2. Amitié

Accroupi au bord de l’étang qui s’étendait près de chez lui, Kalan observait les premiers têtards de l’année zigzaguer dans l’eau. Une bonne partie d’entre eux étaient encore dans leurs œufs gluants. Il était venu ici tous les jours pour observer leur évolution depuis le moment où il avait entendu des grenouilles croasser à pleins poumons. D’après sa grand-mère, les petits points noirs dans les œufs allaient devenir des têtards qui un jour auraient des pattes arrière puis des pattes avant jusqu’à devenir de petites grenouilles. Kalan avait de la peine à y croire lorsqu’il voyait ces simples boules garnies d’une queue, d’autant plus que sa grand-mère était malvoyante, elle pouvait donc s’être trompée ou alors quelqu’un lui avait raconté des sornettes. Cependant, Kalan devait reconnaitre que les petits points noirs dans les œufs étaient bien devenus des têtards. Il plongea ses mains dans l’eau fraiche et attrapa quelques-uns de ces nouveau-nés pour les regarder de plus près. Rien, pas un semblant de pattes ou de quoi que ce soit de grenouille à ses yeux. Il les relâcha et leur offrit un morceau de poire en guise d’excuse pour le dérangement. Les petites boules noires se réunirent en vitesse autour du morceau de fruit. Quelle voracité ! Il sourit face au petit bonheur qu’il avait pu leur offrir. Ces minuscules êtres semblaient vivre d’eau, de la douce chaleur du printemps et de nourriture simple.

— Kalan, mon chéri, comment vont tes petits amis ?

En se retournant, il vit sa grand-mère Choya approcher, un bâton à la main. C’était une femme aux cheveux d’or, âgée d’une soixantaine d’années. En la regardant, Kalan pouvait imaginer l’aspect que sa mère aurait dans trente ans. Un élément cependant faisait de sa grand-mère une femme unique en son genre : des yeux blancs, sans iris ni pupilles. Malgré cela, elle semblait poser sur Kalan un regard empli de chaleur.

— Si tu parles des têtards, ils vont bien, répondit-il avec un sourire mi-figue mi-raisin.

— Je pensais aux têtards, oui. Et vu ta réponse, pas la peine d’avoir une bonne vue pour percevoir que tu as eu un souci avec tes amis Sombres.

Sa grand-mère s’assit à ses côtés et le prit par les épaules. Elle était toujours là pour le réconforter quand il se disputait avec ses amis, elle ne lui posait pas de questions, ne cherchait pas à savoir s’il avait des torts. Il venait donc toujours la voir quand il avait des soucis car sa mère, au contraire, cherchait toujours à comprendre ce qu’il s’était passé. Comme la dispute avec ses amis éclatait généralement quand Kalan perdait lui-même le contrôle de ses émotions, il était le coupable désigné. Si le petit Sombre n’était pas fier de lui, il ne voulait pas être culpabilisé pour autant. Il avait seulement besoin que quelqu’un apaise sa souffrance et sa grand-mère prenait au moins le temps de le cajoler.

— Ça s’approche, murmura cette dernière.

Kalan ne comprit pas tout de suite de quoi elle voulait lui parler et releva la tête. Les yeux vides de la Sombre regardaient derrière eux. Le petit garçon savait que sa grand-mère ne pouvait pas voir comme lui, mais il n’avait jamais cerné quelles étaient ses capacités visuelles. En l’occurrence, il comprit que sa grand-mère s’était aperçue de la présence d’une inconnue. C’était la petite Ahia qui s’était approchée et sa grand-mère ne l’avait jamais rencontrée.

— Qu’est-ce que tu fais là, Ahia ? rouspéta Kalan. Reste jouer avec les autres et viens pas m’embêter ici ! C’est chez nous en plus !

En réalité, l’étang ne leur appartenait pas, leur famille s’en occupaient juste car leur maison était à proximité. Ahia resta plantée à quelques mètres d’eux en silence, et Kalan devina que cette petite têtue ne partirait pas facilement. Ce fut sa grand-mère qui rompit le silence :

— Kalan, qui est-ce ?

— Elle s’appelle Ahia, Géolde l’a trouvée perdue et l’a ramenée avec lui. Elle fait partie de la bande maintenant.

— Est-ce une Sombre ? 

— Bien sûr ! répondit-il, abasourdi.

Sa grand-mère n’avait jamais posé ce genre de questions farfelues quand elle rencontrait de nouvelles personnes. Certes, elle ne voyait pas bien, mais les enfants Hypnotiques et Cornides vivaient en territoire libre et non dans la Ceinture. Et si cet état de fait venait à changer, penser que leur groupe intégreraient la moindre Elfe venue était saugrenu. La question resterait ouverte avec une Cornide, leur don de Soin n’avait rien d’inquiétant et pouvait même s’avérer très utile. En revanche si sa grand-mère avait cru que Kalan et ses camarades offriraient leur confiance à une Hypnotique, c’était tordu ! Ces Elfes-là lisaient impunément dans l’esprit des gens et leurs pouvoirs étaient terrifiants. Que pouvait-il bien se passer dans la tête de sa grand-mère pour poser une question aussi gênante ? Ahia avait d’ailleurs l’air très embarrassé. Elle se mordait la lèvre inférieure et ses yeux jaunes fixaient ses pieds. Kalan se sentit peiné de la voir dans cet état et toute sa petite colère injustifiée s’envola. Elle ne lui avait rien fait, c’était avec Ariou et sa sœur qu’il s’était disputé, cette fois-ci.

— L’écoute pas Ahia, ma grand-mère ne voit pratiquement rien, tenta-t-il de la rassurer en haussant les épaules. Elle dit pas ça à cause de tes yeux ou de tes cheveux, tout le monde sait qu’une Sombre peut avoir trois couleurs !

En réalité, il ne savait pas que c’était possible avant de la rencontrer, mais il fallait avant tout la sortir de ce malaise. Elle garda les yeux baissés puis répondit :

— Oh, c’est pas grave. Ça va ? C’est triste quand vous vous disputez.

— Ah ça, t’inquiète pas, j’ai l’habitude ! Tu peux retourner jouer avec eux si tu veux, je vais bien.

— Je veux jouer avec toi, je t’aime bien.

Encore la même rengaine ! Quelle petite fille étrange, personne n’était jamais aussi franc. Kalan était surpris qu’elle s’accroche encore à lui, il ne s’était pas montré particulièrement plaisant depuis leur rencontre. Ne lui ayant pas prouvé qu’il possédait de qualités amicales, il devait admettre qu’il n’allait pas se débarrasser si facilement de cette petite Sombre.

— Et à quoi tu veux jouer ? demanda-t-il en soupirant.

— Je veux aller dans la forêt… Les arbres me manquent.

Les arbres lui manquaient ? Kalan réalisa qu’il n’avait pas la moindre idée de l’endroit où elle avait vécu avant d’arriver ici. À vrai dire, les enfants ne parlaient pas beaucoup entre eux, préférant profiter de courir et jouer toute la journée avant d’avoir douze ans et de devoir aider leurs parents aux champs, au moulin, à l’épicerie ou au dispensaire.

— On peut aller dans la forêt, proposa Kalan en souriant. Je connais bien, on va souvent faire la cueillette quand on a fini de s’occuper de nos champs. 

— Merveilleux !

Kalan ne put s’empêcher de sourire. Ahia parlait de façon plus fluide par rapport à son arrivée, cependant le terme merveilleux faisait tache dans sa manière de parler, mais la fillette aimait ce mot qui lui venait de Déline, sa mère adoptive. Kalan lui fit signe de le suivre et s’apprêtait à partir quand sa grand-mère le retint.

— Ton amie… Ton amie est importante Kalan, prends soin d’elle.

Kalan fronça les sourcils. Qu’est-ce qu’elle racontait, encore ? Il jeta un coup d’œil à Ahia qui le regardait avec des yeux ronds. Le petit Sombre haussa les épaules avant de l’entrainer jusqu’aux bois. Il ne la ménagea pas et l’emmena hors des sentiers, se frayant un passage tant bien que mal à travers la dense végétation. Au bout de quelques mètres, il fit une pause sur une branche basse profitant de l’espace que celle-ci s’était créé dans les sous-bois.

Il se retourna en craignant d’avoir été un peu dur avec la nouvelle venue, mais celle-ci se faufilait dans cette nature sauvage comme de rien. Elle n’avait aucune hésitation et elle lui souriait comme si se promener dans les ronces et les fougères lui était naturel. Il prit un instant pour l’observer. À leur première rencontre, il se souvenait surtout d’une petite fille décoiffée et vêtue d’un vieil habit d’adulte. Le bouleversement que cela causerait dans leur bande d’amis l’avait effrayé… Ainsi que le bouleversement dans son cœur. Aujourd’hui, elle était vêtue d’un pantalon et d’une chemise en tissu renforcé, un choix judicieux vu qu’elle avait troué ses premiers habits. Sa mère adoptive s’était apparemment fait un plaisir de la coiffer d’une grande tresse garnie de fils argentés. Il ne put s’empêcher de sourire face à cette coquetterie quand il voyait cette enfant apparemment plus à l’aise dans les sous-bois qu’à une table de nobles. Elle était si sauvage que ses parents adoptifs avaient dû lui courir derrière la première fois que Kalan et ses amis étaient venus la chercher pour jouer : la fillette s’était élancée à leur rencontre complètement nue. Ce souvenir lui tira un grand sourire tant elle avait surpris tout le monde. Non, ce n’était pas une coquette !

Le petit Sombre se détourna, il n’aurait pas de difficulté à l’emmener jusqu’à sa place fétiche, il pouvait donc poursuivre à la même cadence. Les deux enfants continuèrent à grimper, se griffer, ramper jusqu’à parvenir à une minuscule clairière que Nessan et lui étaient les seuls à connaitre, hormis les bêtes sauvages. Kalan avait trouvé ce petit coin de paradis lors d’une dispute avec sa mère une année auparavant. Il avait alors filé dans les bois et sa petite taille lui avait permis de se faufiler rapidement hors de la vue d’un adulte en passant sous un grand nombre d’obstacles naturels. Quand il était revenu, il avait pris grand soin de mémoriser l’emplacement de ce qu’il nommait aujourd’hui le RIK : repaire invisible de Kalan. Sa mère l’avait accueilli en crise de larmes tant elle avait eu peur et l’avait serré dans ses bras. Comme il était rare qu’elle l’enlace si longtemps, le petit Sombre avait compris que sa crainte avait été bien réelle. Depuis ce jour, Kalan retournait souvent dans cette clairière secrète. Elle n’était pas très loin de chez lui, mais difficile d’accès. Un miracle que cette zone ne soit pas connue ! Il était vrai que rien de comestible ne poussait dans les environs et aucun chemin reliant d’autres villages ne passait par cet endroit. Kalan ne savait pas bien pourquoi il emmenait Ahia dans son lieu secret, mais il aimait bien sa manière différente d’être au monde, elle méritait de connaitre cet endroit caché.

En arrivant, il lui présenta le RIK et l’observa en faire le tour : elle regardait, écoutait, touchait et parfois même sentait les plantes alentour. C’était bien la première fois que Kalan voyait quelqu’un aborder un nouvel emplacement de cette manière et il éclata de rire. Ahia se retourna, surprise de cette réaction, puis elle sourit largement en demandant :

— Pourquoi tu ris ?

— Tu ressembles à un bébé chien qui renifle ce qu’il connait pas !

— Tu fais pas ça, toi ? Tu es jeune comme un bébé chien, non ?

— Je suis grand maintenant et je suis un Sombre, pas un chien.

— Mmh, moi j’aime faire comme le bébé chien, je crois. 

— Comme les chiens ? Alors, tiens, on joue !

Il saisit une branche morte et la tendit dans sa direction. Aussitôt, elle l’agrippa entre les dents et tira d’un coup si sec que Kalan lâcha le bâton. Il la regarda avec des yeux ronds. Elle prit la branche dans sa main et la tendit au-dessus de sa tête en s’exclamant :

— Gagné !

Elle était si heureuse de cette victoire et Kalan était si surpris qu’il éclata à nouveau de rire, cette fois-ci suivit par Ahia. La joie de l’un et de l’autre étant communicative, les enfants furent pris d’un fou rire qui leur fit mal au ventre, aucun des deux ne pouvant s’arrêter en voyant l’autre pleurer de rire. Ce fut Kalan qui se reprit en premier et il se coucha sur l’herbe afin de retrouver son souffle. Ahia l’imita et contempla les arbres les entourant. Elle semblait bien plus à l’aise dans la forêt que dans le village.

— Tu habitais où avant, Ahia ? demanda-t-il.

Son amie mit un moment avant de répondre.

— Géolde m’a vue dans la forêt. Il dit que maman et papa étaient loin des villages et sont morts. Je me rappelle pas tout, mais je sais que j’ai couru loin de chez moi. J’aime beaucoup mes parents, je suis triste. 

Elle avait les larmes aux yeux et Kalan se sentit bête de lui avoir posé une question si délicate. La pauvre !

— Désolé…

— C’est pas ta faute. Ça fait un moment, j’ai l’habitude que papa et maman me manquent. Ça fait mal là quand je pense à eux, répondit-elle en montrant son cœur. Mais quand je pense pas à eux, je suis heureuse. Je suis heureuse d’être venue ici avec Géolde. Je t’aime bien.

— Moi aussi je t’aime bien, tu es une chouette fille, avoua le petit Sombre.

Jamais il n’avait dit cela à qui que ce soit en dehors de sa famille, mais il avait confiance en Ahia pour ne pas le blesser. Cette sincérité sentimentale était si naturelle pour elle : si elle aimait quelqu’un ou quelque chose, alors elle le disait. De même pour sa tristesse ou sa colère. Elle le faisait naturellement et spontanément, comme certains l’auraient fait en déclarant qu’il faisait beau à la vue d’un ciel dégagé.

— On est amis alors ? demanda Ahia.

Kalan sourit et lui tendit son petit doigt.

— Amis pour la vie ?

Elle le regarda en fronçant des sourcils, ne sachant que faire de cet auriculaire et Kalan pouffa face à cette mine interrogatrice.

— C’est le signe de l’amitié, tu dois me serrer le petit doigt avec le tien.

Ahia glissa alors son auriculaire autour de celui de Kalan et sourit avec franchise.

— Amis pour la vie ! déclara-t-elle, radieuse.

Les deux enfants restèrent un moment ainsi, à échanger paroles et plaisanteries puis Ahia tourna la tête dans la direction opposée et lui demanda :

— Y a quoi là-bas ? Je sens que tout est mort. 

— Là-bas ?

Il regarda dans la même direction et réfléchit avant de lui expliquer :

— Là-bas, y a la Ligne qui garde la Zone, on a pas le droit d’aller, mais c’est pas mort. Tu sens ça ? Avec le nez ?

— Non pas avec le nez… Je sais pas… Je veux aller voir, mais j’ai peur, essaya-t-elle d’expliquer.

— Non, on a pas le droit d’aller ! répliqua-t-il.

C’était une des rares interdictions que Kalan prenait très au sérieux, sa mère et sa grand-mère étaient très inquiètes qu’il désobéisse à cette règle. Elles lui avaient expliqué qu’il pouvait être tué s’il allait dans la Zone, c’était interdit par le Grand Roi ! Il y avait là-bas tous les villages de traitres placés sous surveillance. Aussi impertinent soit-il, Kalan n’osait pas désobéir au Roi et avait peur de mourir. Même s’il avait eu très envie de partir découvrir où son oncle habitait ! Le petit Sombre était curieux et avait plein de questions à lui poser : pourquoi n’avait-il pas obéi aux ordres du Roi ? Pourquoi avait-il refusé, comme les autres villageois de la Zone, de partager ses récoltes avec l’entier du royaume ? Linone traversait à l’époque une période de disette, pourquoi avoir été aussi égoïste ? Il regarda Ahia qui affichait sa mine déterminée et comprit qu’il devait absolument la convaincre de ne pas franchir la Ligne.

— Suis-moi.

Il entraîna son amie jusqu’au faite d’un sapin d’où il distinguait clairement un dôme doré gigantesque. Kalan le pointa du doigt avant d’expliquer :

— Là-bas, c’est la Zone. C’est là qu’on a emprisonné les villages de traitres qui ont refusé de nourrir le royaume quand tout le monde avait faim. Et cette barrière, c’est la Ligne, elle a été créée par les Hypnotiques.

— Les quoi ? s’étonna-t-elle.

Kalan fut d’abord interloqué par tant d’ignorance, mais il se contenta d’expliquer :

— Les Elfes blancs aux cheveux et front colorés qui peuvent lire dans tes pensées et t’obliger à faire ce que tu veux pas faire.

— Oh, je crois que je vois.

— Les Hypnotiques sont bien plus forts que nous et n’aiment pas trop les Sombres, alors fais très attention ! Les Cornides, tu connais ?

Elle fit signe que non.

— Des Elfes grands avec des cornes qui peuvent guérir les gens. Y en a qu’à Verdeau, faut pas qu’on compte trop sur eux en cas de problèmes…

Son amie eut l’air de mémoriser avec soin toutes ces informations avant de reprendre en désignant la Ligne du doigt :

— Et ça, c’est les Hypnotiques ?

— Oui et si tu traverses, on te repère tout de suite et la garde te tombe dessus.

— La garde, répéta-t-elle.

Elle se mit à trembler à cette idée et murmura :

— Je crois… que j’aime pas ça.

Kalan la regarda d’un air peiné.

— Les gardes peuvent nous faire du mal si on désobéit, mais c’est aussi eux qui nous protègent et empêchent les Elfes du territoire libre de nous blesser.

— Nous blesser ? s’étonna Ahia. Pourquoi ?

— On vit dans la Ceinture, on est proches de la Zone. Maman dit que dans le reste de Linone, les gens nous prennent pour des traitres, comme nos voisins. C’est parce qu’on a des proches qui vivent là-bas et qui ont trahi notre royaume.

Ahia sembla réfléchir, mais elle murmura quand même pour elle-même :

— J’aime pas les gardes…

Kalan hésita à la questionner sur cette aversion, mais du bruit juste en dessous d’eux détourna son attention. Bientôt, la tête noire et dorée de Nessan apparut entre les branchages.

— Je te cherchais, Seigneur Enflammé ! déclara-t-il.

C’est ainsi qu’il nommait son frère, en référence à son tempérament vif.

— Mon chevalier Moudugenou, rétorqua Kalan.

— J’ai ramené Lusa à la maison et Tolm m’a dit de venir te chercher avant que maman rentre et se fâche contre toi.

— Pourquoi ? demanda Ahia. On fait quelque chose de mal ?

— Sûr que nos parents seraient fâchés en nous voyant si haut, remarqua Nessan.

— Ma maman se fâche contre moi sans raison, expliqua Kalan en haussant les épaules. Et elle aime pas que je rentre après Nessan et Lusa. Elle m’en veut toujours ?

— Lusa ? demanda son jumeau. Bien sûr que non, elle était même triste que tu sois pas à la maison.

« C’est normal si personne t’aime », lui avait pourtant dit sa cadette. C’était peut-être sur le coup de l’émotion car Kalan s’était bagarré avec Ariou et avait bousculé sa sœur sans le vouloir. Elle ne le pensait surement pas, mais il avait tellement peur d’être mal aimé que son ventre était tout noué.

— Lusa t’aime, elle a eu mal, alors elle a voulu te faire mal aussi, affirma Ahia, comme si elle avait lu dans ses pensées. C’est bête, mais c’est vrai.

Nessan opina, convaincu pas cette explication.

— Et moi aussi je t’aime, mon frère !

— Moi aussi ! renchérit Ahia.

Ces déclarations déstabilisèrent Kalan qui éclata de rire et décida de s’accrocher à leur attachement de toutes ses forces.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Makara
Posté le 05/11/2024
Hello AnaBarbouille ! Me revoilà !
Décidement, j'aime beaucoup Kalan. J'ai apprécié ce moment d'observation des têtards., je trouve que ce passage montre bien la sensibilité de Kalan et son intérêt pour le monde qui l'entoure.
Un chapitre tout doux avec le développement de la relation entre les deux héros. Je trouve que tu arrives bien à montrer leur connexion sans trop appuyer sur les ficelles narratives.
J'ai beaucoup aimé la grand-mère qui, si elle est à peine, esquissée, pose les bonnes questions en rapport avec Ahia.
En tant que lecteur, on est un peu comme Ahia, on ne sait pas grand chose et sa discussion avec Kalan permet d'apprendre quelques éléments importants sur le monde. C'est bien fait.
Bref, je n'ai pas relevé de soucis particulier ! La lecture est toujours aussi fluide !
C'est ton 1er jet ?
Mak'
ANABarbouille
Posté le 05/11/2024
Salut ! Ça me fait plaisir de te revoir sur ce chapitre :) merci pour ce retour qui fait chaud au cœur !
Non ce n’est pas mon premier jet, même s’il y a toujours des trucs à revoir à chaque passage c’est interminable haha ! J’ai pas mal élagué depuis ma première écriture pour entrer plus vite dans le vif du sujet, même si ça reste un livre assez « lent » je pense (mais j’ai pas coupé sur la scène avec les têtards, ouais j’ai vraiment une obsession animalière xD)
Merci beaucoup et à bientôt :)
Vous lisez