Accroupies à présent aux pieds de l’horloge, les petites étudiaient à la loupe les peintures et les caractères mystérieux :
- Tu dis que grand-père est là, sur la petite île ! s’exclama Lara en la désignant du doigt.
- Oui, il est là en effet.
- Est-ce que vous avez découvert d’autres choses sur la pendule ? questionna Éloïse.
- Et bien la première année bissextile après le retour d’Hyppolite était 1908. Nous attendions ce moment avec une grande impatience. Le balancier s’est mis en marche à l’heure précise le vingt-neuf février, comme l’avait annoncé l’enchanteresse...
- Et la porte s’est ouverte ?
- Oui, au premier coup de gong de minuit.
Les petites écoutaient, le regard tendu par la concentration.
- Et ? questionna Éloïse, impatiente.
- Je me suis faufilée à l’intérieur sans hésiter. J’appréhendais un peu ce que j’allais découvrir. Hyppolite montait la garde. J’ai contourné les balanciers avec précaution, sans prêter trop attention au jeu impressionnant des engrenages, pour me retrouver dans un spacieux cabinet…
- C’est impossible Mamochka ! s’exclama Éloïse. La pendule est bien trop petite !
- Avec la magie, tout est possible, répliqua Lara, levant les yeux au ciel. Alors, y’avait quoi dedans ce bureau ?
- Une table, un fauteuil, des étagères remplies de rouleaux de parchemins. Sur un plateau de pierre noire, déposé à même le sol, reposaient un pentacle, un anneau d’or et quelques artefacts. Je n’ai touché à rien, j’étais bien trop effrayée.
- Tu es très courageuse, Mamochka. Observa Éloïse, et grand-père, il était où ?
- Au fond de la pièce, il y avait une porte de bois étroite bardée de fer qui ouvrait sur l’extérieur, sur le paysage peint en médaillon. En dépit des recommandations d’Hyppolite, j’empruntai le chemin caillouteux pour rejoindre la rive du lac. Le désir de retrouver Nils me faisait oublier toute prudence. Alors que j’atteignais le rivage des grondements furieux retentirent. La bête qui gardait la maison avait déployé ses monstrueuses ailes et volait vers moi. À peine le temps d’apercevoir une ombre à la fenêtre que je dus rebrousser chemin. Je crois n’avoir jamais couru aussi vite. Il était temps d’ailleurs car la porte de l’horloge s’est refermée juste derrière moi, au douzième coup de minuit.
- Tu as dû avoir une sacrée frousse ! S’exclama Lara.
- Une peur bleue, c’est vrai. Mais j’étais tellement heureuse. Nils m’avait vue, j’en avais la certitude et il comprendrait que nous mettions tout en œuvre pour lui venir en aide. Nous avons été plus prudents par la suite. Nils et Hyppolite connaissait un langage codé appris à l’armée. Par signaux lumineux, nous avons pu, à quatre reprises, lui envoyer de courts messages.
- C’est terrible, murmura Éloïse des larmes dans la voix. Et personne ici pouvait vous aider ?
- Il vit une femme dans la région, sorcière, magicienne ou bonne fée, les avis divergent. Mais nous n’avons jamais pu la rencontrer. Chaque fois que nous pensons enfin l’avoir localisée, elle se volatilise. Elle semble comme l’air, insaisissable. Si tant de personnes ne l’avaient croisée, je pourrais même douter de son existence…
Vingt-deux heures sonnèrent :
- Mes chéries, je ne suis pas raisonnable, il est plus que temps de filer au lit. Mais écoutez ! Le vent est tombé. Nous aurons demain une belle journée
Un chapitre de sauvetage un peu frustrant, Nils n'ayant pu être sauvé. J'imagine que le fait que Mamochka raconte l'histoire à ses petites n'est pas anodin, je pense qu'elles vont tenter quelque chose à leur tour... Demain, ne sera pas forcément la journée imaginée par leur grand-mère.
En tout cas, ce jeu de changements d'époque est intéressant, ça permet de voyager d'une ambiance à l'autre, de voir les personnages dans différents moments de leur vie et d'ajouter un enjeu intrigue sur le temps long.
Mes remarques :
"Oui, il est là en effet." virgule après là ?
"C’est impossible Mamochka ! s’exclama Éloïse. La pendule est bien trop petite !" c'est pas cool de couper la révélation en plein milieu xD
"Nils et Hyppolite connaissait" -> connaissaient
Je continue !!