En numérologie, le 2 représente : l'accumulation, la réception, la dualité, le cycle.
En alchimie, le Denier représente la Terre : la nature, le corps, l'alimentation, le travail, l'argent, la valeur, les habits et la routine.
Pour un jeu de carte classique, le Carreau représente le Denier.
Savoir accumuler judicieusement.
Le monde est source de vie, de malheurs, d'expériences, de ressources, d'émotions et d'histoires.
Nous nous en remplissons dans le but de nous construire.
Notre vie et notre personnalité reflète ce que l'on donne, et ce que l'on reçoit influencera ce que deviendront notre vie et notre personnalité.
Mais il ne faut pas accumuler dans l'inutile, au risque de s'acharner dans une énergie qui ne nous correspondra pas.
Il vaut mieux persévérer dans une dynamique harmonieuse avec nous-même.
Se nourrir de ce dont on a besoin. Si on accumule par habitude, sans comprendre pourquoi on fait ça, il est temps de se poser la question. Peut être est ce sensé, mais combien d'entre nous agissent sans chercher à comprendre pourquoi ils agissent ?
À quel point sommes-nous encore cohérents aujourd'hui ?
Un travail stressant ne doit pas prendre le pas sur une activité créatrice qui nourrit l'âme, en théorie. Dans la pratique il faut bien manger. Mais si on ne sait plus pourquoi on vit, je ne pense pas que cela renvoie une image agréable de notre vie, aux autres, que de vivre pour manger. Alors quoi ? Vont-ils croire qu'ils feront mieux que nous ? Qu'ils vont s'efforcer à réussir là où on a échoué : à être heureux ?
Sur quel exemple ? Par quel moyen ? Savons nous au moins ce que cela veut dire de vivre ?
Car vivre n'est pas attendre. Pas seulement.
C'est tellement de choses, entre pouvoir et vouloir et devoir, et faire, créer, changer, effacer, dépasser. Faire naître, et tenir la main. Jusqu'au bout. Encore. Pour qu'à la fin, on nous tienne la main. Jusqu'au bout. Jusqu'au tout dernier bout.
Tout le but de ce travail est de savoir accumuler les énergies positives que la vie nous adresse, aussi ténues qu'elles puissent être, afin que l'on se mette à les chercher volontairement pour s'en nourrir.
Parfois on ne connaît pas ces énergies, il est donc important de rester ouvert et de réceptionner les variations de notes dans la musique de notre vie.
Je pense que ce que nous accumulons comme connaissances, comme expériences, physiques et psychiques, même fugaces, tout cela reste en nous, quelque part. Appelons ça l'inconscient, faute de mieux.
Il y a une formidable banque de donnée au fond de nous-même. Qu'en faisons nous ? Généralement, nous essayons de rester sains d'esprit, et nous traitons uniquement, consciemment, ce qui fait sens pour nous. Je ne pense pas que nous regardons uniquement les choses qui nous font du bien, et que nous restons toujours aveugles face à ce qui nous fait du mal. Nous sommes grands, nous sommes capables de nous nourrir du bon comme du mauvais.
Par contre, vous avez sans doute déjà connu un moment de malaise, face à quelque chose que vous ne compreniez pas. Parfois, on se dit qu'il n'y a rien à comprendre, alors on détourne le regard, et on oublie très vite. L'inconscient ne détourne pas le regard. Les traumatismes passent par ce canal : l’abdication de l'esprit, face à la réalité, qui elle n'a pas à faire sens de chaque chose qui existe en ce monde. Elle est, ils sont, c'est tout, c'est effrayant, mais c'est suffisant.
Nous ne sommes pas dans des corps faits pour la divinité. Nous ne pourrons jamais contenir tout le savoir du monde ; et nous n'en avons pas besoin pour être heureux et accomplis. Pourtant, certaines personnes vont accumuler, faire une collection, une fixation sur une idée, et emplir leur vie de preuves, d'exemples, de témoignages, d'histoires, de livres et de films, dont le seul but de satisfaire cette simple idée. Vraie, ou fausse, ce n'est presque pas le propos ici.
Imaginez, un seul instant, que cette idée soit née, un jour, par un traumatisme. Par un événement qui ne pouvait faire sens à cette personne, à cet enfant. Et qui, depuis, cherche à vivre avec cette scarification de l'esprit et de l'âme, de l'intellect, peut être même du corps. Et qui, depuis, a construit, et construit encore, toute sa vie sur cette idée, ce concept, qu'il n'a jamais pu comprendre.
Un décès ? Un viol ? Une manipulation ? Une humiliation ? Un rejet ? Une phobie transmise par les parents, les amis, la société ?
Les critères de la beauté parfaite ? Le regard des autres ? Les guerres ? Un divorce ? Un licenciement ? Un suicide ?
Et depuis, tout sa vie ne tourne autour que de cela. Cette spirale, aveuglante, hypnotisante, de culpabilité, de haine, d'impuissance et de peur.
Comment vivre avec ? Comment en sortir ?
Quand en sortirons nous ?
Avons nous le droit de crier à l'aide ?
Est ce que quelqu'un viendra nous chercher ?
Ou sommes-nous seuls depuis le début ?
Misère, quand je pense que c'est moi qui propose mon aide par ce média...
Qu'allons nous devenir ?
Que Dieu nous vienne en aide ? Peut être viendra t-il, oui. Ou peut être pas. Peut être qu'il n'existe pas. Peut être qu'il existe.
Le propos n'est pas là.
Il n'a jamais été là.
Vous, vous êtes là. Et c'est à vous maintenant de définir votre objectif, et d'accumuler des souvenirs sur le chemin.
Vous n'avez rien de mieux à faire de toutes façons.
Le Mouton : Puis, se rapprochait doucement l'hiver
Secoué par un spasme, le Mouton inspira brutalement, et la braise lui brûla la gorge. Il dut se calmer très vite, la panique panique le feu qui brûle plus fort, et moins longtemps. Et même s'il faisait mal, le Mouton ne voulait pas que le feu le quitte.
Il n'était alors que flammes et chaires calcinées, au milieu de ténèbres glacées. Le désert était toujours un désert coloré, vermillon foncé, mais un désert froid, aux dunes gelées, glaçantes et effilées.
Il avait très chaud le Mouton, pour l'instant, mais le gentil blizzard aveugle le refroidissait. Il faisait nuit noire mais le Mouton voyait, grâce à sa crinière flamboyante de blanc et de noir, et de noir et de blanc. Pas dans cet ordre, pas tout le temps.
Alors le Mouton marchait, mais il ne savait pas vraiment où il allait. La nuit était noire, et la lumière des flammes n'allait pas très loin. Il pouvait voir des pics de glace sortir du sable, le sable emporté par le méchant-gentil vent. Gentil car il calmait les brûlures des flammes. Méchant, car il lui hurlait dessus, il hurlait de méchantes choses.
Et puis, encouragé par le vent, des ténèbres sortait, et volait, parfois, de la glace. De la glace aussi solide que des rochers, et effilée, et pointues, et tranchante, le coupant, le blessant, le poignardant. La glace le mordait et lui faisait mal, au Mouton, perdu dans les ténèbres. Mais les flammes du Mouton faisait mal, elles aussi, à la glace. Parfois, les pointes de glace passaient à travers les flammes blanches et noires du Mouton, et alors elles fondaient.
Et il en sortait des cranes.
C'étaient des cranes qui tombaient dans le sable, hurlant, et criant et appelant à l'aide, suppliant le Mouton de les aider, de les sauver, de les tuer, eux. Mais si pas eux, alors leur famille, leur père, leur mère, leurs fils ou leurs filles, leurs aimés. Car ceux qu'ils aimaient avaient mal, ils avaient mal à cause de lui, le Mouton.
Mais le Mouton ne les connaissait pas, ne les connaissait plus. Il y en avait tellement eu, de partout, il n'avait pas pu. Il n'était pas un Mouton intelligent, il n'avait pas pu les sauver de leur vivant, il n'aurait jamais pu. Tout ce qu'il pouvait faire maintenant, c'était de les tenir un peu au chaud.
Il n'était pas un Mouton intelligent, mais il était un Mouton avec du cœur. Il leur donnait un peu de chaleur en leur donnant une braise de son feu. Ainsi, lorsque lui, le Mouton, lui, partirait, les fantômes, eux, pourraient continuer de hurler dans le désert, mais avec un feu pour leur tenir chaud. Jusqu'à ce que le blizzard ne les enfouisse sous le sable, encore, en si peu de temps.
Mais peut être, seulement peut être, que la flamme survivrait dans le sable du désert de glace.
Alors le Mouton continuait son voyage en chantant, clignotant de noir et de blanc dans cette tempête de sable de glace. Il chantait très fort pour contrer la soif. Il chantait très fort pour contrer la faim. Il chantait très fort pour ne pas avoir à entendre son épitaphe. Il chantait très fort pour ne pas voir la fin.
Car déjà son corps se couvrait de glace.
« Le feu se meurt même si le Mouton a du cœur ?
Le Mouton sait pourquoi il est là, mais il ne sait plus pour qui il se bat.
Le Mouton aurait il perdu de sa joie ?
Il chante à en perdre la voix !
À en perdre la foi ? »
Il entendait le vent qui lui disait, très méchamment, que dans les ténèbres bruyantes, il pouvait entendre, dorénavant et depuis tout temps, les hurlements de tous ceux qu'il avait lâchement abandonner pour son paradis, éhonté et putréfié. Que jamais plus il ne pourrait dormir en paix ; car depuis toujours, les morts le regardent. Que ce désert est là pour lui rappeler les fers que les traîtres portent au centre des enfers.
Alors le Mouton riait, et pleurait. Car il ne comprenait pas pourquoi on lui en voulait. Il avait toujours chanté et prié. Il était un gentil Mouton, un Mouton qui prenait et qui donnait, qui donnait et qui prenait, comme tout gentil mouton avait appris des moutons. Comme tout nouveau mouton doit apprendre aux futurs moutons.
« Quel nouveau mouton ? » hurla le vent. « Quels futurs moutons ?! » Et le méchant vent continuait de hurler et de hurler. Et les cranes continuaient de percer la mélodie de leurs cris et de leurs vies. Encore et toujours, dans la nuit.
Et celle-ci se rapprochait, et les flammes noires et blanches, de la toison du Mouton, mourraient.
Mais le Mouton, lui, chantait. Car il savait qu'il était un gentil Mouton, avec une bien vilaine voix, il était vrai, mais pas aussi vilaine que celles que si cachaient avec lâcheté dans les ténèbres.
De si jolies et douces ténèbres pourtant, le Mouton savait qu'elles étaient capables de cacher de la neige. Une neige... si douce... Comme l'étreinte d'une mère.
Mais le Mouton ne connaîtrait jamais sa mère. C'était ce que lui répétait la voix dans cet enfer.