2. L'instauration de l'Empire

— Pour garantir la sécurité, dans la continuité, et la stabilité, déclara le Chancelier Palpatine. La République sera bientôt réorganisée et deviendra la première puissance galactique impériale !
« Pour une société fondée sur l’ordre et la sécurité ! continua-t-il sous les applaudissements des sénateurs.

— Ainsi s’éteint la liberté, souffla la Sénatrice Amidala. Sous une pluie d’applaudissements.

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— Votre excellence, mes félicitations, commença une voix d’homme, entrant dans le bureau du Chancelier, devenu bureau de l’Empereur, il portait une capuche masquant le haut de son visage.
« Je dois dire que je ne pensais pas les Sith capable de réaliser aussi bien le projet de Dark Bane.

— Qui ose venir ici sans mon autorisation ? demanda Sidious de sa voix rauque, se levant, le visage camouflé sous sa cape. 

— Pardonnez mon intrusion, répondit l’homme avec une pointe de sarcasme. Vos hommes aux esprits faibles sont si faciles à manipuler, vous me décevez ; Dark Bane ne laissait pourtant rien au hasard, lui.
« Je suis un simple historien, continua-t-il.

— Vous n’êtes pas un historien, rétorqua le Sith. Je sens votre pouvoir. Mais vous n’êtes pas un Jedi, alors qui êtes-vous ?

— Cherchez dans vos enseignements, répondit Seru, énigmatique. J’ai bien connu le Sith grâce auquel vous êtes ici, ainsi que ses maîtres.

— Vous… répondit Sidious après un moment de réflexion. Oui, votre nom a perduré, un être si puissant qu’il maîtrise le côté obscur et le côté lumineux, vous avez dompté la Force, et aidé la Confrérie des Ténèbres de Kaan, ces traîtres à leur sang !

— Non, rétorqua Seru. Kaan avait une bonne vision, mais son application était mauvaise. Le côté obscur par essence est une corruption, c’est ce qui vous rend puissant, mais c’est aussi ce qui vous rend faible.

— Silence ! cria l’Empereur, sortant son sabre laser.

— Je ne suis pas venu ici pour participer à votre jeu de pouvoir stupide, cracha Seru. J’ai une proposition à vous faire, laissez-moi vaquer à mes occupations d’historien de la Force sans me causer de problème, et je ne vous en causerai pas non plus, vous pourrez diriger votre Empire et la Galaxie comme bon vous semble.

— Vous pensez que je vais vous laisser partir ? répondit Sidious en riant. Votre savoir et vos pouvoirs peuvent m’être très utiles.

— C’est certain, admit l’homme aux cheveux gris. Mais je ne vous les donnerai pas, bien que je ne m’attendisse pas à ce que vous me laissiez vivre en paix.

— La paix est un mensonge ! s’exclama le Dark en se jetant sur Seru, sabre en main.

— Votre visage est aussi décrépi que votre esprit, votre excellence, rétorqua Seru en évitant le coup avec souplesse, sans toucher au sabre laser attaché à sa ceinture.

Sidious, hors de lui, tentant plusieurs coups puissants à l’encontre de son adversaire, l'obligeant à empoigner son sabre pour contrer les coups. Seru ne s'attendait pas à une telle maîtrise de la part de son adversaire, il était presque admirablement étonné. Le duel dura quelques instants, jusqu'à ce qu'un dernier coup bien placé du Sith brisa la défense de Seru qui lâcha son sabre. Sans hésiter, Sidious abattit son arme sur l'intrus. Un coup direct, vertical et vers le bas, que Seru, malgré sa surprise, arrêta avec sa main, serrant la lame dans sa paume.

— Je vais me contenter de vous donner une information, Sith, déclara Seru, gardant sa concentration sur l’absorption de l’énergie du sabre. Vous venez de vous faire un ennemi que vous auriez, pour sûr, préféré éviter.

— Que dites-vous ? s’exclama Sidious.

Pour toute réponse, l’homme poussa le poignet de l’Empereur pour dégager la lame de devant lui, suivit d'une décharge d’éclairs de Force sur le Sith, le propulsant contre le mur, assommant le maître obscur. À son réveil, un court instant plus tard, Seru avait disparu, et des hommes de la garde de Coruscant accouraient pour aider leur Empereur.

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Même si l’Empereur n’avait pas réussi à faire le moindre mal à Seru, et qu’il ne lancerait pas un avis de recherche galactique ni la moindre prime sur sa tête, afin d’éviter de donner le moindre espoir aux opposants de l’Empire, l’érudit savait que Sidious pouvait lui mener la vie dure, et l’empêcher de mener à bien ce pourquoi il était toujours en vie, l’accumulation de savoir. Et mieux encore, Seru savait que l’empereur détenait des documents, parchemins, holocrons, et autres reliques vieilles de milliers d’années, et le savoir accumulé durant le millénaire dans l’ombre. En fin de compte, avoir l’Empereur comme allié, ou comme “neutre” n’était pas indispensable, il pouvait faire sans, le jour viendrait où quelqu’un se dresserait contre lui, et il pourrait récupérer son savoir, mais l’avoir en ennemi n’était pas non plus dans son intérêt. Peut-être pourrait-il manipuler le seigneur noir pour lui voler ses connaissances... Mais pour l’heure, le seul savoir qui l’importait se trouvait toujours sur l’œcuménopole, plus précisément, dans le bâtiment encore fumant du district fédéral, le Temple Jedi. Seru se prit lui-même à ne penser qu’à lui et ses recherches, plutôt qu’au sort de la Galaxie, avant de secouer la tête, il n’était plus, depuis bien longtemps, celui qui devait mener la Galaxie à la paix, d’ailleurs, c’était une mission impossible.

Arrivant à quelques dizaines de mètres du bâtiment, Seru sentait l’atmosphère devenir plus pesante, se baissant pour observer la situation, il vit rapidement que le Temple était quasiment vide vu de l’extérieur, mis à part quelques soldats de la 501ᵉ Légion et de la Garde de Coruscant restés là pour surveiller. L’érudit se redressa avant d’avancer calmement vers le grand escalier menant à l’entrée principale du bâtiment.

— Halte ! ordonna un clone de la garde. Faites demi-tour, cette zone est interdite d’accès.

— Je sais bien, soldat, répondit Seru. 
« Mais je dois entrer, et vous allez me laisser entrer sans poser de question, ajouta-t-il en usant de ses pouvoirs de persuasion.

— Je vais vous laisser entrer sans poser de question, répondit doucement le clone en s’écartant du chemin.

Montant calmement les marches, Seru observa les statuts des quatre maîtres fondateurs du Temple Jedi avant de continuer son chemin vers l’entrée proprement dite du bâtiment. Il traversa l’immense “couloir” d’entrée du Temple Jedi, de part et d’autres duquel se trouvaient d’immenses colonnes en pierre, il observait le sol sur lequel étaient encore allongés des dizaines de Jedi, Seru ressentait encore la douleur et la détresse de leur âme, avant de tomber.

— Abattus par leur propre aveuglement, pensa-t-il.

Il s’arrêta à côté d’un corps qui le marqua, la Force y était encore présente en grande quantité, même après plusieurs heures sans vie, il s’accroupit, observant une jeune femme aux cheveux argentés de vert vêtue, blessée au niveau du cœur. Seru sentait que contrairement aux autres Jedi, elle avait rejoint la Force paisiblement, l’accueillant comme une amie. Il passa sa main au-dessus du corps, utilisant son pouvoir, il parvint à revoir les quelques derniers instants de cette jeune femme, une immense puissance dans la Force, une conviction inébranlable et une volonté de sauver le plus grand nombre, l’archétype parfait du Jedi, la figure du grand maître, oui, c’était elle, c’est certain.

— Alors c’est vous, Satele, dit-il doucement. Vous l’aimiez, n’est-ce pas ?

Avant de se relever, l’historien posa son regard sur le sabre laser se trouvant à côté de la jeune femme, un manche courbé, des gravures complexes et un métal pur. Il le prit dans sa main, l’observant un instant.

— Une poignée incurvée ? se demanda Seru. Étonnant pour une pacifiste… Oh… Je comprends, ce n’était pas le vôtre, mais celui de votre maître.

Il repensa à la vieille tradition Jedi de la concordance de Féauté, consistant à échanger son sabre laser avec un autre Jedi en signe de confiance absolue.  Il continua de l’observer, avant de l’attacher à sa ceinture, à côté du sien. Il continua alors son chemin à travers le temple, contournant les trous d’explosion et prenant soin d’enjamber les corps sans vie des clones et des Jedi. Il observait cette architecture qu’il n’avait pas vue depuis plusieurs millénaires, lors du sac de coruscant par l’Empire Sith Ressuscité, en fin de compte, cela n’avait pas beaucoup changé, tout avait été reconstruit à l’identique, mais de nombreuses pièces utiles avaient été rajoutés par la suite. Il arriva finalement à l’endroit qui l’intéressait le plus, les archives. Seru observa un instant un immense réceptacle vide, qui devait contenir un objet très imposant, mais qui avait probablement été dérobé par les clones, ce que Seru ignorait, c’est qu’il s’agissait de l'emplacement du Grand Holocron du Temple Jedi. L’érudit entra dans les archives, d’immenses rayons d’hololivre, une très ancienne technologie ressemblant à des sortes de petite disquette de données, il était impressionné, malgré l’immense quantité d’archives qu’il possédait lui-même, les archives Jedi étaient immenses, des milliers d’informations stockées depuis des milliers d’années. Sortant un datacron d’une des poches de sa ceinture, l'homme entreprit de le connecter au serveur central des archives afin de récolter une quantité immense d’information, qu’il éplucherait, traduirait, et analyserait avant de le mettre dans ses propres archives. Tandis que le transfert se faisait, Seru s’éloigna, marchant humblement dans le Temple, il se demanda si la Tour centrale abritait toujours les reliques de l’Ordre, il s’y dirigea.

— Militaires idiots, pesta-t-il. Ils ont détruit l’ascenseur.

En effet, la cage de l’ascenseur était encore fumante, totalement hors service. Seru s’en approcha et pénétra à l’intérieur. Il attrapa son sabre laser, l’allumant, projetant une lumière d’un blanc pur tout autour de lui, il entreprit de découper le haut de la cage avant de sauter sur le toit de cette dernière, rangeant son sabre laser. Réfléchissant, il n’avait qu’une solution, escalader.

— Par tous les esprits, souffla Seru. Je déteste faire ça.

L’historien détacha un grappin de sa ceinture, et visa le haut de la tour, projetant avec une grande puissance un crochet qui s’accrocha presque à son objectif. Laissant alors le mécanisme faire son travail, Seru gravit le tunnel de l’ascenseur. Il arriva bientôt en haut, et profitant de l’élan que lui donnait son outil, il se propulsa jusqu’en haut de la tour, se réceptionnant parfaitement.

— Intrus détecté ! dit un droïde en tirant sur Seru.

— Droïde ! grogna l’homme en sautant pour éviter le tir, avant d’utiliser la Force pour broyer les circuits du robot. Je déteste les droïdes.

Compte tenu de la présence de ce droïde, il semblait que les hommes de l’Empereur n’étaient pas encore venus ici pour piller les inestimables reliques se trouvant à l’intérieur. Seru ne pu qu’être impressionné par les richesses de l’Ordre Jedi, il reconnut des objets qu’il croyait détruits ou perdu depuis des centaines d’années, même des artefacts Sith bien plus dangereux que n’importe quelles armes actuelles.

— Par la Force, dit-il. C’est fantastique.

Seru se décida à prendre un certain nombre de livres, de textes gravés, ainsi que les reliques les plus dangereuses, avant de quitter les lieux, le moins de choses possible devaient tomber entre les mains de l’Empereur. Il changea plusieurs fois de datacrons, les archives étant tellement immenses qu’il fallait un stockage énorme pour tout récupérer. Avant de partir, il s’avançait vers une porte ronde et lourde scellée par la Force, après l’avoir déverrouillé sans mal, Seru y pénétra et découvrit l’immense crypte des holocrons du Temple. Cette pièce, sans lumière, contenait des dizaines de petits cubes de données que seuls des utilisateurs de la Force pouvaient ouvrir, émettant une légère lueur bleutée, l’homme était fasciné. Malheureusement, il ne pouvait pas tout emporter, alors il observa les holocrons, afin de déceler s’il en trouvait un que la Force lui indiquerait de prendre. Il ressentit l’aura qu’il avait observé tout à l’heure, celle de Satele, alors qu’il s’approchait d’un des cubes, il s’arrêta devant et le prit doucement dans ses mains. Il trouva également de très anciens holocrons ayant appartenu à Atris, Avar Kriss, ou même Yoda, il prit ces trois en plus avant de quitter la salle, la refermant soigneusement. Il rebroussa finalement chemin, repassant par le couloir d’entrée, sa tenue remplie à craquer de reliques sacrées. Alors que Seru allait quitter le Temple, il s’arrêta un court instant, pensif, et se retourna, posant son regard sur le corps devant lequel il s’était arrêté à son arrivée, le corps de Satele.

— Tu aurais apprécié que l’on fasse cela pour toi, se dit-il.

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Il finit par soupirer et retourna à son chevet, prenant le corps du Jedi dans ses bras, comme on porterait une mariée, avant de quitter le Temple. Quelques heures plus tard, les Maîtres Kenobi et Yoda vinrent au Temple, avec pour objectif de désactiver le piège Sith demandant aux Jedi encore en vie de revenir sur Coruscant. Lors de leur visite, ils furent d’abord soulagés de voir que le corps de Satele ne s’y trouvait pas, mais Yoda ajouta qu’il ne sentait plus le pouvoir de Satele dans la Force, ce qui les inquiéta, était-elle retournée à la Force, auquel cas, elle était morte ailleurs, ou quelqu’un avait-il déplacé son corps ? Ou pire, s’était-elle coupée de la Force, ou avait-elle perdu ses pouvoirs pour une raison particulière ?

— Maître ! s’exclama Carsha en courant au chevet du corps de Satele.

— Merci, Seru, dit Iris avec beaucoup de respect en s’arrêtant près de son ami.

— J’ai estimé qu’elle méritait un tel honneur, répondit simplement l’homme, avant de se tourner vers le bûcher qu’il avait mis en place pour Satele. Et je sais que tu serais retourné la chercher.

— Elle recevra les honneurs qu’elle mérite, dit Kelborn en sortant du vaisseau.

Les trois utilisateurs de la Force et le mandalorien s’étaient retrouvés sur Carlac, la planète natale du grand maître, afin de rendre hommage à Satele en lui offrant les funérailles traditionnelles données aux Jedi, un bûcher. Cette cérémonie était aussi l’occasion de commémorer la mort des autres Jedi, à qui il était impossible de rendre un tel hommage individuellement. Seru alluma le bûcher et se mit en retrait, laissant les trois adieux à leur amie. Kelborn restait silencieux, regardant le bûcher. Carsha ne parvint pas à retenir ses larmes bien longtemps, et sanglota, observant le corps de son maître disparaître, tandis qu’Iris, elle, se contenait, se contentant de fermer les yeux.

— Tu vas nous manquer… mon amie, souffla-t-elle doucement.

— Qu’est-ce… que je va.. vais devenir sans vous ? sanglota Carsha.

Seru laissa les deux Jedi pleurer leur mort, s’éloignant calmement. La planète Carlac était magnifique, il se remémora ses jeunes années, lorsqu’il délivra ses parents de l’esclavage, et qu’il les envoya vivre paisiblement leur vie sur cette même planète, et la Force ne faisait jamais les choses au hasard, se disait-il. Ses arbres aux feuilles roses et cette neige à perte de vue donnaient une atmosphère paisible à cette planète, un endroit parfait pour une cérémonie telle que celle-ci.

— Tu as bien fait, Seru, dit une voix à côté de lui.

— Je sais, répondit-il doucement. J’aurais aimé que l’on fasse cela, à votre mort.

— Mais tu l’as fait, répondit son maître avant de disparaître.

Seru sortit lentement de sa poche un petit holoprojecteur. Aussitôt après l’avoir allumé, une silhouette apparut au-dessus de l’objet, l’homme esquissa un léger sourire, avant de le ranger.

— Qui était-ce ? demanda doucement Carsha, curieuse, en se montrant devant Seru.

— Une personne formidable, répondit-il simplement avant de changer de sujet. J’ai quelque chose pour toi.

— Pour moi ? demanda-t-elle, étonnée.

— Oui, continua-t-il en tendant l’holocron de Satele à Carsha.

— C’est… c’était à mon maître ! s’exclama-t-elle immédiatement, sentant le pouvoir de Satele dans cet objet.

— En effet, dit Seru. C’est un holocron, probablement vieux de plusieurs millénaires. Il doit contenir tous les questionnements, et le savoir important de ton maître et de bien d’autres. Fais en bon usage. 

— Comment ça fonctionne ? demanda la jeune Padawan.

— La formation des Padawans laisse à désirer, dit-il, soupirant. Iris t’apprendra.

Un peu bougon de la remarque de Seru, Carsha s’en alla en le remerciant rapidement, avant que Kelborn ne s’approche de Seru.

— Su cuy’gar Mando, dit-il dans un mandalorien parfait. Cela fait bien des années que je n’ai pas croisé de Mandalorien. Que faites-vous avec des Jedi ?

— Su'cuy, répondit Kelborn. J’étais en contrat avec la République

— Alors, vous êtes libre à présent, dit Seru. Qu’allez-vous faire ?

— Chasser des primes, dit simplement Kelborn. Et survivre.

— Il fut un temps où j’ai travaillé avec de nombreux mandaloriens, déclara Seru. Shae Vizla, Jekiah Ordo, et de nombreuses personnes d’honneur.

— Je connais ces noms, répondit le mandalorien. De très grands guerriers.

— Qui ont œuvré des années durant pour le bien de la Galaxie, ajouta l’historien. 
« Vous pourriez peut-être faire de même à votre échelle, continua-t-il avant de s’éloigner, si vous êtes un véritable descendant de ses honorables guerriers, bien entendu.

— Et vous ? demanda Kelborn. Si Vizla et Ordo ont accepté de s’allier avec vous, c’est que vous êtes un homme d’honneur. Qu’allez-vous faire ?

— Un vrai mandalorien, répondit Seru en esquissant un sourire. J'ai pris l'habitude d'aller là où la Force me guide depuis ces milliers d'années. Et… cette femme que j'ai ramené ici a quelque chose de familier dans son être. J’aiderai, à ma manière.

Satisfait de cette discussion, Seru retourna en direction de son vaisseau avant de monter calmement dedans. Il s’agissait d’un très ancien intercepteur de classe Fureur qui fut autrefois attribué à de nombreux Sith du temps de l’empire Sith Ressuscité. Grâce à sa taille — environ 30 mètres — ce vaisseau pouvait rivaliser avec n’importe quel autre, sans parler de son armement massif, il était équipé d’ailerons spéciaux permettant de gagner en agilité. Modifié au fil des siècles par son utilisateur, il était à présent doté d’un hyperdrive de classe I parmi les plus rapides de la Galaxie, ainsi que d’armes pouvant détruire sans mal n’importe quel vaisseau un peu plus gros que lui. L’intérieur n’en était pas moins impressionnant, dans les tons gris, noir et rouge, il était d’origine, mais toujours aussi luxueux. Quelques blocs de données étaient posés sur des étagères en métal noir, mais aucun holocron, ni artefact, trop précieux pour être transportés dans un vaisseau.

— Alors, que vas-tu faire, jeune chevalière ? demanda Seru, sentant la présence d’Iris derrière lui, alors qu’il détachait le sabre de Satele de sa ceinture utilitaire.

— Je.. Je vais suivre la dernière demande de Satele, répondit-elle après un instant de réflexion et de surprise quant à la phrase de Seru, il l'avait senti sans même voir qu’elle était arrivée. Protéger Carsha.

— Je vois, dit-il en se tournant vers elle. Une mission honorable, mais qu'en est-il de l’Empire ? Vas-tu te battre contre lui ? Ou bien rester caché à étudier la Force tout en formant Carsha, peut-être ?

— À vrai dire, répondit la jeune Jedi. Je ne pensais pas m’attaquer à l’Empire, ou en tout cas, pas en me montrant, mais en opérant dans l’ombre. Je souhaite surtout suivre votre voie.

— Suivre ma voie ? s’étonna un instant Seru. Et quelle est-elle, selon toi ?

— Cessez de n’être qu’un utilisateur de la Force voyant le blanc et le noir, répliqua-t-elle. Mais plutôt étudier toutes les facettes de celle-ci.

— C’est ce que tu souhaites ? lui demanda-t-il. Tu penses être de taille à apprendre de telles choses et former Carsha en même temps ?
« Et tu penses enseigner ce savoir à Carsha ? ajouta-t-il.

— Oui, répondit-elle humblement. Si elle le souhaite, elle apprendra, autrement, je lui apprendrai les enseignements Jedi.

— Bien, dit Seru en lui tendant le sabre de Satele. Je suppose qu’il est à toi à présent, il ne me revient pas de le garder. Je suppose qu’il devrait revenir à la Padawan, mais c’est à toi de décider. Elle détient déjà l’holocron du Grand Maître.

— Oui… souffla Iris, en colère, revoyant son amie tomber juste après le tir du Commandant Thorn.

— Maîtrise cette colère, répliqua presque sèchement l’homme, en bon professeur. Jamais elle ne doit te contrôler, ne la réprime pas, maîtrise-la, et sers-t'en.

— Oui, répondit-elle en serrant le sabre de Satele dans sa main. Je retrouverai Thorn, et je lui ferai payer.

— À ta guise, dit-il. La vengeance, contrairement à ce que disent tes anciens maîtres, peut aider sur bien des points.
« Carsha semble prête à être chevalière, ajouta-t-il, c’est ce que son maître pensait, en tout cas, j’ai senti sa fierté dans ses derniers instants.

— En effet, dit Iris. Satele souhaitait qu’elle passe les épreuves, bien que la guerre pouvait l’en exempter. 

— Je pourrai me charger de certaines épreuves, dit-il, pensif. Si elle les réussit, alors elle sera plus apte que n’importe quel Jedi ne l’était, à votre époque.

— J’accepte, répondit Iris.
« D’ailleurs, ajouta Iris en sortant un holocommunicateur. J’ai reçu ce message tout à l’heure.

“Ici Maître Obi-Wan Kenobi. J'ai la grande peine de vous annoncer la chute de la République et de l'Ordre Jedi. L'ombre noire de l'Empire s'est dressée pour prendre leur place. Ce message est un conseil et un avertissement à tous les Jedi encore en vie : fiez-vous à la Force. Ne revenez pas au Temple. Cette époque est révolue et notre avenir est très incertain. Évitez Coruscant. Faites-vous discrets... mais restez forts. Nous serons tous mis à l'épreuve dans notre confiance, notre foi et nos amitiés. Mais nous devons passer ces épreuves et en temps voulu un nouvel espoir émergera. Que la Force soit avec vous à jamais.”

— Ingénieux, dit Seru. D’autres Jedi survivront peut-être plus longtemps.

Les deux utilisateurs de la Force sortirent du vaisseau, Seru en tête, marchant vers la jeune Carsha, qui, après avoir rendu hommage à son maître, s’était mise à genoux en haut d’une colline, méditant, suivant les enseignements de son maître pour se vider de ses émotions. L’érudit s’arrêta à bonne distance et tendit sa main ouverte vers elle, se concentrant, il brisa les défenses de son esprit et embruma ce dernier. Carsha ouvrit rapidement les yeux et se releva, dégainant son sabre laser. À sa grande stupeur, elle n’était plus sur Carlac, elle ignorait en fait où elle était, elle ne voyait qu’un brouillard épais. D’un coup, Carsha se retourna et mit son sabre en travers, bloquant le coup d’épée d’un ennemi qui surgit de l’ombre., mais le coup fut assez puissant pour la faire reculer.

— Mon sabre n’a pas coupé son épée… se plaint-elle. C’est impossible.

N’ayant que faire des plaintes de la Padawan, l’attaquant, un humain portant une tenue classique de contrebandier, donna une volée de coup dans sa direction, qu’elle bloqua sans trop de mal, elle se concentra, faisant appel à la Force pour l’aider ; sentant cette dernière affluer dans sa main, elle la projeta en direction de l’ennemi en arrière.

— Arrêtez ! s’exclama-t-elle. Je ne veux pas vous faire de mal, mais vous ne m’en laissez pas le choix.

Sans dire un mot, l’assaillant couru dans sa direction, tenant son épée verticale au-dessus de sa tête, et la fit descendre au moment où il arrivait sur la jeune femme. Cette dernière fit un pas de côté et donner un coup de sabre horizontal, coupa son ennemi de part en part, ce dernier s’écroulant.

— En avant ! cria une voix robotique familière derrière elle, et des droïdes séparatistes B1 surgirent de tous les côtés, lui tirant dessus sans hésiter.

Utilisant tout d’abord la forme III de combat au sabre laser, Soresu, Carsha se baissa légèrement et forgea un mur impénétrable autour d’elle avec son sabre laser, renvoyant dans des directions aléatoires tous les tirs de blaster, c’était la principale utilisation de cette forme de combat depuis que les Sith avaient disparu, très efficace, un maître de cette forme pouvait résister à des tirs pendant des heures sans se fatiguer. Analysant la situation, elle ne pouvait rien faire à part tenir, alors que les droïdes continuaient d’arriver en masse. Elle décida de modifier la prise sur son sabre, changeant ainsi l’inclinaison de la lame pour la rendre très oblique, elle renvoya les tirs sur les droïdes, utilisant ainsi la forme V, et la technique nommée Shien pour renvoyer avec puissance les tirs sur les assaillants. Elle n’était pas une experte en arts de combat, mais maîtrisait quasiment toutes les formes et leurs techniques de bases sans aucun mal. Ayant ainsi réussi à éliminer les droïdes proches, elle sauta dans les airs, donnant un coup pour découper les droïdes, et à peine retombée, elle sauta de nouveaux avec un salto, provoquant la confusion dans les rangs mécaniques qui s’entretuèrent en essayant de viser la Jedi. Elle alterna pendant plusieurs dizaines de minutes entre des postures défensives pour se reposer, et des attaques plongeantes et puissantes pour décimer les rangs ennemis. Malgré tout, des dizaines de droïdes continuaient de sortir de l’ombre, et la situation devenait vite épuisante, même pour ainsi dire perdue d’avance, elle ne s’en sortirait pas dans ce brouillard et face à ces ennemis revenant toujours plus nombreux, mais elle continua avec force et courage, ne voulant pas se déclarer vaincue.

— Il n’y a pas de Chaos, il y a l’harmonie, pensa-t-elle.

Tout à coup, son maître apparut de l’ombre, lançant son sabre, elle découpa tous les droïdes, et s’approcha de Carsha en souriant.

— Maître, s’exclama-t-elle en souriant.

— Bravo Carsha, dit Satele. Tu te débrouilles de mieux en mieux, je suis fière de toi.

— Merci, maître, sourit Carsha.

— Mais tu dois encore apprendre à maîtriser la Force, ajouta son maître. Et surtout à discerner le bien du mal, même parmi tes amis, alors seulement, tu deviendras un maître Jedi accompli.

— Que voulez-vous dire ? l’interrogea la Padawan.

— Je veux dire, que malgré ce que nous fait croire le Conseil, dit Satele. Il est quasiment impossible de revenir du côté obscur, il est toujours présent, et peut resurgir à chaque instant.

— Quoi ? bredouilla Carsha. Mais vous disiez toujours que la lumière se cache au fond de chacun de nous, même chez les pires criminels, vous l’avez toujours dit d’Iris !

— C’est vrai, admit-elle. Je l’ai dit, car je voulais attendre le moment où tu serais prête à l’entendre, et à comprendre qu’Iris n’est pas celle que tu penses.

— Alors, elle est encore du côté obscur ? demanda Carsha, inquiète.

— Oui, rétorqua Satele. Et c’est pour cela qu’il faut l’éliminer.

— Mais… maître ! s’exclama la jeune fille. 

— C’est la seule chose à faire, la gronda Satele. L’obscurité doit être anéantie, quoi qu’il en coûte.

— Non… souffla Carsha, ayant failli céder. Il n’y a pas de Passion, il y a la Sérénité, vous l’avez oublié ? Iris est une chevalière Jedi, dans la lumière, elle a quitté l’obscurité ! Mon maître n’aurait jamais dit cela. Vous n’êtes pas le grand maître Satele ! cria-t-elle en donnant un coup de sabre à l’imposteur.
« Il n’y a pas d’ignorance, il n’y a que la connaissance, pensa-t-elle alors.

Alors que le sabre toucha Satele, elle disparut dans un nuage de fumée noir, et le brouillard autour d’elle tourbillonna avant de se dissiper, laissant apparaître un chemin de roche orangeâtre, rappelant le sol de Dathomir, entourée de vide, menant à une plateforme où l’attendait Seru, les mains dans le dos.

L’érudit s’approcha d’elle et détacha son sabre de sa ceinture, le manche de ce dernier était fait d’un bois sensible à la Force finement sculpté et gravé de runes et d’inscription en Sith ancien et en Dai Bendu. Au son caractéristique d’un sabre se détachant de son attache, la Padawan ouvrit les yeux et se releva, se tournant vers Seru.

— Bien, Padawan, dit-il simplement en détachant son sabre laser et en l’allumant, vertical devant lui, avant de l’abaisser en signe de salut caractéristique d’un duel. Bats-toi.

— Euh… Oui… hésita-t-elle en faisant le même salut, sentant qu’elle n’avait pas le choix.

Le duel débuta alors, la novice attaquant en premier. Seru para sans aucun mal le coup, utilisant la forme II, appelée Makashi, il tenait son sabre à une main, tendu devant lui en direction de son adversaire. Il s’agissait sans nul doute de la forme la plus gracieuse à regarder, les mouvements étaient fluides, précis, au millimètre, les mouvements du corps très rares, cet art de combat étant basé sur les mouvements du poignet et de l’avant-bras. Les pieds toujours alignés, Seru tournait avec souplesse autour de la jeune Padawan, parant chacun de ses coups avec une simplicité irritante. Carsha enchaînait les coups classiques de la forme I, la plus simple des formes de combats, mais aussi la moins fatigante, sentant que le combat allait durer un long moment. Son adversaire changeant tout à coup de posture et frappa avec puissance verticalement, obligeant Carsha à se baisser, serrant les dents, pour réussir à bloquer le coup sans s'effondrer. Le coup était tellement fort que la jeune femme avait l’impression qu’à tout moment, elle allait traverser le sol de pierre de la plateforme.

— Plus de nerf, Jedi ! la réprimanda Seru en se remettant en position d’attente, son sabre pointée vers Carsha. Que penses-tu faire avec de tels coups ?

Pour toute réponse, la Padawan prit un peu d’élan et sauta au-dessus de son adversaire, lui assainissant une série de coups fouettés en direction du visage. Seru sourit, bloquant les coups en adoptant une position défensive de la forme III. Sans attendre, la jeune Jedi recommença une série de frappes sur son adversaire. Le combat continua ainsi pendant plusieurs longues dizaines de minutes, Carsha commençant à s'essouffler, son adversaire attaquait peu, mais attaquait bien, ce qui l’obligeait à se contorsionner pour ne pas se faire toucher, et il ne semblait d’ailleurs souffrir d’aucune fatigue.

Il se mit soudain à pleuvoir, quelques gouttes tombèrent sur le sol et les sabres, dans un grésillement caractéristiques, avant que des trombes d’eaux s'abattent sur les duellistes, provoquant une fumée autour des sabres laser lorsque les gouttes touchaient les lames. Carsha perdit un instant Seru des yeux en raison de la baisse de visibilité, regardant autour d’elle, il n’était nulle part, il avait disparu. Pourtant, il réapparut soudain derrière la Padawan en lui donnant un coup de sabre à la jambe de façon à provoquer une brûlure. Dans un cri de douleur, Carsha posa une jambe à terre.

— Relève-toi ! ordonna Seru d’un ton brusque, pointa son sabre à quelques centimètres de la tête de la jeune femme, avant de l’abaisser en se reculant.

La jeune Padawan se redressa avec difficulté, les dents serrées, elle commençait à s’épuiser sérieusement, mais tant bien que mal, elle reprit ses attaques, luttant contre la fatigue et la douleur. Elle se rappela une technique que lui avait enseigné son maître, la méditation mobile, permettant de stimuler ses capacités en les centrant sur une tâche précise, ce qui fit Carsha. Elle put alors retrouver une partie de ses forces et continuer le combat. Des heures durant, les deux utilisateurs de la Force échangèrent coups et parades dans le crépitement des lames et le grondement sourd de la pluie. Essoufflés et transpirants, ils se plongèrent de plus en plus dans la Force pour trouver le pouvoir et la motivation de continuer. Maintes et maintes fois, l’adversaire de Carsha avait eu l’occasion de gagner ce duel, mais il s’était contenté de la blesser au niveau des bras et des jambes, afin de l’affaiblir, pour qu’elle puise toujours plus loin dans la Force, ce qu’elle fit, elle trouva aussi la force dans les émotions positives que lui procuraient ses souvenirs.

Alors que Carsha frappait une énième fois le sabre de Seru, ce dernier ainsi que son propriétaire partirent en fumée, ainsi que tout le décor autour d’elle. Elle se retrouva alors sur la colline sur laquelle elle méditait, sabre en main, face à Iris et Seru qui l’observaient. Ce dernier était essoufflé, le front ruisselant de sueur à cause des heures passées à user de ses pouvoirs pour duper l’esprit de Carsha.

— Qu.. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? demanda Carsha, épuisée. 

— Un habile tour d’esprit, répliqua Seru, reprenant peu à peu son souffle, un sourire narquois au visage.

— Tout ceci n’était qu’une illusion ? demanda la Padawan.

— Depuis le début, rétorqua Iris, amusée. Mais tu t’es très bien débrouillée.

— Il s’agissait de tes épreuves de Padawan, continua Seru.

— Mes épreuves, souffla-t-elle. Bien sûr…

— La première épreuve des droïdes avait pour but de voir ta combativité et ton courage face à une situation perdue d’avance, continua Seru, l’épreuve de Courage. La deuxième, avec ton maître, avait pour but de te mettre devant le doute que tu as eu face à Iris et les combattants obscurs qui se sont repentis, tu as trouvé l’obscurité dans la lumière de ton maître, et la lumière dans l’obscurité prétendue d’Iris : l’épreuve de L’esprit, mais tu as aussi su voir que ton maître ne l’était en fait pas, l’épreuve de la Lucidité.

— Ensuite, ajouta Iris. Ton combat contre Seru, il contenait plusieurs épreuves, l’épreuve d’Aptitude, au sabre laser, mais aussi à la Force pour tenir malgré la fatigue. Enfin, l’épreuve de la Chair, avec les blessures que tu as subies. Tu as réussi toutes les épreuves avec brio, Satele avait raison, tu es prête, jeune Jedi.

Pendant une poignée de secondes, Carsha resta planté là, immobile, dans l’incapacité d’appréhender ce qu’elle venait d’entendre. C’est seulement quand elle remarqua qu’Iris avait utilisé le terme honorifique de Jedi au lieu de Padawan qu’elle comprit.

— Vraiment… ? bredouilla Carsha. Je vais être fait chevalière ?

— Exactement, répondit Iris. À genoux, Padawan.

Le sabre laser de Satele apparut dans la main d’Iris et s’alluma alors que Carsha s’agenouillait en baissant la tête. 

— Par la volonté de la Force, je te nomme Chevalier de l’Ordre Jedi, dit solennellement Iris. 

D’un mouvement de poignet précis, Iris sectionna la tresse de Carsha. Elle la sentit qui tombait au sol, et se releva, les yeux emplis de larmes.

— À jamais, tu te souviendras de ce jour comme un jour de grande joie, mais aussi de grande tristesse, lui dit Seru. Cela t’aidera à te souvenir que dans la vie, les deux sont souvent étroitement liées.

— Je ne l’oublierai pas, répondit Carsha.

— Satele serait fière de toi, Carsha, dit Iris en éteignant le sabre laser du grand maître, et en le tendant à Carsha. Il te revient en tant qu’ancienne Padawan de Satele.

— Non, lui dit-elle. J’ai déjà l’holocron de Satele, garde son sabre.

— Si un jour, votre ordre est reconstruit, il pourra siéger parmi ses reliques sacrées, proposa Seru. Peut-être même le sabre sacré pour promouvoir les Padawans et les chevaliers.

— Oh oui, s’exclama Carsha, revoyant son maître et son sourire. Bonne idée !

— Je suis d’accord, répondit Iris en accrochant le sabre laser à sa ceinture.

— D’ailleurs, ajouta Seru. Tython, vous vous y êtes installé, n’est-il pas ?

— Oui, répondit Iris, intriguée. Mais je ne vois pas…

— Des Jedi ont pu survivre là-bas ! s’écria la nouvelle chevalière, coupant la parole à Iris.

— Ton cerveau se ramollit avec l’âge, railla-t-il son amie. Lorsque j’ai souhaité me rendre sur Tython il y a quelque temps, j’ai eu la surprise de tomber sur un croiseur Républicain en orbite, j’ai donc compris.

— Il n’y avait qu’une compagnie de clones, précisa Iris. Satele y avait veillé personnellement. Alors peut-être que tu as raison Carsha, ça vaut le coup d’aller voir, en espérant que l’Empire n’y soit pas déjà.
« Mais les coordonnées sont difficiles à trouver, ajouta-t-elle. Ils ont dû brouiller la balise.

— Mais la Force peut guider, même à travers l’hyperespace, rétorqua Seru.

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Autrefois une planète à la végétation luxuriante sur une grande partie de son territoire, Tython fut, suite à la guerre galactique opposant la République et l’Empire Sith, touchée par une terrible catastrophe et devint, dès lors, saturée en énergie du côté obscur. Mais, dans les années qui suivirent la disparition présumée des Sith, quelques Jedi construisirent une académie sur Tython, malgré l’omniprésence du côté obscur, ce qui contribua à affaiblir son pouvoir et à faire revenir une certaine végétation autour du lieu de l’ancien Temple Jedi. Malgré tout, l’académie fut abandonnée, et Tython oubliée, jusqu’à ce que Satele et son équipe la retrouve, et y fonde un Temple destiné à une formation très centrée autour de la Force. Après ces quelques années, les arbres, les fleurs, l’herbe et l’eau avaient refait leur apparition. Le vaisseau de Seru sorti de l’hyperespace en orbite de la planète, relâchant un instant sa concentration, il avait suivi la Force à travers cette dimension de l’espace-temps jusqu’à Tython. Cependant, à l’instant où il revint dans la dimension réelle, il se retrouva face à des centaines de débris de toute taille, qui frappèrent la carlingue de son vaisseau, il reprit cependant les commandes juste à temps pour effectuer un virage en tirant de toutes ses forces sur le manche pour éviter un immense morceau métallique.

— Qu’est-ce que… se demanda-t-il.

— L’Acclamator a explosé, fit Iris dans la radio, sortant tout juste de l’hyperespace, elle aussi.

— Ils l’ont pas loupé celui-là, ajouta Kelborn.

— En effet, dit Seru. Au moins nous aurons assez peu de résistance.

En effet, Iris avait vu juste, l’Acclamator, autrefois fleuron de la flotte de la République, n’était à présent qu’un immense tas de débris éparpillé en orbite autour de la planète. Il semblait que quelque chose l’avait détruit, mais la question était, qu’est-ce qui l’avait détruit ? La planète ne semblait pas équipée de système de défense antiaérien assez puissant pour détruire un destroyer stellaire de cette envergure. En réalité, la seule hypothèse valable était une explosion interne. Espérant en avoir le cœur net, les deux vaisseaux descendirent vers la surface de la planète. Seru survola rapidement les abords de la nouvelle Académie Jedi, construite là où se trouvait la maison des maîtres, du temps de l’Empire Sith Ressuscité. Accolé à une montagne, surplombant un immense lac, le bâtiment était très différent de celui qu’il avait connu. Monté sur répulseur, et soutenu par le flanc de la montagne, on pouvait voir dépasser une plateforme de navette reliée par un court chemin au bâtiment en forme de cylindre, probablement d’une quarantaine de mètres de haut. Sur le toit se trouvait une immense porte en métal qui devait servir pour l’accès aux hangars. Malheureusement, il était impossible de se poser sur la plateforme extérieure ou sur le toit, tous deux recouverts de canonnières carbonisées.

— Suivez-moi, dit Seru à la radio avant de changer de cap, se dirigeant vers les montagnes.

Les deux vaisseaux se posèrent à quelques secondes d’intervalles sur l’un des seuls endroits à peu près appropriés pour se poser dans ces montagnes escarpées. Sortant de son intercepteur, Seru observa avec plaisir la planète, ce paysage montagneux enneigé, contrastant avec la forêt éparse et verdoyante visible à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau de là. Cette planète, berceau des ordres Jedi et Sith était somptueuse, et l’érudit se plaisait à y revenir au cours de ses périples à travers la galaxie.

Carsha sourit en posant les pieds sur la neige fraîche des montagnes. Elle se rappela comment elle fut subjuguée par la beauté de Tython lorsque son maître l’amena ici pour la première fois. À l’époque, elle n’avait jamais rien vu de tel. Bien sûr, elle avait vu de beaux paysages durant sa formation avec son maître, mais rien de comparable à ça.

— C’est magnifique, n’est-ce pas ? lui sourit son maître.

— Oui ! s’exclama Carsha, joyeuse. Merci maître !

— Tu viens Carsha ? demanda une voix dans son esprit.

— Hein ? dit la chevalière en sortant de ses pensées, son regard se posant sur Iris, elle s'aperçut en même temps qu’elle avait revécu le souvenir marquant de sa première venue sur la planète. J’arrive.

— J’avais jamais rien vu de tel, fit Kelborn, s’arrêtant à côté de Seru.

— Cette planète est une parenthèse dans la galaxie elle-même, dit l’érudit. Elle est passée d’une planète magnifique en proie aux caprices de la Force, à une planète luxuriante et paisible, puis un désert sans vie, avant d’être ainsi.

— J’veux bien vous croire, j’y comprends pas grand-chose aux trucs de la Force, rétorqua le mandalorien. Le grand maître a pourtant passé du temps à discuter de ça avec moi, mais c’est pas simple votre histoire.

— Je le conçois, admis Seru. Mais avouez tout de même que c’est magnifique.

— Ouaip c’est beau, répondit-il.

Les quatre équipiers se rassemblèrent côte à côte, surplombant le toit de l’académie Jedi d’une vingtaine de mètres. Bien que parsemé de TIO/BA républicaines carbonisées, il y avait largement de quoi se réceptionner, alors, Seru, sans demander l’avis des autres du groupe, sauta, son corps prenant de la vitesse dans le sifflement dans l’air, avant d'atterrir souplement sur ses deux jambes, se baissant pour s’amortir, suivant, les deux Jedi firent de même, bien que Carsha se rattrapa mal sur ses jambes, et atterri sur ses fesses, sous le rire un poil moqueur d’Iris, et de Kelborn qui arriva quelques secondes plus tard avec son jet pack dorsal. Iris s’avança, observant les transports de troupes calcinés, sur le sol, des dizaines de soldats clones de la garde, et finalement peu de Jedi, ce qui réjouit les deux chevalières.

— L’entrée a été scellée de l’intérieur, observa Seru en prêtant son attention à l’immense trappe du hangar.

— Ce n’est pas un souci, répliqua Iris en découpant une grille d’aération avec son sabre et en sautant à l’intérieur.

— Quelle entrée peu civilisée, soupira Seru.

— On aurait pu passer par l’entrée aussi, dit Carsha.

— Je sais, c’est ce qu’aurait dit Satele, dit l’écho de la voix d’Iris dans le conduit. Mais je ne suis pas elle, je n’aime pas spécialement attendre à l’entrée de me faire tuer. Et puis, c’est discret.

— Ah ça… dit le jeune chevalière avant de sauter, elle aussi, dans le conduit, se mettant à ramper.

— Après vous, dit Seru à Kelborn.

Les deux derniers s’introduirent finalement dans le conduit d’aération, rampant lentement. Ils passèrent devant des petites grilles laissant une légère vision des couloirs circulaires de l’académie ; construite en cylindre, les couloirs s'avéraient suivre le même schéma, avec autour des pièces donnant vers l’intérieur du cylindre, et d’autres vers l’extérieur, loin d’être horrible à la vision, c’était surtout très fonctionnel, et on doit l’avouer, pratique en cas d’assaut, bien plus que des couloirs en ligne droite. Ils finirent par arriver tomber dans ce qui paraissait être la salle du Conseil, elle semblait tenir dans un étage à elle seule, elle donnait une excellente vision sur les lieux environnants. Mais cette contemplation fut de bien courte durée, car trois Jedi allumèrent leur sabre dans leur direction.

— Pas un geste ! cria une Jedi Twi’lek à la peau verte, au centre de la formation.

Seru observa leurs assaillants, ils faisaient presque pitié à voir. La plus âgée était cette Twi'lek aux longues lekkus pendant derrière sa tête, qu'il jugea avoir la vingtaine. Elle était entourée d'une jeune Miraluka, proche-humaine, portant un bandeau sur ses orbites vides, et d'un jeune humain, qui ne devait pas avoir dix ans. Il aurait pu facilement les maîtriser, mais jugea-t-il bon de ne pas envenimer la situation.

— Discret, dis-tu ? demanda Seru en levant les mains en signe de reddition.

— Oh, ça va hein, répliqua Iris.

— Qui êtes-vous ? demanda la Jedi, les menaçant toujours de son sabre.

— Des alliés, dit Carsha en s’avançant. Je suis Carsha Beanor, chevalière de la Répu… De l’Ordre Jedi.
« Voici Iris, chevalière, elle aussi, Kelborn, un chasseur de prime mandalorien, et Seru, un ami d’Iris.

— Bien sûr, Carsha, dit la Twi’lek soulagée. Tu es la Padawan de Maître Satele. Nous pensions être les seuls survivants. Je suis Alora, voici Aria, Padawan Miraluka, et Perell, initié.

— J’étais, se crispa-t-elle, serrant doucement le poing.

— Oui, bien, dit Iris en se raclant la gorge. Ce n’est pas complètement faux, nous sommes sûrement les seuls survivants du Temple de Coruscant.

— Mais… et le Haut Conseil ? demanda la Twi’lek.

— Mort ou disparu, soupira Iris.

— Oh non… souffla Alora. Ici aussi, les maîtres se sont sacrifiés pour nous… Je suis la seule chevalière encore en vie…

— Alors, tu es la responsable ici ? demanda Iris.

— En quelque sorte, admit la Twi’lek. Les clones étaient très bien entraînés, ils nous ont pris par surprise. Suivez-moi.

Le petit groupe suivit Alora dans les escaliers du Temple alors que les autres Jedi fermèrent la marche derrière eux. Ils se retrouvèrent bientôt dans la salle principale du bâtiment, circulaire, elle aussi, avec autour quelques pièces importantes comme un espace médical, une petite salle d’archives, et des petits bureaux pour étudier. Deux Jedi retournèrent voir un initié blessé dans la baie médicale, Seru marcha calmement en direction des archives, Kelborn se mit dans un coin pour nettoyer son arme, tandis qu’Alora restait avec Iris et Carsha.

— Qui est-ce ? demanda la Twi’lek en regardant Seru qui étudiait quelques documents des archives.

— C’est un peu compliqué à expliquer, répondit Iris. Mais c’est un vieil ami.

— Il est vraiment de notre côté ? Son aura est… troublante.

— Du moment que tu ne l’insultes pas en le comparant aux Jedi ou aux Sith, et que tu respectes la Force, tu n’auras aucun problème.
« Mais oui, ajouta-t-elle, c’est déroutant.

— Il suit la volonté de la Force alors ? Intéressant.

— Aussi intéressant que vos archives, je dois dire, intervint Seru qui s’était approché en silence.

Cette arrivée fit sursauter Carsha, entraînant un rire des deux autres Jedi, et un sourire satisfait sur le visage de l’historien.

— Je dois dire que je n’y mets les pieds que pendant mes rondes de sécurité, répondit Alora. Mais vous avez raison.

— Vous avez tort, la connaissance est la base de toute chose, sans elle, nous sommes en partis aveugle.
« Quoi qu’il en soit, une question me taraude. Comment vous êtes vous occupé du destroyer stellaire ?

— Oh ça, une magnifique idée de Maître Coleman Kcaj, qui a lancé le processus d’autodestruction de l’Acclamator. Une chance qu’il se trouvait à bord à ce moment-là.

— Ingénieux, fit Seru. Dernière question, toutes les balises de repérage ont bien été détruites ou désactivées ?

— Euh… Oui, pourquoi ?

— Eh bien parce que dans tous les cas, vous allez devoir quitter les lieux, dans le meilleur des cas, vous avez une dizaine d’heures de marge, dans le pire, deux tout au plus. Parce que l’Empire va revenir.

— Même les balises des chasseurs ? demanda Carsha.

— Je… Oh non ! s'exclama Alora. Aria a utilisé son chasseur pour examiner les débris de l’Acclamator !

— C’est à se demander ce qu’on vous apprend dans cette shabla d’académie. Quand a-t-il décollé ?

— Euh… Il y a deux heures tout au plus.

L’historien se mit à marcher en réfléchissant, calculant rapidement à base d’ordre de grandeur le temps que pourrait mettre le vaisseau le plus rapide de la République, aujourd’hui l’Empire, pour arriver sur Tython depuis Coruscant. Il s’accroupit et sortit d’une des poches de sa ceinture un petit morceau de pierre noire. Seru se mit à écrire rapidement sur le sol quelques calculs, sous le regard incrédule des trois femmes.

— Quarante minutes, dit-il finalement en se redressant.

— Hein ? s’étonna Carsha.

— Nous avons au grand maximum quarante minutes avant que des vaisseaux impériaux n'émergent de l’hyperespace.

— Comment… ? demanda Alora.

— On s’en fout de comment il a fait, s’exclama Iris. Prenez vos affaires et rejoignez-nous à nos vaisseaux, on se tire de là.

Acquiesçant, Alora se rua vers la baie médicale pour donner ses consignes aux autres Jedi, tandis qu’Iris et Carsha partirent en courant jusqu’au toit, suivit de Seru qui effaça ses calculs d’un mouvement de la main, créant un peu de vent grâce à la Force. Une fois sur le toit, l’historien s’accroupit et donna une impulsion sur le sol, cette dernière le propulsa sur la falaise plus haut, les autres le suivant quelques instants après. Iris quant à elle aida à propulser le blessé sur la crête.

— Waaaaah doucement ! cria le Jedi blessé.

— Oh ça va, fais pas ta chochotte ! rit Iris en reposant le Jedi au sol.

Alora arriva quelques instants plus tard, les bras chargés de quelques vieux holodisques et des sabres de Jedi tombés au combat.

— Tu as l’intention de ramener tout le Temple avec toi ? railla Iris.

— Non mais ça peut être utile, je pense, fit-elle en se dirigeant vers le vaisseau d’Iris.

— Un sabre, ça pourrait être utile, dit simplement Kelborn.

— Je vous mets au défi d’arriver à vous en servir sans entraînement, répondit Seru.

— J’avoue que c’est la galère au début, ajouta Carsha.

Tandis que la petite équipe discutait calmement, un Venator sorti de l’hyperespace. Seru tourna la tête vers le ciel, ne pouvant qu'observer avec dépit qu'il s'était trompé dans ses calculs. Un léger vent de panique souffla dans le petit groupe.

— Le meilleur pilote, avec moi, fit Seru. Les autres dans la navette d’Iris.

Alora fit toute désignée pour le seconder dans ses manœuvres, tandis que le reste des Jedi ainsi que Kelborn se pressèrent dans le vaisseau de la chevalière. Ce dernier décolla en premier. Seru s'installa à la place de gauche, place du pilote principal. 

— Prenez les commandes des canons, dit-il. Je vais piloter et vous facilitez la vie.

— Mais il n'y a que des canons avant ! S'exclama la Twi'lek après avoir observé le tableau de bord.

— C'est un chasseur autant qu'un vaisseau cargo, ou de transport, répondit l'homme aux cheveux gris en décollant à la suite d'Iris. Il en a plus dans le ventre qu'il ne le laisse penser. 

Seru poussa les moteurs pour passer devant Iris en faisant une vrille au passage. Le vaisseau fendait l’air à une vitesse étonnante pour une taille telle que la sienne. Le commandant de bord appuya sur quelques boutons pour augmenter la puissance des déflecteurs avant alors qu’il traversait la dernière couche de l’atmosphère. À dire vrai, Alora était assez impressionnée qu’il puisse piloter ce vaisseau tout seul, en règle générale, ce genre d’appareil devait avoir au moins deux personnes en continu pour être manié correctement, pourtant Seru avait l'habitude de tout faire seul. 

— Je prends les tirs, dit-il à Iris par la radio. Passes en supraluminique à mon ordre, je t’envoie les coordonnées.

— Hm, bien, répondit-elle. Tâchez de ne pas arriver en retard.

— Jamais, cela serait bien impoli.

Le Venator ne tarda pas à sortir ses chasseurs et à faire feu sur les deux vaisseaux. La grande majorité des tirs furent dans un premier temps intercepté par le Fureur, malgré tout, la plupart furent évités par la dextérité de pilotage de Seru. Le moindre tir secouait l’intérieur du vaisseau et faisait serrer les dents des deux occupants. Malgré la protection, Iris reçu un missile à protons venant du Venator, détruisant les boucliers instantanément et endommageant un moteur.

— J’ai plus de bouclier ! cria Iris. Et j'en ai un qui m’a verrouillé !

— On s’en charge, prépare l’hyperpropulsion.

Seru tira d’un coup sec sur le manche du vaisseau et fit une vrille afin de se retrouver derrière Iris, et surtout, derrière son poursuivant qui n’eut pas le temps de réagir, explosant en vol.

— Il a tiré un missile l’enfoiré ! se crispa Iris.

Mais Alora réagit au quart de tour et effectua un tir précis sur le projectile qui explosa à bonne distance de la navette.

— Beau tir, dit le pilote.

— Merci ! fit la Jedi, heureuse de son coup.

— Iris, dégage de là.

— C’est parti ! répondit-elle en activant l’hyperpropulsion.

Voyant Iris partir, Seru entra les coordonnées et sauta également dans l’hyperespace vers leur destination.

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À suivre...

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