2- Il était une fois en Gaule

Notes de l’auteur : Nous plongeons dans le passé d'Emrys, ce type curieux.
"T'es un guerrier !" lui assène son cousin Maeleg.
Sous l’œil torturé de Chose, les deux personnalités du héros écrivent à quatre mains.
Enfin, deux. Deux que l'on multiplie par un facteur schizophrène, ça fait combien ?

Vous êtes encore là, au chapitre 2 et je vous en remercie !
Je rappelle aux timides :
"Pour celles et ceux qui souhaitent commenter, je précise que j'accepte les propositions de reformulation de phrase et la remise en question de mes idées.
Soyez critiques !"


Edit du 12/03 :
• J'ai effectué quelques modifications de tournure et de vocabulaire.
• La bataille est rallongée, plus intense (thx à RosanaBerg pour la suggestion).
Edit du 23/03 :
• Quelques précisions apportées à la suite des remarques de Shangaï.

Les commentaires et les suggestions sont encore, toujours, les bienvenus.

La Gaule, une semaine après Jésus-Christ.

Ici, dans…

 

– Maeleg, tu commences n’importe comment. Là, on croit que c’est une semaine après la naissance de Jésus-Christ alors que c’est une semaine après sa mort.

– Eh ben, c’est bien c’que j’dis ! Une semaine après Jésus-Christ.

– Bien sûr que non, on compte à partir de sa naissance ! Tu commences en trente-trois après Jésus-Christ, ensuite tu indiques que c’est une semaine après sa mort. C’est plus cohérent.

– C’est débile ! Tiens, j’ai appris sur Wikipédia que « Jésus de Nazareth est un Juif de Galilée, né vraisemblablement entre l’an sept et l’an cinq avant Jésus-Christ ». Tu trouves ça logique ?

– Maeleg, on s’en moque de Wikipédia. On commence comme je te dis.

– Hé ! Tu me donnes pas des ordres, c’est compris ? Et pis d’abord, qu’est-ce qu’on en a à foutre de la date ? Tu m’as dit que tu n’écrivais pas pour qu’on te lise.

– Tu m’agaces, mais tu m’agaces !

– Moi, je t’agace ? Hé, ho ! Tu… Putain, il a chié sur ma feuille !

– Ah ben, bravo ! Tu lui as fait peur à crier comme un putois. Viens chez moi, Chose.

– J’te jure qu’il s’approche et j’lui crève un œil avec ton stylo quatre couleurs. MAIS ARRÊTE DE CHIER, PUTAIN DE BESTIOLE !

– Oh, ça va, ça va ! On se calme, tout le monde. Regarde, on prend la feuille. On la plie, hop-poubelle et on la remplace par une autre toute propre. Chose va sur ton fauteuil ! C’est bon ? On peut s’y remettre ?

– Nan, j’ai plus envie. T’as qu’à écrire, toi-même !

 

La Gaule, en trente-trois après Jésus-Christ, une semaine après son bête et fatal accident d’opinion publique. 

Ici, dans ce beau, vaste et riche pays à l’ouest de l’Empire romain, le mode de pensée ne prônait pas la liberté, l’égalité et la fraternité. En ce temps-là, on se battait, on se tranchait, on se transperçait, on s’étranglait, on s’écartelait, on s’écorchait.

C’était bien, c’était chouette. C’était la paix, la seule, la vraie, la Pax Romana.

Toute la Gaule était occupée. Toute ? Eh bien, oui. L’époque dorée des druides distillateurs de psychotropes était révolue[1]. Quand d’irréductibles Gaulois mal civilisés revendiquaient une quelconque velléité séparatiste, c’était à grands coups de sandales pures cuir italien dans la gueule que Rome leur rappelait que le patron, c’était César et personne d’autre. 

Cela tombait bien, car c’était précisément l’affaire du jour de ma mort.

 

#

 

Le soleil se levait en ce beau matin, quelques lates après la fête de Beilteine. Les eaux du lac reflétaient à merveille le ciel coquet qui avait déjà renoncé à sa robe rose. Il hésitait entre se parer d’orange ou de bleu turquoise. Sur son front, les nuages rougeoyants rendaient l’écho à la divine lumière du puissant Belenos.

À deux lieues du village d’où il était parti dans un galop effréné, un cavalier chevauchait un splendide et massif cheval gris pommelé. Il l’emportait vers le champ de bataille. Au rythme d’une folle cavalcade, le guerrier maugréait, car il était très en retard. Ses gars avaient intérêt à l’attendre s’ils ne voulaient pas mourir de ses propres mains.

Il était grand comme deux hommes et large comme trois autres. Ses bras avaient l’épaisseur des cuisses d’un bœuf et ses jambes la robustesse de celles d’un ours, à moins que cela ne fût le contraire. Piqué d’yeux en amandes d’un bleu glacé, son long visage se terminait par trois courtes tresses de barbe noire. Il était engoncé dans les couvre-joues de son heaume en fer, rehaussé de cuivre et de bronze. Il scintillait sous la lueur matinale et semblait offrir un lit de feu à son cimier. Il était vêtu d’une maille solide, d’un lourd tissu à carreaux vert sombre et pourpre qui barrait son large torse. Une superbe fibule d’argent ciselé tenait le tout. Ses tibias étaient garnis de plaques décorées avec soin et cloutées de pointes dures comme de la pierre.

Oh, rien de tout cet attirail ne servait à le protéger, bien au contraire. De son fameux coup de casque nombre de têtes furent éclatées. Sa cuirasse gardait en elle le souvenir du raclement des visages, arrachant peaux, chairs, nez et paupières. Ses jambières cassaient les membres ou broyaient les côtes, selon que l’adversaire tenait encore debout ou non. Nul n’aurait su porter son bouclier haut de plusieurs pieds, solide comme un mur. Ses ennemis s’y écrasaient. Nul ne pouvait soulever son marteau. On le disait sculpté dans le roc à coups de ses poings aussi larges que le crâne d’un taureau. Monstre lâché dans le feu de la guerre, il faisait peur même à qui ne le voyait pas. Il était lui, le seul, le grand, le terrifiant Emrys. Il était tout de même très à la bourre.

Il atteint le sommet du dūnon qui surplombait la plaine, le terrain de ses jeux d’enfants où de nombreux souvenirs le liaient à son clan. Il aperçut ses compagnons, ses frères les Sénons.

Ah, le peuple des Sénons ! L’une des plus anciennes et des plus braves tribus celtes de Gaule. Le plus célèbre d’entre eux s’appelait Brennos. Sacré gaillard celui-là ! Il avait pillé Rome au quatrième siècle avant Jésus-Christ. Il marqua sa suprématie par un magistral jet de glaive sur une balance remplie d’or. On pourrait évoquer Acco, célèbre pour avoir mené une révolte contre Caius Julius César. Il mourut supplicié. On devait rayer des mémoires ce bâtard de Cavarinos. Il embrassa une carrière de roi fantoche après le meurtre de son frère Moristagus. Ce puissant peuple accompagna Vercingétorix jusqu’à Alésia. Les autres fiottes entamaient une longue tradition de collaboration avec l’occupant. Craints à raison, les Sénons n’acceptèrent jamais le semblant de paix qu’on leur imposa. Enfin si, mais pas tous. La tribu d’Emrys relevait de cette trempe de barbares déraisonnables qu’aucune monnaie ne soudoyait, qu’aucune promesse ne flouait. Eux, c’étaient des bonhommes. Des vrais qui voulaient se battre très, très fort.

Pour marquer son arrivée, Emrys fit hennir et ruer son cheval devant la multitude de ses soldats. Ils l’acclamèrent à grands cris, au son de leurs armes frappées sur leurs boucliers. Majestueux, le colosse descendit de sa monture.

– C’est bon, t’as fini de te la péter ?

La voix nasillarde et désagréable de son cousin l’accueillit. Comme à son habitude, Maeleg ponctua sa phrase en crachant par terre.

Il était de petite taille. Son buste était bien plus long que ses jambes et ses bras n’étaient pas assez courts. Pour léser un peu plus ce physique particulier, les dieux l’avaient doté d’un cul plat et d’une grosse tête. Ses yeux globuleux trop éloignés l’un de l’autre ne donnaient guère confiance. Même son casque, une véritable œuvre de fer, de cuivre, de bronze et de plumes, ne parvenait pas à lui conférer un quelconque panache. « Je t’avais dit de ne pas baiser avec un veau. Rrrrpptteu ! » avait déclaré sa grand-mère à sa naissance.

La lance de Maeleg, trop longue pour lui, semblait ne pas lui appartenir. Sa fibule ne sachant choisir le côté où se placer, ses vêtements mal taillés tenaient par un mystère inexplicable. Cependant, personne n’osait se moquer de lui. Il était un tueur implacable, une teigne sanguinaire, une cruelle créature amusée par la souffrance et les cris. Toujours nerveux, Maeleg ne supportait pas le retard récurrent du grand gaillard qui lui servait de cousin. Surtout pas avant un combat. Le fait qu’Emrys ait emprunté son cheval l’excéda plus qu’à l’accoutumée.

– Qu’est-ce que tu as dit ? demanda le colosse.

– T’as fini de te la péter avec mon ch’val ? cracha Maeleg.

– Eh ben, tu n’es pas gêné. C’est moi qui te l’ai offert, tu peux bien de me le prêter.

– Ça t’a pas traversé l’esprit que je l’avais laissé à la maison pour pas l’esquinter dans la bataille ? Si t’avais pas perdu le tien avant-hier soir, t’aurais pas eu besoin de prendre le mien.

– Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas retrouvé. Quelqu’un a dû me le voler.

– Voler ? ricana Maeleg. Mais t’étais encore bourré, tu veux dire ! Au mieux, il t’a foutu par terre, l’est rentré tout seul et tu l’as même pas vu. Au pire, tu t’souviens pas que tu lui as mis un coup sur sa gueule et il est en train d’agoniser dans un fossé.

Si Emrys adorait taquiner son cousin, il ne supportait pas la réciproque. À lui qui aimait les animaux, il ne fallait pas dire qu’il n’en prenait pas soin. Malheureusement, c’était comme avec les plantes, il n’avait pas la main verte.

– Ah ouais ? Et qui est-ce qui s’est fait refourguer un canasson tout pourri par les Parisii ? attaqua Emrys.

– L’était pas tout pourri ! C’est toi qui me l’as bousillé. Tu l’as forcé à labourer trois champs et il est mort d’épuisement.

– Un cheval n’est pas fait pour décorer ! Il ne valait rien. Je t’ai toujours dit, faut acheter Éduen.

– Les Éduens, c’est rien que des poucaves et des collabos.

– Oui, mais ils s’y connaissent en chevaux. C’est chez eux que je me suis procuré ce magnifique destrier, déclara Emrys en montrant le cheval qu’il avait offert à Maeleg.

Il l’avait choisi trop grand pour que son petit cousin ait l’air ridicule en le chevauchant.

– Mais regarde-le ! continua de s’emporter celui-ci. Il sue tant qu’on dirait qu’il pisse par le cuir. J’suis sûr que tu l’as fait galoper depuis le village !

– Pas du tout, répondit Emrys de toute sa mauvaise foi.

– Cousin, t’es une brute avec les bêtes et tu ne l’avoues pas.

– Ce n’est pas vrai, j’ai beaucoup d’affection pour elles !

– Quand on aime les animaux, on ne les frappe pas. C’est à cause de toi que le cheval de Pirnatos marche de biais !

– Ça n’a rien à voir ! Cette sale bête m’avait bousculé. D’ailleurs, Pirnatos le sait bien, il s’est même excusé. Hein, Pirnatos ?

– Oui, je… je… Oui, peut-être bien, répondit à demi-voix le concerné.

Les disputes entre les deux cousins étaient réputées se conclure par le décès d’un pauvre gars sans rapport avec le sujet. Alors quand on l’était, on serrait les fesses.

– C’est un cheval ! Bien sûr qu’il te bouscule, grand couillon ! cria Maeleg.

– Ah, mais, tu m’ennuies maintenant ! Je te dis qu’il pète la forme ton canasson ! rétorqua Emrys en claquant de sa lourde pogne le flan de l’animal qui s’écroula.

– MON CH’VAL PUTAIN !

Une fois de plus, le géant n’avait pas senti sa force. Des spasmes secouèrent la pauvre bête. À terre, elle râlait prête à mourir.

– Euh… t’inquiètes pas, balbutia Emrys penaud. On va lui donner un peu d’eau et, dans deux minutes, il va trotter.

– Il va trotter que dalle ! Regarde-le, y respire presque plus ! Mais pourquoi que tu bousilles tout le temps mes affaires ? Tout ça parce que t’as encore picolé.

– Non, je n’ai pas bu.

– Me mens pas, Cousin ! J’te jure, me mens pas ! J’suis sûr que t’as dormi dans l’cul d’une barrique ! postillonna Maeleg avec tout ce que sa salive lui permettait.

Autour d’eux, les hommes avaient tous reculé de quelques pas. Mieux valait garder ses distances quand le ton montait entre ces deux-là. La prudence était de mise, car aborder le penchant d’Emrys pour l’alcool le piquait au vif :

– Si j’avais dormi dans le cul d’une barrique, répondit-il en gonflant le torse, c’est dans celui de ta femme que je me serais réveillé.

Un silence de plomb fit fléchir les premiers rangs des Sénons et certains d’entre eux sentirent le souffle d’un vent glacial. À la douzième ligne des guerriers gaulois, l’un d’eux demanda ce qui se passait. Ses voisins le bâillonnèrent et le rossèrent dans la plus grande discrétion. Tout le monde savait que parler de l’épouse de Maeleg, que ce soit en bien, en mal ou en rien du tout, n’était pas chose à se permettre. Aucun être vivant ou mort, humain ou animal, liquide ou solide, n’enfreignait cette règle. Aucun, sauf Emrys bien évidemment.

– Attends ! Excuse-moi, je me trompe. Ce n’était pas ta femme. 

Les gars d’à côté se relâchèrent de soulagement, on entendit même le sifflet d’un pet et un maladroit « oups, pardon. »

– Parce que, reprit Emrys, si j’avais dormi dans le cul de ta femme, j’y serais encore bien au chaud pendant que tu mouilles tes couilles de nabot dans la rosée du matin.

Trois guerriers urinèrent dans leurs braies. Aminorix, l’homme le plus proche de Maeleg, s’écroula victime d’un malaise. Nul ne se risqua à le relever. On pouvait parler de tout avec Maeleg, sauf de son épouse et de sa taille. On écorcha et brûla vif le dernier imbécile à avoir plaisanté à ce sujet. Plus jamais personne n’osa revenir là-dessus. Personne, sauf Emrys bien évidemment.

– Tu ne peux pas dire le contraire, renchérit celui-ci. Quand tu es debout devant elle, on se demande si elle s’est mal lavé l’entrejambes ou si c’est toi qui pues de la gueule.

Quelqu’un lâcha un « Oh ! » étouffé par un gargouillis quand ses voisins lui tranchèrent la gorge avec discrétion. Maeleg était victime de quelques soucis de digestion chroniques depuis l’enfance. Tout un chacun savait qu’évoquer son haleine un peu persillée le gênait. Tout un chacun, sauf Emrys bien évidemment. Rouge de colère, Maeleg dégaina son glaive, bondit et frappa, frappa, frappa, frappa, frappa, frappa, frappa, frappa, frappa à ne plus pouvoir frapper. Il haletait et son œil gauche tiquait en convulsions. Il bavait tant que sa salive se mêlait aux sucs de son beau cheval réduit en bouillie.

– Là, c’est sûr qu’il ne va plus trotter du tout, conclut Emrys en souriant, satisfait.

Enragé, son petit cousin valait une bonne quinzaine de légionnaires sur le terrain.

 

#

 

– Gaulois ! hurla une voix venue du contrebas de la colline.

À trois cents pieds de là, les cohortes de la légion étaient rangées en quinconces bien ordonnés. Chaque centurie se tenait à l’exacte distance des autres selon la grande tradition militaire romaine. Face aux Sénons, ne se dressaient pas moins de quatre mille scuta[2] d’où ne dépassaient qu’autant de cassides[3] et de pila[4]. À cette belle infanterie s’ajoutait une bonne cavalerie, formant un ensemble martial qui impressionnait le commun des mortels. C’était la renommée Legio Septimus Decimus Gallica, la meilleure de toutes les troupes. L’huile d’olive de l’huile d’olive.

Quintus Lecinus, le légat qui la commandait, ne doutait pas de l’issue de la bataille. La stratégie gauloise de monter sur cette colline ne tiendrait pas longtemps. Sans autre choix que d’en descendre, les insurgés feraient des cibles parfaites pour ses archers. Ses cavaliers et ses hastati, les hommes de sa redoutable première ligne, finiraient le travail. Façon Sacrovir que vous m’en direz des nouvelles. À en jauger, il ne devait y avoir que moitié moins de Sénons que le double de légionnaires, à peu de choses près. Cependant, les officiers de Quintus se méfiaient de la réputation de cette tribu. Des espions évoquaient en particulier deux d’entre eux dont l’un était le fils du chef sans qu’on sache lequel. On prétendait que le plus grand avait massacré une trentaine d’Éduens dans une obscure histoire de cheval jugé trop cher.

Du côté opposé, on marquait une certaine amertume :

– C’est tout ce qu’ils envoient comme armée ? Il en manque, non ? s’indigna Emrys.

– Doivent penser qu’on est des Séquanes, haleta Maeleg qui peinait encore à reprendre son souffle.

– J’en pète la moitié à moi tout seul, lança Emrys déçu. Vous pouvez rentrer chez vous, les gars ! On s’en occupe tous les deux !

Les Gaulois rirent aux éclats, mis à part ceux du fond qui n’avaient pas entendu la blague.

– C’est lequel qui gueule ? demanda Maeleg en extirpant son glaive du cadavre de son cheval.

– Une des têtes de poules-là.

C’était l’Hastatus Prior de la Première cohorte qui continuait son discours au travers d’un porte-voix d’où ne dépassaient que les plumes de son cimier.

– … et c’est ainsi que, dans sa grande mansuétude, Tiberius Julius Caesar Augustus vous offre la garantie de la sauvegarde de vos chefs, de vos familles et de vos biens contre votre reddition immédiate. En guise de contrepartie, vous fournirez cent otages qui… « CHTONK ! »

Flavius Saturnus Alcimus acheva sa brillante carrière de centurion dans le bruit sourd d’un javelot qui lui traversa le crâne, dispersant sa cervelle au sol.

– MAIS C’EST MA LANCE BORDEL ! cria Maeleg.

– Ouais. C’est une bonne lance, releva Emrys fier de son jet.

Les armes percutèrent les boucliers et ses hommes l’acclamèrent. Sur sa consigne, ils dégagèrent un corridor pour le passage d’énormes balles confectionnées avec de la paille, des trucs, des joncs et enduites de poix. Les Sénons les projetèrent du haut de la colline qu’elles dégringolèrent en roulades et en rebonds. À leur mi-parcours, le carnyx[5] retentit et signala aux archers gaulois de décocher leurs flèches incendiaires. Des boules de feu dévalèrent alors la pente à une vitesse effrénée, droit sur les rangs bien ordonnés de la légion. Elles passèrent par-dessus une tranchée invisible depuis les positions romaines et embrasèrent une terrible ligne de flammes qui cerna les bords de la plaine. Libérés de leurs liens, des tonnelets de bois camouflés dans la fosse lâchèrent une multitude de rats apeurés. Frénétiques, les rongeurs — dont certains brûlaient vifs — s’élancèrent vers les soldats romains incapables de tenir leur formation. De leur promontoire, Emrys et Maeleg ne laissèrent aucun répit à l’ennemi. Les ballots incandescents traçaient à peine des couloirs de feu qu’ils rejoignaient déjà leurs archers positionnés plus bas dans la pente. À bonne portée, ils lâchèrent une pluie de flèches meurtrières qui déferla sur les Romains ébranlés. Désemparés, la plupart des infortunés hastati ne purent s’en protéger, car leurs centurions sifflèrent trop tard le renfort de la seconde ligne romaine. Ils crevèrent par dizaines avant que les Principes n’avancent et permettent à leurs camarades rescapés de reformer les rangs. Soudain, les hommes tombèrent les uns après les autres, transpercés par une seconde salve de traits gaulois. Elle reçut en réponse celles des Crétois et des Parthes, les archers auxiliaires de Septimus Decimus Gallica. S’ils figuraient parmi les plus réputés du monde, leur notoriété ne les protégeait d’aucune cavalerie et, ce jour-là, leur corps d’élite ne fut pas enfoncé, mais défoncé. Au son guttural des carnyx, les Sénons surgirent au galop de part et d’autre de la colline, trombes de chevaux et de chars hérissés de lames tranchantes.

– Viens, lâcha Emrys à son cousin, on va récupérer ta lance. LE DERNIER EN BAS EST UNE ROMAINE ! hurla-t-il emmenant ses hommes dans une course insensée vers le combat.

Les Sénons galvanisés déferlèrent comme des bêtes sauvages sur les légionnaires qui subirent de plein fouet un terrible choc. Maeleg, rendu fou par sa dispute, cracha toute sa haine. Il sectionna muscles et tendons, entailla jambes et bras, ficha son glaive dans les gorges et les ventres, quand il n’arracha pas un nez ou une oreille de sa robuste mâchoire. Il récupéra sa précieuse lance et embrocha plusieurs ennemis. Oui, c’était une bonne lance. Alors, il la campa dans le cul d’un cavalier à travers sa propre monture.

De son côté, Emrys traversa les flammes tel un monstre invoqué des Enfers par Pluton en personne. Du revers de son puissant marteau, il envoya voler scuta et légionnaires comme il se débarrasserait de mouches. Il renversa une cohorte avec son bouclier qu’il encastra dans l’ennemi le plus proche. Il fallait se relever plus vite, garçon ! De ses deux pognes, il abattit sa lourde masse sur les Romains qui traînaient par terre. Il en attrapa un par le col et le jeta au feu. Un autre tenta de le planter de son pilum, il mourut raide comme un épouvantail. Le suivant prit un tel coup de poing que sa cotte de mailles vola en éclats. Emrys avançait, cognait, revenait, frappait encore, partait à gauche, évitait à droite, l’estoc d’un décurion effleura sa cuirasse. Il l’empoigna au cou et lui mangea la moitié du visage. Javelot devant, un Romain le chargea sur son destrier, il le chopa par la bride et lui claqua le flanc d’un coup d’épaule. Ses guerriers achevèrent l’homme et la bête. Le fils du chef riait, car c’était drôle ! Son regard avide d’hémoglobine scruta le chaos des combats et il déferla sur cet océan de barbarie. Entre ses bras, il broya des vertèbres. De ses mains nues, il attrapait et écrasait des crânes, il enfonçait des yeux. Il pelait et il laminait. Il étranglait avec les tripes qu’il arrachait. Il cureta comme on aiderait une vache à mettre bas. Des cervelles coulaient entre ses doigts quand il n’évidait pas des gorges de leur langue. Il décrochait des mâchoires et il riait. Grands dieux, qu’est-ce qu’il riait ! Il démembrait et il se marrait. Il écorchait et il ricanait. Il lacérait et il s’esclaffait. Que dire sinon qu’il s’amusait ? Il creva des bides, déchira des joues et brisa des jambes. Il ouvrit des poitrails en deux, il extorqua des oreilles et toute sorte d’appendices. À coups de front, il fracassa des casques et les têtes à l’intérieur. À plusieurs reprises, il se jeta dans de nombreuses mêlées qu’il pilonna de tout son poids. Il concassa, pressa et déracina des testicules. Il aurait pu s’en confectionner un collier fumant. Le colosse pulvérisait les Romains. Son rire puissant couvrait le chaos, il transformait des hurlements en gargouillis étouffés par la mort. Oui, il dévorait la vie de ses victimes. Le sang giclait, il le buvait à plus soif. Les os éclataient, il les croquait. Il mettait des coups de boule aux chevaux et leur découpait la panse. Son gigantesque marteau secouait l’air de tornades qui charrièrent les malheureux à leur portée. Il frappait si fort qu’il ébranlait la terre ! Il était Héraclès face aux Minyens d’Orchomène.

Le Légat Quintus Lecinus, témoin du désastre, perdit tous ses moyens. Incapable de donner une consigne, il assistait au massacre de ses troupes. Réalisant le sort funeste de son camp, le Pilus Prior des Triarii s’empara d’un char gaulois et chargea en criant toute sa rage et son désespoir. De son sifflet il intima à ses propres archers de tirer à volonté. Il fonça sur les Sénons sans se soucier du déluge de flèches meurtrières qui s’abattait au-dessus de lui. Pris de cours, ses camarades et ses ennemis tombaient sous ses yeux.

Emrys saisit trois légionnaires en guise de boucliers que nombreux projectiles transpercèrent. D’un coup sec, il brisa celui fiché dans son pied. À peine, se dégagea-t-il des trois cadavres que deux chevaux lancés à vive allure le percutèrent de plein fouet. Le valeureux centurion acheva sa vie en un ultime sacrifice. Écrasé par les animaux et le char, Emrys usait de toutes ses forces pour se libérer quand une dizaine de Romains l’attaquèrent à grands coups de glaives et de pila. Maeleg se jeta eux en vociférant des injures et en donnant de taille. Il en tua deux, mais un bouclier lui coupa l’haleine et l’élan. Il creva un dernier œil ennemi en lui crachant une molaire à la gueule. Une lame lui perça l’abdomen et le laissa pour mort. Il n’avait pas encore poussé son ultime souffle qu’Emrys surgit entre les cadavres des chevaux. Il arracha une tête, s’empara d’une arme et trancha un type de l’épaule aux couilles. Il recula sous le choc d’une volée de flèches et mit genou à terre à la suivante. Venus en renfort, une vingtaine de Romains saisirent l’occasion pour l’attaquer de concert. Il en emporta quatre avec lui.

– Rendez-vous de l’autre côté, Cousin ! beugla Emrys, des dizaines de flèches plantées dans le corps, huit gladii[6] et douze pilums entre les côtes. On lui coupa la tête.

– Ta gueule, gargouilla Maeleg avant de crever, le bide ouvert en deux.

 

#

 

Ce fut la première fois que je mourrais. Je

 

– Eh quoi ? demanda Maeleg. Tu ne continues pas ?

Assis à son bureau, Emrys n’écrivait plus.

– Ho ! Je te parle, Cousin.

– Laisse-moi, Maeleg. S’il te plaît.

Le regard nébuleux, il avait posé son stylo quatre couleurs. Il contempla Chose qui, paisible, dormait sur le fauteuil du Tsar Nicolas II. Sans un bruit, il s’extirpa de son propre siège. Mélancolique, le solide géant se sentit seul. Il se dirigea vers la fenêtre qui donnait sur la rue. Il était trois heures du matin, un jeune couple passa sur le trottoir d’en face. Il était si enlacé qu’il eut du mal à marcher droit. Le type stoppa, manqua de chuter avec sa compagne et vomit sur le pavé. Elle le traita de toute sorte de noms et ils se disputèrent sans se soucier du tapage. Ils s’arrêtèrent cinq fois. Ils mirent dix minutes pour parcourir les cinquante mètres jusqu’au prochain carrefour. À l’angle, ils disparurent. Emrys songea que sa vie s’illustrait dans ce bref instant : l’entrée improbable de personnes qui n’existaient plus après leur inéluctable sortie. Il soupira. Il vivait depuis de si nombreuses années qu’il ne pourrait jamais les compter.

Chose roupillait sur le dos, les pattes écartées. Il était à l’aise. Quand il dormait, il ne tremblait pas. Emrys l’aurait caressé s’il n’avait risqué de le réveiller.

En silence, il emprunta l’escalier secondaire, traversa la bibliothèque. Il chaussa ses savates de cuir couleur noisette et se rendit sur le palier. Il bougonna en montant les marches qui le menaient au studio. Il avait appuyé sur le bouton d’appel de l’ascenseur. Il pénétra dans son temple selon son rituel. Dans la chambre noire, il disposa une housse neuve sur le sol. Il ouvrit la cinquième porte du placard mural. À la manière d’un amateur de thés, Emrys observa les fioles qui étaient rangées devant lui. Il en déboucha une, huma son parfum d’amande amère et se positionna au milieu de la pièce. Il but d’un trait le contenu du flacon. Il ressentit vite les premiers vertiges. Pris d’une violente céphalée, il tomba à genoux. Son cœur battit à tout rompre. Une nausée douloureuse vida son estomac sur la bâche où il s’étala dans de terribles convulsions. Il sombra dans le coma.

L’œil gauche fixé sur son maître et le droit sur l’éclat du vernis au plafond, Chose était couvert de restes de salade composée, de biscuits bretzel et de bile puant le whisky frelaté. Il se lécha les babines et, par petits bonds, s’avança vers la fiole de cyanure. Elle disparut dans ses bajoues au son du verre broyé.

Il hoqueta et tomba raide mort.

 

[1] Voir « Les chroniques d’Astérisque et d’Obélisque », par l’historien gallo-romain Dyslexix.

[2] Boucliers

[3] Casques

[4] Javelots

[5] Trompe gauloise dont le son impressionnait les ennemis.

[6] Glaives

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Eryn
Posté le 01/05/2021
– J’te jure qu’il s’approche et j’lui crève un œil avec ton stylo quatre couleurs Non mais on ne torture pas les animaux !!!
une semaine après son bête et fatal accident d’opinion publique.  o-O Ton style me fait mourir de rire… c'est complètement barré !
le guerrier maugréait, car il était très en retard. MDR
Majestueux, le colosse descendit de sa monture.
– C’est bon, t’as fini de te la péter ? = Génial !
 Malheureusement, c’était comme avec les plantes, il n’avait pas la main verte. Mouahaha ! Mais t’as fini de maltraiter les animaux ?? Pôv tite bêtes !
Alors quand on l’était, on serrait les fesses. = pas clair, même si j'ai compris.

C'est quoi cette histoire de cyanure, tu n'as quand même pas massacré Chose dès ton chapitre 2 ?? C'est le meilleur personnage du texte !!
FabrysBesson
Posté le 02/05/2021
Hello Eryn,
Merci pour ton commentaire !

Ça me fait toujours plaisir quand on s'attache à Chose.

"Alors quand on l’était, on serrait les fesses. = pas clair, même si j'ai compris."
> Je note bien ta remarque et je modifierai pour être plus clair.
Shangaï
Posté le 21/03/2021
Me revoilà !

Comme toujours voici mes impressions à chaud :

«La Gaule, en trente-trois après Jésus-Christ, une semaine après son bête et fatal accident d’opinion publique. « -> Cette repique m’a tué d’entrée de jeu !

Du coup dis donc notre « héros » semble avoir un peu d’âge… A moins que ce ne soit que sa schizophrénie qui parle et qui croit tout ceci ?! Bon sang que ça va être fatiguant, je vais passer mon temps à me demander si c’est une histoire avec du fantastique ou si c’est juste l’imagination d’un narrateur frappadingue !

Si je peux me permettre : « (…) de ses poings aussi larges que le crâne d’un veau » au vue de la description que tu veux donner, je trouve que veau c’est trop faible (j’en cotait beaucoup et leur tête n’est pas si large…), un boeuf ?

Une question me travers quand on commence la description de Maeleg… C’est lui qui est entrain d’écrire ou son cousin ? Je pensais que c’était lui, mais au final au vue de la description des deux hommes j’aurai tendance à dire que c’est son cousin qui se fait mousser…

(Oh non pourvu que le cheval n’agonise pas dans un fossé x) )

«Les disputes entre les deux cousins étaient réputées se conclure par le décès d’un pauvre gars sans rapport avec le sujet. Alors quand on l’était, on serrait les fesses. » -> Excellent celle-ci aussi !

Oh merde le cheval… Mon petit coeur saigne !

Mon dieu cette discussion, enfin cette dispute, un véritable délice ! J’adore ! C’est vulgaire à souhait !

«Quelqu’un lâcha un « Oh ! » étouffé par le gargouillis de sa gorge tranchée. » -> Je n’ai pas compris cette phrase. Quelqu’un sait fait tranché la gorge ?

« LE DERNIER EN BAS EST UNE ROMAINE » -> Excellente référence ! ;)

J'espère que le hamster n'est pas vraiment mort ça sera dommage, son personnage est vraiment génial !

D'un point de vue d'ensemble ton humour est toujours aussi glauque mais hilarant ! Je me suis régalé.
Par contre je trouve les descriptions de bataille trop longue à mon goût... Je ne suis pas fan de base, mais les tiennes reste drôle de par leur description, cela dit que je trouve que ça traine en longueur et j'ai quelques fois décroché et du relire un ou deux passages pour reprendre le fil de ma lecture sans en perdre une miette !

A bientôt :)
FabrysBesson
Posté le 21/03/2021
Bonjour Shangaï,

Merci pour ton commentaire, encore une fois.

Je vais vérifier la clarté de mon propos, car c'est bien Emrys qui écrit. Maeleg n'a plus envie de continuer après que Chose défèque sur sa feuille.
Je te laisserai découvrir plus tard si ce récit est l'expression d'une folie ou s'il est bel et bien fantastique ;)
Comme j'ai déjà utilisé la comparaison avec un bœuf, ses poings auront la taille du crâne d'un taureau. Merci pour ta suggestion.
Je corrigerai le passage du gargouillis, car un type se fait bien trancher la gorge :)

Pour le moment, je garde la bataille en l'état. Roxane m'a suggéré de la rallonger par rapport à ma première version et j'ai bien aimé cette idée. Maeleg dit au chapitre précédent qu'Emrys est un guerrier. C'est une vision du personnage qui a son importance.

En ce qui concerne Chose, ne t'inquiète pas. Il joue un rôle de premier ordre dans mon histoire.

J'espère que tu apprécieras la suite.
Shangaï
Posté le 22/03/2021
Je suis rassuré pour Chose ! A bientôt pour la suite :D
FabrysBesson
Posté le 23/03/2021
Voilà, j'ai modifié les trois passages concernés par tes suggestions. Merci !
Roxane Berg
Posté le 07/03/2021
C'est pas très gentil ce cliffhanger... Efficace, mais pas très gentil quand on ne peut pas passer à la suite!

L'histoire se pose bien, entre les descriptions historiques et les dialogues décalés par leur modernité entre les deux, qui sont franchement à crever de rire. Tout le passage de leur dispute est merveilleux <3

Tu pourrais rallonger l'attaque finale qui conduit à leur mort originelle, ça va un peu vite, j'en veux plus! Après tout ce qu'on a vu de lui, cela parait facile qu'il meure ainsi, des détails! Des détails!

Et comme le 1er chapitre : de. la. bombe.
Merci!
FabrysBesson
Posté le 07/03/2021
La suite, dimanche prochain !
Étant donné ce que tu me dis, je suis curieux de savoir comment elle sera perçue. Surprise, surprise !

Quel plaisir de lire que tu as ri !
Pour tout te dire, je doute souvent. Parfois, je me demande si mon humour n'est pas d'un concept trop personnel.
Par exemple, j'ai pleuré de rire après avoir écrit "Putain, il a chié sur ma feuille !" suivi de "Mais arrête de chier, putain de bestiole !"
Sur le coup, je me suis demandé si je n'étais pas trop "bon public" vis-à-vis de moi-même (c'est un sentiment assez terrible).

Ah, écrire une bataille n'est pas chose facile.
Je me doutais qu'elle était trop courte et tu me le confirmes.
J'y reviendrai après le chapitre 11 (vu qu'après le 10, je m'occuperai de ton commentaire du 1).

Merci mille fois pour tes commentaires.
Roxane Berg
Posté le 07/03/2021
L'humour est toujours personnel. Je ris sur T.Pratchett, D.Adams, ... et sur "Les gars d’à côté se relâchèrent de soulagement, on entendit même le sifflet d’un pet et un maladroit « oups, pardon. »"
Fabuleux ! (et enorme compliment, soit dit en passant)

C'est le décalage entre la dispute (somme toute immature) et les réactions autour qui me scie. Créer ce décalage c'est subtil, mais... en deux chapitres, ça n'a pas loupé, alors chapeau!

Vivement dimanche !
FabrysBesson
Posté le 08/03/2021
Bon !

Je me suis fait avoir... je n'ai pas eu la patience d'attendre de terminer un autre chapitre avant de rallonger cette foutue bataille. Elle compte 556 mots supplémentaires et plus d'actions.
Je ne pense pas pouvoir faire plus ni mieux :)

J'espère qu'elle plaira (je suis ouvert aux suggestions, elle sort à peine du four).

Que c'est dur d'écrire une bataille, tudieu !

En tous les cas, merci Roxane.
Ah, ça ouais ! Merci bien !
Roxane Berg
Posté le 10/03/2021
Oui oui OUIIIII !!! Oh merci!
Là on sent tout le poids et la puissance d'Emrys! Là on est sur de la fin glorieuse, in-extremis, un élan suicidaire de l'ennemi pour abattre coûte que coûte ce géant!

Du très beau travail! Une petite remarque sur la répétition des rats qui devraient être retravaillée (j'ai eu l'impression de lire double) mais sinon, c'est beau, c'est GRAND ^^
FabrysBesson
Posté le 10/03/2021
Tu as carrément super bien lu en double un même passage :D
Je ne sais pas ce que j'ai bricolé. C'est corrigé.

Merci encore pour tes commentaires !
Ils m'aident comme tu peux le constater
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