2 - Alpay

Par Tac
Notes de l’auteur : Version remaniée au 02.02.2024

Les chapitres d'Alpay sont intégralement écrits au neutre, avec un emploi du pronom "yel". Bonne lecture !

La créature expira enfin. J’ôtai ma lame, la trempai dans l’ultime filet de bave qui dégoutait de la gueule et la rangeai. Le corps s’enfonçait dans la vase. Um estropiæ de moins. Um que les ouestans ne récupèreraient pas. Ces lâches faisaient dans leurs godillots dès qu’on leur parlait de dragons. En revanche, dès qu’yels mettaient la main sur um déchū… Yels manquaient autant d’honneur que de logique.

C’était bien à cause de cela que nous en étions là.

Que j’en étais là.

Dans ces marais puants.

À patauger.

À tuer.

À ne pas voler.

Je sciai l’extrémité d’une épine dorsale. Je la glissai dans l’une des lanières cerclant mon tibia. Cille déchū avait été assoiffæ d’attention. Comme les autres. C’était facile de les amadouer. De les tromper. Ces bêtes habituées aux soins humains incapables de comprendre qu’elles ne les méritaient plus ! Je ne finirai pas comme elles.

Je poursuivis ma route. Les planches craquaient malgré mes efforts. J’allongeai le pas. Je tâchai de le rendre aussi léger que possible. Aussi éthéré que la brise. J’aurais voulu m’y confondre. Mon ventre se rentra. Je me grandissais. Qu’on impute les grincements aux éléments. Par exemple, l’irritant clapotis. Il ne cessait jamais. Quelle idée, mais quelle idée d’aller loger sur un lac ! Quelle chance d’avoir croisé um déchū. Yel m’avait transportæ jusque-là. J’avais évité la barque.

Qu’on n’en sache jamais rien.

Que j’avais frayé avec des déchūs.

Pour parvenir à mes fins.

Le dédale m’emportait. Les pilotis irréguliers hissaient les bâtiments à fleur d’écume ou de ciel. Les pontons suivaient l’aléatoire agencement. Cette docilité architecturale formait des pentes robustes. Les lacians fabriquaient leurs propres montagnes. Ridicule.

Je ne reconnaissais rien. Tout était identique. Du bois, du bois, encore et toujours du bois. La nuit montante ne m’aidait en rien. À part à mieux me dissimuler. En avais-je réellement besoin ? Les gens dormaient.

À croire qu’yels n’étaient pas cernæs par une armée ennemie.

À croire que leur sécurité alimentaire ne tenait pas qu’à un fil.

À croire que ce fil n’était pas tenu par les dragons qu’yels avaient chassæs de leurs terres.

J’étais invisible. Indétectable, si les sons ne me trahissaient pas.

Dire que les planches craqueraient moins si je n’étais pas si massifve…

Ma mémoire plaquait la ville vue du ciel sur mes perceptions actuelles. Maladresse. Comment une fourmi pouvait-elle appréhender les repères d’un faucon ? Il était tard lorsque je parvins à la serre. C’était pitoyable. Lo déchū aurait été plus rapide. Plus bruyant. Trop tard pour regretter. Le présent se pavait des choix passés. Vouloir les modifier, déchausser cette route sur laquelle je marchais, était aussi vain qu’idiot.

Mon objectif s’enfonçait dans les profondeurs du lac. Sa toiture avoisinait celles des plus hautes structures. Plusieurs appontements accédaient à des portes. Barricadées de l’intérieur. Y compris celle qui se juchait sur la déclinaison du toit. Je faillis m’asseoir. Que faire ? Tout ce chemin pour rien ? Je ne pouvais renoncer. Trop était en jeu. Sans même compter 19.

Les gens d’ici avaient donc fini par augmenter la sécurité autour de leur bien le plus précieux. Un second tour de la construction ne m’apprit rien. Elle était immense. Pas un rai de lumière ne me promettait son aide une fois à l’intérieur. Je ne pouvais m’appuyer sur le soutien d’acolytes avec lesquels répartir les recherches, cette fois. L’exploration réquisitionnerait du temps.

Le temps. Toujours le temps.

Dépitæ, je jugeai les planches qui s’enfonçaient sous la surface du lac. J’avais refusé de les considérer jusqu’alors. Les lacians avaient-yels pensé à condamner les ouvertures sous-marines ? Avaient-yels jugé que l’eau formait une barricade suffisante ? Mon éventail d’options s’étrécissait. À moins de percer une cloison…

Je rajustai mon voile. Je resserrai les sangles de mes vêtements.

J’aurais voulu me corseter jusqu’à m’étrécir. Je m’arrêtai avant de couper la circulation sanguine.

Ç’eut saboté la mission.

Il n’y avait rien à faire de plus pour me préparer. Je mouillai ma nuque. Je repoussai le souvenir de la vase malsaine qui brouillait certaines eaux. Un pas décidé me guida dans la pente. L’eau envahit mes chausses. Elle effleura mes chevilles, mes genoux, mes hanches. Elle fit gonfler mes habits malgré mes précautions. Tiède. Rien à voir avec l’agréable fraîcheur des eaux de montagnes. Trouvables qu’à ventre de dragon.

Concentre-toi.

Le ponton persistait dans sa descente. Une rambarde de corde poussa soudain sur le côté. Je m’y accrochai. Je me résignai à retenir ma respiration. Nous n’avions pas emprunté ce chemin à notre première venue. C’était avant l’éclair de lucidité des lacians qu’il fallait peut-être protéger leur précieuse algue des vols. A quelles autres surprises devais-je m’attendre ?

Le liquide pénétra mes oreilles, picora mes yeux. Avec une telle obscurité, il n’y avait rien à discerner. Je fermai les paupières. Mes mains accélérèrent sur la corde. Je ne pouvais qu’espérer que la porte sous-marine ne se trouve pas loin. La flottaison de mon uniforme était désagréable. Les lanières trop serrées frottaient contre mes muscles. Les replacer me démangeait. Je ne pouvais pourtant lâcher la ligne de vie. Mes muscles brûlaient déjà. J’étais si faible… La tachycardie vint ouvrir et clore mon cœur. Frénétique. Les valves égarèrent leur cadence ordonnée. Le sang fourmilla furieusement. Les poumons s’agitèrent au rythme de l’affolement général. La trachée tressautait presque. Aucun organe ne tolérait plus la pression à laquelle l’apnée le soumettait.

Ma tête heurta violemment un obstacle. La barrière de mes lèvres céda. L’eau s’engouffra. Il n’y avait plus d’air pour la repousser. Le parapet échappa à ma main. La paume heurta une aspérité. L’attrapa. L’écueil s’écarta. Des mouvements désordonnés me firent franchir la brèche. Le lac envahissait mon corps.

De la vase plein les poumons.

Des algues plein l’estomac.

Des crustacés plein le cerveau.

Mes yeux tentaient de voir. C’était toujours autant vain.

Je me cognai dans des matières plus dures que ma peau. Rêches, aussi. L’instinct les transforma en points d’appui. Si le haut se situait encore en haut… De l’air !

Mon organisme exigea de cracher et d’inspirer simultanément. Il exsuda le marécage. Discrétion et furtivité se noyèrent. Je vivrai. Quoiqu’à beaucoup de conditions. Tant que j’atteignais 19, néanmoins… Je contraignis ma respiration.

Calme, sérénité, silence.

Efficacité.

Je m’étais recroquevillæ autour d’une surface lisse. J’entourais de mes bras ce qui, tout compte fait, s’apparentait à une racine énorme. L’atmosphère croulait sous les senteurs de milliers d’essences arboricoles, de sédiments et de moiteur. Elle qui semblait si salvatrice de prime abord s’avéra rapidement oppressante. À la limite de l’irrespirable. Ces gens ne laissaient-yels donc aucune ouverture béante ?

Mes bras tremblaient. Mon voile suintait dans mon cou. Le monde aqueux était détestablement chaud. La température de l’air n’en devenait que plus insupportable. Impossible de rebrousser chemin. Il n’y en avait pas. Hors de question de replonger. Encore faudrait-il trouver la rambarde de corde, à l’aveuglette… Je devais continuer. Ou me laisser m’imbiber de vase. Me transformer en écorce, servir de déjeuner à une plante à crocs.

Je progressais de racine en racine. Je buvais la tasse. Je m’empêtrais dans les chevelures végétales. Je heurtais des troncs. Enfin ! Je butai contre quelque chose de taillé. De façonné par la main humaine. Je roulai et rampai. Les planches paraissaient brutes après l’eau souple. Si mes vêtements flottants avaient été exécrables, les sentir adhérer à ma peau par le poids de la gravité fut pire. Je repositionnai mon voile.

Je retrouvai la position debout. La serre tenait sa promesse. Elle macérait dans les ténèbres. J’avais le souvenir d’un empêtrement de plantes innombrables. Le foisonnement se hissait le long des pilotis et des poutres. Il formait un second toit par endroits. Il s’enroulait autour des passerelles. Ses branches en créaient de nouvelles. Lianes et feuilles ployaient en rideaux. Les profondeurs du lac n’étaient pas exemptes de l’invasion. Racines et végétaux aquatiques batifolaient. La variété des plantes avait fait la renommée de la ville. Sa population en payait aujourd’hui le prix. Le seul endroit connu qui recèle de l’algue pourpre.

La cartographie des lieux ne s’était pas tracée dans ma mémoire. Pas plus que la localisation de ce que je cherchais. Je n’avais pas l’habitude des lieux croulants de végétation exubérante. Je préférais la rocaille. Le vent sec des altitudes.

Je m’éloignais de la surface du bassin. J’évitais les hauteurs de la serre. Une algue ne se développait pas sur les frondaisons. La végétation autorisait tout juste la circulation de certaines passerelles. J’avançais alors accroupī. Les bras tendus repoussaient les obstacles. Parfois une feuille ployait. Une cataracte d’eau chutait bruyamment. Je trébuchais. Des rameaux s’étaient décrochés. Une branche avait crû en travers des planches.

Je progressais prudemment. Il faisait si sombre ! Les pieds tâtaient le sentier artificiel. Ils quêtaient l’assurance qu’il ne bifurquait pas sans préavis. Les jambes et les mains tremblaient. Des points dansaient devant les yeux. Eblouissants. Ils traçaient des mouvements brusques. Me rendaient d’autant plus nerveuxe. Je craignais trop que ces mouvances fussent reliées à un véritable danger. Qu’est-ce qui appartenait à mon cerveau ? Qu’est-ce qui appartenait aux environs ? La masse trempée de mes habits appuyait la fatigue. Ce n’était pas en l’écoutant que je dénicherai mon butin. La nuit finirait bientôt de noircir le monde. Je devais me presser.

Soudain, la fragrance.

Saline.

Fermentée.

À l’affut, mon odorat me guida.

Je m’immobilisai. Le souffle court. L’odeur baignait les environs. Trop omniprésente pour me guider davantage. Dans le bazar végétal devait se loger la plante que je cherchais. J’approchai autant que je l’osai du rebord. Je palpai des troncs, des feuilles, des lianes. Quelque chose me piqua la peau. Je me rétractai. Je tentai de me repérer au flair. Rien n’aiguillonna ma mémoire. Uniquement l’humus et la sève qui piquaient les muqueuses tant elles imprégnaient l’air. Je me résolus à replonger les doigts dans le mur organique. Enfin ! Je palpai une texture spongieuse. Je trouvai la racine. Elle était hébergée dans un bac posé sur une épaisse ramification. L’écorce de cet arbre dégouttait d’humidité. Elle abreuvait ainsi les plantations alentour. C’était idiot. Une mousse faisait le même travail. Sans ces alambiquages de plantes.

Je pris la boîte. Je ne me souvenais pas que le transport ait notablement été difficile, la première fois. Je n’avais pas porté le bac. Le soldat estian s’en était chargé. Il était le plus en forme. Inci et moi lui facilitions la marche sur les passerelles emmêlées de végétation. Heureusement que nous ne nous étions pas embarrassæs de savoir s’il y avait des algues pourpres ailleurs dans la serre. Nous avions pris ce que nous avions trouvé. Sinon mon plan aurait échoué aujourd’hui.

Le pot racla la branche.

Il atterrit pesamment sur la passerelle.

Mes bras vibraient aussi violemment qu’après un entraînement intensif. Tout mon torse se solidifia tandis que ma tête tournoyait.

Ne pas tomber… Un genou à terre.

Les mains sur les poignées du pot.

La chamade dans la poitrine.

Le souffle que j’obligeai à s’allonger.

Une vague lueur s’étalait lentement dans la serre. La nuit s’en allait. Je devais la suivre.

J’évinçai les parasites de mon esprit.

19.

Ma décision se coula dans mes veines. La langue de fer affermit mes membres. Je me mis debout. Mon ventre se creusa sous l’impératif de la sollicitation.

Un pas

après

l’autre.

Je me refusai toute pause. Repartir était immanquablement le plus ardu. Mieux valait cheminer à cette allure. Mes chevilles vacillaient sous les tâtonnements de mes appuis pistant les appontements. La luminosité tranquillement croissante n’éclairait pas mon champ de vision. L’univers se réduisait à l’épaisseur moite de l’atmosphère.

Aux clapotis du lac.

Aux bruissements de la végétation.

Aux craquements des planches imprégnées d’eau.

Aux éclats de voix qui traversaient les cloisons. La ville s’éveillait. L’aube me livrait à l’ennemī.

Une porte ! Des planches la cloutaient de l’intérieur. Je posai le bac. Je ne m’attardai pas sur mon corps agité de soubresauts. Chaque geste devenait plus complexe. Energivore. Je m’entêtai. Je pris un outil dans ma poche. Je crochetai les clous. Mon pied prit appui contre le mur pour décupler ma force. Les épaules protestèrent. J’y parvins néanmoins. Les débris métalliques tintinnabulaient en sombrant dans la serre.

19, 19, 19, me répétai-je pour ne pas renoncer. Pour ne pas craindre ce qui m’attendait derrière le battant. Une certaine nausée rôdait. Symptôme de l’épuisement. Je n’y pouvais rien.

Il me restait quelques cacahuètes…

Je ramassais le pot d’algues. Le gémissement des muscles masqua les autres pensées. La porte écartée fit entrer une bouffée d’air comparativement pur. La toiture était pentue. Un appontement l’abordait en grimpant doucement et se poursuivait par-delà avant de redescendre. Des cris d’enfants et des éclaboussures résonnaient en contrebas. Les planches grinçaient. Des tentures claquaient.

Je me figeai.

Devant moi se tenait un attroupement. Les individus se drapaient d’habits courts. Ne craignaient-yels pas les morsures du soleil ? J’avais piètre allure. Mes vêtements étaient ici encore humides et là secs par plaques dures de vase. Je ne les aurais pas échangés contre les leurs.

Je posai mon butin. Je n’irais pas loin avec. Il faudrait me sauver ou mourir. Quelle que fût l’issue, les algues ne quitteraient pas le village.

Cela était inenvisageable.

Le pipeau se dégagea de mon col. La maladresse de mes mains flageolantes le heurta contre mes dents. Le sifflement strident dépassa les fréquences perceptibles par le tympan humain. Puis l’objet rebondit faiblement contre mon torse.

Ce choc en éveilla un autre.

Tutulma n’était plus.

Cela faisait plus de deux tours de soleil. Une antique habitude me portait encore à serrer le flûtiau entre mes lèvres. Une pathétique habitude.

Des hurlements interrompirent la progression belliqueuse des villageoīs. La rive lointaine s’excitait sous un effet qui demeurait invisible. Puis le lac protesta bruyamment. Des remous entrechoquèrent les barques plus que d’ordinaire. Quel désastre s’avançait ?

Des alertes furent lancées un peu partout. Une cloche sonna. Violemment. A répétition. Dans les cris d’enfants la gaieté se mua en angoisse. Celleux qui me faisaient face n’avaient pas fait demi-tour. Yels me jaugeaient. Yels surveillaient les flots. Leur brève hésitation leur fut fatale.

Lo dragon bondit hors de l’eau.

Ma poitrine se déchira en deux.

Ce n’était pas Tutulma.

Evidemment que non.

Tutulma était morx. Alors qui était cette créature qui osait répondre à son appeau ?

Elle jaillit. Immense. Implacable. Elle m’observa. Elle gémit. Son aile tribord était salement déchirée.

Pas um dragon. Um déchū.

Mieux valait être morx que déchū.

Les gerbes que la bête décochait en se débattant avec le lac me retrempaient. Les pontons sur lesquelles elle prenait appui ou qu’elle heurtait volaient en éclats. Sa queue fracassa un pan de la serre. Les hurlements des lacians indiquaient leur fuite. Um déchū venait-yel de me sauver ? Mes jambes tremblèrent à cette idée.

Ne pas

m’asseoir.

J’étais à court de solutions. Je serrai le bac contre moi. Je laissai lo déchū m’engloutir.

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Liné
Posté le 23/06/2023
Ah ouais ? "Je laissai lo déchu m'engloutir", ah ouais ?

Bon. J'y ai mis le temps, mais je suis là. Et je décamperai pas. J'enroule mes tentacules autour de tes pilotis et c'est parti !

Et j'ai plein de choses à dire haaaa, je sais pas par où commencer !

Déjà, l'ambiance. On m'avait promis des pilotis et je suis pas déçue, mais je dois dire que je ne m'attendais pas à ce que ces pilotis soient aussi embourbés : c'est marécageux, vaseux, y'a du vert "sale" dans tous les sens, bref... ça donne pas envie de s'y installer avec une p'tite tasse de thé, hein. Au contraire, avec l'ambiance seule on comprend que ça va pas, que les personnages traversent en permanence des sortes de tranchées, qu'il y a un univers et un contexte particulièrement dark.

Ton style est intriguant au possible. J'y ai retrouvé ce que j'avais adoré dans The Lovers, une originalité, une fluidité qui me fait penser que tu y vas un peu au culot, sans te prendre la tête (je parle bien du style pur, hein). Tu parles pas mal des corps, des sensations, et en même temps on reste dans quelque chose de très vaporeux, voire marécageux là aussi. Les pronoms y sont pour quelque chose, puisqu'on est (malheureusement) pas habitué-es à ce genre de propositions. Et même les personnages me semblent consistants mais vaporeux, à tel point que je me suis très vite demandé s'iels étaient humain-es/humanoïdes... ou pas du tout. Sur l'ensemble de ces deux chapitres, je me gardais dans un coin de tête que les persos étaient peut-être, tout simplement, des créatures qu'on n'a jamais vues nulle part.

Les pronoms, justement : pour moi ça passe crème, ça me met sur la langue ces singularités que j'aime tant. Mais tu sais que je suis convaincue d'avance ! J'adore le principe que chaque perso / chaque, euh... "tribu" ? ait son propre mode grammatical. Et j'adore, mais j'adore vraiment, les / / qui montrent les flots d'angoisse d'Inci et les mots sur le côté droit pour les introspections toutes personnelles d'Alpay.

Je vois que tu as modifié l'ordre d'apparition de tes premiers chapitres, je ne saurai pas (encore ?) te conseiller à fond pour l'incipit puisque je ne sais pas encore trop où l'on va. Le seul truc que je pourrai apporter, c'est que le chapitre centré sur Inci contient plus d'informations et de contexte, tandis que le périple d'Alpay est plus nébuleux (mais non moins impressionnant). A choisir entre les deux, j'aurais fait ce que tu as fait, présenter Inci en premier.

Tu en es où de cette histoire, d'ailleurs ? Tu as avancé un peu (no pressure) ?

A bientôt !
Tac
Posté le 19/07/2023
Yo Liné !
Bienvenue sur ce texte! Je vais répondre par les plus grandes questions, si je puis dire, en premier. Le texte est achevé, en premier jet. Ce que tu vois là c'est une version légèrement corrigée pour qu'elle soit plus claire (mais j'ai absolument conscience que ça a besoin d'être encore beaucoup, beaucoup amélioré). Le texte en tant que tel n'est pas abandonné. Il l'est pour le moment de la même façon que le grand champ de l'écriture actuellement. Fermiero Tac est partio sur d'autres prairies, mais le jour où ol reviendra dans cette jachère, il est fort probable que ce texte repasse sous les roues du tracteur ! Ne serait-ce que par fierté personnelle de corriger un peu et de finir de le poster. En revanche je ne sais pas quand ni si ça se fera.
Ensuite : effectivement, niveau style, j'y suis alléo au culot, parce qu'à faire de la demi mesure je me limitais trop, je me posais trop de questions... alors j'en ai pris mon parti et tant pis si ça paume des gens ou en refroidit d'autres définitivement. A me demander si mes textes doivent être une introduction à de l'écriture neutre, un passage en douceur, ça me paralysait, alors j'ai décidé de jeter mes lectuerices dans le grand bain, de la même façon que je m'y suis jetéo (et je suis la preuve vivante qu'on en survit). C'est peut-être pas très sympa, mais tant pis ! je suis uno écrivaino, pas un ange :P
Je trouve ça trop génial que tu en sois venue à te poser la question de la forme corporelle de mes personnages. J'aurais voulu le faire volontairement que j'y serais pas arrivéo xD Mais ce sont bien des humains (a priori). Mais on pourrait effectivement leur inventer des particularités physiques, ce n'est pas parce que je ne les décris pas qu'elles n'existent pas... De toute façon j'imagine pas mes personnages avec des corps, c'est pour ça que pour moi c'est abscon de leur donner une apparence physique fixe avec des couleurs d'yeux et de cheveux déterminée (j'essaie de m'y efforcer depuis que je suis sur PA, figure-toi !). Donc ton hypothèse pourrait parfaitement être crédible !!! J'adore cette liberté d'interprétation que tu t'octroies, elle n'est pas forcément volontaire de ma part mais elle se déduit logiquement de ma façon d'écrire, alors tu as bien raison d'en profiter !
J'adore que tu aies noté les particularités d'Inci et d'Alpay, je voulais leur donner leurs façons de raisonner propres, avec toujours cette question de l'équilibre (est-ce que j'en fais trop ? pas assez ?). Que tu les aies relevées me mène à croire qu'au moins il y a une différence perceptible, au-delà des choix de pronoms différents.
Merci d'avoir lu ce début, ça fait chaud au coeur que tu lui fasses un accueil si enthousiaste. Et merci d'avoir pris le temps de laisser un si long commentaire <3
Plein de bisous !!
Il-Lazuera
Posté le 22/02/2023
Vraiment, quelle écriture talentueuse.
Je reviens avec plus de recul que lors de mon commentaire sur le chapitre précédent. Je m'excuse pour l'impertinence de mon propos quant au choix des pronoms : je n'avais tout simplement pas compris qu'il s'agissait de la forme neutre officielle, mais pensais plutôt à un choix personnel relevant de ta plume. Je ne m'étendrais pas davantage sur ce point, car, comme tu as du le comprendre, je ne suis pas familier du tout avec ce procédé grammatical...

Passée cette difficulté de lecture (à laquelle je me suis finalement habitué au fil des lignes), la plume reste tout aussi habile et haletante : on suit avec plaisir l'intrigue qui se déroule, on y est plongé !

Je lirais la suite avec grand intérêt.
A bientôt!
Il-Lazuera, le vieux sorcier.
Tac
Posté le 23/02/2023
Yo !
Alors je ne crois pas qu'il y ait de forme officielle du neutre. L'académie française n'a clairement rien validé, déjà l'écriture inclusive ça recule de la savate. Mes choix de terminaisons sont entièrement de mon cru, mais la variété et la créativité des personnes qui utilisent des terminaisons neutres sont très chouettes et je m'inscris complètement là-dedans. Après il y a clairement des usages qui se dégagent comme tendances principales (par exemple, l'emploi du pronom "iel", même si la variété des pronoms neutres que les personnes peuvent employer est tout simplement époustouflante et qui (me) fait réfléchir sur la pauvreté de notre appréhension du genre avec elle/il). Je ne sais pas si ton commentaire était impertinent ; se confronter la première fois à l'écriture neutre c'est déstabilisant, et peut être pas que la première fois ! aujourd'hui je peux faire lo malinx parce que j'écris en neutre parfois, mais la première fois mon cerveau a fait pas mal de galipettes ! Comme toujours avec ce cher langage arbitraire, tout est question d'habitude et d'emploi !
Je suis contens que ce chapitre 2 t'ai plu ! Merci de ta lecture et de ton retour !
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