeux jusqu’à ce que ces derniers atteignent la moquette jonchant le sol

- Eh bien, je suis content de l’apprendre, mais cela est se donner beaucoup de mal que de venir jusqu’ici uniquement pour me remercier. Un courrier aurait suffit car je me doute qu’au vue de la situation actuelle, votre famille à fort à faire.

- Il est vrai, mais nous ne sommes pas aussi occupés que Son Excellence...

- N’abusons pas, je ne suis guère débordé. Je peux bien accorder plus de cinq minutes de mon temps. Ce dernier n’est pas aussi précieux que certains aiment à le croire.

- Néanmoins, vous avez raison, je ne suis pas venu jusqu’ici pour vous remercier. Du moins, pas que. Cela m’en coûte que de vous le demander, mais pouvez-vous prêter une oreille attentive à la requête que je m’apprête à vous formuler ?

- Mais bien évidemment, je suis tout ouïe.

Quittant son dossier, Jonah se penche légèrement en avant, prêt à entendre la requête d’un jeune homme dont il avait à peine croisé la route. Contrairement à son aînée, ce dernier semblait prudent, peut-être plus réfléchis, plus respectueux et sans doute son humilité face à sa personne lui avait été inculquée durant ses années dans l’armée, mais il y avait autre chose qui retenait cet homme. Une chaîne invisible s’apprêtant à céder sous le poids d’une requête maladroitement formulée.

- Auriez-vous l’obligeance de considérer ma sœur aînée, Joséphine, comme une potentielle candidate pour un mariage ? dit-il alors soudainement alors que le Duc, buvant son café manque de recracher ce dernier sous le coup de la surprise que ces derniers mots pouvaient provoquer.

- Je vous demande pardon ? Que dites-vous ?

- Je sais que cela peut paraître être la requête d’un homme dénué d’esprit, mais sachez que je n’ai fait que réfléchir à cela ces derniers jours. Ma soeur est sous le joug d’un étrange individu aux intentions peu recommandables et j’ai peur qu’un grand malheur ne survienne si personne ne lui vient en aide. Malgré ses airs, et je présume que Son Excellence qui est un homme avisé l’a également remarqué, Joséphine est une jeune femme délicate et très peu consciente des menaces qui peuvent peser sur elle.

Un portrait peu flatteur de son aînée dans lequel le Duc ne reconnaît en aucun point la Joséphine ayant croisé plusieurs fois sa route. Il n’y avait rien chez elle de délicat si ce n’était l’arôme de son parfum. C’était une femme forte, indépendante, élevée et éduquée pour être le prochain chef de famille et s’apprêtant justement à le devenir. Malgré les récents événements, pas une seule fois elle ne s’est effondrée et elle s’est même permit une enquête et une aventure dans des lieux peu fréquentables. Aucune jeune noble n’irait là...Mais Joséphine n’est pas une personne que l’on peut définir uniquement par son titre. C’est une jeune femme au caractère marqué par la solitude et l’habitude de ne dépendre que de soi-même.

Alors face à une telle demande, Jonah eut un léger mouvement de recul accompagné d’un sourire. Que ce soit Maximilien ou bien Bartolomé Conquérant, visiblement bien des gens semblaient subitement douter de ses capacités. Pourtant, Joséphine était bel et bien considérée comme étant une perle rare parmi la bonne société, et ce, pour bien des aspects il est fort à parier.

- Vous me voyez dans l’obligation de refuser, le coupe le Duc en se réinstallant, Je crains de ne pas partager avec vous la vision que vous avez de votre aînée. J’ai trop peu fréquenté Joséphine pour avoir un avis sincère et fixe et je ne suis pas vraiment un bon juge de caractère, mais votre sœur est plus que le tableau aux couleurs ternes que vous me décrivez, Monsieur. Quoi qu’il advienne, je pense qu’il vaut mieux que j’évite d’une quelconque façon de me trouver sur la route de Joséphine Conquérant.

- Pourtant, n’éprouvez-vous pas une grande affection pour elle ? J’ai entendu dire que...

- Votre attention est tout à fait louable et je la comprends, malheureusement je ne peux guère accéder à votre requête, Lieutenant, reprit Jonah sur un ton plus ferme.

- Je me doute que cela paraît complètement désuet, mais...

- Lieutenant, le coupe-t-il une nouvelle fois, Bien que j’éprouve une affection certaine pour votre sœur, je vous prierais de ne pas insister. Ma vie privée relève de mon droit le plus strict et je vous serais reconnaissant de ne pas vous en mêler. En outre, je conçois que vous soyez dans l’armée depuis longtemps maintenant et peut-être avez-vous oublié les uses et coutumes de notre société, mais un mariage relève du partenariat politique ou commercial et je doute que présentement votre famille brille sous ces deux aspects. Alors si votre grande idée c’est de me conduire sous les jupons de votre aînée afin que cette dernière puisse profiter de ma fortune, je vous suggère grandement de revoir vos idées et vos plans.

En y repensant plus attentivement, le jeune homme se rendit compte qu’il n’y perdrait pas à épouser la jeune Baronne. Brillante, ayant un sens assez développé des affaires si réellement elle a aidé son père toutes ces années durant, une personnalité plaisante, une façon de converser agréable et d’une compagnie délicieuse. En soit, si les choses avaient été différentes pour Jonah, peut-être l’aurait-il envisager car depuis son retour en ville, les propositions de rencontres ne cessent de pleuvoir et les invitations à dîner ou prendre le thé ne tarissent pas.

- Dans ce cas, si Son Excellence n’a aucune ambition de se marier, je le prierais de revoir sa position concernant ma soeur. Les rumeurs courent en ville et votre comportement indécis pourrait blesser plus d’une personne. Sachez que ma soeur entre dans l’âge et maintenant qu’elle est titularisée, les propositions ne devraient plus tarder à arriver également. Je vous serais alors gré de vous éloigner d’elle afin de ne pas envoyer de faux messages à quiconque de ces Messieurs restants et ayant le moindre désir de s’énamourer d’elle, lance le jeune gradé d’un ton plus sûr mais également plus sec à l’égard du Duc le dévisageant avec surprise.

- Je vous demande pardon ?

- Vous aussi, il me semble, venez de rentrer d’un long voyage, Votre Excellence, donc il est fort probable que vous avez également oublié les uses et coutumes de notre «bonne société», mais vos récents aller et venus sans compter vos rencontres avec ma sœur pourrait laisser croire que vous avez certaines intentions à son égard. Alors si vous m’affirmez le contraire, je souhaite que vous soyez plus discret quant à vos démonstrations «d’amitié» si je puis dire.

L’entretien se finit sur une note tout à fait silencieuse tandis que les deux hommes restèrent assis pendant un long moment l’un en face de l’autre, se dévisageant.

Tous deux savaient de quelle trempe était faite Joséphine Conquérant, ou du moins c’est ce que chacun se plaisaient à croire, mais aucun d’eux n’avaient alors conscience que la jeune femme était bien plus qu’une demoiselle se trouvant être dans une fâcheuse position.

Elle était celle dont bientôt la cour du Roi n’aurait de cesse de parler.

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Alison CXC
Posté le 01/04/2021
J'ai absolument adoré ce chapitre ! Et c'est drôle mais je n'ai pas retrouvé la si brillante Joséphine dans les discours des deux hommes, comme s'ils étaient encore bien loin de la Joséphine que tu esquissais jusqu'alors (même si le portrait qu'en faisait le Duc était plus "honorable" que celui dépeint par Bart) !

Bizarrement, même si j'ai adoré cet échange, je n'ai pas pu m'empêcher d'imaginer Joséphine à ce même moment et si elle avait eu vent de ce qu'il s'était dit :o Je ne suis pas sûre qu'elle aurait apprécié que deux hommes discutent de son avenir matrimonial derrière son dos !

Et si je comprends la position du Duc, je me demande comment les wagons vont être rattachés pour que notre futur couple préféré se rapproche ;)
ManonSeguin
Posté le 01/04/2021
Oh, pour le wagon, ne t'en fait pas...Il va se rattacher, tu vas adorer ça ! :D
Et en fait ce qui me plaît c'est que chacun à sa "vision" de l'autre et ce n'est souvent pas la même donc ça donne plein d'aspects différents des personnages à traiter et ça m'amuse pas mal dans l'écriture de tout mélanger pour avoir le personnage "final" qui de toute façon va évoluer ! :D J'ai vraiment hâte de pouvoir te faire lire la suite
Alison CXC
Posté le 01/04/2021
OUIIIII :D Hâte, hâte, hâte !
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